Déclarations de Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, sur la fête de la musique, notamment les musiques sans frontières, Paris les 13 et 21 juin 2000.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : 19 ème édition de la fête de la musique, présentation le 13 juin et réception le 21 juin 2000

Texte intégral

Présentation de Catherine Tasca
pour la 19e édition de la Fête de la Musique
mardi 13 juin 2000
Pour célébrer sa dix-neuvième édition, la Fête de la musique a choisi le thème des musiques sans frontières. On ne pouvait pas en trouver de plus opportun, alors que l'Europe s'élargit, que l'heure est à la mondialisation dans tous les domaines et que les moyens techniques actuels nous offrent des chances de communication quasi illimitée.
La musique n'a-t-elle pas, et depuis son origine, anticipé sur cette vaste concordance qui respecte les singularités mais ignore les frontières ? Son histoire est faite d'emprunts et d'échanges, de brassages et de métissages. L'étranger est à la fois son autre et son double, avec lequel elle ne cesse de dialoguer. Depuis sa conception en 1982, par Jack Lang, Maurice Fleuret et Christian Dupavillon, jusqu'à ce dix-neuvième anniversaire, la Fête de la musique a témoigné de cet éclectisme. Elle a prouvé aussi une grande liberté, variant de style et d'allure d'une année sur l'autre afin de tenir compte de l'évolution de la vie musicale.
Pour son édition 2000, elle a bénéficié du vaste réseau mis en place dès 1985, année européenne de la musique du conseil de l'Europe et qui a su associer les partenaires les plus divers, ministères publics, collectivités territoriales, institutions, professionnels et amateurs. Elle est devenue un phénomène artistique et social qui attire dans les rues de tous les pays des millions de musiciens et d'auditeurs, sur les grandes places des capitales comme dans les rues des plus petites communes. Plus de cent pays célèbrent aujourd'hui la fête de la musique le jour du solstice d'été.
Tout près de nous, ce sont onze pays d'Europe qui se sont associés à la France pour marquer de façon concrète et artistique à cette Europe des cultures que tous appellent de leurs voeux. Le travail de préparation a été mené conjointement et aboutira à des manifestations communes, à des échanges multilatéraux d'artistes. Et symboliquement, c'est l'ode à la joie de la neuvième symphonie de Beethoven qui sera jouée simultanément dans les douze capitales concernées en ouverture de la Fête de la musique.
En France, il a été choisi de décliner le thème des musiques sans frontières dans quatre directions principales :
la multiplication des échanges frontaliers et des rencontres musicales européennes et internationales (à Dunkerque, Strasbourg, Lyon, Charleville-Mézières, Thonon-les-Bains ou Alençon),
la priorité donnée à la création d'oeuvres musicales privilégiant les échanges et métissages culturels (travail conjoint d'amateurs et rencontres musicales inédites à Foix, Bastia, Montpellier, Lorient, Aubusson, Carpentras, Aix-en-Provence, Nantes, Blois ...),
l'ouverture aux autres disciplines artistiques en termes de dialogue, de correspondances et de complémentarité (arts plastiques, arts de la rue, danse, cinéma, photographie ... au Havre, à Narbonne, Cognac, Portes-les Valence ...)
la multiplication des rencontres et échanges à travers une libre circulation entre communes des espaces ruraux, entre quartiers de la périphérie et entre périphérie et centre-ville (à Rennes, Figeac, Annecy, Agen, Guéret)
Par ailleurs la Fête de la musique sera présente dans une quarantaine de centres hospitaliers et une trentaine d'établissements pénitentiaires tant il est vrai que c'est là aussi, là surtout peut-être, qu'il faut savoir transgresser certaines frontières, celles de l'exclusion.
Le vaste réseau des établissements d'enseignement n'a pas été oublié bien évidemment. En collaboration avec le Ministère de l'Education nationale, un livret-chansons a été réalisé, tiré à vingt-mille exemplaires, et sera diffusé dans les écoles et les lycées ainsi que dans les écoles de musique et les conservatoires et dans le réseau des Alliances françaises à l'étranger.
Enfin, la Toile a été intégrée puisque un site a été ouvert, il y a deux ans, à toutes les initiatives d'une Cyberfête de la musique.
La Fête finie, il faudra penser à son lendemain, à sa vingtième édition. Pour célébrer heureusement cet anniversaire, je fais d'ores et déjà appel à toutes les imaginations, les utopies et les initiatives.
Mais pour l'heure, bonne Fête 2000 à toutes les musiques du monde par delà les frontières!
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 14 juin 2000)
Allocution de Catherine Tasca
à l'occasion de la réception pour la fête de la musique
21 juin 2000
Je suis heureuse de vous accueillir au Ministère de la Culture et de le faire pour la Fête de la musique. Comme vous le savez, elle fut imaginée en 1982 par Jack Lang et Christian Dupavillon et on leur en sait gré. Je veux aussi en cette occasion rendre hommage à Maurice Fleuret alors directeur de la Musique qui fut le premier maître d'uvre de la Fête de la Musique.
Elle est devenue, très vite, un rendez-vous artistique spontané et convivial mais aussi un événement de société. On y joue de la musique et l'on y crée des liens. On s'abandonne à la joie collective mais on lance aussi des signes.
Cette année, la Fête est sous la bannière du sans frontières. On ne pouvait trouver meilleur thème, alors que l'Europe s'élargit et que la mondialisation est dans tous les esprits.
De fait, cette dix-neuvième édition a été l'occasion d'échanges, de rencontres et de collaborations qui ont témoigné à quel point la musique porte en elle des vertus de dialogue et de conciliation. Elle a renoué ainsi avec ses origines, celle d'un langage universel. Une centaine de pays, dont onze en Europe, des milliers de participants et d'auditeurs en témoignent.
L'une des composantes fondamentales de la musique est ... le silence. Je vais donc faire silence avec vous, si vous le voulez bien, pour entendre un mouvement d'un quatuor de Bela Bartok interprété par le quatuor Résonances (*)
Je les remercie d'avoir accepté de participer à l'hommage que je souhaitais rendre à Maurice Fleuret.
A la Fête désormais d'aller, au gré du désir de chacun.
(*) Vanessa Jean, Tristan Benveniste, Hugues de Gilles et Hélène Silici
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 27 juin 2000)