Texte intégral
Au commencement de ma visite à Stockholm, je souhaite vous exprimer mes remerciements pour la cordialité, la chaleur et la qualité de votre accueil, et tout particulièrement le vôtre, chère collègue.
La longue histoire de nos deux peuples nous rapproche. Figurez-vous que je pense à vous chaque fois que je suis dans ma commune : Saint-Florent est en surplomb de la Loire et, juste en bas, il y a une petite île qui s'appelle "l'île batailleuse". La légende raconte que les Vikings ont remonté la Loire et qu'il y a eu une bataille. Qui a gagné, qui a perdu, je ne le sais, mais nous appelons cette île, "l'île des Vikings".
Vous avez rappelé vous-même, chère Lena, quelques pages communes de notre histoire. Votre pays a été très proche du nôtre. Certains de vos héros d'autrefois, tels Gustave-Adolphe, Charles XII ou la Reine Christine, ont naguère fortement marqué les esprits chez nous, à une époque où les rapports culturels de la Suède et de la France ont connu une particulière vitalité. Et comment ignorerions-nous, enfin, l'origine française de la famille de vos souverains ?
Permettez-moi à cet égard de vous demander de bien vouloir transmettre à Sa Majesté le Roi Carl XVI Gustaf nos très respectueux hommages à la veille de sa fête célébrée, je crois, le 28 janvier.
Car j'ai une deuxième raison de penser à votre pays chaque fois que je reviens dans mon département. C'est une raison royale. Il se trouve en effet que la princesse Victoria a choisi le département du Maine-et-Loire pour y poursuivre ses études. Nous sommes très fiers qu'elle ait choisi la ville d'Angers.
Comme vous l'avez dit, nos relations ont connu un bref moment d'ombre. mais nous sommes d'accord pour établir un partenariat confiant et mutuellement prometteur au sein de l'Union européenne.
Je n'oublie pas qu'à peine deux mois après sa nomination à la tête de votre gouvernement, M. Goran Perssön nous a fait l'honneur d'une visite à Paris où il a rencontré le Président de la République française. Cette visite a été, en tout cas à nos yeux, une réussite complète.
C'est donc des réalités présentes et de nos projets européens que je suis venu m'entretenir avec les autorités suédoises et ma collègue.
Nous parlerons bien évidemment longuement de l'avenir de l'Union européenne. C'est un projet très important et le vrai projet européen. Je sais très bien que la Suède a une vraie identité. Vous avez votre façon d'aborder les problèmes européens. Soyez convaincus que les Français sont aussi fiers de leur identité nationale que vous de la vôtre. Deux nations qui ont une forte identité nationale ont d'excellentes raisons de s'entendre.
Le général de Gaulle recevait en mai 1963 Sa Majesté le Roi Gustave VI Adolphe et lui disait ceci : " Le fait que vous et nous sommes des Européens au milieu d'un monde dangereux et difficile établit, entre Stockholm et Paris, une solidarité profonde ".
A l'époque, nous n'avions aucun lien particulier. Aujourd'hui, nous sommes dans l'Union européenne. Nous avons de grands défis devant nous : la bataille pour l'emploi, la réussite économique de l'Europe de demain, peut-être la monnaie unique - je dis peut-être pour respecter votre position : quant à nous, nous n'avons aucun doute.
Je suis persuadé que tous les défis auxquels nous devons face ne peuvent être réglés que dans un cadre européen.
Nous allons aborder l'élargissement. Nous parlerons de la Conférence intergouvernementale. Je suis très intéressé d'entendre votre point de vue sur la sécurité européenne. Naturellement, nous parlerons de la région de la Baltique, où vous avez de grandes responsabilités. Voilà les sujets d'intérêt commun.
Il y a aussi l'approfondissement de nos relations dans les domaines économique et culturel, ainsi que dans le domaine audiovisuel - il faut que vous puissiez accéder à nos chaînes de télévision.
L'autorité et le prestige de votre pays augmentent sans cesse. La Suède a été élue au Conseil de sécurité : c'est un témoignage et un signe de votre autorité. Avec tous ces signes, je vois des raisons impérieuses de travailler entre nous.
Je terminerai en formulant le voeu que nos deux pays puissent promouvoir, dans le cadre de l'Union européenne, une concertation bilatérale de plus en plus étroite au profit du développement de la construction européenne et avec l'ambition, face aux défis qui nous attendent à l'aube d'un nouveau millénaire, de conforter la place et le rôle de l'Europe sur la scène internationale, de renforcer la solidarité entre nos peuples et d'aider à préserver la paix dans le monde.
Je vous invite, Madame le Ministre, Mesdames et Messieurs, à lever votre verre en l'honneur de l'amitié entre la Suède et la France
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2001)