Texte intégral
C'est un très grand honneur de vous recevoir ce soir au Palais des Affaires étrangères, à l'occasion de votre visite officielle en France.
A la joie d'accueillir un francophone, un ami de la France, ancien élève du lycée Jeanson de Sailly, s'ajoute le plaisir de saluer le représentant d'une nation qui a recouvré son indépendance, qui entreprend avec courage et succès la reconstruction d'un Etat moderne et démocratique, et qui retrouve sa place en Europe.
Pour toujours je me rappellerai la longue chaîne humaine qui a relié de Tallinn à Vilnius les hommes et les femmes d'Estonie, de Lettonie et de Lituanie. Grande chaîne annonciatrice de liberté et de démocratie. Surmontant tous les obstacles, le peuple estonien a su conserver intacts sa grandeur et son espoir.
Ces aspirations à une organisation politique et économique propre, au développement d'une langue nationale et d'une culture originale ont transcendé les vicissitudes d'une histoire mouvementée, trop souvent marquée par les misères de la guerre et les souffrances imposées par des dominations étrangères.
"Restons Estoniens mais devenons Européens" : c'était le mot d'ordre du mouvement "Jeune Estonie", déjà à la fin du 19ème siècle.
Oui, l'Estonie a une vocation européenne ! Votre pays peut compter sur le soutien de la France dans sa candidature auprès de l'Union et vous savez ici nos conceptions :
La France souhaite que tous les pays candidats d'Europe centrale, orientale et balte bénéficient d'une égalité de traitement dans le processus d'élargissement de l'Union européenne, et que l'adhésion soit fondée sur les critères objectifs, fixés par le Conseil européen de Copenhague.
Mais comme l'a déclaré avec force à Varsovie il y a quelques mois le président de la République, " pour s'élargir l'Europe doit d'abord s'approfondir ". C'est là tout l'enjeu des travaux de la Conférence intergouvernementale.
Pour engager, pour réussir l'élargissement, il faut une vraie réforme de l'Union européenne. Une véritable réforme qui nous permette avec vous de vivre, de travailler, d'avancer. Une vraie réforme qui nous permette de faire de la politique ensemble et pas seulement du commerce.
Monsieur le Président,
Votre pays retrouve aujourd'hui toute sa place en Europe. Le Conseil de l'Europe, dont l'Estonie a exercé la présidence de mai à novembre 1996, vient ainsi de confirmer que votre pays avait respecté les principaux engagements pris lors de son adhésion, et vous êtes encouragés à poursuivre tous les efforts déjà accomplis, notamment sur la voie de l'intégration de la minorité russophone.
De même apprécions-nous l'ensemble des mesures prises par votre pays pour coopérer davantage avec ses voisins immédiats, et en particulier avec les Etats riverains de la Mer baltique. Je pense en particulier aux efforts estoniens pour parvenir au plus tôt à la signature d'un accord frontalier avec la Russie.
Monsieur le Président,
L'Estonie souhaite également intégrer l'Alliance atlantique. L'élargissement de l'OTAN, mais aussi la réforme de ses structures, l'établissement d'un partenariat spécifique avec l'Ukraine et avec la Russie, et le renforcement de l'OSCE, constituent pour la France autant d'éléments essentiels pour constituer la nouvelle architecture de sécurité du continent européen.
Dans cet esprit, la France souhaite que l'Alliance atlantique affirme très clairement au Sommet de Madrid que l'élargissement est un processus évolutif, et que l'OTAN doit développer un partenariat spécifique et renforcé avec les tous candidats qui ne seraient pas invités à négocier leur adhésion dès 1997.
En outre, si les deux processus font certes partie du même mouvement de recomposition de la grande famille européenne, en pratique une distinction doit être faite entre les élargissements de l'Union européenne et de l'OTAN. Chacune de ces négociations s'appuie en effet sur des critères qui lui sont propres.
Monsieur le Président,
Malgré l'éloignement géographique, les relations de votre pays avec la France ont toujours été amicales. Déjà à l'époque de la première République estonienne entre les deux guerres, certains de vos grands artistes, comme les peintres Viiralt et Adamsson-Eric, étaient des familiers de Montparnasse. Nos meilleurs musiciens se produisaient régulièrement à Tallinn.
Et c'est sans doute aujourd'hui sur le plan culturel que nos progrès sont les plus rapides. Nous sommes heureux de voir ainsi le français toucher un public scolaire et universitaire toujours plus nombreux.
C'est aussi pourquoi nous avons été très sensibles aux gestes entrepris dans votre pays dès l'indépendance, pour recréer certaines institutions qui, par le passé, avaient joué un rôle important dans le rapprochement de nos deux cultures. Je pense au lycée franco-estonien et à l'Alliance française de Tallinn.
Vous y avez pris votre part personnelle. Permettez-moi de vous en remercier du fond du coeur.
Monsieur le Président,
Votre visite officielle en France illustre notre volonté commune de resserrer nos relations bilatérales dans tous les domaines, et le soutien apporté par la France à l'intégration de l'Estonie aux structures européennes. Le président de la République vous le dira demain avec force et avec confiance.
La France ne ménage pas ses efforts pour faire progresser ses échanges commerciaux avec votre pays. Elle souhaite que l'Estonie fasse de même. Et nous voulons ainsi accompagner les progrès et les réformes économiques que vous engagez avec ténacité.
La présence ici ce soir d'un grand nombre de représentants de groupes français, qui négocient d'importants contrats en Estonie, en témoigne.
Et les entretiens que vous aurez avec de nombreux chefs d'entreprises, tant à Paris qu'en province, témoigneront de notre espoir d'une présence française plus forte sur le marché estonien.
Je ne voudrais enfin pas conclure mon propos sans saluer très solennellement la très haute autorité morale que vous constituez, Monsieur le Président.
Au nom de l'ensemble des personnalités présentes ce soir, je souhaitais vous dire toute notre estime et notre profond respect pour votre action à la fois courageuse et empreinte d'une grande sagesse.
Monsieur le Président,
La France est présente aux côtés de l'Estonie.
Elle l'a soutenue dans la consolidation de son indépendance et de sa pleine souveraineté.
Aujourd'hui, nous sommes décidés à vous accompagner et à vous aider, au moment où vous vous préparez à rejoindre la famille européenne.
Je lève mon verre, Monsieur le Président, à l'Estonie, à sa pleine vocation européenne, au peuple estonien, à votre succès et à votre bonheur personnel, et enfin à l'amitié entre nos deux pays dans le cadre d'une Europe réconciliée, pacifique et prospère.
Tervisex !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 octobre 2001)
A la joie d'accueillir un francophone, un ami de la France, ancien élève du lycée Jeanson de Sailly, s'ajoute le plaisir de saluer le représentant d'une nation qui a recouvré son indépendance, qui entreprend avec courage et succès la reconstruction d'un Etat moderne et démocratique, et qui retrouve sa place en Europe.
Pour toujours je me rappellerai la longue chaîne humaine qui a relié de Tallinn à Vilnius les hommes et les femmes d'Estonie, de Lettonie et de Lituanie. Grande chaîne annonciatrice de liberté et de démocratie. Surmontant tous les obstacles, le peuple estonien a su conserver intacts sa grandeur et son espoir.
Ces aspirations à une organisation politique et économique propre, au développement d'une langue nationale et d'une culture originale ont transcendé les vicissitudes d'une histoire mouvementée, trop souvent marquée par les misères de la guerre et les souffrances imposées par des dominations étrangères.
"Restons Estoniens mais devenons Européens" : c'était le mot d'ordre du mouvement "Jeune Estonie", déjà à la fin du 19ème siècle.
Oui, l'Estonie a une vocation européenne ! Votre pays peut compter sur le soutien de la France dans sa candidature auprès de l'Union et vous savez ici nos conceptions :
La France souhaite que tous les pays candidats d'Europe centrale, orientale et balte bénéficient d'une égalité de traitement dans le processus d'élargissement de l'Union européenne, et que l'adhésion soit fondée sur les critères objectifs, fixés par le Conseil européen de Copenhague.
Mais comme l'a déclaré avec force à Varsovie il y a quelques mois le président de la République, " pour s'élargir l'Europe doit d'abord s'approfondir ". C'est là tout l'enjeu des travaux de la Conférence intergouvernementale.
Pour engager, pour réussir l'élargissement, il faut une vraie réforme de l'Union européenne. Une véritable réforme qui nous permette avec vous de vivre, de travailler, d'avancer. Une vraie réforme qui nous permette de faire de la politique ensemble et pas seulement du commerce.
Monsieur le Président,
Votre pays retrouve aujourd'hui toute sa place en Europe. Le Conseil de l'Europe, dont l'Estonie a exercé la présidence de mai à novembre 1996, vient ainsi de confirmer que votre pays avait respecté les principaux engagements pris lors de son adhésion, et vous êtes encouragés à poursuivre tous les efforts déjà accomplis, notamment sur la voie de l'intégration de la minorité russophone.
De même apprécions-nous l'ensemble des mesures prises par votre pays pour coopérer davantage avec ses voisins immédiats, et en particulier avec les Etats riverains de la Mer baltique. Je pense en particulier aux efforts estoniens pour parvenir au plus tôt à la signature d'un accord frontalier avec la Russie.
Monsieur le Président,
L'Estonie souhaite également intégrer l'Alliance atlantique. L'élargissement de l'OTAN, mais aussi la réforme de ses structures, l'établissement d'un partenariat spécifique avec l'Ukraine et avec la Russie, et le renforcement de l'OSCE, constituent pour la France autant d'éléments essentiels pour constituer la nouvelle architecture de sécurité du continent européen.
Dans cet esprit, la France souhaite que l'Alliance atlantique affirme très clairement au Sommet de Madrid que l'élargissement est un processus évolutif, et que l'OTAN doit développer un partenariat spécifique et renforcé avec les tous candidats qui ne seraient pas invités à négocier leur adhésion dès 1997.
En outre, si les deux processus font certes partie du même mouvement de recomposition de la grande famille européenne, en pratique une distinction doit être faite entre les élargissements de l'Union européenne et de l'OTAN. Chacune de ces négociations s'appuie en effet sur des critères qui lui sont propres.
Monsieur le Président,
Malgré l'éloignement géographique, les relations de votre pays avec la France ont toujours été amicales. Déjà à l'époque de la première République estonienne entre les deux guerres, certains de vos grands artistes, comme les peintres Viiralt et Adamsson-Eric, étaient des familiers de Montparnasse. Nos meilleurs musiciens se produisaient régulièrement à Tallinn.
Et c'est sans doute aujourd'hui sur le plan culturel que nos progrès sont les plus rapides. Nous sommes heureux de voir ainsi le français toucher un public scolaire et universitaire toujours plus nombreux.
C'est aussi pourquoi nous avons été très sensibles aux gestes entrepris dans votre pays dès l'indépendance, pour recréer certaines institutions qui, par le passé, avaient joué un rôle important dans le rapprochement de nos deux cultures. Je pense au lycée franco-estonien et à l'Alliance française de Tallinn.
Vous y avez pris votre part personnelle. Permettez-moi de vous en remercier du fond du coeur.
Monsieur le Président,
Votre visite officielle en France illustre notre volonté commune de resserrer nos relations bilatérales dans tous les domaines, et le soutien apporté par la France à l'intégration de l'Estonie aux structures européennes. Le président de la République vous le dira demain avec force et avec confiance.
La France ne ménage pas ses efforts pour faire progresser ses échanges commerciaux avec votre pays. Elle souhaite que l'Estonie fasse de même. Et nous voulons ainsi accompagner les progrès et les réformes économiques que vous engagez avec ténacité.
La présence ici ce soir d'un grand nombre de représentants de groupes français, qui négocient d'importants contrats en Estonie, en témoigne.
Et les entretiens que vous aurez avec de nombreux chefs d'entreprises, tant à Paris qu'en province, témoigneront de notre espoir d'une présence française plus forte sur le marché estonien.
Je ne voudrais enfin pas conclure mon propos sans saluer très solennellement la très haute autorité morale que vous constituez, Monsieur le Président.
Au nom de l'ensemble des personnalités présentes ce soir, je souhaitais vous dire toute notre estime et notre profond respect pour votre action à la fois courageuse et empreinte d'une grande sagesse.
Monsieur le Président,
La France est présente aux côtés de l'Estonie.
Elle l'a soutenue dans la consolidation de son indépendance et de sa pleine souveraineté.
Aujourd'hui, nous sommes décidés à vous accompagner et à vous aider, au moment où vous vous préparez à rejoindre la famille européenne.
Je lève mon verre, Monsieur le Président, à l'Estonie, à sa pleine vocation européenne, au peuple estonien, à votre succès et à votre bonheur personnel, et enfin à l'amitié entre nos deux pays dans le cadre d'une Europe réconciliée, pacifique et prospère.
Tervisex !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 octobre 2001)