Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire, sur la création de l'Espace Numérique des Savoirs, à Ausone le 3 février 2003.

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Circonstance : Lancement de l'Espace Numérique des Savoirs à Ausone le 3 février 2003

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les éditeurs,
Monsieur le Recteur,
Monsieur le Principal,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation et d'être venus nous rejoindre ce matin au collège d'Ausone. A ceux qui l'ignoreraient encore, le nom d'Ausone n'a rien à voir avec le gaz homonyme et sa célèbre couche, mais tire son origine du grand poète gallo-romain d'expression latine Decimus Magnus Ausonius, né en 310 à Bordeaux. En 383, celui-ci se retira sur ses terres, situées non loin d'ici, pour y cultiver sa vigne qui, quelques siècles plus tard, donnerait naissance à un premier grand cru classé de Saint-Emilion.
Je ferme cette parenthèse pour vous remercier, Monsieur le Principal, de votre accueil et saluer le dynamisme de votre établissement et les remarquables réalisations que nous avons pu découvrir. On ne peut que se réjouir de voir, à travers l'exemple de votre collège, comment les nouvelles technologies pénètrent peu à peu l'école.
Il ne faut toutefois pas faire preuve d'un d'optimisme exagéré. La réalité du terrain montre qu'aujourd'hui, malgré des efforts importants accomplis par les collectivités locales en matière d'équipements, les utilisations peinent à se développer. En grande partie, la raison, me semble-t-il, est due à une vision trop "technicienne", des projets éducatifs liés aux nouvelles technologies . Aussi faut-il que notre préoccupation première ne soit plus quantitative mais qualitative. Cet objectif vaut pour l'ensemble des actions et des projets que l'éducation nationale portera à l'avenir. Dans le domaine qui nous concerne aujourd'hui, cela signifie que nous devons rendre plus lisible notre projet pédagogique pour les nouvelles technologies. Il faut nous tourner vers la mise à disposition de contenus et de services centrés sur "les bénéfices attendus pour les utilisateurs". C'est là un processus long sur lequel nous travaillons et pour lequel l'ensemble de la communauté éducative doit se mobiliser.
Je crois, Mesdames et Messieurs, que nous sommes à un tournant. Après plusieurs années pendant lesquelles il a fallu se consacrer en priorité à l'équipement informatique des établissements, je souhaite désormais que la politique de l'éducation nationale en matière de nouvelles technologies soit centrée sur les contenus et les usages. Il s'agit désormais de mettre la technologie au service des disciplines et d'en faire apparaître clairement les bénéfices pédagogiques.
Aujourd'hui, naviguer sur l'internet et y rechercher des informations ne doit plus être une affaire de spécialistes ou de technophiles, mais doit constituer une véritable opportunité pour développer les échanges et favoriser l'accès du plus grand nombre à la culture et à la connaissance. L'éducation nationale, dans sa mission de service public, doit donc oeuvrer pour cette démocratisation de l'utilisation des contenus numériques.
Avec l'Espace Numérique des Savoirs, nous construisons un socle de connaissances communes qui repose sur un concept essentiel : celui de la liberté d'utilisation à des fins pédagogiques des contenus mis à disposition.
Ce portail s'adresse, dans un premier temps, aux enseignants, aux élèves des écoles, des collèges et des lycées, aux IUFM, aux centres de documentation pédagogique du CNDP et bientôt aux universités. Très rapidement, l'Espace Numérique des Savoirs sera accessible à partir de 1 500 lieux d'expérimentation. Chaque utilisateur pourra, par exemple, y consulter les textes de l'une des plus riches bases de littérature française, rechercher une définition dans une encyclopédie, accéder à des archives audiovisuelles numérisées, s'informer sur les données économiques et statistiques, accéder aux dépêches de l'AFP ou encore travailler à partir d'animations en 3 dimensions.
Ce corpus riche et varié des "fondamentaux" de la connaissance viendra s'enrichir peu à peu d'autres services complémentaires . Je pense en particulier au service de vidéos à la demande, développé conjointement par le CNDP et France 5.
Sa mise en oeuvre sera donc progressive, à la fois pour tenir compte des impératifs économiques, mais aussi pour évaluer les attentes des utilisateurs et leur apporter les meilleures réponses.
Comme je l'ai rappelé à plusieurs reprises, l'éducation nationale doit promouvoir les valeurs d'exemplarité et d'excellence. La construction de nos projets en ligne et l'ensemble de nos choix technologiques doivent répondre aux mêmes exigences de respect, d'ouverture et d'échange. Au travers de la création de l'Espace Numérique des Savoirs, ce sont ces valeurs que nous souhaitons défendre et promouvoir dans l'internet.
Trois orientations me semblent particulièrement importantes pour la réussite de l'Espace Numérique des Savoirs.
Tout d'abord, le contexte légal et la propriété intellectuelle. Le plus souvent, les enseignants et les élèves n'ont pas l'opportunité de vérifier qu'un texte, une image, une vidéo trouvés sur l'internet sont libres de droit avant de les intégrer dans un travail multimédia. Les droits de reproduction ou de représentation sont ignorés. A ce titre, l'Espace des Savoirs constitue un progrès remarquable, puisqu'il intégrera le rachat des droits des oeuvres en amont. Cela ne doit naturellement pas remettre en cause les efforts importants d'information et de sensibilisation à la propriété intellectuelle que nous mènerons parallèlement.
La seconde orientation a trait au contexte économique et aux partenariats publics/privés. J'insiste réellement sur ce point. A travers l'Espace des Savoirs, il ne s'agit pas d'avoir une vision hégémonique de la diffusion des contenus numériques scolaires. Je souhaite au contraire que les éditeurs publics et privés s'approprient cet espace et en fassent ensemble un canal privilégié pour la diffusion de la connaissance.
La création de l'Espace Numérique des Savoirs constitue une formidable occasion pour créer de nouveaux espaces de dialogue entre acteurs publics et privés, et mettre en oeuvre ensemble les solutions les plus adaptées. Nous travaillerons pour que chacun y trouve son intérêt.
Enfin, nous devons prendre en compte le contexte technologique et la facilité d'utilisation. Pour être utile à l'ensemble des élèves et des enseignants, l'Espace Numérique des Savoirs devra aussi être exemplaire en terme de simplicité d'usage et d'accès aux informations. L'ergonomie, le service à l'utilisateur devront être au coeur de la conception des ressources. Nous devrons veiller à ce que la complexité des technologies s'efface au profit d'une véritable transparence pour les usagers.
Ces trois orientations permettront la création d'un portail d'accès à la connaissance qui sera à la fois riche, évolutif et durable.
La mise en oeuvre de l'Espace Numérique des Savoirs est une tâche difficile et il faudra du recul, notamment grâce aux retours des utilisateurs, pour concrétiser cette grande ambition. Pour ma part, je veillerai à ce que l'éducation nationale réponde au plus près des besoins des acteurs de terrain et qu'elle aide à créer de nouvelles dynamiques. Nos élèves et nos enseignants doivent continuer d'apprendre à surfer, mais il faut aussi leur apprendre à créer des vagues. C'est l'ambition de cet Espace Numérique des Savoirs qui sera, j'en suis convaincu, un projet d'avenir pour l'école.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je tenais à vous dire brièvement ce matin. Je vous invite maintenant à assister à une démonstration de l'Espace Numérique des Savoirs élaborée par la direction de la technologie de notre ministère, que je tiens à remercier pour son implication dans ce projet.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 4 février 2003)