Texte intégral
J.-P. Elkabbach - Quand, en plein jour, un navire fonce contre un iceberg, qu'est-ce qui se produit généralement ?
- "Il faut éviter l'iceberg, mais il ne faut pas pour autant stopper le bateau. Au fond, notre problème c'est un ralentissement de la croissance mondiale, il ne faut pas, non plus, que nous subissions cette crise, soit en laissant filer la dépense et en creusant les déficits, soit à l'inverse, en provoquant une espèce de rigueur aveugle. Il faut en fait continuer à renforcer les capacités de l'économie française parce que cette crise, rien ne nous dit qu'elle va durer éternellement, mais il faudra que d'ici le retour de cette croissance, nous ayons musclé un peu notre économie."
D'accord, mais en attendant l'économie va droit vers la faillite, en chantant.
- "Non, dans la mesure où nous ne gelons pas les réformes, où nous ne gelons pas les investissements, c'est ça l'idée majeure."
Donc mais il faut le faire, or aujourd'hui, on ne sait pas et on sait simplement que, pour éviter d'affaiblir ce qu'il reste de croissance, le Premier ministre dit qu'il ne faut pas tenir forcément les déficits, ni les dettes. Sans être grand sorcier, J. Barrot, où on sera dans six mois, où ?
- "Il faut tenir les déficits et les dettes, ce qui ne veut pas dire faire des coupes sombres sur les investissements et, surtout, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas s'attaquer à la réforme de l'Etat, pour essayer d'économiser des dépenses publiques qui peuvent être mieux utilisées et, ça n'est pas incompatible avec cette normale..., ce courage de bien gérer pour préparer ce pays, lorsque la reprise reviendra pour que nous soyons tout de suite en mesure d'en profiter au maximum. Et puis, il y a l'Europe et je voudrais dire qu'il ne s'agit pas de bouder le pacte de stabilité et de dire : nous en faisons à notre tête, il s'agit simplement de dire à nos amis européens : " écoutez pour le moment, il faut interpréter de manière intelligente ce pacte de stabilité, étant entendu que dès que la croissance reviendra, on fera évidemment les efforts nécessaires pour réduire le déficit et en attendant, demandons à la Banque Centrale Européenne, de baisser ses taux d'intérêts pour que, justement, l'investissement ne faiblisse pas. L'investissement qui porte l'avenir, l'investissement d'innovation et de recherche."
Alors qu'est-ce qu'on dit, maintenant aux Français ? Est-ce qu'on choisit le moment pour dire la vérité ? Qu'est-ce qui leur pend au nez ?
- "Mais les Français, il faut qu'ils soient d'abord enclins à travailler et pour ça, il faut des incitations aux travailleurs, il faut que la formation tout au cours de la vie, avec la nécessité d'accroître les savoir-faire de nos salariés y compris de ceux qui sont les moins qualifiés, il faut que tout ça nous le renforcions, parce que c'est ça les vrais armes de nos croissances de demain."
D'accord, mais quand on a fini la prière....
- "Ce n'est pas la prière, ce sont des engagements"
On voit les résultats concrets : l'économie est en train de ralentir, c'est un fait, beaucoup s'attendent, demain par exemple, à une nouvelle hausse du chômage. On enregistre en ce moment des dizaines et des dizaines de plans sociaux. Est-ce que vous le confirmez et, en tout cas, est-ce que vous en avez peur vous ?
- "Evidemment, je les déplore, mais ce que je crois c'est que pendant les temps où il était possible d'agir, parce que nous avions des excédents de ressources, il aurait fallu, par exemple, aider les salariés moins qualifiés à pouvoir accroître leur savoir-faire et aujourd'hui, à aborder la crise avec moins de difficultés. Ça n'est pas une raison, parce que le ralentissement de la croissance a lieu, qu'il faut ralentir nos efforts. Et, si j'ai un souhait, moi, vis à vis du Gouvernement, c'est qu'avec courage, il continue à entraîner les Français aux réformes, pour qu'on soit prêt au moment de la reprise, car elle reviendra cette reprise."
Mais le Premier ministre, en ce moment, il connaît quelques épreuves, ses premières épreuves. Il avance, on a envie de dire le pauvre, dans les incertitudes de l'Irak et dans le brouillard. Qu'est-ce que vous lui dites ce matin ?
- "Je dis : continuons les réformes avec courage, même si c'est plus difficile par temps de ralentissement de la croissance. Remettons de l'ordre dans la dépense publique de l'Etat, sans pour autant remettre en cause les investissements qui portent l'avenir, de recherche, de développement, d'infrastructure, et puis je lui dis, eh bien continuons ces réformes qui aideront les Français à être plus souples, à pouvoir travailler mieux"
D'accord, est-ce qu'il faut revoir ou corriger le budget, tel qu'il avait été prévu ?
- "Il faut, bien sûr, adapter la dépense publique et il faut savoir - et c'est une raison de plus - que nous ne pouvons pas permettre du gaspillage d'argent public. La dépense publique doit être mieux gérée, mieux optimisée."
Concret, concret : 4 milliards d'euros ont été gelés par le trio Raffarin - Mer - Lambert est-ce qu'il faut aller plus loin ?
- "Il faut surtout, à travers les départs à la retraite, d'un certain nombre d'emplois de fonctionnaires, pouvoir se demander si, en modernisant mieux l'administration, on ne peut pas faire économie, à l'avenir, de certains postes dans le secteur public qui, pour être à la fois plus efficace et moins cher et ainsi laisser nos entreprises baisser un certain nombre de prélèvements, qui entravent l'investissement, qui entrave la recherche."
A propos de la réforme des retraites, F. Fillon a réveillé les syndicats en confirmant, hier au Parisien, le journal, qu'il fallait peu à peu, aligner la durée des cotisations du public sur le privé. Est-ce que c'est, ce qu'il faut faire et dare-dare ?
- "Ce n'est pas uniquement ce qu'il faut faire, mais tous les rapports le montrent, il faut bien que dans la mesure où l'allongement de la durée de la vie se produit, il faut bien allonger un peu plus la durée active des uns et des autres et il faut le faire, intelligemment et je regrette un petit peu que les syndicats nous donnent le sentiment de mener un combat à retardement - pas tous d'ailleurs -, alors qu'ils devraient, eux-mêmes, faire des propositions. Car ce qui compte en matière de retraite, c'est de dire que si nous faisons tous un effort, nous pourrons servir, notamment pour les salariés du bas de l'échelle, de meilleures retraites à l'avenir."
La réforme sera faite ?
- "Evidemment. Il faut qu'elle le soit dans des délais pour donner un signal et permettre à nos amis européens, de savoir que la France aussi fait preuve de courage et, en contrepartie, obtenir de la Banque Centrale, et j'y reviens, la baisse des taux d'intérêts et, ça, c'est capital."
J. Barrot, hier, en séance au Parlement, l'unanimité était belle, si belle, très belle, c'était " O temps, suspends ton vol ". La gauche était presque aussi chiraquienne que Chirac et les chiraquiens. Est-ce qu'il y a la même ligne aujourd'hui, sur la France, est-ce que l'on peut, à votre avis, bloquer le mouvement presque irréversible vers la guerre ?
- "Il y a encore la possibilité d'aller jusqu'au bout de cette méthode que J. Chirac et la France ont initiée, une méthode qui consiste à faire des pressions par la voie des inspections, par la voie des opinions sur un dictateur qui risque, en effet, de poursuivre la prolifération des armes à destruction massive. Et, ça, la voix française, qui est devenue la voix d'un certain nombre de pays, doit être poussée jusqu'au bout. Il faut mettre Saddam Hussein au pied du mur, avant d'imaginer autre chose."
Il y avait unanimité en séance, mais c'est vrai que dans les couloirs etc. on sent bien qu'il y a des fissures et des inquiétudes, au sein du mouvement dont vous êtes le président de groupe à l'Assemblée, le groupe UMP, parce qu'il y en a beaucoup qui ne voudraient pas que la France, éventuellement, aille jusqu'au droit de veto. Vous sentez bien qu'il y a, de ce côté là, un blocage.
- "Oui, mais d'abord qu'est ce que c'est, ces gens qui réclament aujourd'hui que nous nous prononcions sur l'usage ou non, du droit de veto ! Si on commence à débattre de ce problème, on donne à S. Hussein des prétextes supplémentaires pour résister. Cela étant, il n'y a pas, contrairement à ce que l'on peut dire ici et là, divergence, il y a simplement des sensibilités un peu différentes, c'est vrai que certains insistent beaucoup, et à juste titre, sur les conséquences, je dirais collatérales de l'intervention militaire qui peuvent déstabiliser le Moyen Orient et puis il y en a, et j'en fais partie aussi, qui disent " attention ", même si nous ne sommes pas d'accord sur la voie américaine qui veut aller directement à l'intervention militaire, sans prendre le souci d'une autre méthode."
Oui, d'accord mais pour ne pas rompre avec notre amitié atlantique et américaine, si le seul moyen c'est d'aller faire la guerre, il faut la faire avec eux, il faut les accompagner pour rester copains ou amis.
- "Il faut rester très ferme sur le fait que, toute intervention militaire doit être légitime et organisée, dans le cadre des Nations Unies. Ça c'est capital si l'on veut la paix demain."
Hier, vous étiez à l'Assemblée. Au même moment, M. Aznar était à Paris, chez le président de la République et puis vous êtes allé à Madrid où vous avez dit avec des industriels français et Aznar. Est-ce que lui a été convaincu par les Français, ou il reste toujours dans la ligne pro-américaine ?
- "Aznar espère que jusqu'au dernier moment, effectivement, on trouvera les moyens d'un accord. Je lui ai fait observer qu'une résolution - le mémorandum français voire une résolution française - pouvait encore donner le dernier ultimatum à S. Hussein"
Pourquoi vous dîtes " une résolution française ", il peut y avoir une résolution...
- "Le mémorandum peut devenir une résolution française, une résolution portée par un certain nombre de pays pour une ultime mise en garde de S. Hussein. J'ajoute qu'il faut attendre le rapport des inspecteurs, le 7 mars et c'est là que l'on y verra clair."
Est-ce qu'il ne faut pas préparer, comme dit E. Balladur, les Français à ce qui se prépare, au conflit qui se prépare ?
- "C'est évident que nous devons... mais ça fait partie de la résolution 14-41, on n'exclut aucune option. Par conséquent, il faut bien se dire qu'il peut y avoir une intervention militaire. Mais la France aura pris date, elle aura montré que pour mettre de l'ordre dans la communauté mondiale, on peut aussi passer par d'autres moyens et, ça, je crois qu'on n'oubliera pas ce que la France a proposé parce que, pour l'avenir, c'est probablement la voie la plus sûre."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 février 2003)
- "Il faut éviter l'iceberg, mais il ne faut pas pour autant stopper le bateau. Au fond, notre problème c'est un ralentissement de la croissance mondiale, il ne faut pas, non plus, que nous subissions cette crise, soit en laissant filer la dépense et en creusant les déficits, soit à l'inverse, en provoquant une espèce de rigueur aveugle. Il faut en fait continuer à renforcer les capacités de l'économie française parce que cette crise, rien ne nous dit qu'elle va durer éternellement, mais il faudra que d'ici le retour de cette croissance, nous ayons musclé un peu notre économie."
D'accord, mais en attendant l'économie va droit vers la faillite, en chantant.
- "Non, dans la mesure où nous ne gelons pas les réformes, où nous ne gelons pas les investissements, c'est ça l'idée majeure."
Donc mais il faut le faire, or aujourd'hui, on ne sait pas et on sait simplement que, pour éviter d'affaiblir ce qu'il reste de croissance, le Premier ministre dit qu'il ne faut pas tenir forcément les déficits, ni les dettes. Sans être grand sorcier, J. Barrot, où on sera dans six mois, où ?
- "Il faut tenir les déficits et les dettes, ce qui ne veut pas dire faire des coupes sombres sur les investissements et, surtout, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas s'attaquer à la réforme de l'Etat, pour essayer d'économiser des dépenses publiques qui peuvent être mieux utilisées et, ça n'est pas incompatible avec cette normale..., ce courage de bien gérer pour préparer ce pays, lorsque la reprise reviendra pour que nous soyons tout de suite en mesure d'en profiter au maximum. Et puis, il y a l'Europe et je voudrais dire qu'il ne s'agit pas de bouder le pacte de stabilité et de dire : nous en faisons à notre tête, il s'agit simplement de dire à nos amis européens : " écoutez pour le moment, il faut interpréter de manière intelligente ce pacte de stabilité, étant entendu que dès que la croissance reviendra, on fera évidemment les efforts nécessaires pour réduire le déficit et en attendant, demandons à la Banque Centrale Européenne, de baisser ses taux d'intérêts pour que, justement, l'investissement ne faiblisse pas. L'investissement qui porte l'avenir, l'investissement d'innovation et de recherche."
Alors qu'est-ce qu'on dit, maintenant aux Français ? Est-ce qu'on choisit le moment pour dire la vérité ? Qu'est-ce qui leur pend au nez ?
- "Mais les Français, il faut qu'ils soient d'abord enclins à travailler et pour ça, il faut des incitations aux travailleurs, il faut que la formation tout au cours de la vie, avec la nécessité d'accroître les savoir-faire de nos salariés y compris de ceux qui sont les moins qualifiés, il faut que tout ça nous le renforcions, parce que c'est ça les vrais armes de nos croissances de demain."
D'accord, mais quand on a fini la prière....
- "Ce n'est pas la prière, ce sont des engagements"
On voit les résultats concrets : l'économie est en train de ralentir, c'est un fait, beaucoup s'attendent, demain par exemple, à une nouvelle hausse du chômage. On enregistre en ce moment des dizaines et des dizaines de plans sociaux. Est-ce que vous le confirmez et, en tout cas, est-ce que vous en avez peur vous ?
- "Evidemment, je les déplore, mais ce que je crois c'est que pendant les temps où il était possible d'agir, parce que nous avions des excédents de ressources, il aurait fallu, par exemple, aider les salariés moins qualifiés à pouvoir accroître leur savoir-faire et aujourd'hui, à aborder la crise avec moins de difficultés. Ça n'est pas une raison, parce que le ralentissement de la croissance a lieu, qu'il faut ralentir nos efforts. Et, si j'ai un souhait, moi, vis à vis du Gouvernement, c'est qu'avec courage, il continue à entraîner les Français aux réformes, pour qu'on soit prêt au moment de la reprise, car elle reviendra cette reprise."
Mais le Premier ministre, en ce moment, il connaît quelques épreuves, ses premières épreuves. Il avance, on a envie de dire le pauvre, dans les incertitudes de l'Irak et dans le brouillard. Qu'est-ce que vous lui dites ce matin ?
- "Je dis : continuons les réformes avec courage, même si c'est plus difficile par temps de ralentissement de la croissance. Remettons de l'ordre dans la dépense publique de l'Etat, sans pour autant remettre en cause les investissements qui portent l'avenir, de recherche, de développement, d'infrastructure, et puis je lui dis, eh bien continuons ces réformes qui aideront les Français à être plus souples, à pouvoir travailler mieux"
D'accord, est-ce qu'il faut revoir ou corriger le budget, tel qu'il avait été prévu ?
- "Il faut, bien sûr, adapter la dépense publique et il faut savoir - et c'est une raison de plus - que nous ne pouvons pas permettre du gaspillage d'argent public. La dépense publique doit être mieux gérée, mieux optimisée."
Concret, concret : 4 milliards d'euros ont été gelés par le trio Raffarin - Mer - Lambert est-ce qu'il faut aller plus loin ?
- "Il faut surtout, à travers les départs à la retraite, d'un certain nombre d'emplois de fonctionnaires, pouvoir se demander si, en modernisant mieux l'administration, on ne peut pas faire économie, à l'avenir, de certains postes dans le secteur public qui, pour être à la fois plus efficace et moins cher et ainsi laisser nos entreprises baisser un certain nombre de prélèvements, qui entravent l'investissement, qui entrave la recherche."
A propos de la réforme des retraites, F. Fillon a réveillé les syndicats en confirmant, hier au Parisien, le journal, qu'il fallait peu à peu, aligner la durée des cotisations du public sur le privé. Est-ce que c'est, ce qu'il faut faire et dare-dare ?
- "Ce n'est pas uniquement ce qu'il faut faire, mais tous les rapports le montrent, il faut bien que dans la mesure où l'allongement de la durée de la vie se produit, il faut bien allonger un peu plus la durée active des uns et des autres et il faut le faire, intelligemment et je regrette un petit peu que les syndicats nous donnent le sentiment de mener un combat à retardement - pas tous d'ailleurs -, alors qu'ils devraient, eux-mêmes, faire des propositions. Car ce qui compte en matière de retraite, c'est de dire que si nous faisons tous un effort, nous pourrons servir, notamment pour les salariés du bas de l'échelle, de meilleures retraites à l'avenir."
La réforme sera faite ?
- "Evidemment. Il faut qu'elle le soit dans des délais pour donner un signal et permettre à nos amis européens, de savoir que la France aussi fait preuve de courage et, en contrepartie, obtenir de la Banque Centrale, et j'y reviens, la baisse des taux d'intérêts et, ça, c'est capital."
J. Barrot, hier, en séance au Parlement, l'unanimité était belle, si belle, très belle, c'était " O temps, suspends ton vol ". La gauche était presque aussi chiraquienne que Chirac et les chiraquiens. Est-ce qu'il y a la même ligne aujourd'hui, sur la France, est-ce que l'on peut, à votre avis, bloquer le mouvement presque irréversible vers la guerre ?
- "Il y a encore la possibilité d'aller jusqu'au bout de cette méthode que J. Chirac et la France ont initiée, une méthode qui consiste à faire des pressions par la voie des inspections, par la voie des opinions sur un dictateur qui risque, en effet, de poursuivre la prolifération des armes à destruction massive. Et, ça, la voix française, qui est devenue la voix d'un certain nombre de pays, doit être poussée jusqu'au bout. Il faut mettre Saddam Hussein au pied du mur, avant d'imaginer autre chose."
Il y avait unanimité en séance, mais c'est vrai que dans les couloirs etc. on sent bien qu'il y a des fissures et des inquiétudes, au sein du mouvement dont vous êtes le président de groupe à l'Assemblée, le groupe UMP, parce qu'il y en a beaucoup qui ne voudraient pas que la France, éventuellement, aille jusqu'au droit de veto. Vous sentez bien qu'il y a, de ce côté là, un blocage.
- "Oui, mais d'abord qu'est ce que c'est, ces gens qui réclament aujourd'hui que nous nous prononcions sur l'usage ou non, du droit de veto ! Si on commence à débattre de ce problème, on donne à S. Hussein des prétextes supplémentaires pour résister. Cela étant, il n'y a pas, contrairement à ce que l'on peut dire ici et là, divergence, il y a simplement des sensibilités un peu différentes, c'est vrai que certains insistent beaucoup, et à juste titre, sur les conséquences, je dirais collatérales de l'intervention militaire qui peuvent déstabiliser le Moyen Orient et puis il y en a, et j'en fais partie aussi, qui disent " attention ", même si nous ne sommes pas d'accord sur la voie américaine qui veut aller directement à l'intervention militaire, sans prendre le souci d'une autre méthode."
Oui, d'accord mais pour ne pas rompre avec notre amitié atlantique et américaine, si le seul moyen c'est d'aller faire la guerre, il faut la faire avec eux, il faut les accompagner pour rester copains ou amis.
- "Il faut rester très ferme sur le fait que, toute intervention militaire doit être légitime et organisée, dans le cadre des Nations Unies. Ça c'est capital si l'on veut la paix demain."
Hier, vous étiez à l'Assemblée. Au même moment, M. Aznar était à Paris, chez le président de la République et puis vous êtes allé à Madrid où vous avez dit avec des industriels français et Aznar. Est-ce que lui a été convaincu par les Français, ou il reste toujours dans la ligne pro-américaine ?
- "Aznar espère que jusqu'au dernier moment, effectivement, on trouvera les moyens d'un accord. Je lui ai fait observer qu'une résolution - le mémorandum français voire une résolution française - pouvait encore donner le dernier ultimatum à S. Hussein"
Pourquoi vous dîtes " une résolution française ", il peut y avoir une résolution...
- "Le mémorandum peut devenir une résolution française, une résolution portée par un certain nombre de pays pour une ultime mise en garde de S. Hussein. J'ajoute qu'il faut attendre le rapport des inspecteurs, le 7 mars et c'est là que l'on y verra clair."
Est-ce qu'il ne faut pas préparer, comme dit E. Balladur, les Français à ce qui se prépare, au conflit qui se prépare ?
- "C'est évident que nous devons... mais ça fait partie de la résolution 14-41, on n'exclut aucune option. Par conséquent, il faut bien se dire qu'il peut y avoir une intervention militaire. Mais la France aura pris date, elle aura montré que pour mettre de l'ordre dans la communauté mondiale, on peut aussi passer par d'autres moyens et, ça, je crois qu'on n'oubliera pas ce que la France a proposé parce que, pour l'avenir, c'est probablement la voie la plus sûre."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 février 2003)