Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur le rôle et le fonctionnement de la structure européenne de coordination humanitaire Echo, Paris le 12 juillet 2000.

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Circonstance : Séminaire annuel informel ECHO (Office d'aides humanitaires de l'Union européenne) - Etats membres à Paris le 12 juillet 2000

Texte intégral

Madame le Directeur,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Etats,
Mesdames et Messieurs,
Je remercie Mme Adinolfi d'avoir réuni à Paris ce séminaire de concertation et de réflexion sur le devenir de ECHO.
Nous savons que nous pouvons compter sur elle pour redonner une dynamique à un service qui a été mis à l'épreuve par la crise du Kosovo et qui doit en même temps trouver sa place dans la réforme de la Commission.
J'apprécie cette volonté de consulter les Etats et des les inciter à une "responsabilité partagée" sur les orientations de ECHO.
Je voudrais vous faire part de quelques propos sur quelques unes des questions abordées par ce séminaire.
1 - Qui donne l'orientation politique ?
Je sais que vous avez posé de manière plus ou moins explicite la question de la " délimitation " du champ de concertation entre Etats, et entre Etats et Commission.
A quoi doit se limiter, à quoi doit s'étendre la compétence de ce Comité pour l'action humanitaire ?
Lorsque ECHO propose une stratégie/pays, ou une stratégie/région, (je pense au Moyen-Orient) qui décide de la pertinence de l'action ? Il va nous falloir, nous Etats, être plus clairs. L'action humanitaire d'Etat est tout à la fois "politique" et en même temps elle est guidée par les principes du droit international humanitaire.
Comment les Etats mettent-ils en cohérence leurs actions bilatérales, leurs soutiens aux ONG, leurs appuis aux agences onusiennes ? Voulons-nous, une identité européenne en matière humanitaire de même que nous nous efforçons de définir une identité européenne en matière d'aide au développement ?
Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui nous sachions tous répondre. Et les avancées de la PESC nous conduiront à modifier nos pratiques dans des domaines majeurs. La gestion des crises est à l'interférence de l'action humanitaire. Il nous faut travailler à préciser ce qui relève de la décision des Etats et ce qui relève de l'action de la Commission. Premier chantier
2 - Comment passer de l'urgence à la reconstruction ?
Vous avez longuement débattu de ces questions.
Cela suppose à la fois une analyse instrumentale et une conception du retour à la vie civique.
De quels instruments financiers disposons-nous lorsque la crise humanitaire laisse place au temps de la " reprise " du développement ? Nous avons des réponses en zone ACP. Mais ailleurs ?
De quels instruments disposons-nous lorsque la crise humanitaire installe durablement des populations, déplacées, victimes, dans le dénuement ? Faut-il alors s'en remettre à l'ONU ?
Nous destinons des populations à la dépendance humanitaire indéfinie faute de savoir offrir les moyens d'accompagner leur retour à la vie normale.
Je sais que ces questions ont été posées. Il faudrait enfin y trouver des réponses.
Je me félicite que la réforme rassemble sous l'autorité d'un même commissaire l'aide au développement et l'aide humanitaire. C'est la promesse d'une nouvelle rationalité.
Nous serons attentifs au document que la Commission va transmettre en vue du Conseil de développement de novembre. La Présidence française veillera à ce que les acteurs humanitaires soient associés à la préparation de ces débats. Deuxième chantier
3 - Les relations entre ECHO et les agences onusiennes.
Je sais que vous avez longuement examiné les difficultés qui pèsent sur ces relations.
Si je vous dis seulement que je souhaite, que nous souhaitons, qu'on trouve des solutions et des procédures appropriées, je ne fais guère avancer les choses. S'il faut des modifications réglementaires nous en connaissons les lenteurs. Veillons à ce que l'on ne mêle pas à des problèmes inévitablement bureaucratiques des confrontations idéologiques. Si nous recherchons une identité européenne, expliquons clairement comment ECHO doit travailler avec les agences onusiennes. Troisième chantier
Je crois que le moment est venu. Que les Etats membres débattent clairement de ce qu'est l'action humanitaire, ce que sont ses priorités, et jusqu'où nous sommes disposés à coordonner, à rapprocher nos actions pour construire cette identité européenne dans tous les domaines où elle donnera plus de sens à nos politiques.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juillet 2000).