Conférence de presse de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, propos introductif sur la coopération franco-chinoise, Pékin, le 30 juin 2003.

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Circonstance : Voyage officiel en Chine du 30 juin au 1er juillet 2003

Texte intégral


(Propos introductif)
Les entretiens que j'ai eu cet après-midi ont été un peu plus longs que prévu, c'est la raison pour laquelle cette conférence de presse commence avec quelque retard. Ma visite s'inscrit d'abord dans le cadre des relations fort anciennes et très denses qu'entretiennent la Chine et la France. Elle procède de la volonté du Président Chirac de renforcer ces relations. Cette visite s'inscrit aussi à la suite de celle du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin, il y a quelques semaines. Elle avait d'ailleurs été décidée au moment de cette visite.
Je suis donc arrivée hier matin. C'est surtout aujourd'hui que se sont déroulées les réunions de travail. La première réunion a eu lieu ce matin avec le Ministre de la Défense, c'est une réunion de travail qui a duré un peu plus d'une heure et demie, une heure trois quart, je crois, et qui a été suivie d'un déjeuner officiel. Puis, cet après midi, j'ai rencontré le Président de la République tout d'abord puis le Président de la Commission militaire centrale, le Président Jiang Zemin.
Au cours de ces entretiens ont été abordés deux types de sujets essentiels : d'abord le sujet des relations bilatérales entre la Chine et la France, et ensuite, le sujet multilatéral notamment en rapport avec un certain nombre de grandes crises que connaît aujourd'hui le monde.
En ce qui concerne les relations bilatérales : après avoir constaté leur ancienneté et leur force, nous avons abordé trois points, trois volets de cette coopération, avec l'idée qu'il ne s'agit pas seulement de dialogues, d'échanges de bons propos, j'allais dire, Monsieur l'Ambassadeur est là, de propos diplomatiques au sens de la " tasse de thé ", mais au contraire dans une perspective qui soit celle de réalisations concrètes.
Nous avons donc abordé d'abord le volet du dialogue stratégique global. Nous avons conclu que la situation mondiale et la place particulière de la Chine, comme de la France, comme membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU impliquaient davantage d'échanges et de dialogue sur les analyses que nous faisions des différents problèmes. C'est la raison pour laquelle nous sommes convenus qu'il fallait donner une périodicité régulière d'abord aux contacts entre les Ministres bien entendu, mais également au contact entre les chefs d'états-majors. Le chef d'état-major de l'armée française va venir au mois de septembre et nous souhaitons qu'il y ait ensuite un échange dans l'autre sens, et d'une façon générale, au niveau des différents états-majors.
En ce qui concerne le deuxième volet, c'est lui qui est consacré à une meilleure connaissance des hommes et de leur façon d'agir.
Il y a là trois domaines d'échanges que nous avons décidé d'intensifier :
- Le premier concerne la formation. Nous souhaitons qu'il y ait davantage d'échanges au niveau de la formation, c'est-à-dire que de nouvelles places puissent être ouvertes pour des officiers chinois dans des écoles militaires françaises, ce qui s'accompagne bien entendu d'une intensification de l'apprentissage du français par les officiers chinois. Et en sens inverse, nous souhaitons qu'il y ait davantage de places dans les écoles et notamment les écoles interarmées chinoises pour des officiers français et bien entendu davantage d'apprentissage de la langue chinoise.
- Le deuxième élément du volet de formation, c'est celui de l'assistance ou de la participation aux exercices et à l'échange de l'expérience, et nous souhaitons qu'il puisse y avoir là aussi la participation à des exercices concrets.
- Le troisième élément de ce volet, c'est celui de l'échange de l'expérience notamment de l'échange de l'expérience dans le domaine du maintien de la paix, des solutions de crises, mais également dans le domaine médical, puisque nous avons dans un cas comme dans l'autre des services médicaux qui sont importants, qui ont un certain nombre de choses à apprendre les uns des autres, des connaissances à partager.
Le troisième volet est le volet industriel, où bien entendu, nous constatons qu'il y a un problème résultant notamment de l'embargo européen, pour lequel la France a une action que vous connaissez. Mais même en respectant cet embargo nous avons un certain nombre de possibilités d'action que nous avons constaté et qu'il convient de mettre en uvre, notamment dans le domaine des hélicoptères et des avions légers. Nous avons donc convenu que dans ces domaines, il convenait d'avancer. Voilà ce qu'au cours des entretiens que j'ai eus nous avons traité dans le domaine bilatéral.
Ensuite, bien entendu, compte tenu du contexte, nous avons abordé le domaine multilatéral et le domaine des relations internationales. J'ai fait part à mes interlocuteurs de l'intérêt que nous portions à leurs analyses notamment dans le domaine de la situation de crise en Corée du Nord, j'ai rappelé que la France soutenait le processus de Pékin et que nous souhaitions que le deuxième round à Pékin puisse se tenir. J'ai également interrogé mes homologues sur leurs analyses des relations entre l'Inde et le Pakistan et notamment après la visite que le Ministre de la défense et le Premier Ministre indien ont effectué en Chine. Nous avons également abordé avec le Ministre de la défense et le Président de la République, le problème de l'Irak. Nous avons évoqué les questions de terrorisme et le risque que le terrorisme fait courir à tous les pays. Nous avons également abordé le problème de la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive en lien avec la Corée du nord bien entendu, mais pas seulement, puisque cela déborde également le problème du nucléaire.
En conclusion, l'ensemble de ces entretiens se sont déroulés dans un climat extrêmement chaleureux. J'ai été très sensible à l'accueil qui m'a été réservé de la part des autorités chinoises, de tous mes interlocuteurs tout particulièrement du Président de la République qui a bien voulu m'accorder une audience qui a duré plus d'une heure et quart.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 29 juillet 2003)