Texte intégral
La doctrine militaire européenne doit traduire son ambition politique
Malgré la crise européenne qui a fait suite au conflit irakien, des interventions militaires européennes ont été organisées ces derniers mois et plusieurs pays concluent des accords en vue de se doter d'un même avion de transport (l'A400M) ou de l'hélicoptère Tigre. Au cur de cette stratégie, se trouve le ministre français de la Défense, Mme Michèle Alliot-Marie, qui soutient que la politique extérieure commune a besoin que les Européens soient forts militairement, et elle l'affirme depuis un pays qui déploie 13 000 militaires hors de ses frontières, en Afghanistan, dans les Balkans, en République démocratique du Congo, en Côte d'Ivoire et dans d'autres pays africains. Dans cet entretien, réalisé à la veille d'une réunion ministérielle franco-espagnole, Mme Alliot-Marie assure que la France et l'Espagne travaillent à la lutte contre l'ETA " avec la même détermination ".
El Pais :
Quelles chances à l'Europe d'avancer vers une défense commune après la crise iraqienne ?
Mme Alliot-Marie :
L'Europe de la Défense n'a jamais cessé d'avancer. Nous avons réalisé des progrès très significatifs depuis un an ! Les opérations de l'UE en Macédoine et dans la République Démocratique du Congo démontrent les capacités de l'Europe à agir et réagir rapidement. Les décisions prises sur l'avion de transport A400M et le programme Galileo indiquent la voie à suivre en matière d'armement, dans la mesure où il ne peut exister une Europe de la Défense sans une industrie européenne d'armement qui soit forte et compétitive.
En Espagne, une polémique a éclaté après la mort de 62 militaires [dans le crash] de l'avion ukrainien qui les ramenait d'Afghanistan. La France a-t-elle besoin de louer des [appareils] de transport de troupes à des pays tiers ou à des compagnies privées ?
Nous avons parfois besoin de louer certains moyens de transport. L'accident nous a particulièrement touché, car les défunts étaient les frères d'armes des soldats français en Afghanistan. Ce drame souligne la nécessité d'assurer notre transport stratégique dans de bonnes conditions. Quinze pays, dont la France et l'Espagne, se sont engagés le 12 juin dernier, lors de la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, à coordonner leurs actions pour les avions d'envergure dans les meilleures conditions.
La Défense européenne et la politique extérieure commune peuvent-elles avancer en parallèle ?
La création des conditions optimales nécessaires à l'application d'une politique extérieure commune sera fonction des développements de la politique militaire européenne. En matière de défense, nous possédons un savoir et des règles que les pays qui nous rejoindront ont accepté.
Au-delà de la réunion entre MM. Chirac et Bush à Evian, les manifestations de mépris des Etats-Unis envers la France continuent ; citons par exemple la participation américaine réduite au salon aéronautique du Bourget.
Il ne faut pas dramatiser. La présence des Américains au salon du Bourget a été importante. La France et les Etats-Unis maintiennent une relation de dialogue et restent des alliés loyaux.
La doctrine militaire européenne exposée à Salonique doit-elle être lue comme une façon de refuser l'unilatéralisme américain ?
C'est dans un monde multipolaire que l'Europe doit pleinement jouer son rôle au service de la paix, de la stabilité et de la lutte contre le terrorisme. Sa doctrine militaire doit traduire son ambition. Pour la France, la guerre doit rester le dernier recours.
Le fait que le gouvernement espagnol choisisse l'hélicoptère européen Tigre au lieu d'un modèle américain, vous semble-t-il une preuve d'européisme ?
La participation de l'Espagne au projet Tigre, en collaboration avec la France et l'Allemagne, serait une très bonne nouvelle pour l'Europe de la Défense. Un accord devrait être conclu dans les prochaines semaines, ce dont nous pourrions nous féliciter, la Défense européenne ne pouvant se concevoir sans une Europe de l'armement.
Pourquoi la France n'a-t-elle pas suivi la stratégie espagnole visant à interdire Batasuna ? Avez-vous une explication à nous donner ?
Mon gouvernement s'est fortement impliqué dans la lutte contre toutes les formes d'insécurité. Nous avons obtenu, en collaboration avec les services de police de votre pays, des résultats éloquents pour ce qui a trait à l'ETA. Nous travaillons contre le terrorisme avec la même détermination des deux côtés des Pyrénées.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 juillet 2003)
Malgré la crise européenne qui a fait suite au conflit irakien, des interventions militaires européennes ont été organisées ces derniers mois et plusieurs pays concluent des accords en vue de se doter d'un même avion de transport (l'A400M) ou de l'hélicoptère Tigre. Au cur de cette stratégie, se trouve le ministre français de la Défense, Mme Michèle Alliot-Marie, qui soutient que la politique extérieure commune a besoin que les Européens soient forts militairement, et elle l'affirme depuis un pays qui déploie 13 000 militaires hors de ses frontières, en Afghanistan, dans les Balkans, en République démocratique du Congo, en Côte d'Ivoire et dans d'autres pays africains. Dans cet entretien, réalisé à la veille d'une réunion ministérielle franco-espagnole, Mme Alliot-Marie assure que la France et l'Espagne travaillent à la lutte contre l'ETA " avec la même détermination ".
El Pais :
Quelles chances à l'Europe d'avancer vers une défense commune après la crise iraqienne ?
Mme Alliot-Marie :
L'Europe de la Défense n'a jamais cessé d'avancer. Nous avons réalisé des progrès très significatifs depuis un an ! Les opérations de l'UE en Macédoine et dans la République Démocratique du Congo démontrent les capacités de l'Europe à agir et réagir rapidement. Les décisions prises sur l'avion de transport A400M et le programme Galileo indiquent la voie à suivre en matière d'armement, dans la mesure où il ne peut exister une Europe de la Défense sans une industrie européenne d'armement qui soit forte et compétitive.
En Espagne, une polémique a éclaté après la mort de 62 militaires [dans le crash] de l'avion ukrainien qui les ramenait d'Afghanistan. La France a-t-elle besoin de louer des [appareils] de transport de troupes à des pays tiers ou à des compagnies privées ?
Nous avons parfois besoin de louer certains moyens de transport. L'accident nous a particulièrement touché, car les défunts étaient les frères d'armes des soldats français en Afghanistan. Ce drame souligne la nécessité d'assurer notre transport stratégique dans de bonnes conditions. Quinze pays, dont la France et l'Espagne, se sont engagés le 12 juin dernier, lors de la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, à coordonner leurs actions pour les avions d'envergure dans les meilleures conditions.
La Défense européenne et la politique extérieure commune peuvent-elles avancer en parallèle ?
La création des conditions optimales nécessaires à l'application d'une politique extérieure commune sera fonction des développements de la politique militaire européenne. En matière de défense, nous possédons un savoir et des règles que les pays qui nous rejoindront ont accepté.
Au-delà de la réunion entre MM. Chirac et Bush à Evian, les manifestations de mépris des Etats-Unis envers la France continuent ; citons par exemple la participation américaine réduite au salon aéronautique du Bourget.
Il ne faut pas dramatiser. La présence des Américains au salon du Bourget a été importante. La France et les Etats-Unis maintiennent une relation de dialogue et restent des alliés loyaux.
La doctrine militaire européenne exposée à Salonique doit-elle être lue comme une façon de refuser l'unilatéralisme américain ?
C'est dans un monde multipolaire que l'Europe doit pleinement jouer son rôle au service de la paix, de la stabilité et de la lutte contre le terrorisme. Sa doctrine militaire doit traduire son ambition. Pour la France, la guerre doit rester le dernier recours.
Le fait que le gouvernement espagnol choisisse l'hélicoptère européen Tigre au lieu d'un modèle américain, vous semble-t-il une preuve d'européisme ?
La participation de l'Espagne au projet Tigre, en collaboration avec la France et l'Allemagne, serait une très bonne nouvelle pour l'Europe de la Défense. Un accord devrait être conclu dans les prochaines semaines, ce dont nous pourrions nous féliciter, la Défense européenne ne pouvant se concevoir sans une Europe de l'armement.
Pourquoi la France n'a-t-elle pas suivi la stratégie espagnole visant à interdire Batasuna ? Avez-vous une explication à nous donner ?
Mon gouvernement s'est fortement impliqué dans la lutte contre toutes les formes d'insécurité. Nous avons obtenu, en collaboration avec les services de police de votre pays, des résultats éloquents pour ce qui a trait à l'ETA. Nous travaillons contre le terrorisme avec la même détermination des deux côtés des Pyrénées.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 juillet 2003)