Texte intégral
Les Quinze signent le 16 avril 2003 le Traité d'adhésion qui entérine l'entrée de dix nouveaux pays dans l'Union européenne. La ministre déléguée aux Affaires européennes, Noëlle Lenoir, salue ce "rendez-vous de l'histoire", dans un édito.
"Dans quelques mois, avec l'élargissement, l'Union européenne a rendez-vous avec l'histoire et avec elle-même. Jamais les " pères " de l'Europe n'avaient envisagé de limiter la construction européenne aux six États fondateurs, ni même à l'Europe de l'Ouest. Pour Jean Monnet et Robert Schuman, l'Europe devait être prête à accueillir ces pays, que l'on disait "de l'Est", le jour où ils le demanderaient. Ainsi, la perspective de l'élargissement fut, elle, présente dès les prémices de la construction européenne. Et ce jour, alors lointain, où l'Europe divisée devait retrouver la moitié d'elle-même, est enfin arrivé. L'élargissement marquera ainsi l'accomplissement du projet européen. Il ne doit pas en constituer l'achèvement.
Par-delà le rendez-vous avec l'histoire, la réunification du continent scellée à Copenhague les 12 et 13 décembre 2002, l'Europe a rendez-vous avec elle-même : ce qui est désormais en jeu, c'est sa capacité à retrouver le sens d'un projet porté par une ambition et une volonté partagées.
À cet égard, les interrogations des Français sur l'élargissement sont révélatrices d'un déficit d'information plus profond sur l'Europe. Pourtant, l'Europe n'est pas cette contrainte extérieure que d'aucuns voudraient faire accroire. Elle est désormais l'un des principaux espaces de la décision et du débat démocratiques, auxquels la Commission européenne et le Parlement européen participent activement. La question n'est plus d'être pour ou contre l'Europe mais de déterminer ce que nous souhaitons faire ensemble.
C'est pourquoi, en même temps qu'elle s'élargit, l'Europe devra se réinventer et se doter des moyens de répondre aux nouveaux désordres du monde, afin de consolider un espace commun de sécurité et de démocratie. Définir, en restant fidèle à ses valeurs - à commencer par la solidarité et le respect de la diversité culturelle -, les termes d'un nouveau contrat politique. Telle est la tâche immense dévolue à la Convention sur l'avenir de l'Europe.
L'entrée de dix nouveaux membres dans l'Union européenne en 2004 interviendra le 1er mai 2004, soit 90 ans après la Première Guerre mondiale, qui a précipité l'effondrement de l'Europe de la Belle Époque et la crise des valeurs libérales et de progrès. 90 ans c'est à peu près le temps qu'il fallut à l'Europe du XIVe siècle - le temps des cathédrales -, brisée dans son élan par la Grande Peste de 1348 et la guerre de Cent Ans, pour se reconstruire avant de se lancer dans l'aventure des grandes découvertes. 90 ans c'est, à peu de choses près, le temps qu'il fallut à l'Europe de la Renaissance, brisée dans son élan par les guerres de Religion, pour se reconstruire et jeter, avec les Lumières, les fondations philosophiques et politiques de notre modernité. Pourvu que nous le voulions et que nous nous en donnions les moyens, le XXIe siècle sera européen".
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 avril 2003)
"Dans quelques mois, avec l'élargissement, l'Union européenne a rendez-vous avec l'histoire et avec elle-même. Jamais les " pères " de l'Europe n'avaient envisagé de limiter la construction européenne aux six États fondateurs, ni même à l'Europe de l'Ouest. Pour Jean Monnet et Robert Schuman, l'Europe devait être prête à accueillir ces pays, que l'on disait "de l'Est", le jour où ils le demanderaient. Ainsi, la perspective de l'élargissement fut, elle, présente dès les prémices de la construction européenne. Et ce jour, alors lointain, où l'Europe divisée devait retrouver la moitié d'elle-même, est enfin arrivé. L'élargissement marquera ainsi l'accomplissement du projet européen. Il ne doit pas en constituer l'achèvement.
Par-delà le rendez-vous avec l'histoire, la réunification du continent scellée à Copenhague les 12 et 13 décembre 2002, l'Europe a rendez-vous avec elle-même : ce qui est désormais en jeu, c'est sa capacité à retrouver le sens d'un projet porté par une ambition et une volonté partagées.
À cet égard, les interrogations des Français sur l'élargissement sont révélatrices d'un déficit d'information plus profond sur l'Europe. Pourtant, l'Europe n'est pas cette contrainte extérieure que d'aucuns voudraient faire accroire. Elle est désormais l'un des principaux espaces de la décision et du débat démocratiques, auxquels la Commission européenne et le Parlement européen participent activement. La question n'est plus d'être pour ou contre l'Europe mais de déterminer ce que nous souhaitons faire ensemble.
C'est pourquoi, en même temps qu'elle s'élargit, l'Europe devra se réinventer et se doter des moyens de répondre aux nouveaux désordres du monde, afin de consolider un espace commun de sécurité et de démocratie. Définir, en restant fidèle à ses valeurs - à commencer par la solidarité et le respect de la diversité culturelle -, les termes d'un nouveau contrat politique. Telle est la tâche immense dévolue à la Convention sur l'avenir de l'Europe.
L'entrée de dix nouveaux membres dans l'Union européenne en 2004 interviendra le 1er mai 2004, soit 90 ans après la Première Guerre mondiale, qui a précipité l'effondrement de l'Europe de la Belle Époque et la crise des valeurs libérales et de progrès. 90 ans c'est à peu près le temps qu'il fallut à l'Europe du XIVe siècle - le temps des cathédrales -, brisée dans son élan par la Grande Peste de 1348 et la guerre de Cent Ans, pour se reconstruire avant de se lancer dans l'aventure des grandes découvertes. 90 ans c'est, à peu de choses près, le temps qu'il fallut à l'Europe de la Renaissance, brisée dans son élan par les guerres de Religion, pour se reconstruire et jeter, avec les Lumières, les fondations philosophiques et politiques de notre modernité. Pourvu que nous le voulions et que nous nous en donnions les moyens, le XXIe siècle sera européen".
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 avril 2003)