Texte intégral
Educnet : Aujourd'hui, 17 mars, débute la Fête de l'Internet : cette année, le Premier ministre a souhaité que cette manifestation s'étende sur une semaine entière. Selon vous, qu'est-ce que cela signifie ?
Xavier Darcos : Cette fête est un moment privilégié pour faire découvrir l'Internet à un plus large public et mettre en lumière les usages les plus prometteurs. J'y vois la preuve que nous avons désormais dépassé le stade de " l'Internet-vitrine ", pour nous diriger résolument vers l'Internet des usages, des services et de la proximité. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
J'ai souhaité que le Ministère Délégué à l'Enseignement Scolaire participe activement à cette opération et se mobilise, avec les académies, pour promouvoir ces nouveaux usages de l'Internet à l'École.
Educnet : Que va-t-il se passer à cette occasion dans les établissements scolaires ?
Xavier Darcos : Afin d'inviter parents et amis à découvrir les réalisations scolaires bâties autour de l'Internet, un nombre important d'établissements scolaires se sont proposés d'ouvrir leurs salles informatiques. C'est un bon exemple qui montre que, grâce aux nouvelles technologies, l'École s'ouvre sur son environnement.
Je suis convaincu que les enseignants se mobiliseront également pour faire connaître aux élèves les notions de civilité de l'Internet, des droits et des devoirs sur la toile. Pour cela nous avons mis à leur disposition un ensemble d'outils pédagogiques, réalisés conjointement avec la CNIL et l'UNAF, qui permettront d'engager un travail en classe sur ce sujet.
Educnet : Vous êtes également à la tête d'une grande administration. Peut-on dire aujourd'hui qu'Internet en change, là aussi, les usages ?
Xavier Darcos : L'Internet doit aussi être un outil au service de la modernisation et du développement des échanges au sein de notre administration. Les enseignants du second degré disposent déjà d'une adresse électronique à partir du site de leur académie. A partir d'aujourd'hui, tous les enseignants du premier degré ainsi que ceux de l'enseignement privé pourront également en bénéficier. Plus d'un million d'adresses sont ainsi créées. Ces boîtes aux lettres électroniques personnelles et confidentielles seront accessibles depuis tout poste informatique connecté à l'Internet. Il faut, qu'à l'instar de la traditionnelle boîte aux lettres en salle des professeurs, chaque enseignant dispose d'une boîte aux lettres électronique professionnelle, qui lui permette de recevoir et d'échanger des informations pédagogiques ou administratives. Nous lancerons, une vaste campagne d'information à ce sujet dans le courant de l'année 2003.
Educnet : " Pourquoi pas nous ? " est le slogan retenu cette année pour la Fête. Quel rôle doit jouer l'École dans l'apprentissage et dans le développement de l'Internet ?
Xavier Darcos : Un rôle tout à fait fondamental qui doit permettre un élargissement du " socle " des utilisateurs scolaires. Les taux de raccordement à l'Internet de nos collèges et lycées sont aujourd'hui parmi les meilleurs d'Europe. Cependant, un effort particulier doit encore être porté en direction des écoles primaires. Il nous faut trouver les moyens, avec les communes, pour combler rapidement ce retard.
Parallèlement, ces démarches doivent s'accompagner d'un effort de formation.
L'École doit en effet permettre aux élèves d'acquérir les bases de connaissances minimales pour devenir des internautes actifs et ne pas rester seulement des consommateurs passifs. Pour attester de l'acquisition graduée de ces nouvelles compétences, le Brevet Informatique et Internet, déjà obligatoire à l'école primaire pour son premier niveau, sera généralisé à l'ensemble des collèges dès la rentrée 2003 pour son second niveau ; quant au troisième niveau, actuellement en expérimentation dans les lycées, il sera généralisé à la rentrée 2005.
Educnet : N'assistons-nous pas, actuellement, à une certaine remise en question du rôle des nouvelles technologies à l'école ?
Xavier Darcos : Ce n'est pas une remise en cause. Au même titre que les technologies évoluent, l'École se pose des questions sur l'apport de ces technologies à l'Éducation. Au début, on a mis l'accent sur les réseaux, la technique. C'était nécessaire, il fallait construire. Mais on a sous-estimé l'importance des objectifs humains. Or, j'en suis persuadé, c'est par les usages et le sens que nous souhaitons donner à l'ensemble de nos projets sur l'Internet que nous pourrons progresser.
Je suis convaincu que c'est d'abord à l'École qu'ils nous appartient de donner du sens à ces technologies. L'Internet offre de véritables bénéfices pédagogiques lorsqu'il est utilisé pour les recherches documentaires, pour les échanges entre écoles ou pour la communication vers les familles. Cet apport est aussi sensible lorsque les élèves et les enseignants produisent des contenus sur Internet. En effet, les internautes, contrairement aux téléspectateurs, ne sont pas seulement face à des contenus figés, mais face à un environnement en perpétuelle mutation. Pour en prendre la pleine mesure, ils devront être à même d'interagir et de produire des contenus sur Internet.
Educnet : Maîtriser les usages des technologies nouvelles ne risque-t-il pas de rester un voeu pieu pour une grande partie des élèves, pour ceux qui sont du mauvais côté de la " fracture numérique " ?
Xavier Darcos : Nous nous efforçons, dans notre mission de service public, de réduire ces inégalités. Pour cela, nous mettons en place deux projets complémentaires.
Le premier projet a débuté en février avec l'expérimentation de l'Espace Numérique des Savoirs (1) . Ce portail Internet est constitué d'une sélection de contenus de référence -dictionnaires, encyclopédies, banques d'images, de vidéos, d'animations... - que les élèves et les enseignants peuvent consulter et exploiter librement dans le cadre de leurs travaux pédagogiques.
Permettre un accès à des contenus pédagogiques libres de droits dans un environnement sécurisé, c'est déjà démocratiser l'accès aux savoirs. Mais cela n'est pas suffisant. Le deuxième projet sera constitué de services à forte valeur ajoutée, que certains appellent " cartable électronique " et que nous préférons pour notre part dénommer " Espace numérique de travail ". C'est un projet fondamental pour mettre pleinement à profit la valeur d'usage des matériels et des informations auxquelles ils donnent accès.
Educnet : Cet espace numérique de travail sera un ensemble de services numériques qui pourra donc constituer une sorte de lien permanent entre l'école, les professeurs, les parents et l'administration ?
Xavier Darcos : Exactement. Nous avons entendu la demande des parents qui souhaitent nouer des relations nouvelles, plus fréquentes et plus riches avec l'École. Avec un accès permanent, par exemple aux informations de la vie scolaire, au carnet de liaison, au bulletin de notes, les parents pourront mieux comprendre la scolarité de leurs enfants.
A l'École comme à la maison, chaque élève aura la possibilité d'accéder, par l'Internet, à un espace personnel sécurisé, à partir duquel il pourra consulter son cahier de texte, son agenda, ses notes ou encore les exercices envoyés par les professeurs etc. Les enseignants, quant à eux, disposeront des outils d'administration pour gérer des groupes de travail et suivre les progrès des élèves. Mais, en plus de ces services à vocation pédagogique, ils disposeront d'outils de consultation et de suivi de leurs carrières.
Educnet : Pouvez-vous nous préciser les grandes étapes - et les financements prévus - pour ce projet ?
Xavier Darcos : C'est un projet prioritaire pour notre ministère. Nous lançons donc aujourd'hui, conjointement avec la Caisse des Dépôts et Consignations, un appel à projets en vue d'un déploiement significatif dès la rentrée 2003. Nous consacrerons cette année un million d'euros pour soutenir des initiatives associant des rectorats et des collectivités locales, qui pourront s'appuyer sur des partenariats industriels pour élaborer une offre de services de qualité, conforme aux préconisations du ministère de l'Éducation Nationale. Parallèlement, seront financées des études de faisabilité pour des services à créer qui devront être opérationnels pour la rentrée 2004. L'ensemble des documentations et l'appel à propositions sont d'ailleurs déjà disponibles sur ce site Educnet. (2)
C'est un donc un grand projet qui nous attend. Qu'il s'agisse du Ministère, des académies, des collectivités locales, ou des industriels, je souhaite que tous les acteurs concernés s'y investissent fortement. Cette mobilisation devra permettre, d'ici 2005, à chaque élève et à chaque enseignant du second degré de disposer de son Espace Numérique de Travail. D'ici 2007, tous les élèves et tous les enseignants devraient en bénéficier.
Educnet : Comment le ministre délégué à l'enseignement scolaire va-t-il participer à la Fête de l'Internet cette année ?
Xavier Darcos : Partout en France beaucoup s'investissent cette semaine. Moi-même, je vais aujourd'hui dialoguer en direct, faire une " causette " comme disent nos amis québécois, avec les internautes sur votre site (3) . Mais, cette Fête, c'est surtout celle de tous ceux qui, en plus de s'investir dans cette manifestation, contribuent toute l'année à créer et à développer l'Internet à l'École. Je n'oublie pas qu'au-delà de la technologie, l'Internet est d'abord l'expression de la communauté des acteurs qui en inventent les usages au quotidien. C'est pourquoi, au moment où nous lançons ces grands projets je souhaite les remercier tout particulièrement.
Propos recueillis par la rédaction d'Educnet
(Source http://www.educnet.education.fr, le 18 mars 2003)
Xavier Darcos : Cette fête est un moment privilégié pour faire découvrir l'Internet à un plus large public et mettre en lumière les usages les plus prometteurs. J'y vois la preuve que nous avons désormais dépassé le stade de " l'Internet-vitrine ", pour nous diriger résolument vers l'Internet des usages, des services et de la proximité. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
J'ai souhaité que le Ministère Délégué à l'Enseignement Scolaire participe activement à cette opération et se mobilise, avec les académies, pour promouvoir ces nouveaux usages de l'Internet à l'École.
Educnet : Que va-t-il se passer à cette occasion dans les établissements scolaires ?
Xavier Darcos : Afin d'inviter parents et amis à découvrir les réalisations scolaires bâties autour de l'Internet, un nombre important d'établissements scolaires se sont proposés d'ouvrir leurs salles informatiques. C'est un bon exemple qui montre que, grâce aux nouvelles technologies, l'École s'ouvre sur son environnement.
Je suis convaincu que les enseignants se mobiliseront également pour faire connaître aux élèves les notions de civilité de l'Internet, des droits et des devoirs sur la toile. Pour cela nous avons mis à leur disposition un ensemble d'outils pédagogiques, réalisés conjointement avec la CNIL et l'UNAF, qui permettront d'engager un travail en classe sur ce sujet.
Educnet : Vous êtes également à la tête d'une grande administration. Peut-on dire aujourd'hui qu'Internet en change, là aussi, les usages ?
Xavier Darcos : L'Internet doit aussi être un outil au service de la modernisation et du développement des échanges au sein de notre administration. Les enseignants du second degré disposent déjà d'une adresse électronique à partir du site de leur académie. A partir d'aujourd'hui, tous les enseignants du premier degré ainsi que ceux de l'enseignement privé pourront également en bénéficier. Plus d'un million d'adresses sont ainsi créées. Ces boîtes aux lettres électroniques personnelles et confidentielles seront accessibles depuis tout poste informatique connecté à l'Internet. Il faut, qu'à l'instar de la traditionnelle boîte aux lettres en salle des professeurs, chaque enseignant dispose d'une boîte aux lettres électronique professionnelle, qui lui permette de recevoir et d'échanger des informations pédagogiques ou administratives. Nous lancerons, une vaste campagne d'information à ce sujet dans le courant de l'année 2003.
Educnet : " Pourquoi pas nous ? " est le slogan retenu cette année pour la Fête. Quel rôle doit jouer l'École dans l'apprentissage et dans le développement de l'Internet ?
Xavier Darcos : Un rôle tout à fait fondamental qui doit permettre un élargissement du " socle " des utilisateurs scolaires. Les taux de raccordement à l'Internet de nos collèges et lycées sont aujourd'hui parmi les meilleurs d'Europe. Cependant, un effort particulier doit encore être porté en direction des écoles primaires. Il nous faut trouver les moyens, avec les communes, pour combler rapidement ce retard.
Parallèlement, ces démarches doivent s'accompagner d'un effort de formation.
L'École doit en effet permettre aux élèves d'acquérir les bases de connaissances minimales pour devenir des internautes actifs et ne pas rester seulement des consommateurs passifs. Pour attester de l'acquisition graduée de ces nouvelles compétences, le Brevet Informatique et Internet, déjà obligatoire à l'école primaire pour son premier niveau, sera généralisé à l'ensemble des collèges dès la rentrée 2003 pour son second niveau ; quant au troisième niveau, actuellement en expérimentation dans les lycées, il sera généralisé à la rentrée 2005.
Educnet : N'assistons-nous pas, actuellement, à une certaine remise en question du rôle des nouvelles technologies à l'école ?
Xavier Darcos : Ce n'est pas une remise en cause. Au même titre que les technologies évoluent, l'École se pose des questions sur l'apport de ces technologies à l'Éducation. Au début, on a mis l'accent sur les réseaux, la technique. C'était nécessaire, il fallait construire. Mais on a sous-estimé l'importance des objectifs humains. Or, j'en suis persuadé, c'est par les usages et le sens que nous souhaitons donner à l'ensemble de nos projets sur l'Internet que nous pourrons progresser.
Je suis convaincu que c'est d'abord à l'École qu'ils nous appartient de donner du sens à ces technologies. L'Internet offre de véritables bénéfices pédagogiques lorsqu'il est utilisé pour les recherches documentaires, pour les échanges entre écoles ou pour la communication vers les familles. Cet apport est aussi sensible lorsque les élèves et les enseignants produisent des contenus sur Internet. En effet, les internautes, contrairement aux téléspectateurs, ne sont pas seulement face à des contenus figés, mais face à un environnement en perpétuelle mutation. Pour en prendre la pleine mesure, ils devront être à même d'interagir et de produire des contenus sur Internet.
Educnet : Maîtriser les usages des technologies nouvelles ne risque-t-il pas de rester un voeu pieu pour une grande partie des élèves, pour ceux qui sont du mauvais côté de la " fracture numérique " ?
Xavier Darcos : Nous nous efforçons, dans notre mission de service public, de réduire ces inégalités. Pour cela, nous mettons en place deux projets complémentaires.
Le premier projet a débuté en février avec l'expérimentation de l'Espace Numérique des Savoirs (1) . Ce portail Internet est constitué d'une sélection de contenus de référence -dictionnaires, encyclopédies, banques d'images, de vidéos, d'animations... - que les élèves et les enseignants peuvent consulter et exploiter librement dans le cadre de leurs travaux pédagogiques.
Permettre un accès à des contenus pédagogiques libres de droits dans un environnement sécurisé, c'est déjà démocratiser l'accès aux savoirs. Mais cela n'est pas suffisant. Le deuxième projet sera constitué de services à forte valeur ajoutée, que certains appellent " cartable électronique " et que nous préférons pour notre part dénommer " Espace numérique de travail ". C'est un projet fondamental pour mettre pleinement à profit la valeur d'usage des matériels et des informations auxquelles ils donnent accès.
Educnet : Cet espace numérique de travail sera un ensemble de services numériques qui pourra donc constituer une sorte de lien permanent entre l'école, les professeurs, les parents et l'administration ?
Xavier Darcos : Exactement. Nous avons entendu la demande des parents qui souhaitent nouer des relations nouvelles, plus fréquentes et plus riches avec l'École. Avec un accès permanent, par exemple aux informations de la vie scolaire, au carnet de liaison, au bulletin de notes, les parents pourront mieux comprendre la scolarité de leurs enfants.
A l'École comme à la maison, chaque élève aura la possibilité d'accéder, par l'Internet, à un espace personnel sécurisé, à partir duquel il pourra consulter son cahier de texte, son agenda, ses notes ou encore les exercices envoyés par les professeurs etc. Les enseignants, quant à eux, disposeront des outils d'administration pour gérer des groupes de travail et suivre les progrès des élèves. Mais, en plus de ces services à vocation pédagogique, ils disposeront d'outils de consultation et de suivi de leurs carrières.
Educnet : Pouvez-vous nous préciser les grandes étapes - et les financements prévus - pour ce projet ?
Xavier Darcos : C'est un projet prioritaire pour notre ministère. Nous lançons donc aujourd'hui, conjointement avec la Caisse des Dépôts et Consignations, un appel à projets en vue d'un déploiement significatif dès la rentrée 2003. Nous consacrerons cette année un million d'euros pour soutenir des initiatives associant des rectorats et des collectivités locales, qui pourront s'appuyer sur des partenariats industriels pour élaborer une offre de services de qualité, conforme aux préconisations du ministère de l'Éducation Nationale. Parallèlement, seront financées des études de faisabilité pour des services à créer qui devront être opérationnels pour la rentrée 2004. L'ensemble des documentations et l'appel à propositions sont d'ailleurs déjà disponibles sur ce site Educnet. (2)
C'est un donc un grand projet qui nous attend. Qu'il s'agisse du Ministère, des académies, des collectivités locales, ou des industriels, je souhaite que tous les acteurs concernés s'y investissent fortement. Cette mobilisation devra permettre, d'ici 2005, à chaque élève et à chaque enseignant du second degré de disposer de son Espace Numérique de Travail. D'ici 2007, tous les élèves et tous les enseignants devraient en bénéficier.
Educnet : Comment le ministre délégué à l'enseignement scolaire va-t-il participer à la Fête de l'Internet cette année ?
Xavier Darcos : Partout en France beaucoup s'investissent cette semaine. Moi-même, je vais aujourd'hui dialoguer en direct, faire une " causette " comme disent nos amis québécois, avec les internautes sur votre site (3) . Mais, cette Fête, c'est surtout celle de tous ceux qui, en plus de s'investir dans cette manifestation, contribuent toute l'année à créer et à développer l'Internet à l'École. Je n'oublie pas qu'au-delà de la technologie, l'Internet est d'abord l'expression de la communauté des acteurs qui en inventent les usages au quotidien. C'est pourquoi, au moment où nous lançons ces grands projets je souhaite les remercier tout particulièrement.
Propos recueillis par la rédaction d'Educnet
(Source http://www.educnet.education.fr, le 18 mars 2003)