Interviews de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, aux radios et à France 2 le 7 octobre 2002, sur l'explosion à bord du pétrolier français en Mer Rouge, l'évolution des discussions sur l'Irak au Conseil de sécurité de l'Onu, la situation en Côte d'Ivoire.

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Circonstance : Déjeuner offert par l'Association de la presse diplomatique à Paris le 7 octobre 2002

Média : France 2 - Télévision

Texte intégral

(Interview aux radios à Paris, le 7 octobre 2002) :
Q - L'explosion à bord du navire, est-ce un attentat, un accident ?
R - Il est encore trop tôt pour le dire. Le président de la République a longuement parlé hier avec son homologue yéménite. Il est important que les inspections qui doivent se dérouler puissent amener leurs conclusions. Des inspecteurs français se rendent sur place, au Yémen, pour participer, être pleinement associés à l'inspection avec les Yéménites.
Q - S'il y a une nouvelle résolution au Conseil de sécurité sur l'Iraq, les inspecteurs pourront-ils partir très vite ?
R - Nous le souhaitons et nous travaillons fortement depuis plusieurs jours à cela. Je suis en contact quotidien avec mes homologues américain et britannique ainsi qu'avec nos amis russes et chinois. Il est important que cette concertation puisse rapidement aboutir pour que, concrètement, sur le terrain, les inspecteurs puissent commencer leurs travaux. C'est évidemment une exigence importante et elle doit se faire en liaison avec ceux-là même qui vont en avoir la charge, c'est-à-dire la commission de contrôle de M. Blix et les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Q - Avant la fin du mois ?
R - Le plus rapidement possible. Nous pensons que, dans des délais très brefs maintenant, le Conseil de sécurité peut se décider à condition de bien garder en tête l'exigence d'unanimité. Si la communauté internationale est unie, si le Conseil de sécurité est uni pour déterminer sa position, c'est le gage le plus sûr que nous avons de l'efficacité du message adressé à Saddam Hussein.
Q - Concernant la Côte d'Ivoire, quelle est la position de la France sur le projet d'accord négocié par la CEDEAO et que Laurent Gbagbo a refusé de signer ?
R - Nous soutenons, vous le savez, les efforts de la CEDEAO en vue de permettre la création d'un groupe de médiation, voire une force d'interposition, une force de paix. Il est important de suivre ses conclusions ; il y a une sagesse africaine qui s'exerce. Nous sommes aujourd'hui dans la situation où un accord, semble-t-il, a été accepté par les mutins. Il est important que le président Gbagbo l'accepte pour sa part car il ne saurait y avoir de solution militaire aux problèmes de la Côte d'Ivoire.
Q - Y aura-t-il un appui logistique de la France aux troupes régulières et au président Gbagbo ?
R - La France a mis sa confiance dans le groupe de médiation, nous sommes en liaison avec leurs partenaires africains pour déterminer le cap à suivre.
Q - Qu'est-ce qui vous rend aussi optimiste sur l'éventualité d'un rapprochement de la position américaine vers la position française ?
R - Tout simplement, la nécessité ; la nécessité de convaincre Saddam Hussein qu'il doit changer d'orientation, que véritablement les inspecteurs doivent aller sur place et qu'il faut éliminer ces armes de destruction massive. Nous avons là un même objectif, un objectif concret. Il nous faut être soucieux d'efficacité. Il faut être pragmatique, et c'est pour cela que nous voulons agir avec ceux qui ont la responsabilité de mettre en place ces inspections.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 octobre 2002)
(Interview à France 2 à Paris, le 7 octobre 2002) :
Q - On a l'impression que le président Gbagbo n'entend pas signer l'accord décidé à Accra. Quelle est la position de la France ?
R - La France soutient la médiation africaine, les efforts engagés depuis dimanche dernier à Accra pour permettre à une mission de contact, voire à une force d'interposition de se déployer dans la région. Nous estimons, puisque les mutins semblent donner leur accord, qu'il est important que le président Gbagbo accepte lui aussi cet accord. La sagesse africaine doit l'emporter. Tous les Etats de la région sont mobilisés pour avancer dans cette voie de la paix et de la réconciliation qui est aujourd'hui indispensable. Depuis trop d'années, la Côte d'Ivoire connaît des difficultés, il est temps que cette réconciliation s'engage véritablement.
Q - Et si le président Gbagbo ne suit pas ?
R - La France soutient la médiation et la France continue d'uvrer en liaison avec ses partenaires africains. Nous sommes en étroits contacts avec eux, nous avons clairement fait passer le message aux autorités ivoiriennes et à partir de là, il faudra que chacun en tire les conclusions.
Q - A propos de l'Iraq, on attend le discours de George Bush ce soir. Demain, les discussions reprendront. Y a-t-il un rapprochement entre les Français et les Américains ?
R - Nous travaillons beaucoup depuis plusieurs jours. Vous connaissez la position française qui est de défendre une démarche en deux temps au Conseil de sécurité. Nous voulons préserver à tout prix l'unité du Conseil de sécurité et l'unité de la communauté internationale. Les travaux ont bien avancé. Je verrai tout à l'heure mon collègue britannique, j'ai eu longuement hier au téléphone le ministre des Affaires étrangères américain. Nous souhaitons pouvoir, très rapidement, faire en sorte que les inspecteurs puissent revenir en Iraq et participer vraiment au travail : l'élimination des armes de destruction massive.
Q - Toujours pas de conclusion sur le bateau au Yémen ? Si c'est un attentat, est-ce une surprise pour vous ?
R - Nous en restons aux faits, c'est l'explosion intervenue hier. Le président de la République a parlé à son homologue yéménite. Des inspecteurs français vont se rendre sur place pour travailler avec leurs homologues yéménites. Nous verrons quelles sont les conclusions de leurs travaux.
Q - Et si c'est un attentat ?
R - Nous verrons le moment venu.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 octobre 2002)