Texte intégral
J'ai envie de laisser les lunettes et de laisser le papier pour vous parler avec mon cur, pour vous dire, à chacune et chacun, d'entre vous aujourd'hui le plus mot de la langue française : merci, merci de votre accueil, merci de vous être rassemblés ce soir autour de votre député-maire et merci donc de saluer ainsi le travail que nous menons avec B. Girardin et avec P. Devedjian. Je salue également mon épouse, ministre de rien, mais qui est tout pour moi. Je suis très heureux d'être aujourd'hui avec vous monsieur le député-maire, avec la population dionysienne, et de vous dire très franchement combien ce rendez-vous est pour nous important. Je crois profondément qu'ici, à Saint-Denis, à La Réunion, vous êtes en avance sur la société française. Quand on regarde un certain nombre des problèmes qui vous sont posés - je vais y revenir -, on pourrait croire qu'il faut regarder votre activité avec une certaine détermination, voire condescendance. Et pourtant quand on regarde le fond des choses, la Réunion est en avance sur la société française.
La Réunion d'abord réussit cette tolérance culturelle, si importante aux sociétés modernes, sans laquelle la France ne saura pas surmonter ses défis intérieurs ; cette société métissée, cette société de tolérance qu'est aujourd'hui la société française, c'est vous qui l'avez construite, c'est vous qui montrez le chemin de la tolérance, de la capacité à se retrouver avec des origines, avec des histoires, avec des religions, avec un passé différent mais avec la République en commun. Vous nous donnez ce très bel exemple d'une capacité de rassemblement, une capacité de vivre ensemble, en respectant les différences des uns et des autres. Je crois que c'est un élément très important, c'est un message de La Réunion vers la société française qui est très important. C'est ce premier message que je voudrais saluer.
Le second, c'est le message de la jeunesse. Je sais bien aujourd'hui, ici à la Réunion combien il y a de difficulté pour l'emploi des jeunes, et je peux vous dire qu'avec B. Girardin, nous sommes déterminés car nous ne faisons pas partie de ceux qui considèrent que le chômage est une fatalité. Mais je voudrais d'abord saluer l'énergie démographique, la capacité à se mobiliser aujourd'hui pour donner une place à la jeunesse ; c'est ce que nous devons faire. La France dans l'ensemble de ses territoires est souvent trop vieillissante et les défis de l'avenir sont pour nous des défis qui exigent qu'on fasse confiance à la jeunesse, qu'on intègre la jeunesse, qu'on accepte aujourd'hui de laisser davantage de place aux jeunes de notre pays, pour qu'ils portent l'avenir de la France. Et c'est un message fort qui est ici développé.
Et puis, je voudrais souligner aussi votre capacité à travailler ensemble, votre capacité à vous ouvrir sur le monde. Je pense qu'un des problèmes de la société française c'est de ne pas assumer suffisamment la planète comme notre espace d'avenir, non pas pour avoir sur cette planète une vision impérialiste, une vision de pouvoir, mais d'abord pour avoir conscience que c'est notre espace à venir, qu'il est menacé, et que si on ne travaille pas les grandes questions du développement durable, nous serons, les uns et les autres, indignes des générations à venir, [pour avoir] cette capacité à considérer le monde qui nous entoure aujourd'hui comme un espace qui nous appartient et vis-à-vis duquel nous avons des devoirs. Je crois qu'il est très important d'avoir cette mentalité d'ouverture qui est au cur de votre culture. La France bâtit quelque fois trop de frontières autour d'elle-même et vous montrez aujourd'hui, par votre position géographique, mais par vos ambitions internationales, par toutes les passerelles que vous savez bâtir à travers différents continents, que finalement le monde moderne c'est à la fois la conscience de son identité mais c'est aussi la volonté de dépasser les frontières, de pouvoir voir loin et pouvoir faire en sorte que les visions soient larges, même si les actions sont proches. C'est, je crois, des messages que La Réunion donne, porte à la France et qui sont très importants : messages de la jeunesse, messages de la diversité, message de la tolérance, message de l'ouverture au monde, sortir des mentalités féodales qui nous enferme et qui nous font quelque fois regarder l'avenir plutôt avec les lunettes du passé voire les lunettes de la nostalgie. Aujourd'hui, ici, au cur de cette dynamique géographique qui est la vôtre, vous voyez bien combien l'avenir est une bataille, combien l'avenir est une mobilisation et combien finalement se donner à l'action publique est quelque chose de très important pour assurer, pour nos enfants, cet avenir. Et donc je suis là, avec reconnaissance, pour vous saluer et saluer cette ville de Saint-Denis et saluer tous ceux qui ont à des moments ou d'autres, porté en métropole ces messages avant nous, Leconte de Lisle, L. Deliesse, R. Garros ; vous avez parlé de M. Debré, un de mes prédécesseurs immenses, on pourrait en citer un autre, R. Barre, aussi immense. Il y a un grand nombre de Français qui aujourd'hui ont pu sentir cet apport de La Réunion à la communauté nationale et je crois vraiment que le président de la République est un de ceux-là. Je crois que le président de la République a pour La Réunion cette affection profonde, mais non seulement une affection personnelle pour la population, pour le territoire, pour son histoire, mais je crois aussi pour une vision d'avenir, parce qu'il sait que l'avenir est fait d'ouverture, de prévoyance quant à des logiques de développement - je pense au développement durable - et aussi à la nécessité de toujours faire en sorte que le respect soit le ciment de la communauté nationale.
() Je voudrais donc vous remercier pour cette force-là et je pense que c'est une de nos responsabilités - je le dis à mes amis parlementaires qui sont ici, au sénateur R. du Luart, au député D. Quentin, au sénateur A. de Montesquiou et à C. Peyou qui est député de Loire Atlantique -, ce sera aussi notre message que de porter cette culture qui est la vôtre aujourd'hui dans notre patrimoine national et dire aujourd'hui que la France dans son ensemble a tout intérêt à écouter les messages de La Réunion - ce n'est par pour ça qu'on acceptera tous les amendements, parce que je le vois, son sourire s'élargit et lui, il est en train de compter le tiroir caisse ; mais de toute façon je ne risque rien, B. Girardin veille.
Je voudrais vous dire que dans cet élan politique de La Réunion, je suis parfaitement conscient des difficultés économiques et je voudrais vous en dire quelques mots. D'abord, je voudrais saluer la dynamique de croissance, la dynamique des entreprises, la dynamique des petites et moyennes entreprises aujourd'hui qui fait qu'il y a ici à La Réunion une véritable dynamique entrepreneuriale. Bien sûr le chômage est important, mais il faut bien mesurer que par rapport à d'autres territoires, c'est parce que la vague démographique est encore plus grande que la vague de création d'emplois que nous nous trouvons dans cette situation ; mais il ne faut pas mésestimer tous les efforts qui sont faits pour l'emploi, tous ces efforts de croissance, toutes ces entreprises, toutes ces idées, toutes ces énergies qui sont déployées aujourd'hui pour accueillir un certain nombre de jeunes et un certain nombre d'actifs dans le monde du travail. Je crois qu'il est important pour nous de favoriser encore davantage ce développement de l'emploi par l'entreprise. Cela fait partie, vraiment, de notre conviction. Nous avons voulu alléger les charges, nous avons un certain nombre de processus de défiscalisation, nous voulons développer cette capacité aujourd'hui d'aider l'entreprise à accueillir en son sein des salariés. Cela nous paraît être la meilleure des méthodes pour pouvoir développer l'emploi. Il faut faire en sorte, notamment pour les jeunes, qu'on puisse leur offrir de vrais emplois dans de vraies entreprises, avec des contrats à durée indéterminée ; c'est ça le contrat sans charge que nous avons développé. Bien sûr que les emplois jeunes ont été importants, bien sûr que je mesure qu'il faut des contrats aidés, mais quand ils sont sous échéance et quand ils sont sans avenir, quelque fois ils ont tendance à être des parkings qui masquent une réalité et c'est plus difficile de s'intégrer à 25, à 30 ans, qu'à 20 ou à 25 ans. Et donc il est nécessaire pour nous de faire en sorte qu'on comprenne bien que l'insertion dans l'entreprise est la meilleure des insertions possibles. C'est pour ça que nous développons, dans le cadre de la loi de programme que prépare B. Girardin, et qui sera discutée au Parlement très bientôt, avec les amendements des parlementaires ici présents - j'en vois même un qui était en train déjà de rédiger son amendement -, un certain nombre de dispositifs pour aider à ce développement de l'emploi. Ce ne veut pas dire que nous ne ferons pas des efforts évidemment pour les emplois aidés. Nous voyons bien, pour les communes notamment, qu'il est nécessaire de soutenir un certain nombre d'initiatives, parce que finalement le tissu social a besoin de cette cohésion. Et c'est pour ça que les contrats emploi solidarité sont maintenus, qu'un certain nombre d'initiatives sont prises pour, par exemple avec le contrat qu'a proposé le président de la République, le contrat CIVIS, que nous puissions développer ces contrats aidés pour les entreprises et pour les associations, et pour les collectivités locales. Il y a là des démarches qui seront complémentaires au secteur marchand pour permettre au secteur associatif et aux collectivités locales de pouvoir se développer. Mais je sais qu'il est nécessaire, aujourd'hui, pour La Réunion, de considérer qu'une mobilisation pour l'emploi est nécessaire, est urgente. Vous pouvez être sûr que mon Gouvernement en est complètement convaincu et que nous nous engageons dans cette bataille-là. Nous ne faisons pas partie de ceux qui considèrent qu'il ne faut attendre que le retour de la croissance. Bien sûr que la croissance internationale aujourd'hui est ralentie par les hypothèques de la tension mondiale, bien sûr qu'on voit bien que la situation de l'Irak aujourd'hui bloque les investissements partout dans le monde et que nous sommes dans un ralentissement rapide de la croissance. Le problème est aujourd'hui posé ; nous avons pris les précautions budgétaires face à cette situation là ; nous voyons bien qu'il y a une situation qui est difficile pour l'ensemble des économies du monde parce que la croissance mondiale est aujourd'hui ralentie tant que les hypothèques internationales ne sont pas levées. Mais ce n'est pas une raison, parce que nous savons qu'il y a une croissance internationale ralentie, de ne pas mobiliser toutes nos énergies, notamment celles qui dépendent de nos territoires, de nos petites et moyennes entreprises et de l'ensemble de l'action des pouvoirs publics, pour faire face avec le maximum d'efficacité à la bataille pour l'emploi.
Je sais aussi que vous êtes très attaché à cette bataille de la continuité territoriale et qu'il y a des inquiétudes évidemment avec la nouvelle donne, suite à la difficulté majeure que nous avons rencontrée avec Air Liberté. Nous avons voulu aller jusqu'au bout pour essayer de tenter toutes les chances pour sauver cette entreprise, mais nous étions face à un faux projet, à un projet qui n'avait pas les moyens financiers de son ambition technique et commerciale. Et donc, nous avons été dans une difficulté majeure. Nous faisons en sorte qu'il puisse y avoir la continuité du service ; nous créons les conditions pour pouvoir faire en sorte que des compagnies puissent se motiver sur ce type de lignes pour faire en sorte que l'Outre Mer puisse avoir une continuité du service, avec la métropole notamment. C'est pour cela que nous avons engagé une organisation qui nous permet d'alléger les charges pour les compagnies aériennes, d'organiser le passeport pour les jeunes pour leur permettre d'aller en métropole et de faire cet aller-retour pour pouvoir aller conquérir une formation, approfondir un parcours professionnel ; et c'est pour ça que nous déclenchons un certain nombre d'aides notamment aux collectivités territoriales pour rendre les billets plus accessibles. Nous sommes convaincus qu'il y a là des éléments majeurs. Nous serons au rendez-vous des engagements pris par J. Chirac. C'est quelque chose que l'on sait fondamental pour lui, pour vous et pour le pays.
Je voudrais enfin vous dire que j'ai entendu votre message sur le logement. Je comprends les impératifs qui sont les vôtres ; je sais que J.-L. Borloo est venu ici, qu'il a travaillé avec vous, je serais très attentif à l'ensemble de ce dossier, à la fois dans le cadre de la décentralisation que prépare P. Devedjian. Nous serons très attentifs à essayer de vous aider. Je pense qu'il y a là une stratégie très importante pour vous, pour Saint-Denis, pour la qualité de vie, pour l'attractivité de votre ville et c'est un élément dont j'ai bien compris, monsieur le maire qu'il était essentiel pour vous et sachez qu'il sera intégré à nos priorités gouvernementales. C'est notamment autour du grand projet de ville qu'on pourra bâtir l'ensemble des priorités qui sont les vôtres ; j'ai bien compris que vous aviez de fortes ambitions - je n'ai pas fait l'addition de tous les projets, mais j'ai bien vu qu'il y en avait quand même pas mal, y compris le Port qu'il a voulu me faire passer en me disant " vous viendrez l'inaugurer " ; c'est une façon comme une autre de dire qu'il faudra que l'Etat soit partenaire, parce qu'on n'a jamais vu quelqu'un qui inaugure sans avoir apporté un petit quelque chose quand même ; c'est la façon élégante, dionysienne de faire en sorte qu'on demande une subvention à l'Etat. C'est un sujet qui est très important pour lequel vous le savez, je suis déterminé. Nous sommes à vos côtés, monsieur le député-maire. D'abord par amitié et considération pour votre personne, pour votre action, pour votre équipe, mais aussi pour la qualité de vos projets.
Vous trouverez l'ensemble de l'équipe gouvernementale à vos côtés et je tiens à vous dire que ce qui me paraît le plus important, aujourd'hui, au sein de notre communauté nationale, c'est qu'ainsi nous puissions resserrer les liens. nous vivons - nous le savons bien - dans un monde dangereux ; nous voyons partout aujourd'hui des menaces de déséquilibre dans le monde. Il y a cette guerre de l'Irak que nous n'aimons guère, il y a toutes ces menaces sur le terrorisme, terrorisme qui change de forme, qui est peut-être cette invention du 21ème siècle si troublante, un terrorisme dont les armes sont de moins en moins chères, dont les facilités d'utilisation sont de plus en plus grandes et qui finalement, peut se démultiplier de manière très importante et qui nous impose d'être extraordinairement vigilant sur l'ensemble de notre territoire. Nous n'avons pas aujourd'hui de menaces précises mais nous devons, partout où nous sommes représentés, savoir que notre combat pour la paix, notre combat pour l'équilibre du monde nous expose naturellement à des risques. Face à ces risques-là, nous devons être extraordinairement vigilant. La France se bat aujourd'hui pour une cause mondiale plus grande qu'elle, qu'est la cause la paix. La France a porté toujours ces messages importants, nous pensons qu'on peut aujourd'hui désarmer l'Irak par une autre façon que la guerre. Car dans ce genre d'aventure, on sait comment on commence, on ne sait pas comment on fini. Nous ne pensons pas aujourd'hui que la guerre en Irak soit la meilleure façon d'obtenir le désarmement de l'Irak. Nous connaissons la complexité de ce pays, nous savons ses structures historiques, religieuses et nous ne pensons pas que c'est en quelques semaines qu'on pourra restructurer, remodeler, comme on dit de l'autre côté de l'Atlantique, ce paysage. Nous savons que les choses sont très complexes. Il faut obtenir le désarmement, il faut se battre contre toute la prolifération, il faut mettre en place les moyens nécessaires pour obtenir ce résultat. Dans ce contexte là, la France aujourd'hui a de nombreux alliés, rencontre finalement dans le monde de très nombreux appuis. C'est je crois une période nouvelle de notre Histoire ou un niveau peut-être. Depuis la fin de la cohabitation, la France est de retour sur la scène mondiale, la France se fait entendre à Johannesburg, par voix du président de la République, pour le développement durable, elle se fait entendre à Monterey, au conseil de sécurité de l'ONU ; elle se fera entendre pour le G8 à Evian en ouvrant pour l'ensemble des partenaires du G8 la cause africaine, en faisant en sorte que le développement Nord-Sud soit mieux intégré au sein de l'OMC, en faisant qu'on créé une organisation mondiale de l'environnement, qu'il y ait une gouvernance mondiale qui puisse faire en sorte que les citoyens du monde assument collectivement la planète avec des règles, avec un droit. Nous pensons qu'en ce qui concerne la guerre, le droit il se fait à l'ONU, nous pensons que ces idées-là sont des idées très importantes, c'est, pour nous, des règles de gouvernance mondiale qu'il faut pouvoir respecter. C'est ça le combat de la France. Aujourd'hui, notre monde est dangereux : donnons-lui l'organisation internationale, donnons-lui le droit international qui apportera au peuple la sécurité. Nous vous l'avons montré en France. Nous avons essayé, en quelques mois, de rétablir l'autorité républicaine. Car il faut, dans un pays comme la France, qu'on puisse assurer la sécurité, qu'on puisse assurer la justice, qu'on puisse assurer notre défense. Quelle était la capacité de nous exprimer, y compris au Conseil de sécurité ? Si quatre hélicoptères sur dix de notre défense ne peuvent pas décoller, si cinq bateaux sur dix ne peuvent pas prendre la mer parce qu'il manque des pièces de rechange, où est la crédibilité de la France ? C'est pour cela que nous avons fait une loi de programmation militaire, c'est pour ça que nous avons montré que nous voulions réaffirmer l'autorité républicaine. Mais nous ne le faisons pas que pour nous, nous le faisons pour les messages de la France, ces messages d'universalité, ces messages d'humanité, ces messages qui finalement sont les visages de La Réunion.
(Source premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 mars 2003)
La Réunion d'abord réussit cette tolérance culturelle, si importante aux sociétés modernes, sans laquelle la France ne saura pas surmonter ses défis intérieurs ; cette société métissée, cette société de tolérance qu'est aujourd'hui la société française, c'est vous qui l'avez construite, c'est vous qui montrez le chemin de la tolérance, de la capacité à se retrouver avec des origines, avec des histoires, avec des religions, avec un passé différent mais avec la République en commun. Vous nous donnez ce très bel exemple d'une capacité de rassemblement, une capacité de vivre ensemble, en respectant les différences des uns et des autres. Je crois que c'est un élément très important, c'est un message de La Réunion vers la société française qui est très important. C'est ce premier message que je voudrais saluer.
Le second, c'est le message de la jeunesse. Je sais bien aujourd'hui, ici à la Réunion combien il y a de difficulté pour l'emploi des jeunes, et je peux vous dire qu'avec B. Girardin, nous sommes déterminés car nous ne faisons pas partie de ceux qui considèrent que le chômage est une fatalité. Mais je voudrais d'abord saluer l'énergie démographique, la capacité à se mobiliser aujourd'hui pour donner une place à la jeunesse ; c'est ce que nous devons faire. La France dans l'ensemble de ses territoires est souvent trop vieillissante et les défis de l'avenir sont pour nous des défis qui exigent qu'on fasse confiance à la jeunesse, qu'on intègre la jeunesse, qu'on accepte aujourd'hui de laisser davantage de place aux jeunes de notre pays, pour qu'ils portent l'avenir de la France. Et c'est un message fort qui est ici développé.
Et puis, je voudrais souligner aussi votre capacité à travailler ensemble, votre capacité à vous ouvrir sur le monde. Je pense qu'un des problèmes de la société française c'est de ne pas assumer suffisamment la planète comme notre espace d'avenir, non pas pour avoir sur cette planète une vision impérialiste, une vision de pouvoir, mais d'abord pour avoir conscience que c'est notre espace à venir, qu'il est menacé, et que si on ne travaille pas les grandes questions du développement durable, nous serons, les uns et les autres, indignes des générations à venir, [pour avoir] cette capacité à considérer le monde qui nous entoure aujourd'hui comme un espace qui nous appartient et vis-à-vis duquel nous avons des devoirs. Je crois qu'il est très important d'avoir cette mentalité d'ouverture qui est au cur de votre culture. La France bâtit quelque fois trop de frontières autour d'elle-même et vous montrez aujourd'hui, par votre position géographique, mais par vos ambitions internationales, par toutes les passerelles que vous savez bâtir à travers différents continents, que finalement le monde moderne c'est à la fois la conscience de son identité mais c'est aussi la volonté de dépasser les frontières, de pouvoir voir loin et pouvoir faire en sorte que les visions soient larges, même si les actions sont proches. C'est, je crois, des messages que La Réunion donne, porte à la France et qui sont très importants : messages de la jeunesse, messages de la diversité, message de la tolérance, message de l'ouverture au monde, sortir des mentalités féodales qui nous enferme et qui nous font quelque fois regarder l'avenir plutôt avec les lunettes du passé voire les lunettes de la nostalgie. Aujourd'hui, ici, au cur de cette dynamique géographique qui est la vôtre, vous voyez bien combien l'avenir est une bataille, combien l'avenir est une mobilisation et combien finalement se donner à l'action publique est quelque chose de très important pour assurer, pour nos enfants, cet avenir. Et donc je suis là, avec reconnaissance, pour vous saluer et saluer cette ville de Saint-Denis et saluer tous ceux qui ont à des moments ou d'autres, porté en métropole ces messages avant nous, Leconte de Lisle, L. Deliesse, R. Garros ; vous avez parlé de M. Debré, un de mes prédécesseurs immenses, on pourrait en citer un autre, R. Barre, aussi immense. Il y a un grand nombre de Français qui aujourd'hui ont pu sentir cet apport de La Réunion à la communauté nationale et je crois vraiment que le président de la République est un de ceux-là. Je crois que le président de la République a pour La Réunion cette affection profonde, mais non seulement une affection personnelle pour la population, pour le territoire, pour son histoire, mais je crois aussi pour une vision d'avenir, parce qu'il sait que l'avenir est fait d'ouverture, de prévoyance quant à des logiques de développement - je pense au développement durable - et aussi à la nécessité de toujours faire en sorte que le respect soit le ciment de la communauté nationale.
() Je voudrais donc vous remercier pour cette force-là et je pense que c'est une de nos responsabilités - je le dis à mes amis parlementaires qui sont ici, au sénateur R. du Luart, au député D. Quentin, au sénateur A. de Montesquiou et à C. Peyou qui est député de Loire Atlantique -, ce sera aussi notre message que de porter cette culture qui est la vôtre aujourd'hui dans notre patrimoine national et dire aujourd'hui que la France dans son ensemble a tout intérêt à écouter les messages de La Réunion - ce n'est par pour ça qu'on acceptera tous les amendements, parce que je le vois, son sourire s'élargit et lui, il est en train de compter le tiroir caisse ; mais de toute façon je ne risque rien, B. Girardin veille.
Je voudrais vous dire que dans cet élan politique de La Réunion, je suis parfaitement conscient des difficultés économiques et je voudrais vous en dire quelques mots. D'abord, je voudrais saluer la dynamique de croissance, la dynamique des entreprises, la dynamique des petites et moyennes entreprises aujourd'hui qui fait qu'il y a ici à La Réunion une véritable dynamique entrepreneuriale. Bien sûr le chômage est important, mais il faut bien mesurer que par rapport à d'autres territoires, c'est parce que la vague démographique est encore plus grande que la vague de création d'emplois que nous nous trouvons dans cette situation ; mais il ne faut pas mésestimer tous les efforts qui sont faits pour l'emploi, tous ces efforts de croissance, toutes ces entreprises, toutes ces idées, toutes ces énergies qui sont déployées aujourd'hui pour accueillir un certain nombre de jeunes et un certain nombre d'actifs dans le monde du travail. Je crois qu'il est important pour nous de favoriser encore davantage ce développement de l'emploi par l'entreprise. Cela fait partie, vraiment, de notre conviction. Nous avons voulu alléger les charges, nous avons un certain nombre de processus de défiscalisation, nous voulons développer cette capacité aujourd'hui d'aider l'entreprise à accueillir en son sein des salariés. Cela nous paraît être la meilleure des méthodes pour pouvoir développer l'emploi. Il faut faire en sorte, notamment pour les jeunes, qu'on puisse leur offrir de vrais emplois dans de vraies entreprises, avec des contrats à durée indéterminée ; c'est ça le contrat sans charge que nous avons développé. Bien sûr que les emplois jeunes ont été importants, bien sûr que je mesure qu'il faut des contrats aidés, mais quand ils sont sous échéance et quand ils sont sans avenir, quelque fois ils ont tendance à être des parkings qui masquent une réalité et c'est plus difficile de s'intégrer à 25, à 30 ans, qu'à 20 ou à 25 ans. Et donc il est nécessaire pour nous de faire en sorte qu'on comprenne bien que l'insertion dans l'entreprise est la meilleure des insertions possibles. C'est pour ça que nous développons, dans le cadre de la loi de programme que prépare B. Girardin, et qui sera discutée au Parlement très bientôt, avec les amendements des parlementaires ici présents - j'en vois même un qui était en train déjà de rédiger son amendement -, un certain nombre de dispositifs pour aider à ce développement de l'emploi. Ce ne veut pas dire que nous ne ferons pas des efforts évidemment pour les emplois aidés. Nous voyons bien, pour les communes notamment, qu'il est nécessaire de soutenir un certain nombre d'initiatives, parce que finalement le tissu social a besoin de cette cohésion. Et c'est pour ça que les contrats emploi solidarité sont maintenus, qu'un certain nombre d'initiatives sont prises pour, par exemple avec le contrat qu'a proposé le président de la République, le contrat CIVIS, que nous puissions développer ces contrats aidés pour les entreprises et pour les associations, et pour les collectivités locales. Il y a là des démarches qui seront complémentaires au secteur marchand pour permettre au secteur associatif et aux collectivités locales de pouvoir se développer. Mais je sais qu'il est nécessaire, aujourd'hui, pour La Réunion, de considérer qu'une mobilisation pour l'emploi est nécessaire, est urgente. Vous pouvez être sûr que mon Gouvernement en est complètement convaincu et que nous nous engageons dans cette bataille-là. Nous ne faisons pas partie de ceux qui considèrent qu'il ne faut attendre que le retour de la croissance. Bien sûr que la croissance internationale aujourd'hui est ralentie par les hypothèques de la tension mondiale, bien sûr qu'on voit bien que la situation de l'Irak aujourd'hui bloque les investissements partout dans le monde et que nous sommes dans un ralentissement rapide de la croissance. Le problème est aujourd'hui posé ; nous avons pris les précautions budgétaires face à cette situation là ; nous voyons bien qu'il y a une situation qui est difficile pour l'ensemble des économies du monde parce que la croissance mondiale est aujourd'hui ralentie tant que les hypothèques internationales ne sont pas levées. Mais ce n'est pas une raison, parce que nous savons qu'il y a une croissance internationale ralentie, de ne pas mobiliser toutes nos énergies, notamment celles qui dépendent de nos territoires, de nos petites et moyennes entreprises et de l'ensemble de l'action des pouvoirs publics, pour faire face avec le maximum d'efficacité à la bataille pour l'emploi.
Je sais aussi que vous êtes très attaché à cette bataille de la continuité territoriale et qu'il y a des inquiétudes évidemment avec la nouvelle donne, suite à la difficulté majeure que nous avons rencontrée avec Air Liberté. Nous avons voulu aller jusqu'au bout pour essayer de tenter toutes les chances pour sauver cette entreprise, mais nous étions face à un faux projet, à un projet qui n'avait pas les moyens financiers de son ambition technique et commerciale. Et donc, nous avons été dans une difficulté majeure. Nous faisons en sorte qu'il puisse y avoir la continuité du service ; nous créons les conditions pour pouvoir faire en sorte que des compagnies puissent se motiver sur ce type de lignes pour faire en sorte que l'Outre Mer puisse avoir une continuité du service, avec la métropole notamment. C'est pour cela que nous avons engagé une organisation qui nous permet d'alléger les charges pour les compagnies aériennes, d'organiser le passeport pour les jeunes pour leur permettre d'aller en métropole et de faire cet aller-retour pour pouvoir aller conquérir une formation, approfondir un parcours professionnel ; et c'est pour ça que nous déclenchons un certain nombre d'aides notamment aux collectivités territoriales pour rendre les billets plus accessibles. Nous sommes convaincus qu'il y a là des éléments majeurs. Nous serons au rendez-vous des engagements pris par J. Chirac. C'est quelque chose que l'on sait fondamental pour lui, pour vous et pour le pays.
Je voudrais enfin vous dire que j'ai entendu votre message sur le logement. Je comprends les impératifs qui sont les vôtres ; je sais que J.-L. Borloo est venu ici, qu'il a travaillé avec vous, je serais très attentif à l'ensemble de ce dossier, à la fois dans le cadre de la décentralisation que prépare P. Devedjian. Nous serons très attentifs à essayer de vous aider. Je pense qu'il y a là une stratégie très importante pour vous, pour Saint-Denis, pour la qualité de vie, pour l'attractivité de votre ville et c'est un élément dont j'ai bien compris, monsieur le maire qu'il était essentiel pour vous et sachez qu'il sera intégré à nos priorités gouvernementales. C'est notamment autour du grand projet de ville qu'on pourra bâtir l'ensemble des priorités qui sont les vôtres ; j'ai bien compris que vous aviez de fortes ambitions - je n'ai pas fait l'addition de tous les projets, mais j'ai bien vu qu'il y en avait quand même pas mal, y compris le Port qu'il a voulu me faire passer en me disant " vous viendrez l'inaugurer " ; c'est une façon comme une autre de dire qu'il faudra que l'Etat soit partenaire, parce qu'on n'a jamais vu quelqu'un qui inaugure sans avoir apporté un petit quelque chose quand même ; c'est la façon élégante, dionysienne de faire en sorte qu'on demande une subvention à l'Etat. C'est un sujet qui est très important pour lequel vous le savez, je suis déterminé. Nous sommes à vos côtés, monsieur le député-maire. D'abord par amitié et considération pour votre personne, pour votre action, pour votre équipe, mais aussi pour la qualité de vos projets.
Vous trouverez l'ensemble de l'équipe gouvernementale à vos côtés et je tiens à vous dire que ce qui me paraît le plus important, aujourd'hui, au sein de notre communauté nationale, c'est qu'ainsi nous puissions resserrer les liens. nous vivons - nous le savons bien - dans un monde dangereux ; nous voyons partout aujourd'hui des menaces de déséquilibre dans le monde. Il y a cette guerre de l'Irak que nous n'aimons guère, il y a toutes ces menaces sur le terrorisme, terrorisme qui change de forme, qui est peut-être cette invention du 21ème siècle si troublante, un terrorisme dont les armes sont de moins en moins chères, dont les facilités d'utilisation sont de plus en plus grandes et qui finalement, peut se démultiplier de manière très importante et qui nous impose d'être extraordinairement vigilant sur l'ensemble de notre territoire. Nous n'avons pas aujourd'hui de menaces précises mais nous devons, partout où nous sommes représentés, savoir que notre combat pour la paix, notre combat pour l'équilibre du monde nous expose naturellement à des risques. Face à ces risques-là, nous devons être extraordinairement vigilant. La France se bat aujourd'hui pour une cause mondiale plus grande qu'elle, qu'est la cause la paix. La France a porté toujours ces messages importants, nous pensons qu'on peut aujourd'hui désarmer l'Irak par une autre façon que la guerre. Car dans ce genre d'aventure, on sait comment on commence, on ne sait pas comment on fini. Nous ne pensons pas aujourd'hui que la guerre en Irak soit la meilleure façon d'obtenir le désarmement de l'Irak. Nous connaissons la complexité de ce pays, nous savons ses structures historiques, religieuses et nous ne pensons pas que c'est en quelques semaines qu'on pourra restructurer, remodeler, comme on dit de l'autre côté de l'Atlantique, ce paysage. Nous savons que les choses sont très complexes. Il faut obtenir le désarmement, il faut se battre contre toute la prolifération, il faut mettre en place les moyens nécessaires pour obtenir ce résultat. Dans ce contexte là, la France aujourd'hui a de nombreux alliés, rencontre finalement dans le monde de très nombreux appuis. C'est je crois une période nouvelle de notre Histoire ou un niveau peut-être. Depuis la fin de la cohabitation, la France est de retour sur la scène mondiale, la France se fait entendre à Johannesburg, par voix du président de la République, pour le développement durable, elle se fait entendre à Monterey, au conseil de sécurité de l'ONU ; elle se fera entendre pour le G8 à Evian en ouvrant pour l'ensemble des partenaires du G8 la cause africaine, en faisant en sorte que le développement Nord-Sud soit mieux intégré au sein de l'OMC, en faisant qu'on créé une organisation mondiale de l'environnement, qu'il y ait une gouvernance mondiale qui puisse faire en sorte que les citoyens du monde assument collectivement la planète avec des règles, avec un droit. Nous pensons qu'en ce qui concerne la guerre, le droit il se fait à l'ONU, nous pensons que ces idées-là sont des idées très importantes, c'est, pour nous, des règles de gouvernance mondiale qu'il faut pouvoir respecter. C'est ça le combat de la France. Aujourd'hui, notre monde est dangereux : donnons-lui l'organisation internationale, donnons-lui le droit international qui apportera au peuple la sécurité. Nous vous l'avons montré en France. Nous avons essayé, en quelques mois, de rétablir l'autorité républicaine. Car il faut, dans un pays comme la France, qu'on puisse assurer la sécurité, qu'on puisse assurer la justice, qu'on puisse assurer notre défense. Quelle était la capacité de nous exprimer, y compris au Conseil de sécurité ? Si quatre hélicoptères sur dix de notre défense ne peuvent pas décoller, si cinq bateaux sur dix ne peuvent pas prendre la mer parce qu'il manque des pièces de rechange, où est la crédibilité de la France ? C'est pour cela que nous avons fait une loi de programmation militaire, c'est pour ça que nous avons montré que nous voulions réaffirmer l'autorité républicaine. Mais nous ne le faisons pas que pour nous, nous le faisons pour les messages de la France, ces messages d'universalité, ces messages d'humanité, ces messages qui finalement sont les visages de La Réunion.
(Source premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 mars 2003)