Déclaration de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, sur les élections prud'homales, notamment la représentativité syndicale et le climat social, Toulouse le 3 décembre 2002.

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Circonstance : Meeting en vue des élections prud'homales à Toulouse le 3 décembre 2002

Texte intégral

Avec vous s'achève notre tour de France commencé le 10 septembre, au Zénith à Paris.
Avec ces meetings régionaux, la CGT aura rassemblé près de 30 000 militants, syndiqués ou sympathisants qui, à leur tour, auront diffusé nos arguments, souligné l'importance des rendez-vous du 11 décembre.
Nous n'en aurons pas fini pour autant avec la rencontre de ce soir. Nous avons encore 7 jours, qu'il va nous falloir occuper à plein, pour porter le vote CGT dans tout le pays, par les tracts et les affiches.
Nous avons encore 7 jours pour que l'année 2002 se conclue par une note de confiance en l'avenir : un vote CGT à des centaines de milliers de voix pour donner du souffle aux revendications et aux négociations qui s'annoncent très serrées, au premier rang desquelles se situent celle sur l'avenir des retraites.
Dans ce tour de France des principales villes de notre pays, j'ai bien sûr constaté des réalités différentes d'une région à l'autre mais, à chaque fois, j'ai rencontré des militantes, des salariés exprimant les mêmes attentes. J'ai entendu les mêmes critiques à l'égard des directions d'entreprises, les mêmes dénonciations d'orientations politiques et économiques qui font peu de cas du sort fait aux femmes et aux hommes qui n'ont que leur travail pour vivre.
Mais j'ai rencontré aussi la volonté de ne pas subir les événements et une certaine détermination à faire en sorte que, par l'action syndicale, les choses ne soient pas écrites d'avance.
Et, c'est vrai, pas plus pour ce qui relève de la gestion des entreprises que de l'action gouvernementale, rien n'est écrit d'avance.
Au fur et à mesure des kilomètres parcourus depuis septembre, bien des actions se sont multipliées, bien des mobilisations se sont organisées pour porter plus haut et plus fort les revendications sur l'emploi, le pouvoir d'achat, l'avenir des entreprises ou des services publics.
D'aucuns, à Matignon et ailleurs, cherchent à se rassurer en voulant n'y voir que l'effet d'une " surenchère syndicale " liée au scrutin prud'homal.
Je ne crois pas trop m'aventurer en disant que d'ici quelques jours ils devront déchanter parce qu'ils constateront que les mobilisations sociales ne sont pas circonstancielles, mais portent des exigences profondes de justice et de progrès social.
Je veux vous dire également que dans le dynamisme de ces rencontres et le tonus des luttes sociales, je n'ai puisé que des encouragements à ce que la CGT aille jusqu'au bout des ambitions qu'elle propose au débat de tous ses syndiqués lors de son prochain congrès en mars 2003.
Chaque jour fournit son lot de motifs supplémentaires d'avoir une meilleure prise sur les événements et le vote CGT du 11 décembre s'inscrit clairement comme un des moyens pour y parvenir.
Jusqu'au bout, il faudra d'abord compter sur nous-mêmes pour aller à la conquête de centaines de milliers de voix.
La mise en mouvement de toute la CGT, à laquelle nous avons travaillé ensemble depuis le début de cette campagne, nous a tous inscrits dans une dynamique de confiance : la réussite de nombreuses mobilisations et actions, la variété et le succès des initiatives prises et l'accueil que nous rencontrons auprès des salariés, les adhésions réalisées et les résultats des élections professionnelles dans cette période, le travail de qualité ayant abouti au renouvellement et à la féminisation à 40% de nos listes de candidats, l'augmentation du nombre de bureaux de vote que nous avons su faire prévaloir auprès des pouvoirs publics
Nombreux sont les signes qui montrent que si nous ne relâchons pas notre effort jusqu'au soir du 11 décembre, nous serons en passe d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés : une bonne participation au scrutin et un progrès de la CGT confirmant sa place de première organisation syndicale.
Chacun de vous, militant, syndiqué, sympathisant doit donc utiliser les 7 jours qui restent, dans son entourage familial, professionnel, pour aller chercher les voix une à une pour que la participation au vote progresse et que le nombre de bulletins CGT soit plus important encore.
Si chaque syndiqué CGT, du public comme du privé, gagne autour de lui 5 ou 6 électeurs, s'il s'assure de leur vote, y compris par correspondance puisque de larges possibilités d'y recourir existent, alors ce sont des millions d'électeurs qui affirmeront leur confiance dans la CGT et confirmeront sa place en approuvant sa combativité et les principes de son action revendicative, faisant du 11 décembre une des plus grandes journées d'action nationale interprofessionnelle que nous ayons construites ensemble : un bon score pour la CGT et c'est un immense ballon d'oxygène pour toutes les revendications.
Le 11 décembre, c'est dès maintenant, avec votre engagement, qu'il se prépare :
En allant largement à la rencontre des salariés de toutes catégories dans les entreprises, les zones d'activité. En allant là où il n'y a pas ou peu de syndicats implantés,
En vérifiant que les salariés sont bien inscrits sur les bonnes listes électorales, en leur donnant les informations nécessaires pour faire valoir leurs droits au vote,
En faisant respecter pour tous le droit de vote pendant le temps de travail le 11 décembre,
En exploitant, à chaque fois que cela s'avère nécessaire, le vote par correspondance dont les possibilités ont été étendues.
et pour mieux gagner sur les revendications
Nous le ferons d'autant mieux que nous aurons la préoccupation de faire de cette campagne un tremplin pour renforcer notre organisation. Le potentiel est là, la preuve en est que chaque jour nous enregistrons en moyenne dix adhésions " spontanées ", directement transmises au siège de la confédération par e-mail, par courrier ou par téléphone, et ce rythme s'accélère au fur et à mesure du déploiement de notre campagne.
Tout nous incite dans ces milliers de rencontres et de contacts, à ne pas hésiter à solliciter chacun pour qu'il s'engage davantage, qu'il se syndique, qu'il nous aide à implanter de nouvelles bases syndicales, qu'il participe à la construction du syndicalisme revendicatif, unitaire et démocratique dont le monde du travail a le plus grand besoin.
Des ingrédients sont réunis pour nous conduire à être plus offensifs dans le renforcement de la CGT. L'écoute et les attentes à l'égard du syndicalisme sont importants. La pertinence de notre démarche est de mieux en mieux appréciée. Nous sommes sans cesse sollicités pour donner un coup de main.
Beaucoup de salariés attendent encore trop souvent que les choses tournent mal à l'entreprise avant de s'organiser en syndicat CGT.
A nous de convaincre aussi de la nécessité d'avoir partout des forces organisées, des forces CGT plus nombreuses.
A nous d'être persuasifs, d'aider à franchir le pas de l'adhésion à la CGT pour faire face à la situation.
Je le dis très amicalement aux sympathisants qui hésitent encore. Votre soutien et votre présence nous sont précieux. Vous avez besoin de la CGT, mais la CGT a aussi besoin de vous. C'est maintenant que nous avons besoin de réunir nos forces et nos idées.
Alors,
Venez prendre part à la défense de vos intérêts.
Venez voir la CGT de l'intérieur et vous verrez, comme tant d'autres, qu'elle n'est pas ce que ses adversaires disent d'elle.
Venez vous informer chaque semaine, notre journal, la Nouvelle Vie Ouvrière, est fait pour cela.
Venez, avec nous, construire votre meilleure force pour l'avenir.
Venez et vous participerez, comme les autres syndiqués de la CGT, à la réflexion collective, aux débats, aux décisions qui seront prises lors du prochain congrès de la CGT en mars prochain.
Chers camarades et chers amis,
Je veux vous dire, pour conclure, ma conviction et plus largement celle de la direction de la CGT.
La période que nous traversons est effectivement lourde d'enjeux, lourde de défis. Mais si nous y mettons toute notre détermination et notre confiance - je n'en manque pas et je sais que vous n'en manquez pas non plus - si, sur chaque lieu de travail nous nous engageons résolument dans la mobilisation et le vote CGT, eh bien, tous ensemble, nous gagnerons aux élections du 11 décembre pour mieux gagner sur les revendications.
LA RETRAITE : QUE VISENT-ILS ? QUE PROPOSONS-NOUS ?
En proposant de poursuivre les orientations de 1993 et de les appliquer à tous les régimes, le MEDEF entérine un effondrement du niveau relatif des retraites de plus d'1/3. Dans vingt-cinq ans, les plus basses retraites avoisineront le seuil de pauvreté d'alors ! Le MEDEF trompe tout le monde en parlant " de garantie du pouvoir d'achat des retraites ". En paraphrasant Jacques PREVERT, je crois que nous pouvons dire que " Le monde patronal ment, monumentalement. "
Guillaume SARKOZY, encore lui, qui succède à Denis KESSLER pour les retraites a affirmé que " les études montraient qu'il fallait 6 ou 7 années de plus de cotisations et que le temps de retraite était aujourd'hui de 20 ans au lieu de 5 à 10 auparavant ". Il propose donc de raisonner en temps de retraite et non plus en temps de travail.
Autrement dit, si l'on prend en compte le fait qu'aujourd'hui un jeune commence à travailler en moyenne à 24 ans, la proposition de cotiser 47 ans porte, dans le meilleur des cas, l'âge futur de départ à la retraite dans notre pays à 71 ans ! C'est, à quelque chose près, ce que réclament aujourd'hui certains fonds de pension au gouvernement britannique.
Heureusement que SARKOZY a précisé, par la même occasion, qu'il ne veut pas la régression sociale ! Si ce n'est toi c'est donc ton frère dit la fable, mais en l'occurrence nous n'avons visiblement pas affaire à des agneaux
Alors que l'harmonisation progressive des conditions d'acquisition et de liquidation des droits à la retraite entre les différents régimes est le plus souvent présentée comme un préalable indispensable à toute réforme des retraites, nous mettons en avant les garanties communes que nous sommes en droit d'exiger. Au plan des objectifs, nous sommes au diapason de l'écrasante majorité des français. Nous avons largement diffusé nos propositions en la matière.
Nous mettons en avant la garantie pour tous du droit à la retraite à 60 ans avec un niveau de la retraite représentant au moins 75 % du salaire. Il s'agit d'assurer la continuité du niveau de vie des salariés lors du passage à la retraite : c'est la vocation du système par répartition. 60 ans et 75 %, c'est cela qui sera au coeur de l'affrontement dans la négociation.
Quant à la durée de cotisation nous proposons d'ouvrir la possibilité de cotiser dès l'âge de 18 ans ou même de 16 ans pour les jeunes dans des cycles de formation, d'apprentissage et d'études.
Mettre au second plan ces objectifs en présentant l'harmonisation public/privé comme la clé de voûte de la réforme du système, c'est s'enfermer dans la logique de l'alignement vers le bas. L'égalité de traitement suppose des conditions cimentant durablement la solidarité de tous les salariés pour que tout le monde soit bien traité.
Une augmentation des contributions financières prélevées dans l'entreprise est donc nécessaire ; elle devra assujettir ses revenus financiers et tenir compte de l'ensemble de la richesse créée par le travail.
La retraite ne doit ni basculer dans le champ de la rente, ni glisser dans une logique d'allocation. Elle est une rémunération salariale socialisée. La retraite doit donc, dans son montant comme dans son financement, rester étroitement liée aux évolutions du travail. C'est dans ce cadre que son avenir doit être discuté et négocié. C'est clairement l'enjeu d'une solidarité actifs/jeunes/retraités que nous voulons renouveler. Ces enjeux de solidarité seront sans aucun doute le coeur du débat de l'année 2003.
construisons une vaste mobilisation unitaire !
La fermeté de la CGT sur ce dossier sera sans faille, mais nous allons devoir, ensemble, nous mobiliser comme jamais si nous voulons que nos revendications soient prises en compte.
Aussi, je vous donne franchement mon sentiment, il ne faut plus perdre de temps avant que les salariés entrent dans la partie pour que les négociations se déroulent bien sur la base de nos besoins.
Nous avons fait une proposition en ce sens aux autres syndicats et des contacts se sont établis pour y parvenir. La CGT leur propose de construire une vaste mobilisation unitaire sur les retraites, dès le début de l'année prochaine et je vous appelle, ainsi que l'ensemble de nos syndicats, à vous y préparer.
SECURITE ET PROFIT NE PEUVENT FAIRE BON MENAGE
Ce qui est vrai pour l'égalité l'est encore plus pour la sécurité. La sécurité est un droit, un droit fragile qui ne fait pas bon ménage avec la logique du profit.
Ce droit a été profondément et cruellement bafoué à TOULOUSE le 21 septembre 2001. La catastrophe industrielle de l'usine AZF est une des plus graves survenues en France tant par le très lourd tribu payé par les ouvriers travaillant sur le site et les membres de leur famille que celui que continueront à payer pendant très longtemps des dizaines de milliers de toulousains et la ville entière avec eux.
Je me souviens de la profondeur du désarroi et du sentiment d'incompréhension suscité par l'événement lorsque, un peu moins d'une semaine après l'explosion, je suis venu à Toulouse apporter l'appui de toute la confédération à la cellule de crise installée par la CGT et donner un élan national à notre solidarité. Il est des moments que l'on ne peut oublier et, pour moi, ce jour là en fait partie.
Depuis, plusieurs d'entre vous ont activement fait preuve de dévouement pendant de longs mois à l'égard des sinistrés. Je veux, avec vous ce soir, exprimer toute notre reconnaissance à ces milliers de syndiqués, d'organisations de la CGT qui ont répondu présents au moment où il le fallait.
La CGT peut être fière d'entretenir dans ses rangs des réflexes où la solidarité dans l'épreuve comme dans la lutte syndicale occupe une place essentielle.
Le risque zéro n'existe pas, mais il n'y a pas de fatalité qui puisse être invoquée pour couvrir l'imprévoyance, la négligence, surtout quand elles ne sont que le fruit d'une gestion à risques, c'est -à-dire l'exact opposé d'une gestion du risque.

dont l'expertise en la matière est unanimement reconnue, met en exergue les propos d'un magistrat, héros d'un roman :
" Nombre de ceux qui se livrent à des pratiques immorales se justifient en disant que seules les nécessités de l'économie les y ont conduits. Ils déclarent souvent que, s'ils avaient eu le choix, ils auraient agi de manière plus respectable. "
Le roman en question s'intitule " Brigands et Galants ", joli titre dans lequel pourraient se reconnaître pas mal d'individus plastronnant dans les Conseils d'administration ou les " garden partys ", et entretenant un régiment d'avocats pour bétonner leur irresponsabilité.
Dans le roman, le propos du magistrat s'applique à l'esclavage.
Mais, qu'à cela ne tienne, chaque époque n'a -t-elle pas ses négriers ?
Le naufrage du pétrolier " PRESTIGE " au large de l'Espagne et du Portugal, après celui de l'ERIKA et de tant d'autres, en apporte la sinistre preuve. Tous les ingrédients y sont. L'appât du gain qui alimente la spéculation sur les cours des matières premières et le besoin d'avoir sous la main une flotte de réserve prête à appareiller dans les pires conditions. La sous-traitance et le pavillon de complaisance qui autorisent les formes les plus cyniques de surexploitation du travail et de la misère et l'utilisation de navires hors d'usage par des armements bénéficiant de la complicité ou de la complaisance de certains Etats, souvent européens. L'impuissance ou la négligence des pouvoirs publics face aux violations des normes et des règles de conduite. L'impunité des donneurs d'ordre qui, par tous les moyens,se défaussent de leur responsabilité pour ne pas écorner leurs profits.
L'insécurité maritime n'est pas seulement le problème de quelques " brebis galeuses " qu'il suffirait d'écarter, mais celui d'un système tout entier au terme de 25 ans de déréglementation, celui du développement sur l'ensemble des maillons de la chaîne de transport maritime d'une concurrence structurée par le dumping social et fiscal.
La tolérance zéro, ça ne consiste pas à faire la une des journaux en déployant des escadrons de policiers et de gendarmes pour saisir quelques grammes de cannabis dans un collège de banlieue ! Il n'y a pas de commune mesure entre le crétin qui met ses pieds sur la banquette du transport en commun et un pétrolier qui dégaze à tout va en profitant lâchement des tonnes de merde noire larguées dans la zone par un plus pourri que lui.
Sur mer comme sur terre, les mêmes causes produisent les mêmes méfaits. Au nom de la rentabilité financière, les actionnaires et les dirigeants d'entreprise fixent de façon discrétionnaire le niveau de risque qu'ils considèrent acceptable et la société, c'est-à-dire essentiellement les salariés et les riverains, en subit les conséquences.
Les directions des grands groupes sont passées maîtres dans l'art de se défausser. Tout est bon, depuis la sous-traitance en cascade, avec des prescriptions imposées à des gens dont on sait qu'il s n'auront pas les moyens de les respecter tant on a pesé sur les prix, jusqu'aux menaces sur l'emploi. La menace peut être brutale, le choix pour certains consiste entre la fermer ou être viré. Elle peut, et c'est le cas le plus fréquent, être plus feutrée aboutissant à la culpabilisation et l'autocensure. Même là où les syndicats ont acquis droit de cité, l'organisation de la production s'oppose à ce que tous les salariés du collectif de travail puissent aborder en profondeur les problèmes de sécurité.
Les directions n'hésitent pas non plus à nourrir un mauvais patriotisme d'entreprise en flattant la fierté professionnelle et l'attachement légitime à la communauté de travail, en faisant percevoir l'extérieur de l'entreprise comme une menace potentielle contre son intégrité. Si l'on y prend pas garde, le repli sur l'entreprise peut dégénérer dans une sclérose de la vie syndicale et nourrir des réactions de rejet de la population confrontée à des risques mal connus et mal perçus.
et il y a un avenir pour l'industrialisation
À partir de là, le débat public ne peut que conduire à des impasses car il se focalise sur une alternative stérile : l'activité et les risques au nom de l'emploi ou la fermeture des installations et la disparition des emplois au nom de la sécurité. Au bout de tout?cela, ni l'emploi, ni la sécurité ne sont au rendez-vous, les victimes n'y trouvent pas plus leur compte et les responsables peuvent poursuivre en toute impunité les mêmes stratégies.
Car il y a un avenir pour la réindustrialisation du pôle chimique. L'union départementale CGT s'y attelle avec d'autres organisations syndicales et une association de riverains. Nous comptons bien mettre sur le tapis une proposition solide plus sérieuse et moins hasardeuse qu'une roulette municipale, et plus productive pour l'emploi à Toulouse.
Cédant au lobbying incessant de l'Union des Industries chimiques et du MEDEF, le gouvernement a progressivement éliminé les parties dures contenues dans le rapport établi par la Commission d'enquête de l'Assemblée au lendemain de la catastrophe de Toulouse. A l'issue de cette décantation, il ne reste actuellement dans le projet de loi guère plus qu'un catalogue de bons sentiments et des prescriptions édulcorées ou inapplicables.
Les organismes publics dépendent trop souvent de l'expertise exclusive des directions d'entreprises, devenues prescripteurs de fait de la norme publique, juges et parties dans des différends portant sur la sécurité et les accidents du travail. Tout le monde le sait, mais dans le sillage d'une réduction réaffirmée et aggravée des moyens du contrôle public, le gouvernement a fait le choix de continuer à miser sur les producteurs de risques pour assurer la prévention. C'est un peu comme si l'on comptait sur les chauffards pour édicter et faire respecter le code de la route !
Cette logique de démission technique et administrative s'accompagne du refus politique d'accorder les moyens et les prérogatives nécessaires aux Comités d'hygiène et de sécurité et aux organisations citoyennes fédérant les riverains.
Dès lors, on est en droit de penser que TOTAL FINA ELF en compagnie de tous ceux qui veulent faire l'économie d'une vraie prévention des risques, sont maintenant prêts à utiliser le traumatisme subi par la population de Toulouse pou r finalement retourner la situation à leur avantage. À l'avenir, vous verrez que ce groupe tentaculaire et d'autres directions d'entreprise prendront appui cyniquement sur la catastrophe d'AZF et n'hésiteront pas à faire de l'insécurité, que leur gestion nourrit ou tolère, un argument et même un outil pour procéder à des restructurations ou desdélocalisations.
(Source http://www.cgt.fr, le 9 décembre 2002)