Déclaration de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, sur les divergences de positions au sein de l'Europe en matière de politique étrangère, notamment sur la situation en Irak, Paris le 19 mars 2003.

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Au cours du week-end dernier, aux Açores, trois chefs de Gouvernement, appartenant à l'Union Européenne, se sont réunis autour du Président des Etats-Unis, pour affirmer, sur la question de la guerre à l'Irak, une position rigoureusement contraire aux efforts de la diplomatie française, dont chacun, sur tous les bancs de cet hémicycle, a salué la cohérence et le panache.
Or, au même moment, et parallèlement à l'affirmation de ces tropismes inconciliables sur des enjeux essentiels de politique étrangère, il y a comme un acharnement à mettre en place une politique étrangère unique qui s'imposerait comme un carcan aux Etats membres.
La contribution conjointe franco-allemande à la Convention réclame ainsi une politique extérieure et de Sécurité unique, décidée à la majorité, et supprimant le compromis de Luxembourg. Les travaux de la Convention vont dans le même sens avec le verrouillage d'une politique étrangère unique, et même avec la création d'un poste de ministre des Affaires Etrangères européen.
Plus surprenant encore, le Gouvernement Français a lui-même déposé à la Convention un amendement allant dans la même direction.
A la lumière des évènements récents, je demande au Gouvernement Français de sortir de cette situation contradictoire, et d'adopter une position cohérente préservant notre liberté en matière de politique étrangère.
Comment peut-on en effet concevoir que le droit de véto, si essentiel au Conseil de Sécurité des Nations Unies, ne le soit plus dans le cadre des institutions européennes ?
Comment peut-on imaginer une politique étrangère européenne unique décidée à la majorité ?
Elle serait aujourd'hui américaine, et nous assisterions impuissants au départ de nos soldats en Irak pour aller faire une guerre que nous ne voulons pas.
Bref, comment peut-on vouloir garder les mains libres à New York et à Paris, et avoir les mains liées à Bruxelles ?
(Source http://www.mpf-villiers.org, le 24 mars 2003)