Texte intégral
Q - Le président dit sa colère, le Premier ministre aussi, vous-même vous "enragez" ?
R - C'est toute la France qui prend conscience d'une réalité : les questions d'environnement ne relèvent pas de l'accessoire ou du gadget. Ce sont des questions sociales, économiques, éthiques exigeant une révolution culturelle des sociétés industrielles. Il ne s'agit plus d'un problème de solidarité entre les classes sociales comme au XIXème siècle, ou entre les peuples comme au XXème, mais de solidarité entre les générations. Quelle planète allons-nous laisser à nos enfants, mais quels enfants allons-nous laisser à notre planète : il faut des enfants conscients de l'importance de l'écologie.
Q - Ces colères en haut lieu ne masquent-elles pas une certaine impuissance des pouvoirs publics ?
R - Non, il n'y a pas d'impuissance dès lors que l'on se place au bon niveau de décision. Et l'on sait depuis longtemps que le bon niveau, en l'occurrence, c'est l'Europe. Pour le climat ou la fonte de la calotte glaciaire, qui menace de submerger des kilomètres de côtes, c'est la communauté internationale. En avril, à Angers, j'accueillerai ainsi un sommet de l'environnement, un G8 consacré à l'eau. Les Américains, qui refusent toujours le Protocole de Kyoto sur le climat, sont plus allants sur l'eau. Nous devrions avancer.
Q - Comment expliquer que la législation européenne tarde autant ?
R - La prise de conscience est lente, mais réelle. La recherche d'un consensus européen de qualité prend du temps. Dans les différents Conseils des ministres européens concernés (transports, environnement, etc.), la France a une position offensive. Nous aurons des avancées significatives en 2003.
Q - La pression des intérêts privés est-elle forte ?
R - Ultraforte même. C'est pourquoi la volonté politique la plus déterminée a besoin d'être soutenue par les opinions publiques. Celles-ci doivent dire qu'elles en ont ras le bol ! Les marées noires menacent tous les pays européens ayant un littoral, notamment en Méditerranée. J'en appelle aux opinions publiques de tous ces pays, elles doivent nous soutenir, nous aider à aller plus vite et mieux !
Q - Les lois existantes sont-elles bien appliquées ?
R - Soyez assurés d'une détermination nouvelle dans l'exécution des lois, comme dans l'application des mesures d'urgence. Sur les 50 millions d'euros débloqués vendredi, 10 arriveront dès lundi dans les préfectures pour payer les dépenses de nettoyage, de personnel et de matériel ! Selon la loi, 25 % des navires doivent être vérifiés. A notre arrivée, 6 % l'étaient. Nous avons forcé la marche : 15 % le sont aujourd'hui et 25 % le seront dès juin. Six bateaux-poubelles ont déjà été éloignés de nos côtes et Jacques Chirac a demandé à la ministre de la Défense que tout navire repéré par les militaires en train de dégazer soit immédiatement arraisonné.
Q - L'action en justice entamée par la France peut-elle avoir un effet dissuasif sur les "voyous des mers" et "hommes d'affaires véreux" ?
R - C'est une excellente chose pour déterminer les responsabilités. Ce sont les compagnies pétrolières qu'il faut attaquer, pas seulement les commandants des bateaux. Le système d'assurance du Fipol ne doit plus être conçu comme un droit à polluer.
().
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 janvier 2003)
R - C'est toute la France qui prend conscience d'une réalité : les questions d'environnement ne relèvent pas de l'accessoire ou du gadget. Ce sont des questions sociales, économiques, éthiques exigeant une révolution culturelle des sociétés industrielles. Il ne s'agit plus d'un problème de solidarité entre les classes sociales comme au XIXème siècle, ou entre les peuples comme au XXème, mais de solidarité entre les générations. Quelle planète allons-nous laisser à nos enfants, mais quels enfants allons-nous laisser à notre planète : il faut des enfants conscients de l'importance de l'écologie.
Q - Ces colères en haut lieu ne masquent-elles pas une certaine impuissance des pouvoirs publics ?
R - Non, il n'y a pas d'impuissance dès lors que l'on se place au bon niveau de décision. Et l'on sait depuis longtemps que le bon niveau, en l'occurrence, c'est l'Europe. Pour le climat ou la fonte de la calotte glaciaire, qui menace de submerger des kilomètres de côtes, c'est la communauté internationale. En avril, à Angers, j'accueillerai ainsi un sommet de l'environnement, un G8 consacré à l'eau. Les Américains, qui refusent toujours le Protocole de Kyoto sur le climat, sont plus allants sur l'eau. Nous devrions avancer.
Q - Comment expliquer que la législation européenne tarde autant ?
R - La prise de conscience est lente, mais réelle. La recherche d'un consensus européen de qualité prend du temps. Dans les différents Conseils des ministres européens concernés (transports, environnement, etc.), la France a une position offensive. Nous aurons des avancées significatives en 2003.
Q - La pression des intérêts privés est-elle forte ?
R - Ultraforte même. C'est pourquoi la volonté politique la plus déterminée a besoin d'être soutenue par les opinions publiques. Celles-ci doivent dire qu'elles en ont ras le bol ! Les marées noires menacent tous les pays européens ayant un littoral, notamment en Méditerranée. J'en appelle aux opinions publiques de tous ces pays, elles doivent nous soutenir, nous aider à aller plus vite et mieux !
Q - Les lois existantes sont-elles bien appliquées ?
R - Soyez assurés d'une détermination nouvelle dans l'exécution des lois, comme dans l'application des mesures d'urgence. Sur les 50 millions d'euros débloqués vendredi, 10 arriveront dès lundi dans les préfectures pour payer les dépenses de nettoyage, de personnel et de matériel ! Selon la loi, 25 % des navires doivent être vérifiés. A notre arrivée, 6 % l'étaient. Nous avons forcé la marche : 15 % le sont aujourd'hui et 25 % le seront dès juin. Six bateaux-poubelles ont déjà été éloignés de nos côtes et Jacques Chirac a demandé à la ministre de la Défense que tout navire repéré par les militaires en train de dégazer soit immédiatement arraisonné.
Q - L'action en justice entamée par la France peut-elle avoir un effet dissuasif sur les "voyous des mers" et "hommes d'affaires véreux" ?
R - C'est une excellente chose pour déterminer les responsabilités. Ce sont les compagnies pétrolières qu'il faut attaquer, pas seulement les commandants des bateaux. Le système d'assurance du Fipol ne doit plus être conçu comme un droit à polluer.
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(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 janvier 2003)