Interview de M. François Fillon, ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité, dans "France soir" du 12 mars 2003, sur l'aide alimentaire de la France à l'Afghanistan, notamment vers les enfants et l'accueil des réfugiés afghans en France.

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Intervenant(s) : 
  • François Fillon - Ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité

Média : France soir

Texte intégral

Q - Pourquoi les enfants afghans ont-ils besoin de lait ?
R - Tous les enfants du monde ont besoin de calcium. Les enfants afghans ont particulièrement souffert ces derniers temps. L'Afghanistan, libéré il y a un peu plus d'un an du pouvoir despotique des Taleban sort tout juste de vingt-trois ans de conflits et de trois années de sécheresse. La population y a connu des moments de quasi-famine avec des zones de malnutrition chronique. Connaissant cette situation, j'ai souhaité, alors président de la Région des Pays de la Loire, soutenir efficacement le projet "Du lait pour les enfants afghans". Grâce à la mobilisation généreuse des producteurs laitiers des Pays de la Loire, quarante-trois mille enfants de la province de Baghlan, au nord de l'Afghanistan, vont recevoir chaque matin pendant un mois un thé au lait. Rappelons que cette région de Baghlan a été la plus directement touchée par le tremblement de terre de mars dernier. Comment oublier les images de la petite ville de Nahrin, détruite presque totalement. Je suis heureux que Jean-Luc Harousseau, à la tête maintenant de la Région des Pays de la Loire, ait développé avec une belle volonté ce projet de solidarité. A l'heure des risques de guerre en Iraq, il est important de contribuer à la consolidation de la paix en Afghanistan.
Q - La France est-elle bien accueillie en Afghanistan ?
R - La France est très populaire en Afghanistan. Zaher Shah, l'ancien roi, parle parfaitement le français, Massoud parlait aussi notre langue. Le meilleur lycée du pays, Isteqlal, qui vient d'être complètement reconstruit, est un lycée franco-afghan et accueille plus de trois mille élèves. C'est ici qu'a été formée une large partie de l'élite du pays. D'un point de vue économique, le tunnel de Salang, principal point de passage du sud au nord de la barrière montagneuse de l'Indukush, a été réouvert il y a peu, grâce à la coordination d'ingénieurs français. Déjà très présentes pendant les années de guerre, les ONG françaises jouent un rôle notable depuis un an. Nos soldats, installés à Kaboul dans le cadre de l'ISAF, mènent à bien leur mission de maintien de la sécurité dans un contexte que l'on peut juger favorable.
Q - La priorité n'est-elle pas d'apporter d'abord une aide financière au pays pour sa reconstruction ?
R - L'aide financière à l'Afghanistan est importante. Rebâtir l'Etat, reconstruire les infrastructures, cela nécessite des capitaux considérables et l'engagement de la communauté internationale dans son ensemble. L'Union européenne et la France jouent déjà un rôle significatif dans ce domaine. Pour autant, il faut aussi aider, directement et de manière urgente, les populations civiles qui souffrent. Notre capacité à soutenir toutes les communautés, même les plus inaccessibles, jouera d'ailleurs un rôle important dans la stabilisation du pays. Les ONG comme ACTED, sont des acteurs essentiels pour atteindre tous ceux qui sont dans un grand dénuement. Présente depuis 1993 en Afghanistan, avec aujourd'hui près de 800 salariés locaux, cette ONG française assurera d'ailleurs toute la mise en uvre de la distribution du lait dans la province de Baghlan. Il est à noter que l'opération "Du lait pour les enfants afghans" s'inscrit dans une démarche plus large de re-scolarisation des enfants, de formation des instituteurs et de reconstruction des écoles.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 mars 2003)