Texte intégral
Q - En vous rendant à Belgrade, est-ce que vous avez pris conscience avec vos collègues des Quinze, qu'il y avait beaucoup de choses, pour ne pas dire que tout restait encore à faire en Serbie ?
R - Nous savions que la situation était extrêmement fragile, car le gouvernement à la tête duquel était M. Djindjic était un gouvernement jeune mais qui n'avait pas néanmoins la maîtrise de l'ensemble de l'appareil d'Etat, c'est bien évident. Par ailleurs ce que je retire de la visite que j'ai faite à Belgrade, c'est que le peuple serbe ne veut vraiment pas revenir en arrière.
J'ai pris conscience du fait que la Serbie avait besoin de l'Europe, besoin d'un soutien politique beaucoup plus fort et besoin aussi d'une aide financière à la reconstruction plus ample peut-être mais surtout beaucoup plus rapide. A cet égard le gouvernement français est bien décidé à inciter la Commission à accélérer le processus de stabilisation et d'association. Nous avons décidé à Quinze qu'un accord de stabilisation et d'association serait passé avec la Serbie-et-Monténégro. Cet accord demande une étude préalable qui n'a pas été lancée, il faut maintenant qu'elle soit lancée d'urgence.
Sur le second point, à savoir l'aide financière, là encore un programme a été arrêté avec un montant financier assez important ; il est temps qu'il soit mis en oeuvre.
Q - La Serbie dans l'Union européenne, ce n'est pas encore pour demain ?
R - Ca n'est pas pour demain mais pour après-demain. En tous les cas la Serbie a vocation à être membre de la famille européenne. C'est ce qui a été précisé solennellement à l'issue du Sommet de Copenhague de décembre dernier et il faut précisément qu'en aidant la Serbie à reconstruire un Etat de droit stable, nous puissions envisager l'avenir à un terme assez long mais pas infini.
Q - Un mot sur les Açores demain ? Cette réunion entre Bush, Blair, Aznar, c'est un nouveau coup porté à l'Union européenne ou pas ?
R - Je n'ai pas de commentaires sauf à dire que la configuration que nous connaissons depuis quelques semaines n'a pas changée, en tous les cas cela ne doit pas altérer les travaux du Conseil européen qui aura lieu le 21 mars, qui rassemblera les chefs d'Etat et de gouvernement à 15 et là nous avons bien l'intention de faire avancer l'Europe et notamment l'Europe de la défense.
Q - Donc on n'a pas d'ores et déjà perdu deux alliés, deux partenaires européens victimes de malentendus dirons-nous ?
R - La crise actuelle internationale n'est pas la fin de l'Europe.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 mars 2003)