Texte intégral
Chers amis, chers camarades,
Je voudrais remercier Laurent Cathala qui, une nouvelle fois, a démontré qu'il était toujours prêt à faire les organisations victorieuses. J'ai le souvenir, je l'évoquais, il y a quelques jours, du premier congrès auquel j'ai participé ; C'était un congrès extraordinaire puisque c'était pour moi le premier mais c'était un congrès extraordinaire à Créteil parce que c'était le congrès qui investissait François Mitterrand, en 1981, donc pour nous c'est une bonne référence...
Avant la grande manifestation à Paris, cet après-midi qui nous a amené à modifier notre calendrier et notre organisation, et je vous prie de nous en excuser, je voudrais enfin vous remercier tous et toutes, d'être venus, dans un contexte lourd
Je veux remercier Michèle Sabban, première secrétaire de la Fédération et l'ensemble des camarades qui ont organisé cette réunion.
Nous voulons être nombreux à la manifestation parce que nous avons conscience qu'il y a une opinion internationale, qu'il y a une pression des citoyens, qu'il y a la voix des peuples, qui pèse aujourd'hui dans les événements que nous connaissons.
Nous aurions pu suspendre notre réunion, même si elle avait été décidée, il y a plusieurs jours, avant le conflit, mais nous avons considéré qu'en ce moment, précisément, nous avions besoin de politique. Rien ne serait pire, finalement, parce qu'il y aurait la guerre, que de se mettre finalement au silence, que de faire en sorte que notre congrès soit étouffé . Au contraire, il faut en rehausser les enjeux. Il faut mettre notre congrès en face des défis auxquels il doit répondre. Il faut mettre en avant les grandes questions qui nous sont adressées, comme socialistes. Nous avons donc besoin de débats, d'analyses, de confrontation, de propositions. Le pire, dans une période comme celle-là, c'est l'émotion, même si elle est légitime, et c'est la dépolitisation parce que c'est finalement la meilleure façon de confondre les enjeux et de donner à la droite une place qu'elle ne mérite pas.
Voilà pourquoi, chers camarades, nous avons voulu ensemble, avoir ce débat entre nous. En même temps, nous avons tous conscience de vivre un moment grave, dramatique. D'abord parce que c'est la guerre, avec des victimes, civiles, militaires, avec un peuple qui va souffrir.
C'est ensuite, une guerre sans les Nations Unies. Une décision qui a été prise par une seule puissance et qui considère qu'elle a la légalité pour elle puisqu'elle est la puissance. Et qu'elle a même la légitimité parce qu'elle a été, en définitive, agressée le 11 septembre, et c'est vrai. Qu'elle a donc la légitimité de la défense. Nous considérons qu'elle n'a ni la légalité, ni la légitimité. C'est pourquoi nous condamnons cette intervention.
En même temps, nous sommes conscients que cette guerre peut en annoncer d'autres, qu'il y a là comme une guerre préventive dont seuls les Américains pourront dire à l'avenir, à partir de leurs critères propres, ce qui est acceptable ou pas : tel dictateur ici que nous pourrions tolérer, voire même, c'est arrivé, que les Etats-Unis installent. Je pense, à une administration républicaine, au Chili .
Il y aurait des dictateurs " acceptables " et d'autres qui ne le seraient pas. Il y aurait des régimes avec lesquels il faudrait s'accommoder parce qu'ils sont paradoxalement plus dangereux que d'autres. Et puis, d'autres, supposés dangereux parce que l'on sait qu'ils ne pourraient pas résister, mériteraient la punition.
Nous sommes à un moment, dans notre histoire, où il faut s'opposer, non pas à une guerre mais une conception du monde. C'est le sens de notre démarche depuis plusieurs mois. C'est vrai que nous avons été les premiers à évoquer la primauté du droit, la force des Nations-Unies et la possibilité du veto. Je sais bien qu'à droite cette question est controversée. On nous demandait même de ne pas évoquer le veto, que ce ne serait pas sérieux, que ce ne serait pas envisageable.
Progressivement, la droite y est venue, pas tous, mais au moins les autorités de l'Etat. Ne nous en plaignons pas. Nous avons fait la démonstration, nous à gauche, que chaque fois que les intérêts supérieurs de notre pays,, ou de la République ou du monde sont en jeu, nous sommes là ! Et nous serons là dans la manifestation de cet après-midi. Il n'y aura pas la droite. Tant pis pour elle parce que finalement elle y aurait sa place. Mais elle ne se sent jamais à l'aise dans les manifestations, en tout cas celles que nous pouvons organiser. Elle n'était pas davantage là le 1er mai 2002 lorsqu'il s'agissait de défendre la République.
Nous sommes en face d'une guerre à l'issue incertaine, je ne parle pas au plan militaire, je parle des conséquences de cette guerre avec une déstabilisation de la région et l'on sait combien le conflit israélo-palestinien pèse dans les esprits et dans les chairs. Mais déstabilisatrice aussi pour les Nations-Unies dans leur ensemble, pour l'Europe dont on voit la gravité des divisions, déstabilisatrice enfin pour le système de sécurité collective.
Alors, chers amis, chers camarades, oui, il faut construire et nous devons commencer à le faire également à l'occasion de notre congrès. Cela pourrait paraître disproportionné : un congrès du parti socialiste, face à des événements aussi graves. Mais si nous pensons que nous sommes une force qui pèsera en France, qui sera de nouveau demain, majoritaire. Alors, peut-être faut-il aller encore plus vite que je ne l'indique dans la motion. J'ai senti des camarades demander que l'on fasse déjà plus que 30 %. Oui, faisons déjà mieux que la dernière fois, cela me paraît évident.
Ayons cette ambition-là, un grand parti socialiste, c'est le sens de notre congrès. Ne pas faire un congrès comme les autres, en faire un congrès de ce point de vue extraordinaire, le congrès du renouveau du Parti socialiste. Ce sera sans doute, le premier Congrès socialiste qui décidera de l'ensemble de l'avenir de la gauche. C'est cela qui est en cause !
Compte tenu de ce que sont nos partenaires, nos alliés, compte tenu de ce que demande l'électorat, oui aujourd'hui le congrès du Parti socialiste peut ouvrir la voie à l'unité de la gauche. C'est cela notre responsabilité.
Nous devons donc construire une pensée politique. C'est ce que nous avons fait patiemment, les uns et les autres, à travers le débat militant, le débat des contributions et maintenant le débat des motions. Cette pensée politique est d'abord une pensée internationaliste. Oui, nous ne pouvons pas vouloir contester la mondialisation et ne pas accepter des propositions fortes pour maîtriser le monde et pour en proposer un autre.
Si nous sommes internationalistes, alors oui, un camarade l'a dit, les questions de politique extérieure deviennent des questions de politique intérieure. L'Europe, de ce point de vue, est une question de politique majeure et nous ne pouvons plus en rester aux entre-deux, aux compromis, aux ambiguïtés. Oui, nous devons militer pour une Europe politique, pour une Europe fédérale, pour une Europe sociale parce que nous voyons bien que c'est un besoin d'Europe qui fait jour aujourd'hui, face au monde tel qu'il est.
S'il n'y a pas d'Europe forte, il n'y aura pas de Nations-Unies capables de faire entendre la primauté du droit. S'il n'y a pas d'Europe forte, il n'y aura pas de contestation et surtout de changement dans la mondialisation libérale. S'il n'y a pas d'Europe forte, il n'y aura pas de système de défense pour les nations qui, en définitive, attendent de l'Europe aussi une protection. S'il n'y a pas d'Europe forte, il n'y aura pas de solidarité dans le monde et notamment avec les pays du sud. Voilà l'enjeu qui nous est posé.
Enfin, chers camarades, une ligne politique, c'est aussi le rappel de ce qu'est notre fondement : l'égalité. L'égalité entre les citoyens, l'égalité entre les groupes sociaux, l'égalité entre les territoires et nous y avons mis ce qui est le fondement pour nous : l'école, le service public et les systèmes de solidarité. Ce sera là que la bataille se déroulera à l'avenir. Entre une droite qui ne croit pas en l'avenir du système éducatif, qui veut même, dans une certaine mesure, le démanteler et dont la décentralisation, à sa façon, est une manière de faire. Face à une droite qui voudra également remettre en cause les principes d'égalité dans les mécanismes de protection sociale, pour la santé comme pour la retraite. Face à une droite qui veut remettre en cause le service public, parce qu'elle y voit comme une contestation de sa prétention à faire faire par le marché l'essentiel de la distribution des prestations ou des biens. Oui, nous devons affirmer notre ligne.
C'est une ligne de gauche qui assume l'audace. Elle est indispensable. Nous avons voulu tirer toutes les leçons du 21 avril. Connaître toutes les causes, essayer de répondre à ce qui a été l'interrogation majeure : pourquoi tant d'abstentions ? pourquoi tant de dispersions ? Pourquoi tant de contestation de la vie politique telle qu'elle est ? Pourquoi l'absence des jeunes ? Pourquoi la mise en cause d'une certaine forme de la politique ? Pourquoi l'éloignement des catégories populaires ? Oui, de tout cela, nous avons débattu. Mais nous voulons aujourd'hui fixer notre ligne, une ligne de gauche, avec le souci aussi de tenir nos engagements. Moi, je refuse l'incantation, la promesse, la facilité, cette espèce de plaisir que l'on peut trouver dans l'opposition à faire " comme si ", mais précisément ne faire que "comme si" ., nous pouvions changer sans véritablement réformer. On nous dit, ici ou là, quelques fois ici, dans le Parti, " le capitalisme est odieux, insupportable, diabolique, monstrueux ". Sans doute, à bien des égards mais par quoi le remplace-t-on ? On nous dit " résistance ", non il ne s'agit pas de résister, il s'agit de transformer, il s'agit d'agir, il s'agit de changer. On nous dit " mais vous voulez agir dans le système ", ah bon, vous en proposez un autre ? Il s'agit d'être sur notre ligne, la ligne du socialisme démocratique, pas sur une autre, qui a été contestée et condamnée par les faits.
Voilà, chers camarades, le sens de notre congrès. Il nous faut à partir de cette ligne, rénover tout ce qui doit l'être et ce n'est pas simplement une conclusion que nous devons tirer après chaque défaite ou déboire électoral, non rénover pour que la vie militante soit respectée, pour que la parole militante soit entendue, c'est pourquoi nous avons fait des propositions sur la conférence militante annuelle et sur le référendum militant. Il ne s'agit pas non plus, parce que je récuse cette façon de débattre, de dire qu'il y aurait les militants d'un côté et les élus de l'autre. Les militants " du bas " et les élus " du haut ", mais si on use de cette pauvre rhétorique, que nous devons laisser à d'autres, alors nous ne sommes plus le Parti socialiste. Le Parti socialiste est un parti de militants et si les élus ne sont plus des militants, ils ne restent pas longtemps élus
Ce sont les militants qui doivent être les acteurs décisifs mais, ayons aussi la responsabilité de dire qu'un parti de militants sans élus n'a pas beaucoup d'avenir, mais on peut y arriver Étape par étape, cet objectif est possible mais il n'est pas le nôtre. Donc, chers amis, chers camarades, oui un parti de militants, oui un parti de renouvellement, à la fois dans les organes de décision de notre organisation mais aussi c'est vrai, sur les listes que nous aurons à présenter. Il a été évoqué encore une fois, plusieurs fois, dans cette salle même, l'exigence de respect de la diversité, pas simplement entre sensibilités.
Diversité de la société, de ses origines, de ses couleurs, de ses catégories sociales, oui ça c'est un engagement que nous prenons et que nous tiendrons. Il ne s'agit pas simplement d'une résolution de congrès. Il ne s'agit pas simplement d'un statut ou d'un quota, il s'agit de faire en sorte que nous soyons à la hauteur de ce qu'est aujourd'hui notre société diverse, plurielle, de couleur, différente, sans doute, mais la société française, et c'est là que je veux être le plus ferme, il va falloir au-delà du congrès et de que nous allons désigner dans les organes de responsabilité, au moment des listes, avoir ce respect, cette exigence et cette nécessité. Ce n'est pas par calcul électoral, ce n'est pas par effet de symbole, c'est aujourd'hui par obligation politique et par chance politique. Parce que c'est une chance formidable, je l'ai constaté d'avoir dans le parti socialiste des hommes et des femmes qui, comme Fadela, nous disent " j'ai confiance en vous ". Mais cette fois, si sur ce sujet-là, de l'égalité, de la parité, de la diversité, si à ce moment-là vous n'êtes pas au rendez-vous alors nous nous ne serons plus là avec vous.
Et moi je veux que ces quartiers, ces femmes, ces hommes, que ces jeunes, et moins jeunes, soient avec nous, que nous ne soyons pas là pour agir pour eux qu'ils soient avec nous pour agir avec nous. Voilà le sens de la démarche que je vous propose.
J'en termine, chers camarades, sur la responsabilité de chacun. Moi je l'ai prise. Je l'ai prise comme premier secrétaire au lendemain du 21 avril. J'ai voulu que le Parti, en bon ordre, soit capable d'affronter l'épreuve électorale, que nous savions imminente. J'ai souhaité que le Parti, après que nous ayons résisté au choc électoral, car nous avons résisté au choc électoral au moment des élections législatives, nous avons fait, nous socialistes, autant en 2002 que nous avions fait en 1997, année victorieuse. Tout simplement parce que nos alliés n'ont pas pu retrouver leurs voix ou peut-être parce que ces voix se sont retrouvées sur nous. Et, chers camarades nous avons su résister. Nous aurions pu aussi une nouvelle fois, retourner à nos vieux démons, qu'on a connu, en d'autres époques, aux lendemains de défaites électorales. J'ai pris ma responsabilité, en souhaitant que toux ceux qui le voulaient puissent débattre, discuter. Nous l'avons fait. Mais ensuite qu'il puisse y avoir un rassemblement, construit, effectivement sur les idées, sur les propositions, sur la ligne, sur la rénovation, sur le renouvellement. J'ai pris ma responsabilité.
On me dit " oui mais pourquoi veux-tu à ce point rassembler, pourquoi veux-tu réunir, y compris des camarades qui ont été différents par le passé, sur des lignes différentes ", j'en connais ici dans cette salle, vous les avez même reconnus Mais je l'ai fait parce que c'était ma responsabilité, parce que pour moi l'essentiel, c'est que sur une ligne claire nous puisions être les plus nombreux à nous retrouver, parce que je vous l'ai vous l'ai dit : le congrès du parti socialiste sera le congrès du nouveau départ, le congrès de la reconquête, le congrès du retour de la gauche mais il peut aussi ne pas être ça et là ca dépend de vous.
J'ai pris ma responsabilité de premier secrétaire, en rassemblant, en renouvelant, en clarifiant. Maintenant la bataille est militante, le devoir est de faire voter d'abord nos camarades dans le parti socialiste, de leur faire prendre conscience de l'enjeu, de faire en sorte que nous sortions plus fort du congrès, de leur dire la chose suivante : ce n'est pas simplement un débat entre socialistes que nous organisons, cela a été un débat de socialistes. C'est un congrès de toute la gauche que nous devons imaginer, le signal qui est attendu de nous est surtout attendu des Français de gauche qui voient aujourd'hui une politique de droite s'abattre sur eux, sur leurs valeurs, sur leur conception de la société, sur leurs acquis sociaux. Ces Français regardent vers nous, vers le congrès du parti socialiste, ils veulent un message de force, un grand parti. Ils veulent un message d'espoir, le rassemblement de la gauche. Ils veulent tout simplement que le congrès du PS soit finalement le retour de la gauche, que l'on se dise après Dijon, oui, la gauche est de retour, elle est là et elle ne lâchera rien. Dans l'opposition, elle ne lâchera rien pour redevenir demain majoritaire parce que c'est ça notre obligation politique. Nous devons être, de nouveau, en marche pour la reconquête, une reconquête qui ne doit pas être différée, qui doit recommencer en 2004 et qui doit se conclure en 2007. Et puis notre plus grand défi, je le dis souvent, ce n'est pas simplement de revenir aux responsabilités, si nous le voulons, nous le pouvons. C'est d'y rester et d'y rester le plus longtemps possible. C'est ça le défi de notre génération. C'est pour cela que je vous appelle à la responsabilité et j'ai confiance parce que ce que nous allons faire ce n'est pas pour gagner en tant que motion mais pour gagner en tant que parti et en tant que rassemblement de la gauche !
(source http://www.fhollande.net, le 22 avril 2003)
Je voudrais remercier Laurent Cathala qui, une nouvelle fois, a démontré qu'il était toujours prêt à faire les organisations victorieuses. J'ai le souvenir, je l'évoquais, il y a quelques jours, du premier congrès auquel j'ai participé ; C'était un congrès extraordinaire puisque c'était pour moi le premier mais c'était un congrès extraordinaire à Créteil parce que c'était le congrès qui investissait François Mitterrand, en 1981, donc pour nous c'est une bonne référence...
Avant la grande manifestation à Paris, cet après-midi qui nous a amené à modifier notre calendrier et notre organisation, et je vous prie de nous en excuser, je voudrais enfin vous remercier tous et toutes, d'être venus, dans un contexte lourd
Je veux remercier Michèle Sabban, première secrétaire de la Fédération et l'ensemble des camarades qui ont organisé cette réunion.
Nous voulons être nombreux à la manifestation parce que nous avons conscience qu'il y a une opinion internationale, qu'il y a une pression des citoyens, qu'il y a la voix des peuples, qui pèse aujourd'hui dans les événements que nous connaissons.
Nous aurions pu suspendre notre réunion, même si elle avait été décidée, il y a plusieurs jours, avant le conflit, mais nous avons considéré qu'en ce moment, précisément, nous avions besoin de politique. Rien ne serait pire, finalement, parce qu'il y aurait la guerre, que de se mettre finalement au silence, que de faire en sorte que notre congrès soit étouffé . Au contraire, il faut en rehausser les enjeux. Il faut mettre notre congrès en face des défis auxquels il doit répondre. Il faut mettre en avant les grandes questions qui nous sont adressées, comme socialistes. Nous avons donc besoin de débats, d'analyses, de confrontation, de propositions. Le pire, dans une période comme celle-là, c'est l'émotion, même si elle est légitime, et c'est la dépolitisation parce que c'est finalement la meilleure façon de confondre les enjeux et de donner à la droite une place qu'elle ne mérite pas.
Voilà pourquoi, chers camarades, nous avons voulu ensemble, avoir ce débat entre nous. En même temps, nous avons tous conscience de vivre un moment grave, dramatique. D'abord parce que c'est la guerre, avec des victimes, civiles, militaires, avec un peuple qui va souffrir.
C'est ensuite, une guerre sans les Nations Unies. Une décision qui a été prise par une seule puissance et qui considère qu'elle a la légalité pour elle puisqu'elle est la puissance. Et qu'elle a même la légitimité parce qu'elle a été, en définitive, agressée le 11 septembre, et c'est vrai. Qu'elle a donc la légitimité de la défense. Nous considérons qu'elle n'a ni la légalité, ni la légitimité. C'est pourquoi nous condamnons cette intervention.
En même temps, nous sommes conscients que cette guerre peut en annoncer d'autres, qu'il y a là comme une guerre préventive dont seuls les Américains pourront dire à l'avenir, à partir de leurs critères propres, ce qui est acceptable ou pas : tel dictateur ici que nous pourrions tolérer, voire même, c'est arrivé, que les Etats-Unis installent. Je pense, à une administration républicaine, au Chili .
Il y aurait des dictateurs " acceptables " et d'autres qui ne le seraient pas. Il y aurait des régimes avec lesquels il faudrait s'accommoder parce qu'ils sont paradoxalement plus dangereux que d'autres. Et puis, d'autres, supposés dangereux parce que l'on sait qu'ils ne pourraient pas résister, mériteraient la punition.
Nous sommes à un moment, dans notre histoire, où il faut s'opposer, non pas à une guerre mais une conception du monde. C'est le sens de notre démarche depuis plusieurs mois. C'est vrai que nous avons été les premiers à évoquer la primauté du droit, la force des Nations-Unies et la possibilité du veto. Je sais bien qu'à droite cette question est controversée. On nous demandait même de ne pas évoquer le veto, que ce ne serait pas sérieux, que ce ne serait pas envisageable.
Progressivement, la droite y est venue, pas tous, mais au moins les autorités de l'Etat. Ne nous en plaignons pas. Nous avons fait la démonstration, nous à gauche, que chaque fois que les intérêts supérieurs de notre pays,, ou de la République ou du monde sont en jeu, nous sommes là ! Et nous serons là dans la manifestation de cet après-midi. Il n'y aura pas la droite. Tant pis pour elle parce que finalement elle y aurait sa place. Mais elle ne se sent jamais à l'aise dans les manifestations, en tout cas celles que nous pouvons organiser. Elle n'était pas davantage là le 1er mai 2002 lorsqu'il s'agissait de défendre la République.
Nous sommes en face d'une guerre à l'issue incertaine, je ne parle pas au plan militaire, je parle des conséquences de cette guerre avec une déstabilisation de la région et l'on sait combien le conflit israélo-palestinien pèse dans les esprits et dans les chairs. Mais déstabilisatrice aussi pour les Nations-Unies dans leur ensemble, pour l'Europe dont on voit la gravité des divisions, déstabilisatrice enfin pour le système de sécurité collective.
Alors, chers amis, chers camarades, oui, il faut construire et nous devons commencer à le faire également à l'occasion de notre congrès. Cela pourrait paraître disproportionné : un congrès du parti socialiste, face à des événements aussi graves. Mais si nous pensons que nous sommes une force qui pèsera en France, qui sera de nouveau demain, majoritaire. Alors, peut-être faut-il aller encore plus vite que je ne l'indique dans la motion. J'ai senti des camarades demander que l'on fasse déjà plus que 30 %. Oui, faisons déjà mieux que la dernière fois, cela me paraît évident.
Ayons cette ambition-là, un grand parti socialiste, c'est le sens de notre congrès. Ne pas faire un congrès comme les autres, en faire un congrès de ce point de vue extraordinaire, le congrès du renouveau du Parti socialiste. Ce sera sans doute, le premier Congrès socialiste qui décidera de l'ensemble de l'avenir de la gauche. C'est cela qui est en cause !
Compte tenu de ce que sont nos partenaires, nos alliés, compte tenu de ce que demande l'électorat, oui aujourd'hui le congrès du Parti socialiste peut ouvrir la voie à l'unité de la gauche. C'est cela notre responsabilité.
Nous devons donc construire une pensée politique. C'est ce que nous avons fait patiemment, les uns et les autres, à travers le débat militant, le débat des contributions et maintenant le débat des motions. Cette pensée politique est d'abord une pensée internationaliste. Oui, nous ne pouvons pas vouloir contester la mondialisation et ne pas accepter des propositions fortes pour maîtriser le monde et pour en proposer un autre.
Si nous sommes internationalistes, alors oui, un camarade l'a dit, les questions de politique extérieure deviennent des questions de politique intérieure. L'Europe, de ce point de vue, est une question de politique majeure et nous ne pouvons plus en rester aux entre-deux, aux compromis, aux ambiguïtés. Oui, nous devons militer pour une Europe politique, pour une Europe fédérale, pour une Europe sociale parce que nous voyons bien que c'est un besoin d'Europe qui fait jour aujourd'hui, face au monde tel qu'il est.
S'il n'y a pas d'Europe forte, il n'y aura pas de Nations-Unies capables de faire entendre la primauté du droit. S'il n'y a pas d'Europe forte, il n'y aura pas de contestation et surtout de changement dans la mondialisation libérale. S'il n'y a pas d'Europe forte, il n'y aura pas de système de défense pour les nations qui, en définitive, attendent de l'Europe aussi une protection. S'il n'y a pas d'Europe forte, il n'y aura pas de solidarité dans le monde et notamment avec les pays du sud. Voilà l'enjeu qui nous est posé.
Enfin, chers camarades, une ligne politique, c'est aussi le rappel de ce qu'est notre fondement : l'égalité. L'égalité entre les citoyens, l'égalité entre les groupes sociaux, l'égalité entre les territoires et nous y avons mis ce qui est le fondement pour nous : l'école, le service public et les systèmes de solidarité. Ce sera là que la bataille se déroulera à l'avenir. Entre une droite qui ne croit pas en l'avenir du système éducatif, qui veut même, dans une certaine mesure, le démanteler et dont la décentralisation, à sa façon, est une manière de faire. Face à une droite qui voudra également remettre en cause les principes d'égalité dans les mécanismes de protection sociale, pour la santé comme pour la retraite. Face à une droite qui veut remettre en cause le service public, parce qu'elle y voit comme une contestation de sa prétention à faire faire par le marché l'essentiel de la distribution des prestations ou des biens. Oui, nous devons affirmer notre ligne.
C'est une ligne de gauche qui assume l'audace. Elle est indispensable. Nous avons voulu tirer toutes les leçons du 21 avril. Connaître toutes les causes, essayer de répondre à ce qui a été l'interrogation majeure : pourquoi tant d'abstentions ? pourquoi tant de dispersions ? Pourquoi tant de contestation de la vie politique telle qu'elle est ? Pourquoi l'absence des jeunes ? Pourquoi la mise en cause d'une certaine forme de la politique ? Pourquoi l'éloignement des catégories populaires ? Oui, de tout cela, nous avons débattu. Mais nous voulons aujourd'hui fixer notre ligne, une ligne de gauche, avec le souci aussi de tenir nos engagements. Moi, je refuse l'incantation, la promesse, la facilité, cette espèce de plaisir que l'on peut trouver dans l'opposition à faire " comme si ", mais précisément ne faire que "comme si" ., nous pouvions changer sans véritablement réformer. On nous dit, ici ou là, quelques fois ici, dans le Parti, " le capitalisme est odieux, insupportable, diabolique, monstrueux ". Sans doute, à bien des égards mais par quoi le remplace-t-on ? On nous dit " résistance ", non il ne s'agit pas de résister, il s'agit de transformer, il s'agit d'agir, il s'agit de changer. On nous dit " mais vous voulez agir dans le système ", ah bon, vous en proposez un autre ? Il s'agit d'être sur notre ligne, la ligne du socialisme démocratique, pas sur une autre, qui a été contestée et condamnée par les faits.
Voilà, chers camarades, le sens de notre congrès. Il nous faut à partir de cette ligne, rénover tout ce qui doit l'être et ce n'est pas simplement une conclusion que nous devons tirer après chaque défaite ou déboire électoral, non rénover pour que la vie militante soit respectée, pour que la parole militante soit entendue, c'est pourquoi nous avons fait des propositions sur la conférence militante annuelle et sur le référendum militant. Il ne s'agit pas non plus, parce que je récuse cette façon de débattre, de dire qu'il y aurait les militants d'un côté et les élus de l'autre. Les militants " du bas " et les élus " du haut ", mais si on use de cette pauvre rhétorique, que nous devons laisser à d'autres, alors nous ne sommes plus le Parti socialiste. Le Parti socialiste est un parti de militants et si les élus ne sont plus des militants, ils ne restent pas longtemps élus
Ce sont les militants qui doivent être les acteurs décisifs mais, ayons aussi la responsabilité de dire qu'un parti de militants sans élus n'a pas beaucoup d'avenir, mais on peut y arriver Étape par étape, cet objectif est possible mais il n'est pas le nôtre. Donc, chers amis, chers camarades, oui un parti de militants, oui un parti de renouvellement, à la fois dans les organes de décision de notre organisation mais aussi c'est vrai, sur les listes que nous aurons à présenter. Il a été évoqué encore une fois, plusieurs fois, dans cette salle même, l'exigence de respect de la diversité, pas simplement entre sensibilités.
Diversité de la société, de ses origines, de ses couleurs, de ses catégories sociales, oui ça c'est un engagement que nous prenons et que nous tiendrons. Il ne s'agit pas simplement d'une résolution de congrès. Il ne s'agit pas simplement d'un statut ou d'un quota, il s'agit de faire en sorte que nous soyons à la hauteur de ce qu'est aujourd'hui notre société diverse, plurielle, de couleur, différente, sans doute, mais la société française, et c'est là que je veux être le plus ferme, il va falloir au-delà du congrès et de que nous allons désigner dans les organes de responsabilité, au moment des listes, avoir ce respect, cette exigence et cette nécessité. Ce n'est pas par calcul électoral, ce n'est pas par effet de symbole, c'est aujourd'hui par obligation politique et par chance politique. Parce que c'est une chance formidable, je l'ai constaté d'avoir dans le parti socialiste des hommes et des femmes qui, comme Fadela, nous disent " j'ai confiance en vous ". Mais cette fois, si sur ce sujet-là, de l'égalité, de la parité, de la diversité, si à ce moment-là vous n'êtes pas au rendez-vous alors nous nous ne serons plus là avec vous.
Et moi je veux que ces quartiers, ces femmes, ces hommes, que ces jeunes, et moins jeunes, soient avec nous, que nous ne soyons pas là pour agir pour eux qu'ils soient avec nous pour agir avec nous. Voilà le sens de la démarche que je vous propose.
J'en termine, chers camarades, sur la responsabilité de chacun. Moi je l'ai prise. Je l'ai prise comme premier secrétaire au lendemain du 21 avril. J'ai voulu que le Parti, en bon ordre, soit capable d'affronter l'épreuve électorale, que nous savions imminente. J'ai souhaité que le Parti, après que nous ayons résisté au choc électoral, car nous avons résisté au choc électoral au moment des élections législatives, nous avons fait, nous socialistes, autant en 2002 que nous avions fait en 1997, année victorieuse. Tout simplement parce que nos alliés n'ont pas pu retrouver leurs voix ou peut-être parce que ces voix se sont retrouvées sur nous. Et, chers camarades nous avons su résister. Nous aurions pu aussi une nouvelle fois, retourner à nos vieux démons, qu'on a connu, en d'autres époques, aux lendemains de défaites électorales. J'ai pris ma responsabilité, en souhaitant que toux ceux qui le voulaient puissent débattre, discuter. Nous l'avons fait. Mais ensuite qu'il puisse y avoir un rassemblement, construit, effectivement sur les idées, sur les propositions, sur la ligne, sur la rénovation, sur le renouvellement. J'ai pris ma responsabilité.
On me dit " oui mais pourquoi veux-tu à ce point rassembler, pourquoi veux-tu réunir, y compris des camarades qui ont été différents par le passé, sur des lignes différentes ", j'en connais ici dans cette salle, vous les avez même reconnus Mais je l'ai fait parce que c'était ma responsabilité, parce que pour moi l'essentiel, c'est que sur une ligne claire nous puisions être les plus nombreux à nous retrouver, parce que je vous l'ai vous l'ai dit : le congrès du parti socialiste sera le congrès du nouveau départ, le congrès de la reconquête, le congrès du retour de la gauche mais il peut aussi ne pas être ça et là ca dépend de vous.
J'ai pris ma responsabilité de premier secrétaire, en rassemblant, en renouvelant, en clarifiant. Maintenant la bataille est militante, le devoir est de faire voter d'abord nos camarades dans le parti socialiste, de leur faire prendre conscience de l'enjeu, de faire en sorte que nous sortions plus fort du congrès, de leur dire la chose suivante : ce n'est pas simplement un débat entre socialistes que nous organisons, cela a été un débat de socialistes. C'est un congrès de toute la gauche que nous devons imaginer, le signal qui est attendu de nous est surtout attendu des Français de gauche qui voient aujourd'hui une politique de droite s'abattre sur eux, sur leurs valeurs, sur leur conception de la société, sur leurs acquis sociaux. Ces Français regardent vers nous, vers le congrès du parti socialiste, ils veulent un message de force, un grand parti. Ils veulent un message d'espoir, le rassemblement de la gauche. Ils veulent tout simplement que le congrès du PS soit finalement le retour de la gauche, que l'on se dise après Dijon, oui, la gauche est de retour, elle est là et elle ne lâchera rien. Dans l'opposition, elle ne lâchera rien pour redevenir demain majoritaire parce que c'est ça notre obligation politique. Nous devons être, de nouveau, en marche pour la reconquête, une reconquête qui ne doit pas être différée, qui doit recommencer en 2004 et qui doit se conclure en 2007. Et puis notre plus grand défi, je le dis souvent, ce n'est pas simplement de revenir aux responsabilités, si nous le voulons, nous le pouvons. C'est d'y rester et d'y rester le plus longtemps possible. C'est ça le défi de notre génération. C'est pour cela que je vous appelle à la responsabilité et j'ai confiance parce que ce que nous allons faire ce n'est pas pour gagner en tant que motion mais pour gagner en tant que parti et en tant que rassemblement de la gauche !
(source http://www.fhollande.net, le 22 avril 2003)