Déclaration de M. Jacques Voisin, président de la CFTC, sur les valeurs et les objectifs de la CFTC, notamment le syndicalisme de construction sociale et d'inspiration chrétienne, Toulouse le 15 novembre 2002.

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Circonstance : 48ème congrès confédéral de la CFTC à Toulouse du 12 au 15 novembre 2002

Texte intégral

Merci à vous tous, mes chers amis, qui avez fait de ce Congrès un moment unique et intense. Nous avons fait du bon travail, défriché de nouvelles pistes pour aller plus loin.
A cet instant, toutes mes pensées, toute ma gratitude vont aux membres de la nouvelle équipe, l'équipe élue. Une équipe militante qui accepte de s'engager pour ces trois années. Et qui aura avec Jacky à cur de servir. Je peux vous l'assurer.
Merci à ceux qui se sont présentés et qui n'ont pas été élus. C'est le jeu de la démocratie. Merci de votre engagement à servir la CFTC. Il nous est utile et précieux pour l'avenir.
Merci aussi à tous ceux qui quittent le Conseil confédéral et qui ont servi avec conviction et générosité, pendant de longues années, notre maison commune, la CFTC : Alain et Armel, René Chantron, Jacky Dupaquier, Antoine Fabian, Yves-Marie Le Gall, Bernard Lenfant, Gérard Sorriaux, André Wéber. Rendons leur hommage aujourd'hui.
Enfin, un grand merci également à l'équipe militante de l'UD, à Joëlle et André, qui ont assuré la préparation, l'organisation, l'accueil de notre manifestation. Toux ceux de la Confédération qui se sont mobilisés sans compter, ainsi que l'équipe du Palais des Congrès pour son leur disponibilité.
C'est à eux d'abord et à leur énergie solidaire que nous devons la réussite de ce grand congrès.
Mes chers amis, à l'issue de ce Congrès, j'espère que nous repartons avec une vision commune qui nous permette de consolider nos acquis, tirer le meilleur de ce que nous sommes : notre identité CFTC, la professionnalisation de notre syndicalisme, un syndicalisme de construction sociale, qui sait prendre toute sa place dans tous les aspects de notre vie. Nous devons aujourd'hui nous projeter vers l'avenir et fidèles à ce que nous sommes, ouvrir le mouvement, ouvrir nos structures et notre action syndicale, à toutes celles et ceux qui ont besoin de ce syndicalisme là, et qui ne l'ont pas encore rencontré. Faire de notre CFTC un syndicat ouvert aux plus fragiles : davantage aux jeunes, aux femmes, à tous les précarisés de la vie car c'est eux en priorité que nous voulons défendre.
Ceux que nous défendons, nous devons davantage les connaître. Et, pour les défendre, pour mieux nous battre, nous devons faire la vérité entre nous et en nous. Etre plus transparents, plus unis, mieux communiquer au service d'une même cause qui est le service des salariés et du bien commun.
Identité, professionnalisation de notre syndicalisme au service du terrain, mais aussi transparence, ouverture, et meilleure expression de ce que nous sommes : voici les points qui doivent éclairer notre future démarche.
Nous avons un cadre clair pour rester nous-mêmes et mener notre action, face aux changements qui affectent les salariés : la motion d'orientation que vous avez votée. Elle précise nos choix d'actions pour les trois prochaines années, en prolongeant les options de " Notre projet pour l'action ", notre programme, qui trace le chemin et nous donne à tous, et ceux qui le veulent, l'âme CFTC.
Notre identité CFTC, nos valeurs d'inspiration chrétienne sont un trésor qui s'adresse à tous. N'ayons pas peur de notre identité, mes chers amis, mais sachons l'expliquer. Faisons confiance aux valeurs qui nous animent. Elles ramènent de l'humanité dans un monde trop indifférent à la vie et aux souffrances, un monde placé sous le rouleau compresseur de l'économie globalisée. Ces valeurs inspirent nos choix, nos comportements, et nos actions, parce qu'elles reposent sur la solidarité, la responsabilité partagée, l'ouverture aux autres.
Notre identité n'exclue personne. Bien au contraire, elle s'ouvre à tous ceux qui partagent nos valeurs, valeurs synonymes de dignité, de liberté, de respect et d'écoute des autres. Elles nous permettent d'être toujours davantage une force de proposition et d'action à la recherche de résultats concrets car si nous revendiquons, c'est pour construire. C'est de ce syndicalisme là dont les salariés ont besoin. Notre CFTC, forte de son identité, a un avenir parce qu'elle est utile, parce qu'elle est nécessaire.
notre méthode, je pourrais même dire, notre secret, c'est la négociation. La négociation, c'est toujours un risque mais c'est toujours le bon risque parce que nous sommes exigeants quant aux résultats. D'ailleurs, l'exemple de la refondation sociale l'a démontré.
La CFTC fait ses preuves aussi dans la gestion paritaire. Dans le domaine de l'emploi, de la formation, de la protection sociale, de la prévoyance collective, nous prenons toute notre place dans la vie paritaire mais elle n'a de sens que si elle est au seul bénéfice des travailleurs concernés. Le paritarisme, c'est aussi un des moyens essentiels de la modernisation des rapports sociaux.
Chers amis, nous marquons des points sur tous ces chantiers mais n'ayons pas peur d'aller plus loin. Nous avons un devoir d'expression de notre action, le devoir de parler de ceux qui sont fragilisés. Et pour cela, nous devons sans complexe exister dans cet univers de communication dans lequel nous vivons, que nous le voulions ou non. Alors soyons présents, non seulement dans l'entreprise, mais aussi au niveau régional, national jusqu'à l'Europe et au monde. Ce défi, nous devons le relever tous. Unis au service de la CFTC, remportons ensemble cette nouvelle bataille. Cette unité renouvelée permettra assurément de structurer nos actions, d'en garantir la cohérence, afin d'en multiplier notre efficacité. S'il le faut, nous préciserons et nous adapterons les rôles et les missions de chacun dans un souci constant d'efficacité, toujours au seul service de ceux qui nous font confiance et de tous les travailleurs. Dans nos équipes, cette grande ambition doit nous permettre de libérer l'initiative, de reconnaître les personnes.
Mais aussi ouvrons le plus possible nos structures et toute notre action syndicale aux jeunes. Sachons déjà les accueillir, les écouter et les comprendre. Sachons adapter notre fonctionnement pour répondre à leurs attentes, intégrer leurs préoccupations et leur permettre de prendre l'initiative. Ouvrons davantage notre mouvement à celles qui vivent le plus l'iniquité dans les entreprises. Les femmes doivent être plus présentes à tous les échelons de notre mouvement, et plus nombreuses pour mieux défendre la justice.
Car ce droit d'initiative, ce droit d'expression, nous les réclamons pour les partenaires sociaux, nous le proposons aussi aux salariés au sein de notre mouvement pour ce qui les concerne. Nous voulons leur permettre d'exprimer leurs attentes, d'exercer leur responsabilité personnelle et leur liberté en pleine connaissance des enjeux.
Notre souci d'ouverture se manifestera aussi dans une coopération sans exclusive avec les autres Confédérations engagées dans la défense des salariés, selon la formule chère à Jean Bornard, " rester nous même et coopérer ". Sachons agir ensemble quand il s'agit de l'essentiel pour les salariés et toujours dans le souci du bien commun.
Cette coopération sans exclusive que nous souhaitons est de nature à renforcer le pluralisme syndical. Elle conduit à partager nos expériences, et à se mettre d'accord sur des options et des choix. C'est une richesse fondée sur la liberté et l'écoute de l'autre. Le pluralisme c'est le pluriel des opinions, c'est la liberté de choix, c'est la reconnaissance et le respect de l'identité.
Combattons toutes les précarités : précarité du travail, précarité de l'emploi, des conditions d'emploi, précarité aussi de ceux qui n'ont pas d'emploi, précarité de la vie. Au mal vivre constaté quotidiennement, nous voulons opposer par notre action le " mieux vivre " .
Nous revendiquons un statut du travailleur fondé sur les droits et les devoirs de chaque personne. Ce statut doit reconnaître les droits attachés au travail ou à l'activité et garantir leur continuité.
Il doit protéger les personnes des aléas de la vie active en facilitant leurs choix professionnels et participer à leur épanouissement.
Nous le revendiquons et nous le construirons contre vents et marées, qu'il s'agisse des statuts des fonctionnaires, de la convention collective, des politiques de rémunérations, de la protection sociale, de la formation continue tout au long de la vie, de la reconnaissance des qualifications. Nous y mettrons toutes les garanties sociales nécessaires, fondées sur la solidarité entre les générations, pour assurer et développer les carrières professionnelles.
Ce statut du travailleur est notre priorité parce qu'il répond à toutes les précarités, parce qu'il est la solution pour les travailleurs laissés pour compte, plus particulièrement et en tout cas trop souvent dans les petites entreprises.
Les salariés ont besoin d'être sécurisés dans leurs droits, pour s'impliquer ensuite pleinement dans l'entreprise, vivre dans l'entreprise cette participation qui est une exigence de leur dignité. La participation, le " management participatif " ne sont tout de même pas réservés aux seuls " DRH " des grandes entreprises. A la CFTC, nous revendiquons la participation pour tous depuis toujours et aujourd'hui enfin, cette idée retrouve un regain d'actualité, au moins pour la participation financière. C'est un premier pas et il y en faudra bien d'autres !
Une autre priorité, bien sûr, dans cette période ou le sujet des retraites figure parmi les préoccupations majeures des Français, c'est la protection sociale basée sur la solidarité. Pour la CFTC, les régimes par répartition sont le socle fondamental de la cohésion nationale auquel on ne peut porter atteinte.
La CFTC veut répondre à la fois au défi posé par la situation démographique et à l'inquiétude des Français concernant leur niveau de pension future. Cette réponse, c'est ce que nous appelons la retraite personnalisée.
Du village aux confins du monde, il n'y a plus de frontières. Il nous faut penser et bâtir la solidarité dans cette dimension. Nous avons vécu l'étape du passage à l'euro. Nous sommes aujourd'hui à la veille d'une autre étape, celle de l'élargissement, qui sera un défi, un nouveau moment de vérité.
La CFTC tient à apporter sa pierre au développement du " modèle social Européen " pour l'harmonisation des droits des salariés et la mise en place de critères de convergences sociaux. L'élargissement nous appelle à une attention toute particulière pour les travailleurs des pays concernés.
La CFTC entend enfin participer au renforcement et à la cohésion du syndicalisme d'inspiration chrétienne en Europe dans le respect des engagement pris au sein de la CES. Nous prendrons l'initiative en travaillant avec les organisations proches en Europe et bien au-delà, afin de nous ouvrir et confronter nos expériences, nos stratégies.
Resserrer nos liens avec les syndicats chrétiens européens et internationaux et moderniser notre propre organisation, c'est le double enjeu qui nous permettra d'intéresser le plus grand nombre de personnes à notre Projet CFTC.
Chers amis, la CFTC se bat pour une organisation économique mondiale différente, fondée sur la participation de tous à la croissance et à ses fruits.
N'ayons pas peur et soyons fiers. Nous faisons partie de ce monde qui change et nous sommes là pour le transformer. Pour y apporter plus de respect, plus de solidarité, plus de tolérance, pour une plus grande espérance. C'est la mission de la CFTC, c'est notre mission.
Je m'engage à l'accomplir avec l'équipe confédéral, avec vous, grâce à vous, au coude à coude, jour après jour et toujours plus solidaires.
(source http://www.cftc.fr, le 19 novembre 2002)