Texte intégral
Chers amis,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis de participer à cette 18ème édition du FESPACO qui est devenu, au fil des années, le rendez-vous incontournable du cinéma et de l'audiovisuel africains.
Je suis venu pour vous dire, à cette occasion, que la France est plus que jamais décidée à apporter son appui aux créateurs et aux artistes qui s'expriment dans ces disciplines.
Parmi les films qui seront projetés cette année, pas moins de seize Etats concourent dont onze pour la seule sélection officielle de "l'Etalon de Yennenga".
A chaque nouvelle édition, le FESPACO gagne en maturité. Si son organisation est devenue une vaste entreprise, le FESPACO a su garder une ambiance très chaleureuse, celle d'une véritable fête. La fête du cinéma africain.
Par son audience et sa renommée, le FESPACO offre à de nombreux professionnels du cinéma l'occasion de faire connaître leur talent et leur travail. Les noms de Souleymane Cissé, Idrissa Ouedraogo, Cheikh Omar Sissoko sont intimement liés à l'aventure du FESPACO.
Je tiens à cet égard à saluer l'aide précieuse qu'apportent TV5, ARTE, CFI et Radio France internationale en se faisant, bien sûr, l'écho du festival pendant ces journées privilégiées mais en offrant plus fondamentalement une vitrine et une tribune au cinéma africain tout au long de l'année, voire en coproduisant des films.
Pour autant, je n'ignore pas les difficultés que rencontre encore trop souvent le cinéma africain. Je sais qu'il n'est pas facile pour un réalisateur de trouver les moyens de financer un film, de le distribuer et de le faire connaître. Quant aux comédiens qui sont cette année à l'honneur - puisque cette édition leur est dédiée -, les occasions de jouer se font encore trop rares pour leur permettre de vivre de leur art et de se faire un nom. Cette situation est d'autant plus paradoxale qu'au même moment, l'Afrique voit émerger une nouvelle génération d'artistes et de talents.
De plus en plus de comédiens acquièrent une notoriété, enchaînent les tournages en Afrique, en France et ailleurs. Des vedettes comme Sotigui Kouyaté, Ibrahim Cissé, Tola Koukoui, Gérard Essomba existent déjà depuis longtemps. Djimoun Hounsoun fait désormais carrière aux Etats-Unis. Et sur leurs traces, les jeunes gagnent, peu à peu, le haut de l'affiche. Je pense à Fatou N'Diaye, Alex Descas ou encore à Nadège Beausson-Diagne pour n'en citer que quelques-uns. Bien d'autres, j'en suis sûr, se feront connaître dans un avenir proche.
Depuis "Afrique sur Seine", le premier film africain réalisé à la fin des années 50 par le regretté Paulin Vieyra, la France n'a cessé de soutenir le cinéma africain. Certains d'entre vous se souviennent sans doute des tables de montage installées boulevard des Invalides dans les bureaux du ministère de la Coopération !
Aux temps héroïques ont succédé des formes d'aide plus professionnelles et la France est désormais présente à vos côtés à tous les niveaux de la production, de la diffusion et de la distribution.
Elle joue d'abord un rôle déterminant sur le terrain via son réseau culturel qui constitue autant de points d'accueil pour les cinéastes, les distributeurs et les opérations de promotion. La genèse même du FESPACO en porte témoignage.
Elle demeure par ailleurs un des principaux mécènes des films africains grâce à des mécanismes comme le fonds sud ou l'aide directe que nous appelons aujourd'hui l'ADCSud. L'aide aux cinémas africains au sens large, c'est à dire incluant l'Afrique du Nord, a représenté en moyenne 3 millions d'euros annuels entre 1990 et 2001. Il est à cet égard encourageant de constater que l'AIF et l'Union européenne nous ont rejoints dans cette entreprise.
Enfin, je rappellerai que le ministère français des Affaires étrangères s'efforce également de développer la maîtrise des métiers de l'image en soutenant chaque année de nombreuses actions de formation, à travers la FEMIS, l'école Louis Lumière ou les ateliers Varan. Mais il favorise aussi la création de structures locales comme le futur "Institut régional de l'image et du son" qui devrait ouvrir ses portes prochainement, ici même, à Ouagadougou, et qui formera des techniciens du cinéma.
Il s'agit aujourd'hui d'aller plus loin. Car nous partageons l'ambition de doter le continent africain d'une véritable industrie cinématographique mais également d'une industrie de production audiovisuelle capable de créer des programmes de télévision en nombre et en qualité. Les étapes les plus délicates de la chaîne du cinéma, en Afrique comme ailleurs, se situent, à mon sens, en amont et en aval de la production, autrement dit au moment de l'écriture et du développement des projets, d'une part, et au moment de la distribution des films, d'autre part. C'est donc précisément ces deux caps délicats que nous devons vous aider à franchir sans pour autant réduire le volume des fonds consacrés à la production.
Nous préparons à cette fin une série d'initiatives et de projets. Nous venons, par exemple, d'organiser une très belle rencontre entre cinéastes et écrivains à Bamako, dans le cadre du festival "Etonnants voyageurs". Elle devrait déboucher sur un programme qui s'intitulerait tout naturellement "Etonnants scénarios".
S'agissant de la distribution, qui constitue notre priorité car elle est l'étape la plus déterminante pour le succès d'un film, nous avançons sérieusement avec l'Agence de la Francophonie et l'Union européenne vers la mise en place d'un mécanisme d'aide commun.
Cet ajustement nécessaire de notre dispositif de soutien, nous le conduirons, en concertation avec les professionnels et nos partenaires, dans le cadre du Plan images Afrique qui va être prochainement mis en place. Ce plan triennal développera une démarche d'ensemble pour aider l'Afrique à créer ses propres images, au cinéma mais aussi à la télévision car ce mode de communication mérite des images de qualité et des productions propres. Cela passe par la formation professionnelle, l'aide à la distribution, le renforcement des capacités techniques. Les modalités du plan images Afrique doivent encore être affinées. Je compte sur vos suggestions, votre engagement et vos idées et je serai heureux que vous me fassiez part, après ces quelques mots, de votre point de vue autour du buffet.
L'enjeu du Plan Images Afrique est donc, vous l'aurez compris, d'aider le cinéma africain à mieux se faire connaître, en Afrique comme à l'étranger. Car l'échange des cultures ne doit pas se faire en sens unique.
Les images qui viennent de votre continent ne sont comme aucune autre. Votre regard, tantôt grave et tantôt léger, porté à la dérision comme à la critique, empreint de fierté et de poésie, est le seul qui puisse réellement saisir la vie des Africains : leurs difficultés, leur attachement aux traditions et le désir de modernité, mais surtout leur vitalité et leurs espérances. Voilà pourquoi il nous est si précieux.
La France, vous le savez, s'attache à défendre, aux côtés de nombreux pays, le principe de la diversité culturelle. Elle refuse l'idée d'un monde soumis à une culture standardisée, voué à une seule forme d'images fabriquées à partir des stéréotypes et des lois du marché. Le cinéma et l'audiovisuel sont, à cet égard, des secteurs plus exposés que les autres. C'est la raison pour laquelle nous mettons tout en uvre pour faire adopter un véritable instrument international, capable de promouvoir cette diversité culturelle. C'est tout l'enjeu de la convention qui, nous l'espérons, sera adoptée à l'UNESCO d'ici 2005 si nous parvenons à conjuguer nos efforts.
A toutes et à tous, je vous souhaite un excellent FESPACO et je n'aurais qu'un mot pour terminer avant de mieux vous retrouver autour du buffet : Vive le cinéma africain ! .
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2003)
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis de participer à cette 18ème édition du FESPACO qui est devenu, au fil des années, le rendez-vous incontournable du cinéma et de l'audiovisuel africains.
Je suis venu pour vous dire, à cette occasion, que la France est plus que jamais décidée à apporter son appui aux créateurs et aux artistes qui s'expriment dans ces disciplines.
Parmi les films qui seront projetés cette année, pas moins de seize Etats concourent dont onze pour la seule sélection officielle de "l'Etalon de Yennenga".
A chaque nouvelle édition, le FESPACO gagne en maturité. Si son organisation est devenue une vaste entreprise, le FESPACO a su garder une ambiance très chaleureuse, celle d'une véritable fête. La fête du cinéma africain.
Par son audience et sa renommée, le FESPACO offre à de nombreux professionnels du cinéma l'occasion de faire connaître leur talent et leur travail. Les noms de Souleymane Cissé, Idrissa Ouedraogo, Cheikh Omar Sissoko sont intimement liés à l'aventure du FESPACO.
Je tiens à cet égard à saluer l'aide précieuse qu'apportent TV5, ARTE, CFI et Radio France internationale en se faisant, bien sûr, l'écho du festival pendant ces journées privilégiées mais en offrant plus fondamentalement une vitrine et une tribune au cinéma africain tout au long de l'année, voire en coproduisant des films.
Pour autant, je n'ignore pas les difficultés que rencontre encore trop souvent le cinéma africain. Je sais qu'il n'est pas facile pour un réalisateur de trouver les moyens de financer un film, de le distribuer et de le faire connaître. Quant aux comédiens qui sont cette année à l'honneur - puisque cette édition leur est dédiée -, les occasions de jouer se font encore trop rares pour leur permettre de vivre de leur art et de se faire un nom. Cette situation est d'autant plus paradoxale qu'au même moment, l'Afrique voit émerger une nouvelle génération d'artistes et de talents.
De plus en plus de comédiens acquièrent une notoriété, enchaînent les tournages en Afrique, en France et ailleurs. Des vedettes comme Sotigui Kouyaté, Ibrahim Cissé, Tola Koukoui, Gérard Essomba existent déjà depuis longtemps. Djimoun Hounsoun fait désormais carrière aux Etats-Unis. Et sur leurs traces, les jeunes gagnent, peu à peu, le haut de l'affiche. Je pense à Fatou N'Diaye, Alex Descas ou encore à Nadège Beausson-Diagne pour n'en citer que quelques-uns. Bien d'autres, j'en suis sûr, se feront connaître dans un avenir proche.
Depuis "Afrique sur Seine", le premier film africain réalisé à la fin des années 50 par le regretté Paulin Vieyra, la France n'a cessé de soutenir le cinéma africain. Certains d'entre vous se souviennent sans doute des tables de montage installées boulevard des Invalides dans les bureaux du ministère de la Coopération !
Aux temps héroïques ont succédé des formes d'aide plus professionnelles et la France est désormais présente à vos côtés à tous les niveaux de la production, de la diffusion et de la distribution.
Elle joue d'abord un rôle déterminant sur le terrain via son réseau culturel qui constitue autant de points d'accueil pour les cinéastes, les distributeurs et les opérations de promotion. La genèse même du FESPACO en porte témoignage.
Elle demeure par ailleurs un des principaux mécènes des films africains grâce à des mécanismes comme le fonds sud ou l'aide directe que nous appelons aujourd'hui l'ADCSud. L'aide aux cinémas africains au sens large, c'est à dire incluant l'Afrique du Nord, a représenté en moyenne 3 millions d'euros annuels entre 1990 et 2001. Il est à cet égard encourageant de constater que l'AIF et l'Union européenne nous ont rejoints dans cette entreprise.
Enfin, je rappellerai que le ministère français des Affaires étrangères s'efforce également de développer la maîtrise des métiers de l'image en soutenant chaque année de nombreuses actions de formation, à travers la FEMIS, l'école Louis Lumière ou les ateliers Varan. Mais il favorise aussi la création de structures locales comme le futur "Institut régional de l'image et du son" qui devrait ouvrir ses portes prochainement, ici même, à Ouagadougou, et qui formera des techniciens du cinéma.
Il s'agit aujourd'hui d'aller plus loin. Car nous partageons l'ambition de doter le continent africain d'une véritable industrie cinématographique mais également d'une industrie de production audiovisuelle capable de créer des programmes de télévision en nombre et en qualité. Les étapes les plus délicates de la chaîne du cinéma, en Afrique comme ailleurs, se situent, à mon sens, en amont et en aval de la production, autrement dit au moment de l'écriture et du développement des projets, d'une part, et au moment de la distribution des films, d'autre part. C'est donc précisément ces deux caps délicats que nous devons vous aider à franchir sans pour autant réduire le volume des fonds consacrés à la production.
Nous préparons à cette fin une série d'initiatives et de projets. Nous venons, par exemple, d'organiser une très belle rencontre entre cinéastes et écrivains à Bamako, dans le cadre du festival "Etonnants voyageurs". Elle devrait déboucher sur un programme qui s'intitulerait tout naturellement "Etonnants scénarios".
S'agissant de la distribution, qui constitue notre priorité car elle est l'étape la plus déterminante pour le succès d'un film, nous avançons sérieusement avec l'Agence de la Francophonie et l'Union européenne vers la mise en place d'un mécanisme d'aide commun.
Cet ajustement nécessaire de notre dispositif de soutien, nous le conduirons, en concertation avec les professionnels et nos partenaires, dans le cadre du Plan images Afrique qui va être prochainement mis en place. Ce plan triennal développera une démarche d'ensemble pour aider l'Afrique à créer ses propres images, au cinéma mais aussi à la télévision car ce mode de communication mérite des images de qualité et des productions propres. Cela passe par la formation professionnelle, l'aide à la distribution, le renforcement des capacités techniques. Les modalités du plan images Afrique doivent encore être affinées. Je compte sur vos suggestions, votre engagement et vos idées et je serai heureux que vous me fassiez part, après ces quelques mots, de votre point de vue autour du buffet.
L'enjeu du Plan Images Afrique est donc, vous l'aurez compris, d'aider le cinéma africain à mieux se faire connaître, en Afrique comme à l'étranger. Car l'échange des cultures ne doit pas se faire en sens unique.
Les images qui viennent de votre continent ne sont comme aucune autre. Votre regard, tantôt grave et tantôt léger, porté à la dérision comme à la critique, empreint de fierté et de poésie, est le seul qui puisse réellement saisir la vie des Africains : leurs difficultés, leur attachement aux traditions et le désir de modernité, mais surtout leur vitalité et leurs espérances. Voilà pourquoi il nous est si précieux.
La France, vous le savez, s'attache à défendre, aux côtés de nombreux pays, le principe de la diversité culturelle. Elle refuse l'idée d'un monde soumis à une culture standardisée, voué à une seule forme d'images fabriquées à partir des stéréotypes et des lois du marché. Le cinéma et l'audiovisuel sont, à cet égard, des secteurs plus exposés que les autres. C'est la raison pour laquelle nous mettons tout en uvre pour faire adopter un véritable instrument international, capable de promouvoir cette diversité culturelle. C'est tout l'enjeu de la convention qui, nous l'espérons, sera adoptée à l'UNESCO d'ici 2005 si nous parvenons à conjuguer nos efforts.
A toutes et à tous, je vous souhaite un excellent FESPACO et je n'aurais qu'un mot pour terminer avant de mieux vous retrouver autour du buffet : Vive le cinéma africain ! .
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2003)