Texte intégral
Monsieur le Président,
Madame la Directrice Générale, chère Emmanuelle BOUR
Mesdames, Messieurs,
" La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats ". Qui n'a jamais entendu cette belle citation de l'Histoire naturelle de BUFFON ? Très peu d'entre nous en fait, car le cheval est fortement associé à la projection des rêves que l'homme se fait de lui-même. Il nous habite dès l'enfance et nous offre la possibilité d'échapper à la monotonie de notre condition.
Le secteur du cheval est sans doute, je dois le dire, parmi les plus attachants de mes attributions de Ministre de l'Agriculture et des Affaires Rurales. Aussi est-ce avec un plaisir particulier que je viens aujourd'hui à Pompadour visiter l'un des établissements de nos Haras nationaux parmi les plus illustres et qui fait l'honneur de la filière cheval. Permettez moi, Monsieur le Président, de vous remercier pour votre accueil chaleureux et de vous dire combien j'y ai été sensible.
Porteur d'une image positive, le cheval allie la tradition et la modernité : il exprime des valeurs ancrées dans nos terroirs, les savoir-faire des métiers artisanaux et la beauté d'un patrimoine culturel qui a traversé l'histoire, et dont vos Haras constituent un très bel exemple.
Mais il est avant tout, on l'oublie trop souvent, un secteur dynamique qui génère de nombreux emplois. Ancrée dans le monde agricole, votre filière constitue également une dimension importante des affaires rurales, dont j'ai la charge. Elle participe, d'une part, à la diversité des exploitations et à la préservation de l'environnement. Elle constitue, d'autre part, un lien bienvenu entre le monde des villes et celui des campagnes qui trop souvent s'ignorent.
La filière cheval offre ainsi de multiples possibilités pour le développement des territoires ruraux. Elle permet une véritable diversification des activités en milieu rural et constitue le vecteur d'une filière économique en plein développement. Sait-on assez qu'elle représente 55 000 emplois directs en France, et que ce nombre ne cesse de croître.
Le cheval est également un facteur d'attractivité et de dynamisme pour les territoires. Beaucoup de collectivités territoriales ont compris que le développement de pôles d'excellence - comme le vôtre - dans le domaine du cheval constitue pour elles une importante source de rayonnement.
Suivant le souhait du Président de la République, mon Ministère privilégie le développement durable des territoires ruraux, et c'est dans ce cadre que j'entends inscrire notre politique en faveur du cheval. Le cheval aura ainsi toute sa place dans la loi sur le développement des territoires ruraux, que je présenterai devant le Parlement en juin prochain.
Je souhaite, tout d'abord, que les nombreux métiers liés à la valorisation du cheval - l'entraînement, le débourrage, le dressage des chevaux - soient pleinement reconnus comme partie intégrante de notre agriculture et de la ruralité. Je proposerai ainsi de les inclure dans le champ de l'activité agricole. Dans les discussions interministérielles, mon Ministère proposera également une amélioration de leur régime fiscal. Je m'attacherai, enfin, à ce que les mesures en faveur de la pluriactivité bénéficient tout particulièrement à ce secteur.
Je souhaite également que notre production puisse mieux répondre aux différents besoins des utilisateurs et faire l'objet d'une commercialisation plus transparente. Afin de soutenir le travail de l'interprofession, j'encouragerai une extension des dispositifs de certification pour les chevaux valorisés par le débourrage et le dressage. Ainsi, l'Etat accompagnera les professionnels dans la réorganisation de l'outil de promotion du cheval à l'international.
Je veux également soutenir l'installation des jeunes agriculteurs, le développement des projets liés à l'élevage du cheval et à sa valorisation, notamment par le tourisme rural.
J'entends, d'autre part, conserver le riche patrimoine génétique et culturel de nos Haras. C'est pourquoi la " prime de soutien aux races menacées " sera également renouvelée dans le cadre simplifié du Contrat d'Agriculture Durable (CAD).
Je soutiendrai, par ailleurs, les initiatives valorisant la dimension sociale du cheval. Nous devons, en effet, répondre aux aspirations de nos concitoyens à se rapprocher de leur environnement naturel et à pratiquer des sports et des loisirs équestres de façon simple et abordable.
J'entends aussi que nous garantissions toujours mieux à la sécurité sanitaire et la régularité des épreuves et du pari mutuel. Pour cela, l'identification a été généralisée depuis le 1er janvier 2003. Une identification complémentaire par puce électronique garantira à l'avenir une meilleure traçabilité des animaux. Sachez, à cet égard, que je viens de signer le décret habilitant les agents des Haras nationaux à réaliser cet acte sous l'encadrement d'un vétérinaire, et je peux vous annoncer que celui-ci sera publié dans les prochains jours. J'ai également demandé à mes services d'engager une concertation pour examiner le calendrier et les modalités d'une généralisation de l'identification électronique.
Le Ministère continuera, enfin, à apporter tout son soutien à l'organisation des courses de chevaux. Elles sont un support privilégié pour la sélection et l'amélioration génétique des races de chevaux et, avec le réseau de nos 250 hippodromes, un vecteur important d'animation rurale. La décentralisation de l'organisation des évènements et des réunions PMU en région et l'effort de solidarité au profit des sociétés de courses de province, engagés depuis quelques années, seront poursuivies.
Pour donner à notre filière sa pleine efficacité, il me paraît important de conforter l'organisation interprofessionnelle de chacune des quatre grandes familles de la filière, le galop, le trop, les sports et loisirs, enfin la viande.
Les deux sociétés mères, France Galop et la Société d'encouragement à l'élevage du cheval français constituent de véritables interprofessions, fédérant les acteurs de leur spécialité. Cette organisation est pertinente, et j'entends que nous la conservions.
Pour les autres secteurs, deux interprofessions viennent d'être récemment reconnues : d'une part, la Fédération interprofessionnelle du cheval de sports, de loisirs et de travail, la FIVAL, et d'autre part, la section équine d'INTERBEV. J'entends qu'elles contribuent à une meilleure connaissance des marchés et à nos efforts de promotion et de formation.
Je vous invite à réfléchir à l'organisation que vous souhaiterez vous donner, particulièrement dans le secteur des sports et des loisirs. C'est, je crois, une condition préalable à l'efficacité des mesures et au renforcement des moyens que je propose. A cet égard, l'accord interprofessionnel de la FIVAL sera étendu d'ici la fin du mois de février, vous permettant de lever les cotisations professionnelles nécessaires à votre action.
J'ai voulu confier aux associations agrées la responsabilité de la politique de leur race, et je continuerai à les soutenir dans le cadre des programmes d'élevage que chaque association mettra en place avec le concours des Haras nationaux.
Dans le même esprit, la Société Hippique Française et la Fédération Française d'Equitation, chacune dans leur rôle, mettent en place les épreuves permettant la valorisation de notre élevage.
Cette organisation nationale doit, à mon sens, être prolongée par une organisation régionale. L'Etat apportera son soutien à cette démarche, de façon à ce que les collectivités locales puissent prendre en charge, dans un cadre expérimental, les activités assurées par les Haras nationaux, particulièrement dans le domaine de la valorisation touristique et patrimoniale et de la formation.
[Un contrat d'objectifs entre l'Etat et les Haras nationaux]
Monsieur le Président,
Madame la Directrice Générale,
Sous votre impulsion les Haras nationaux contribuent dans le cadre du service public, au dynamisme d'une filière en pleine mutation. L'établissement public est l'outil retenu par l'Etat pour mettre en oeuvre sa politique dans le domaine de l'identification, de l'amélioration génétique et du développement. Début mars, l'Etat proposera aux Haras nationaux un contrat d'objectif, afin de mobiliser les expertises, de mieux soutenir la production, la valorisation et la promotion et d'insérer les actions de développement dans des politiques régionales rénovées.
L'établissement s'engagera dans le contrat à moderniser ses modes d'action et son efficacité administrative, à s'adapter aux nouvelles exigences stratégiques et à valoriser ses ressources propres.
Dans un esprit " gagnant-gagnant ", le contrat prévoira des mesures de requalification des personnels, une restructuration et une modernisation de son réseau et de ses moyens dans le domaine de l'étalonnage. L'Etat leur apportera, en retour, son soutien.
Monsieur le Président,
Madame la Directrice,
Mesdames, Messieurs,
Mon ambition est de faire des Haras nationaux un établissement d'experts et de partenaires au service des professionnels et de la filière.
Au delà de nos Haras nationaux, j'entends donner une double impulsion à la filière pour en faire une expression privilégiée de la politique de renforcement de l'attractivité des espaces ruraux : de façon, d'une part, à responsabiliser les organisations socio-professionnelles et à soutenir la compétitivité de la filière, et de renforcer, d'autre part, le rôle des collectivités territoriales dans son développement local.
Monsieur le Président,
Madame la Secrétaire Générale,
Mesdames, Messieurs,
Ce qui nous réunit est avant tout la passion du cheval. Sachez que vous pouvez compter sur moi pour défendre et promouvoir votre filière d'élevage qui en exprime -mieux que tout autre - l'excellence.
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 7 février 2003)