Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire combien Dominique de Villepin, qui devait prendre la parole devant vous ce soir, regrette d'avoir été contraint de renoncer à ce rendez-vous. Il aurait aimé pouvoir vous rencontrer et vous féliciter pour votre précieuse contribution au renforcement du partenariat que l'Union européenne et l'Amérique latine ont entrepris de construire ensemble. En ces temps difficiles, ses responsabilités, vous le savez, l'obligent souvent à répondre à l'appel de l'urgence au détriment d'activités inscrites dans son programme et auxquelles il attachait beaucoup de prix. Il en est ainsi de la clôture de ce colloque.
Il m'a donc demandé de le remplacer auprès de vous et j'ai plaisir à m'acquitter de cette responsabilité devant une assemblée aussi impressionnante par le nombre que par la qualité des participants. Je salue tout particulièrement la présence parmi vous de M. Enrique Iglesias, président de la Banque interaméricaine de Développement et de M. Fernando Henrique Cardoso, président du Brésil jusqu'au 31 décembre dernier.
La Banque interaméricaine de Développement a bien voulu co-parrainer ce colloque avec le ministère des Affaires étrangères. Je tiens à en remercier M. Iglesias et, puisque l'occasion m'en est offerte aujourd'hui, à lui dire combien le gouvernement français apprécie l'action remarquable de la BID en faveur des pays d'Amérique. Le rôle de cette institution, qui est la plus importante des banques régionales de développement, est en effet primordial, non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans la consolidation des institutions démocratiques et de l'Etat de droit, de même que dans les progrès de l'éducation et de la santé. Il me semble utile à cet égard de relever que la moitié des crédits de la BID sont destinés à des programmes sociaux. La France continuera de contribuer activement aux activités de la Banque par l'intermédiaire de son Fonds fiduciaire.
Je remercie les présidents de la BID et toutes les hautes personnalités ici présentes qui ont bien voulu prendre part aujourd'hui à ce colloque. Les rencontres euro-latino-américaines, ou franco-latino-américaines sur le thème des relations entre nos deux régions, ne sont malheureusement pas si fréquentes. Il y a certes, le très intéressant séminaire annuel organisé à Biarritz par mon ami le sénateur Borotra, auquel certains de vous ont participé. Il est essentiel à mes yeux qu'au-delà des contacts gouvernementaux, de hauts responsables appartenant aux milieux économiques et financiers, au monde universitaire, ou encore à d'importantes organisations ou institutions internationales, aient ainsi l'occasion d'échanger leurs vues et de réfléchir ensemble à notre avenir commun. C'est ce que vous avez fait au cours de cette journée et la synthèse qui vient d'en être effectuée montre que vos travaux ont été fructueux. Permettez-moi par conséquent de vous féliciter pour la contribution que vous avez apportée à une meilleure connaissance réciproque et, par conséquent, à une meilleure compréhension entre la France et l'Europe d'une part, et l'Amérique latine d'autre part.
Sans doute, devons-nous éviter l'écueil de ce que j'appellerai la simplification idyllique ou l'autosatisfaction béate : nous savons bien que l'Europe ne répond que partiellement aux demandes de l'Amérique latine et que nous avons, en particulier sur le thème de la politique agricole, de réelles différences d'approche. Mais il ne faut pas non plus exagérer l'importance de ce dossier qui a déjà évolué favorablement avec la réforme de la Politique agricole commune et devrait connaître de nouveaux développements positifs dans les prochaines années.
L'essentiel cependant n'est pas là. L'essentiel, comme Dominique de Villepin l'a souligné dans le discours qu'il a prononcé le 29 novembre dernier à Bogota, c'est que notre vision analogue du monde, notre même attachement à la démocratie et à l'Etat de droit, au respect du droit international et à l'action collective fondée sur une éthique de responsabilité, bref notre communauté de valeurs, nous offrent une base solide pour faire face ensemble aux grands défis d'un monde devenu, en ce début de siècle, singulièrement incertain, instable et dangereux. Ces défis, nous les avons tous à l'esprit, et je me contenterai de mentionner les plus pressants : il nous faut tout à la fois, lutter contre le terrorisme, l'intégrisme et la criminalité internationale, sans remettre en cause la démocratie et l'Etat de droit ; assurer le développement sans mettre en danger les fragiles équilibres de l'environnement ; réduire les inégalités entre les nations et en leur sein sans nuire à la croissance ; humaniser la mondialisation en "mondialisant la solidarité", selon la formule du président Chirac ; empêcher la prolifération des armes de destruction massive sans risquer d'alimenter les forces de la haine qui engendrent le terrorisme ; conforter la diversité culturelle, aujourd'hui menacée en Europe comme en Amérique latine ; réduire, enfin, le risque financier qui pèse notamment sur les économies latino-américaines et aider les pays en crise à retrouver le chemin de la croissance : c'est dans ce sens que la diplomatie française, devant la gravité de la situation de l'Argentine, n'a cessé de plaider auprès de ses partenaires.
Les travaux du Conseil de sécurité, où siègent avec nous le Mexique et le Chili, de même que les rencontres bilatérales telles que l'importante visite que vient de faire en France le président Lula da Silva, confirment que nos pays ont la volonté de joindre leurs efforts et leurs énergies pour relever tous ces défis. Nous apprécions hautement l'apport de l'Amérique latine dans le grand débat en cours sur l'organisation du monde, la réforme des institutions financières internationales, la lutte contre la pauvreté : à cet égard, les entretiens que le président Chirac a eus hier avec le président Lula da Silva ont été du plus grand intérêt dans la perspective du Sommet d'Evian que la France, présidente du G8, prépare activement.
Mais notre intérêt pour l'Amérique latine va bien au-delà de ces préoccupations communes devant l'évolution du monde. La France, en effet, est d'Amérique : son drapeau flotte sur ce continent, dans les Antilles et en Guyane. Notre plus longue frontière terrestre n'est pas en Europe : c'est celle qui sépare la Guyane française du Brésil.
Je ne m'étendrai pas sur la présence culturelle de la France en Amérique latine, qui est ancienne : chacun connaît les liens qui, dès l'indépendance des anciennes colonies espagnoles et portugaises, ont uni nos élites, l'influence que les idées de la Révolution ont exercée sur les libérateurs, celle de notre droit sur les constitutions et les lois des jeunes nations latino-américaines. Aujourd'hui, certes, la langue et la culture françaises n'ont plus tout à fait le même rayonnement, mais la densité de notre niveau de lycées, d'alliances et d'instituts français témoigne de l'intérêt que nous continuons de porter à notre action culturelle en Amérique latine. S'y ajoutent d'ambitieux programmes français et européens de coopération technique et scientifique mis en uvre au bénéfice de secteurs très divers, qu'il s'agisse de l'environnement, des échanges universitaires, de la lutte contre le trafic de drogue ou de la modernisation de l'Etat. Ce dernier domaine revêt une importance croissante, avec une aide à la formation de juristes, de magistrats, de fonctionnaires.
Non moins remarquable est l'expansion de nos relations économiques. Les entreprises françaises ont certes tardé à porter leurs regards vers l'Amérique latine. Mais elles l'ont fait de manière déterminée au cours des dernières années. Nos exportations vers cette partie du monde ont plus que quintuplé depuis 1990. Surtout, les entreprises françaises ont investi massivement, en particulier dans le Cône sud, ainsi qu'au Venezuela. Les accords d'association qui ont été conclus avec le Mexique puis avec le Chili, celui qui le sera bientôt, nous l'espérons, avec le Mercosur, devraient donner une impulsion supplémentaire aux échanges commerciaux et aux investissements réciproques.
Cette présence culturelle et économique est désormais complétée par une étroite coopération politique. J'évoquais tout à l'heure la communauté de valeurs qui nous permet d'agir ensemble sur la scène internationale. Notre dialogue politique ne cesse de se développer, non seulement dans les relations bilatérales avec chacun des pays d'Amérique latine, mais aussi dans le cadre régional : l'Union européenne tient des rencontres régulières avec le Groupe de Rio, avec la communauté andine, le Mercosur, les pays d'Amérique Centrale, ceux des Caraïbes ... En outre, depuis 1999, ces dispositifs ont été complétés par l'institution de sommets réguliers entre l'ensemble des pays d'Amérique latine et ceux de l'Union européenne. La France, vous le savez, a joué un rôle décisif, en liaison avec l'Espagne, dans l'instauration de ces rencontres au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, car la dimension européenne est devenue une priorité de notre action extérieure : s'il peut y avoir des rivalités occasionnelles entre les pays européens, s'ils restent souvent concurrents sur les marchés latino-américains, ils s'efforcent de plus en plus d'agir dans la complémentarité, de manière solidaire. L'Union européenne est aujourd'hui une réalité non seulement sur le Vieux Continent, mais aussi à l'extérieur, y compris en Amérique latine.
Ce processus d'intégration régionale se manifeste aussi, au demeurant, sur le continent américain. Les organisations régionales y sont nombreuses, depuis le marché commun centre américain créé dès 1960 jusqu'au Mercosur né il y a moins de dix ans. Ces regroupements à vocation d'abord économique et commerciale, mais aussi politique et culturelle, répondent à un besoin ressenti partout. Il convient de les encourager, car ils favorisent la disparition des querelles de voisinage, ils sont à la fois un facteur de paix, de croissance économique et de développement social. Le monde de demain sera sans doute, plus qu'un conglomérat de nations individuelles, un ensemble d'organisations régionales ayant chacune une identité propre, qui tisseront entre elles un réseau toujours plus dense de liens de toute nature au bénéfice de tous les Etats-membres. Faisons en sorte que ces liens soient particulièrement solides et diversifiés entre l'Europe et l'Amérique latine car c'est notre intérêt commun.
Deux grandes questions ont été posées aujourd'hui dans le cadre des tables-rondes du colloque : que partageons-nous entre Européens et Latino-Américains et qu'attendons-nous des uns et des autres ? Ces attentes mutuelles, on l'a vu, sont considérables. Mais ce que nous avons en partage l'est également. Parce que nous avons une vision commune, nous serons en mesure, je n'en doute pas, de répondre à ces attentes réciproques. La France s'efforcera d'y contribuer.
Mais les gouvernements, chacun le sait, ne peuvent tout faire. Les sociétés civiles doivent-elles aussi faire entendre leurs voix : elles le feront d'autant mieux qu'elles auront davantage d'occasions de rencontres et d'échange. Quand les colloques internationaux réunissent des personnalités en mesure de beaucoup apporter mais aussi d'écouter et de recevoir, ils font avancer la coopération et l'amitié. C'est ce que vous avez accompli aujourd'hui.
Je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 janvier 2003)
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire combien Dominique de Villepin, qui devait prendre la parole devant vous ce soir, regrette d'avoir été contraint de renoncer à ce rendez-vous. Il aurait aimé pouvoir vous rencontrer et vous féliciter pour votre précieuse contribution au renforcement du partenariat que l'Union européenne et l'Amérique latine ont entrepris de construire ensemble. En ces temps difficiles, ses responsabilités, vous le savez, l'obligent souvent à répondre à l'appel de l'urgence au détriment d'activités inscrites dans son programme et auxquelles il attachait beaucoup de prix. Il en est ainsi de la clôture de ce colloque.
Il m'a donc demandé de le remplacer auprès de vous et j'ai plaisir à m'acquitter de cette responsabilité devant une assemblée aussi impressionnante par le nombre que par la qualité des participants. Je salue tout particulièrement la présence parmi vous de M. Enrique Iglesias, président de la Banque interaméricaine de Développement et de M. Fernando Henrique Cardoso, président du Brésil jusqu'au 31 décembre dernier.
La Banque interaméricaine de Développement a bien voulu co-parrainer ce colloque avec le ministère des Affaires étrangères. Je tiens à en remercier M. Iglesias et, puisque l'occasion m'en est offerte aujourd'hui, à lui dire combien le gouvernement français apprécie l'action remarquable de la BID en faveur des pays d'Amérique. Le rôle de cette institution, qui est la plus importante des banques régionales de développement, est en effet primordial, non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans la consolidation des institutions démocratiques et de l'Etat de droit, de même que dans les progrès de l'éducation et de la santé. Il me semble utile à cet égard de relever que la moitié des crédits de la BID sont destinés à des programmes sociaux. La France continuera de contribuer activement aux activités de la Banque par l'intermédiaire de son Fonds fiduciaire.
Je remercie les présidents de la BID et toutes les hautes personnalités ici présentes qui ont bien voulu prendre part aujourd'hui à ce colloque. Les rencontres euro-latino-américaines, ou franco-latino-américaines sur le thème des relations entre nos deux régions, ne sont malheureusement pas si fréquentes. Il y a certes, le très intéressant séminaire annuel organisé à Biarritz par mon ami le sénateur Borotra, auquel certains de vous ont participé. Il est essentiel à mes yeux qu'au-delà des contacts gouvernementaux, de hauts responsables appartenant aux milieux économiques et financiers, au monde universitaire, ou encore à d'importantes organisations ou institutions internationales, aient ainsi l'occasion d'échanger leurs vues et de réfléchir ensemble à notre avenir commun. C'est ce que vous avez fait au cours de cette journée et la synthèse qui vient d'en être effectuée montre que vos travaux ont été fructueux. Permettez-moi par conséquent de vous féliciter pour la contribution que vous avez apportée à une meilleure connaissance réciproque et, par conséquent, à une meilleure compréhension entre la France et l'Europe d'une part, et l'Amérique latine d'autre part.
Sans doute, devons-nous éviter l'écueil de ce que j'appellerai la simplification idyllique ou l'autosatisfaction béate : nous savons bien que l'Europe ne répond que partiellement aux demandes de l'Amérique latine et que nous avons, en particulier sur le thème de la politique agricole, de réelles différences d'approche. Mais il ne faut pas non plus exagérer l'importance de ce dossier qui a déjà évolué favorablement avec la réforme de la Politique agricole commune et devrait connaître de nouveaux développements positifs dans les prochaines années.
L'essentiel cependant n'est pas là. L'essentiel, comme Dominique de Villepin l'a souligné dans le discours qu'il a prononcé le 29 novembre dernier à Bogota, c'est que notre vision analogue du monde, notre même attachement à la démocratie et à l'Etat de droit, au respect du droit international et à l'action collective fondée sur une éthique de responsabilité, bref notre communauté de valeurs, nous offrent une base solide pour faire face ensemble aux grands défis d'un monde devenu, en ce début de siècle, singulièrement incertain, instable et dangereux. Ces défis, nous les avons tous à l'esprit, et je me contenterai de mentionner les plus pressants : il nous faut tout à la fois, lutter contre le terrorisme, l'intégrisme et la criminalité internationale, sans remettre en cause la démocratie et l'Etat de droit ; assurer le développement sans mettre en danger les fragiles équilibres de l'environnement ; réduire les inégalités entre les nations et en leur sein sans nuire à la croissance ; humaniser la mondialisation en "mondialisant la solidarité", selon la formule du président Chirac ; empêcher la prolifération des armes de destruction massive sans risquer d'alimenter les forces de la haine qui engendrent le terrorisme ; conforter la diversité culturelle, aujourd'hui menacée en Europe comme en Amérique latine ; réduire, enfin, le risque financier qui pèse notamment sur les économies latino-américaines et aider les pays en crise à retrouver le chemin de la croissance : c'est dans ce sens que la diplomatie française, devant la gravité de la situation de l'Argentine, n'a cessé de plaider auprès de ses partenaires.
Les travaux du Conseil de sécurité, où siègent avec nous le Mexique et le Chili, de même que les rencontres bilatérales telles que l'importante visite que vient de faire en France le président Lula da Silva, confirment que nos pays ont la volonté de joindre leurs efforts et leurs énergies pour relever tous ces défis. Nous apprécions hautement l'apport de l'Amérique latine dans le grand débat en cours sur l'organisation du monde, la réforme des institutions financières internationales, la lutte contre la pauvreté : à cet égard, les entretiens que le président Chirac a eus hier avec le président Lula da Silva ont été du plus grand intérêt dans la perspective du Sommet d'Evian que la France, présidente du G8, prépare activement.
Mais notre intérêt pour l'Amérique latine va bien au-delà de ces préoccupations communes devant l'évolution du monde. La France, en effet, est d'Amérique : son drapeau flotte sur ce continent, dans les Antilles et en Guyane. Notre plus longue frontière terrestre n'est pas en Europe : c'est celle qui sépare la Guyane française du Brésil.
Je ne m'étendrai pas sur la présence culturelle de la France en Amérique latine, qui est ancienne : chacun connaît les liens qui, dès l'indépendance des anciennes colonies espagnoles et portugaises, ont uni nos élites, l'influence que les idées de la Révolution ont exercée sur les libérateurs, celle de notre droit sur les constitutions et les lois des jeunes nations latino-américaines. Aujourd'hui, certes, la langue et la culture françaises n'ont plus tout à fait le même rayonnement, mais la densité de notre niveau de lycées, d'alliances et d'instituts français témoigne de l'intérêt que nous continuons de porter à notre action culturelle en Amérique latine. S'y ajoutent d'ambitieux programmes français et européens de coopération technique et scientifique mis en uvre au bénéfice de secteurs très divers, qu'il s'agisse de l'environnement, des échanges universitaires, de la lutte contre le trafic de drogue ou de la modernisation de l'Etat. Ce dernier domaine revêt une importance croissante, avec une aide à la formation de juristes, de magistrats, de fonctionnaires.
Non moins remarquable est l'expansion de nos relations économiques. Les entreprises françaises ont certes tardé à porter leurs regards vers l'Amérique latine. Mais elles l'ont fait de manière déterminée au cours des dernières années. Nos exportations vers cette partie du monde ont plus que quintuplé depuis 1990. Surtout, les entreprises françaises ont investi massivement, en particulier dans le Cône sud, ainsi qu'au Venezuela. Les accords d'association qui ont été conclus avec le Mexique puis avec le Chili, celui qui le sera bientôt, nous l'espérons, avec le Mercosur, devraient donner une impulsion supplémentaire aux échanges commerciaux et aux investissements réciproques.
Cette présence culturelle et économique est désormais complétée par une étroite coopération politique. J'évoquais tout à l'heure la communauté de valeurs qui nous permet d'agir ensemble sur la scène internationale. Notre dialogue politique ne cesse de se développer, non seulement dans les relations bilatérales avec chacun des pays d'Amérique latine, mais aussi dans le cadre régional : l'Union européenne tient des rencontres régulières avec le Groupe de Rio, avec la communauté andine, le Mercosur, les pays d'Amérique Centrale, ceux des Caraïbes ... En outre, depuis 1999, ces dispositifs ont été complétés par l'institution de sommets réguliers entre l'ensemble des pays d'Amérique latine et ceux de l'Union européenne. La France, vous le savez, a joué un rôle décisif, en liaison avec l'Espagne, dans l'instauration de ces rencontres au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, car la dimension européenne est devenue une priorité de notre action extérieure : s'il peut y avoir des rivalités occasionnelles entre les pays européens, s'ils restent souvent concurrents sur les marchés latino-américains, ils s'efforcent de plus en plus d'agir dans la complémentarité, de manière solidaire. L'Union européenne est aujourd'hui une réalité non seulement sur le Vieux Continent, mais aussi à l'extérieur, y compris en Amérique latine.
Ce processus d'intégration régionale se manifeste aussi, au demeurant, sur le continent américain. Les organisations régionales y sont nombreuses, depuis le marché commun centre américain créé dès 1960 jusqu'au Mercosur né il y a moins de dix ans. Ces regroupements à vocation d'abord économique et commerciale, mais aussi politique et culturelle, répondent à un besoin ressenti partout. Il convient de les encourager, car ils favorisent la disparition des querelles de voisinage, ils sont à la fois un facteur de paix, de croissance économique et de développement social. Le monde de demain sera sans doute, plus qu'un conglomérat de nations individuelles, un ensemble d'organisations régionales ayant chacune une identité propre, qui tisseront entre elles un réseau toujours plus dense de liens de toute nature au bénéfice de tous les Etats-membres. Faisons en sorte que ces liens soient particulièrement solides et diversifiés entre l'Europe et l'Amérique latine car c'est notre intérêt commun.
Deux grandes questions ont été posées aujourd'hui dans le cadre des tables-rondes du colloque : que partageons-nous entre Européens et Latino-Américains et qu'attendons-nous des uns et des autres ? Ces attentes mutuelles, on l'a vu, sont considérables. Mais ce que nous avons en partage l'est également. Parce que nous avons une vision commune, nous serons en mesure, je n'en doute pas, de répondre à ces attentes réciproques. La France s'efforcera d'y contribuer.
Mais les gouvernements, chacun le sait, ne peuvent tout faire. Les sociétés civiles doivent-elles aussi faire entendre leurs voix : elles le feront d'autant mieux qu'elles auront davantage d'occasions de rencontres et d'échange. Quand les colloques internationaux réunissent des personnalités en mesure de beaucoup apporter mais aussi d'écouter et de recevoir, ils font avancer la coopération et l'amitié. C'est ce que vous avez accompli aujourd'hui.
Je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 janvier 2003)