Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les relations entre la France et l'OTAN à l'occasion de la participation militaire française à la résolution de la crise du Kosovo, à l'Assemblée nationale le 26 octobre 1999.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,

La contribution que la France avait décidée souverainement et librement d'apporter à la solution de l'affaire du Kosovo, d'abord diplomatiquement puis militairement a été salué à de nombreuses reprises, de façon non ambiguë, élogieuse par tous nos alliés, qu'il s'agisse de nos alliés européens ou qu'il s'agisse des Etats-Unis.
A propos de la déclaration du général Short que vous citiez, je redirai que l'Alliance atlantique est une alliance de nations souveraines et qu'il n'est pas question au sein de cette alliance d'accepter que l'un des pays, quels que soient les moyens dont il dispose puisse trancher pour les autres. Je rappellerai que la façon dont nous nous sommes comportés dans cette affaire du Kosovo visait à démontrer chaque jour que lorsque nous disions que nous ne faisions pas la guerre au peuple serbe mais à un régime qui s'était rendu odieux à toute l'Europe, cela avait un sens précis qui était d'épargner le plus possible les victimes civiles des opérations que malgré tout et malheureusement il fallait conduire.

C'est ainsi que la France s'est comportée dans la prise de décisions quotidiennes et il n'est pas question de laisser l'alliance atlantique, de laisser l'OTAN évoluer vers ce qu'a l'air de souhaiter ce général que vous citiez.
Quand à l'unilatéralisme de ce que j'appelle personnellement l'hyperpuissance américaine, pour bien montrer que c'est encore autre chose que la superpuissance et que les choses ont changé de dimensions avec les pensées qui en découlent, à travers ce type de déclarations, je dirai simplement que dans le monde actuel, plus on est puissant, plus on doit avoir le sens des responsabilités. Et c'est cela que nous attendons de nos alliés, c'est cela que nous leur rappelons et que nous leur rappellerons.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 octobre 1999)