Texte intégral
Monsieur le Président de la République,
Pour la troisième fois, la tradition républicaine nous réunit pour la présentation des voeux du Gouvernement au chef de l'Etat. Cette cérémonie revêt, cette année, une dimension particulière, puisque nous changeons, au moins symboliquement, de siècle et de millénaire.
En famille, entourés de leurs amis, chez eux ou dans les rues, les Français ont chaleureusement fêté l'entrée dans l'an 2000. Le Gouvernement collectivement et chacun des ministres concernés ont veillé à ce que ce passage qui avait inspiré des inquiétudes s'opère -au plan des rassemblements humains comme à celui de la maîtrise des techniques- dans le calme et la sécurité, après des jours d'épreuves. Ce fut le cas. Nous nous en réjouissons tous.
Cette grande et belle fête ne nous fait pas pour autant oublier ces épreuves. Après des inondations catastrophiques dans le sud du pays, le littoral atlantique a été souillé par une pollution d'hydrocarbures, tandis que la majeure partie du territoire hexagonal était frappée par une tempête d'une intensité exceptionnelle. La Nation, meurtrie, déplore plusieurs dizaines de victimes.
Dans ces moments douloureux et difficiles, l'Etat a assumé ses responsabilités en organisant les réponses et en exprimant la solidarité nationale qui est au coeur du pacte républicain. Je rends hommage à tous les fonctionnaires et agents des services publics qui ont travaillé sans relâche pour porter secours, pour restaurer le bon fonctionnement des infrastructures collectives, pour que la vie reprenne ses droits.
Ensemble, surmontant leur douleur, les Français ont manifesté une remarquable fraternité. Je veux saluer en particulier la générosité des milliers de bénévoles qui sont venus spontanément prêter main forte sur les côtes de Bretagne et de Vendée.
La France est d'autant plus généreuse et fraternelle qu'elle se sent plus forte : c'est sans doute là une première leçon des événements qui ont assombri la fin de 1999.
Car la France est aujourd'hui une nation confiante, tournée vers l'avenir, en position solide au sein de l'Europe. Les performances de notre économie sont remarquables. La croissance est assurée -la plus forte en Europe- et elle devrait l'être davantage encore cette année, appuyée sur une consommation et des investissements vigoureux. Le chômage recule de façon constante. Il a atteint son plus bas niveau depuis sept ans. L'inflation reste faible et le commerce extérieur excédentaire. Ce résultat a été servi par une politique économique et sociale ambitieuse et réaliste. Grâce aux réformes engagées, nous construisons une modernité maîtrisée, respectueuse de notre identité et qui fasse une place à chacun.
Mais il y a une seconde leçon à ces épreuves : le monde n'est pas qu'un marché, nos sociétés ont besoin de règles, l'économie doit être au service de l'homme, et non l'inverse.
La tempête et la marée noire n'étaient pas des épreuves d'une même nature. Il y avait, d'un côté, la violence soudaine d'une catastrophe naturelle ; et, de l'autre, l'accident qu'une organisation internationale défectueuse n'a pas su prévenir.
Le naufrage d'un pétrolier en bout de course a souligné les dangers d'une mondialisation débridée, mue par un capitalisme sauvage. Face à l'appétit souvent excessif des intérêts marchands, les droits de la personne humaine, la qualité de notre environnement et de nos ressources, doivent être défendus. C'est là une des missions essentielles d'un Etat moderne. Nous ferons à nos amis européens et dans les organismes internationaux compétents des propositions en ce sens.
Garantir la sécurité des Français, maîtriser les forces du marché, combattre les excès du libéralisme : c'est précisément dans cet esprit que le Gouvernement travaille depuis deux ans et demi. En a témoigné récemment la détermination avec laquelle nous avons défendu la sécurité de l'alimentation des Français. La liberté des échanges ne doit pas s'imposer lorsque la santé publique est en jeu.
Monsieur le Président de la République,
A mes yeux, la préservation de nos intérêts nationaux participe de notre attachement à l'Europe.
Car l'Europe est une union des nations. Une union au service de la paix. Une union fondée sur l'appartenance à une même civilisation. Une civilisation façonnée par l'Histoire, riche de la diversité de ses cultures, forte d'un modèle de développement que nous avons voulu fonder sur l'efficacité économique et la justice sociale.
Ce sont cette civilisation et ce modèle que nous devons approfondir. C'est le sens de l'Europe politique que nous voulons construire sur le socle de l'Europe économique. C'est là aussi une façon de nous donner, comme Français et comme Européens, les moyens de peser mieux sur le cours des choses. De maîtriser notre destinée collective.
Cette conviction inspirera notre action au second semestre prochain, lorsque la France assumera la Présidence de l'Union européenne. Le Gouvernement s'attachera à ce que l'Union accomplisse des pas décisifs pour bâtir un avenir commun que nous croyons juste et que veulent les Français : une Europe de la croissance et du plein emploi, une Europe plus démocratique, une Europe dont l'élargissement soit maîtrisé, une Europe forte et contribuant à donner au monde les règles indispensables à sa stabilité et à sa prospérité. C'est là une tâche que nous mènerons ensemble, Monsieur le Président de la République, car chacun sait votre attachement personnel au projet européen.
C'est ainsi, en parlant d'une seule voix -celle de la France-, que nous permettrons à notre pays d'être encore plus fort au sein d'une Europe plus unie.
Monsieur le Président de la République,
Au nom du Gouvernement et en mon nom personnel, je vous présente, ainsi qu'à votre épouse et à votre famille, des voeux chaleureux et cordiaux pour l'année 2000.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 4 janvier 2000)
Pour la troisième fois, la tradition républicaine nous réunit pour la présentation des voeux du Gouvernement au chef de l'Etat. Cette cérémonie revêt, cette année, une dimension particulière, puisque nous changeons, au moins symboliquement, de siècle et de millénaire.
En famille, entourés de leurs amis, chez eux ou dans les rues, les Français ont chaleureusement fêté l'entrée dans l'an 2000. Le Gouvernement collectivement et chacun des ministres concernés ont veillé à ce que ce passage qui avait inspiré des inquiétudes s'opère -au plan des rassemblements humains comme à celui de la maîtrise des techniques- dans le calme et la sécurité, après des jours d'épreuves. Ce fut le cas. Nous nous en réjouissons tous.
Cette grande et belle fête ne nous fait pas pour autant oublier ces épreuves. Après des inondations catastrophiques dans le sud du pays, le littoral atlantique a été souillé par une pollution d'hydrocarbures, tandis que la majeure partie du territoire hexagonal était frappée par une tempête d'une intensité exceptionnelle. La Nation, meurtrie, déplore plusieurs dizaines de victimes.
Dans ces moments douloureux et difficiles, l'Etat a assumé ses responsabilités en organisant les réponses et en exprimant la solidarité nationale qui est au coeur du pacte républicain. Je rends hommage à tous les fonctionnaires et agents des services publics qui ont travaillé sans relâche pour porter secours, pour restaurer le bon fonctionnement des infrastructures collectives, pour que la vie reprenne ses droits.
Ensemble, surmontant leur douleur, les Français ont manifesté une remarquable fraternité. Je veux saluer en particulier la générosité des milliers de bénévoles qui sont venus spontanément prêter main forte sur les côtes de Bretagne et de Vendée.
La France est d'autant plus généreuse et fraternelle qu'elle se sent plus forte : c'est sans doute là une première leçon des événements qui ont assombri la fin de 1999.
Car la France est aujourd'hui une nation confiante, tournée vers l'avenir, en position solide au sein de l'Europe. Les performances de notre économie sont remarquables. La croissance est assurée -la plus forte en Europe- et elle devrait l'être davantage encore cette année, appuyée sur une consommation et des investissements vigoureux. Le chômage recule de façon constante. Il a atteint son plus bas niveau depuis sept ans. L'inflation reste faible et le commerce extérieur excédentaire. Ce résultat a été servi par une politique économique et sociale ambitieuse et réaliste. Grâce aux réformes engagées, nous construisons une modernité maîtrisée, respectueuse de notre identité et qui fasse une place à chacun.
Mais il y a une seconde leçon à ces épreuves : le monde n'est pas qu'un marché, nos sociétés ont besoin de règles, l'économie doit être au service de l'homme, et non l'inverse.
La tempête et la marée noire n'étaient pas des épreuves d'une même nature. Il y avait, d'un côté, la violence soudaine d'une catastrophe naturelle ; et, de l'autre, l'accident qu'une organisation internationale défectueuse n'a pas su prévenir.
Le naufrage d'un pétrolier en bout de course a souligné les dangers d'une mondialisation débridée, mue par un capitalisme sauvage. Face à l'appétit souvent excessif des intérêts marchands, les droits de la personne humaine, la qualité de notre environnement et de nos ressources, doivent être défendus. C'est là une des missions essentielles d'un Etat moderne. Nous ferons à nos amis européens et dans les organismes internationaux compétents des propositions en ce sens.
Garantir la sécurité des Français, maîtriser les forces du marché, combattre les excès du libéralisme : c'est précisément dans cet esprit que le Gouvernement travaille depuis deux ans et demi. En a témoigné récemment la détermination avec laquelle nous avons défendu la sécurité de l'alimentation des Français. La liberté des échanges ne doit pas s'imposer lorsque la santé publique est en jeu.
Monsieur le Président de la République,
A mes yeux, la préservation de nos intérêts nationaux participe de notre attachement à l'Europe.
Car l'Europe est une union des nations. Une union au service de la paix. Une union fondée sur l'appartenance à une même civilisation. Une civilisation façonnée par l'Histoire, riche de la diversité de ses cultures, forte d'un modèle de développement que nous avons voulu fonder sur l'efficacité économique et la justice sociale.
Ce sont cette civilisation et ce modèle que nous devons approfondir. C'est le sens de l'Europe politique que nous voulons construire sur le socle de l'Europe économique. C'est là aussi une façon de nous donner, comme Français et comme Européens, les moyens de peser mieux sur le cours des choses. De maîtriser notre destinée collective.
Cette conviction inspirera notre action au second semestre prochain, lorsque la France assumera la Présidence de l'Union européenne. Le Gouvernement s'attachera à ce que l'Union accomplisse des pas décisifs pour bâtir un avenir commun que nous croyons juste et que veulent les Français : une Europe de la croissance et du plein emploi, une Europe plus démocratique, une Europe dont l'élargissement soit maîtrisé, une Europe forte et contribuant à donner au monde les règles indispensables à sa stabilité et à sa prospérité. C'est là une tâche que nous mènerons ensemble, Monsieur le Président de la République, car chacun sait votre attachement personnel au projet européen.
C'est ainsi, en parlant d'une seule voix -celle de la France-, que nous permettrons à notre pays d'être encore plus fort au sein d'une Europe plus unie.
Monsieur le Président de la République,
Au nom du Gouvernement et en mon nom personnel, je vous présente, ainsi qu'à votre épouse et à votre famille, des voeux chaleureux et cordiaux pour l'année 2000.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 4 janvier 2000)