Texte intégral
Monsieur le Président de la République,
C'est un honneur pour moi de vous accueillir aujourd'hui au ministère des Affaires étrangères. La visite d'Etat que vous accomplissez actuellement en France marque une étape capitale dans le développement des relations entre nos deux pays. L'histoire qui unit la Syrie à la France se compte en siècles. Les échanges entre nos deux peuples n'ont jamais cessé par le passé. Le fait que le consulat de France à Alep ait été ouvert dès 1536 est en lui-même un symbole, mais il n'est qu'une des multiples illustrations de cette histoire qui nous rapproche.
Aujourd'hui, c'est la recherche de la paix au Proche Orient qui nous encourage à travailler ensemble avec détermination. Vous connaissez, Monsieur le Président, la persévérance dont la France fait preuve au service de cette cause.
Mon pays n'a jamais ménagé ses efforts et son énergie pour promouvoir une solution juste et durable, garante du droit des peuples et de la sécurité des Etats. La Conférence de Madrid, qui n'a pris sa réelle dimension qu'avec la participation active de votre pays, a ainsi ouvert la voie à des négociations prometteuses sur l'ensemble des volets du processus de paix, et notamment le volet israélo-syrien.
Ces pourparlers sont malheureusement suspendus depuis plus de deux ans, alimentant les tensions, les malentendus et les suspicions. Le gouvernement français est convaincu que l'élan initial doit être retrouvé.
C'est dans cet esprit que le président de la République française, M. Jacques Chirac, et le président de la République arabe d'Egypte, M. Hosni Moubarak, ont lancé récemment un appel pour la paix au Proche-Orient et proposé une réunion des sauveurs de la paix. Il ne s'agit pas de faire concurrence aux efforts existants, mais de leur apporter notre concours et de réaffirmer les principes sur lesquels ils doivent s'appuyer : échange des territoires contre la paix, refus de l'acquisition des territoires par la force, respect des résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité, autodétermination du peuple palestinien - ce qui pour nous implique la possibilité, le jour venu, de créer un Etat -, droit pour tous les Etats de la région de vivre dans des frontières sûres et reconnues.
Comme l'ensemble de la communauté internationale, la France reconnaît le droit de la Syrie de voir restaurée sa souveraineté pleine et entière sur le Golan. La négociation nécessaire avec Israël ne doit donc pas porter sur le principe même de cette souveraineté mais sur les voies et les moyens d'obtenir sa restauration.
De même, pour nous, les aspirations d'Israël à la sécurité sont légitimes et doivent être satisfaites. Il en va non seulement de l'intérêt du peuple israélien, qui est comme le peuple syrien, un peuple ami de la France, mais de l'intérêt et de la stabilité de toute la région.
Vous savez, Monsieur le Président, l'intérêt particulier que la France continue de porter à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du Liban. La France considère que l'acceptation par Israël de la résolution 425 est positive, mais que l'application de cette résolution ne saurait être conditionnelle. Elle pense aussi que seul un règlement global, jetant les bases de relations nouvelles entre toutes les parties, permettra d'instaurer au Proche-Orient une paix juste et durable.
Sur le plan culturel, les échanges entre la France et la Syrie ont toujours été denses et florissants. L'Institut français d'études arabes de Damas a été créé dès 1922 et constitue aujourd'hui un lieu privilégie de formation et de coopération entre spécialistes français et syriens, mais aussi de nationalités tierces. La Syrie est devenue le pays du monde qui accueille le plus grand nombre de missions archéologiques françaises, dont l'étroite et confiante coordination avec les autorités syriennes est saluée par les deux parties. Un ambitieux programme de formation de dizaines d'assistants pour les universités syriennes s'est mis en place en collaboration avec de nombreuses universités dans toute la France. Les liens directs entre les universités et les universitaires de nos deux pays se développent. Je tiens aussi mentionner le succès de l'Ecole française de Damas, ainsi que l'ouverture à la dernière rentrée d'une Ecole française de la Mission laïque à Alep.
Dans le domaine économique et commercial, nos deux pays ont également resserré leurs liens. Les ministres des Affaires étrangères de nos deux gouvernements ont signé, en janvier dernier, un protocole financier qui vaut encouragement officiel au développement de projets franco-syriens.
La Syrie, sous votre direction, a aussi fait le choix d'un partenariat avec l'Europe. L'engagement de votre pays dans le processus euro-méditerranéen de Barcelone a été déterminant. L'ouverture récente de négociations formelles sur un accord d'association entre la Syrie et l'Union européenne témoigne de l'importance qu'a prise à vos yeux l'ouverture vers l'Europe.
Je veux saluer ce choix. C'est un choix d'avenir, un choix qui sera - j'en suis sûr - fécond, mais c'est un choix exigeant.
L'Europe est fondée sur le développement économique mais aussi sur la démocratie et les Droits de l'Homme, auxquels nos peuples sont profondément attachés, en lesquels ils voient autant de valeurs universelles. En faisant le choix de l'Europe, votre pays doit s'ouvrir naturellement à cette perspective.
Cette orientation européenne sera également déterminante sur le plan économique. Je ne sous-estime pas les problèmes que risque de poser cette transition vers une économie ouverte - nous venons d'en parler pendant notre entretien. Il s'agit d'un véritable défi, mais vous pouvez nous compter à vos côtés pour le relever et conforter le dynamisme auquel votre économie aspire.
Monsieur le Président, le dialogue franco-syrien a déjà eu de nombreuses retombées concrètes. Il faut continuer. Je sais que c'est votre volonté. C'est aussi la mienne. Le partenariat que s'emploient à construire votre pays et le mien ouvre devant nous de grandes perspectives, non seulement pour la Syrie et la France mais aussi pour la paix, la stabilité et la prospérité de votre région. C'est dans cet esprit que je voudrais lever mon verre en votre honneur et en celui de la délégation qui vous accompagne.
Vive la Syrie ! Vive la France.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juin 2001)
C'est un honneur pour moi de vous accueillir aujourd'hui au ministère des Affaires étrangères. La visite d'Etat que vous accomplissez actuellement en France marque une étape capitale dans le développement des relations entre nos deux pays. L'histoire qui unit la Syrie à la France se compte en siècles. Les échanges entre nos deux peuples n'ont jamais cessé par le passé. Le fait que le consulat de France à Alep ait été ouvert dès 1536 est en lui-même un symbole, mais il n'est qu'une des multiples illustrations de cette histoire qui nous rapproche.
Aujourd'hui, c'est la recherche de la paix au Proche Orient qui nous encourage à travailler ensemble avec détermination. Vous connaissez, Monsieur le Président, la persévérance dont la France fait preuve au service de cette cause.
Mon pays n'a jamais ménagé ses efforts et son énergie pour promouvoir une solution juste et durable, garante du droit des peuples et de la sécurité des Etats. La Conférence de Madrid, qui n'a pris sa réelle dimension qu'avec la participation active de votre pays, a ainsi ouvert la voie à des négociations prometteuses sur l'ensemble des volets du processus de paix, et notamment le volet israélo-syrien.
Ces pourparlers sont malheureusement suspendus depuis plus de deux ans, alimentant les tensions, les malentendus et les suspicions. Le gouvernement français est convaincu que l'élan initial doit être retrouvé.
C'est dans cet esprit que le président de la République française, M. Jacques Chirac, et le président de la République arabe d'Egypte, M. Hosni Moubarak, ont lancé récemment un appel pour la paix au Proche-Orient et proposé une réunion des sauveurs de la paix. Il ne s'agit pas de faire concurrence aux efforts existants, mais de leur apporter notre concours et de réaffirmer les principes sur lesquels ils doivent s'appuyer : échange des territoires contre la paix, refus de l'acquisition des territoires par la force, respect des résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité, autodétermination du peuple palestinien - ce qui pour nous implique la possibilité, le jour venu, de créer un Etat -, droit pour tous les Etats de la région de vivre dans des frontières sûres et reconnues.
Comme l'ensemble de la communauté internationale, la France reconnaît le droit de la Syrie de voir restaurée sa souveraineté pleine et entière sur le Golan. La négociation nécessaire avec Israël ne doit donc pas porter sur le principe même de cette souveraineté mais sur les voies et les moyens d'obtenir sa restauration.
De même, pour nous, les aspirations d'Israël à la sécurité sont légitimes et doivent être satisfaites. Il en va non seulement de l'intérêt du peuple israélien, qui est comme le peuple syrien, un peuple ami de la France, mais de l'intérêt et de la stabilité de toute la région.
Vous savez, Monsieur le Président, l'intérêt particulier que la France continue de porter à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du Liban. La France considère que l'acceptation par Israël de la résolution 425 est positive, mais que l'application de cette résolution ne saurait être conditionnelle. Elle pense aussi que seul un règlement global, jetant les bases de relations nouvelles entre toutes les parties, permettra d'instaurer au Proche-Orient une paix juste et durable.
Sur le plan culturel, les échanges entre la France et la Syrie ont toujours été denses et florissants. L'Institut français d'études arabes de Damas a été créé dès 1922 et constitue aujourd'hui un lieu privilégie de formation et de coopération entre spécialistes français et syriens, mais aussi de nationalités tierces. La Syrie est devenue le pays du monde qui accueille le plus grand nombre de missions archéologiques françaises, dont l'étroite et confiante coordination avec les autorités syriennes est saluée par les deux parties. Un ambitieux programme de formation de dizaines d'assistants pour les universités syriennes s'est mis en place en collaboration avec de nombreuses universités dans toute la France. Les liens directs entre les universités et les universitaires de nos deux pays se développent. Je tiens aussi mentionner le succès de l'Ecole française de Damas, ainsi que l'ouverture à la dernière rentrée d'une Ecole française de la Mission laïque à Alep.
Dans le domaine économique et commercial, nos deux pays ont également resserré leurs liens. Les ministres des Affaires étrangères de nos deux gouvernements ont signé, en janvier dernier, un protocole financier qui vaut encouragement officiel au développement de projets franco-syriens.
La Syrie, sous votre direction, a aussi fait le choix d'un partenariat avec l'Europe. L'engagement de votre pays dans le processus euro-méditerranéen de Barcelone a été déterminant. L'ouverture récente de négociations formelles sur un accord d'association entre la Syrie et l'Union européenne témoigne de l'importance qu'a prise à vos yeux l'ouverture vers l'Europe.
Je veux saluer ce choix. C'est un choix d'avenir, un choix qui sera - j'en suis sûr - fécond, mais c'est un choix exigeant.
L'Europe est fondée sur le développement économique mais aussi sur la démocratie et les Droits de l'Homme, auxquels nos peuples sont profondément attachés, en lesquels ils voient autant de valeurs universelles. En faisant le choix de l'Europe, votre pays doit s'ouvrir naturellement à cette perspective.
Cette orientation européenne sera également déterminante sur le plan économique. Je ne sous-estime pas les problèmes que risque de poser cette transition vers une économie ouverte - nous venons d'en parler pendant notre entretien. Il s'agit d'un véritable défi, mais vous pouvez nous compter à vos côtés pour le relever et conforter le dynamisme auquel votre économie aspire.
Monsieur le Président, le dialogue franco-syrien a déjà eu de nombreuses retombées concrètes. Il faut continuer. Je sais que c'est votre volonté. C'est aussi la mienne. Le partenariat que s'emploient à construire votre pays et le mien ouvre devant nous de grandes perspectives, non seulement pour la Syrie et la France mais aussi pour la paix, la stabilité et la prospérité de votre région. C'est dans cet esprit que je voudrais lever mon verre en votre honneur et en celui de la délégation qui vous accompagne.
Vive la Syrie ! Vive la France.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juin 2001)