Texte intégral
Votre Altesse royale,
Madame,
Vous accueillir ce soir au palais des Affaires étrangères est un très grand honneur et un plaisir pour mon épouse et pour moi. C'est aussi l'occasion de vous témoigner toute l'affection et toute l'estime que la France porte au royaume hachémite de Jordanie.
Altesse, en m'adressant à vous, je sais que je m'exprime devant un homme de paix, un homme de culture et un homme de tolérance.
Parlons d'abord, si vous le voulez bien, de l'homme de paix. Vous êtes, aux cotés de votre frère, sa Majesté le roi Hussein, l'un des dirigeants les plus attentifs aux équilibres politiques, économiques, culturels et humains du Proche-Orient. La Jordanie y est un partenaire incontournable, dont la voix modératrice et les conseils de sagesse sont toujours aussi précieux. I1 y a quelques semaines encore, les perspectives de paix paraissaient bien fragiles. Si nous pouvons aujourd'hui envisager l'avenir avec davantage d'optimisme, c'est largement grâce aux initiatives que votre pays a su prendre.
C'est dans un moment de grande tension que le roi Hussein a pu faire prévaloir la confiance et la compréhension entre Palestiniens et Israéliens. La Jordanie a ainsi contribué de manière déterminante à la signature tant attendue des Accords sur Hébron.
Nous savons qu'au-delà de ce succès, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour qu'une paix globale, juste et durable, s'installe enfin au Proche-Orient. Vous connaissez, Altesse, les efforts que le président de la République, et, sous son impulsion, toute notre diplomatie, déploient pour contribuer au processus de paix. Cette paix, la France le rappelle constamment, repose sur quelques principes essentiels qui sont connus de tous: l'échange de la terre contre la paix, la sécurité garantie pour tous les peuples de la région je pense en particulier à Israël-, le respect de l'indépendance et de la souveraineté des Etats. l'autodétermination pour les Palestiniens et leur droit à disposer d'un Etat.
Et je n'oublie pas la recherche nécessaire d'une solution équitable pour les réfugiés, dont votre pays assume toujours la charge avec générosité.
Nous savons qu'il reste encore de délicats problèmes à résoudre pour mener le processus de paix à son terme. Je pense au statut définitif des Territoires palestiniens. Je pense à l'avenir de Jérusalem. Cela n'en rend que plus nécessaires le dialogue et l'esprit de tolérance. Je sais que la Jordanie, son souverain, vous-même, Altesse, répondent toujours présents lorsqu'il s'agit de faire prévaloir la raison, le courage et le cur.
Soyez assuré que la France, et l'Europe avec elle, entendent bien contribuer à faire progresser la paix et à construire un Proche-Orient nouveau, tourné d'abord vers le développement économique et social de ses peuples.
Altesse, chacun connaît votre engagement résolu en faveur du dialogue euro-méditerranéen. Tout au long des travaux qui ont mené à la Conférence de Barcelone, la France a pu compter sur votre soutien en faveur d'un partenariat véritable entre les Etats riverains de la Méditerranée. L'accord d'association que la Jordanie et l'Union européenne s'apprêtent très prochainement à conclure en porte témoignage.
Altesse, à côté de l'homme de paix, il y a aussi en vous l'homme de culture que je tiens à saluer.
La Jordanie est une terre où de nombreuses civilisations se sont côtoyées, superposées, parfois fondues. De ce précieux héritage, le royaume hachémite conserve aujourd'hui la trace; c'est pourquoi il est tellement essentiel au dialogue entre le monde arabe et le monde occidental.
Votre admirable connaissance de notre culture, les liens amicaux que vous avez su tisser avec beaucoup d'intellectuels français sont un encouragement pour tous ceux qui sont attachés au développement de la Francophonie dans le monde.
Je me réjouis que la récente visite du président de la République dans votre pays, en octobre 1996, ait donné un nouvel élan à nos relations de coopération. Je pense en particulier aux progrès que cette visite a permis de concrétiser pour l'enseignement du français dans le système public d'éducation en Jordanie.
La commission franco-jordanienne, qui vient de se réunir à Paris, a confirmé cette impulsion nouvelle dans nos échanges.
Dans ce contexte, j'espère vivement qu'une solution satisfaisante pourra être trouvée aux projets en cours de discussion entre Radio-France International et la radio-télévision jordanienne.
Vous êtes enfin, Altesse, un homme de tolérance. Je connais votre engagement en faveur du dialogue entre les religions. C'est une tâche à laquelle la France est très sensible. Si notre République ne reconnaît aucune religion en particulier, elle les reconnaît toutes. En retour, elle demande à chacune d'entre elles de respecter les lois de notre pays tout en garantissant la liberté de culte.
Je me réjouis que vous ayez pu prolonger, par vos rencontres dans notre pays, ce dialogue si nécessaire entre les trois religions monothéistes, qui ont en commun le même héritage. Ce qui les rassemble est d'ailleurs bien plus important que ce qui les distingue.
Permettez-moi, Madame, de rendre ici hommage à l'action remarquable que vous menez au service des populations les plus fragiles dans votre pays, notamment en faveur des enfants. Je connais votre implication personnelle dans l'amélioration du système jordanien d'éducation. Je tiens aussi à saluer votre rôle au sein des nombreuses sociétés caritatives dont vous assurez la responsabilité avec efficacité et détermination.
Altesse, j'achèverais mon propos en me félicitant que Paris ait le privilège d'abriter au printemps prochain plusieurs manifestations culturelles destinées à mieux faire connaître la Jordanie et ses attraits à nos compatriotes.
Je suis heureux que votre visite soit le prélude de cette "saison jordanienne" en France.
Je lève mon verre, Altesse, à votre santé et à votre bonheur personnel, à la santé et au bonheur de la princesse Sarvath, à la santé de leurs Majestés, le roi Hussein et la reine Nour, à l'amitié et à la coopération entre la France et le Royaume hachémite de Jordanie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 août 2002)