Texte intégral
L'Est-Eclair : Alain Juppé, voyez-vous dans le conflit irakien un aveu d'échec de la politique au profit des seuls rapports de force ?
Alain Juppé: non, je crois que c'est plutôt un conflit entre deux visions politiques. D'un côté le point de vue de la France, partagé par une grande majorité de pays, qui repose sur le dialogue et les résolutions de l'ONU, et qui considère la guerre comme un ultime recours. Et de l'autre les Etats-Unis, la super-puissance qui a préféré privilégier l'usage de la force.
L'Est-Eclair : quelques voix divergentes se sont élevées au sein même de l'UMP sur ce dossier...
Alain Juppé: l'UMP soutient sans équivoque la position du Président de la République. On a certes noté des différences d'appréciation, notamment sur les relations transatlantiques. Ce qui démontre le caractère démocratique de notre formation.
L'Est-Eclair : croyez-vous en la possibilité d'imposer par les armes un régime démocratique en Irak ?
Alain Juppé: non, qui peut y croire d'ailleurs, même aux Etats-Unis... Il n'est pas possible d'imaginer un retour à la paix sans les Nations Unies. Il n'existe aucun exemple de règlement durable d'un conflit qui ne soit de caractère politique.
L'Est-Eclair : vous pensez donc que l'ONU va pouvoir retrouver son leadership à l'issue du conflit ?
Alain Juppé: c'est incontournable. C'est vrai pour le conflit avec l'Irak, c'est vrai aussi avec le conflit israëlo-palestinien. A l'évidence, il est nécessaire de définir une solution politique qui passe par les Nations Unies.
L'Est-Eclair : comment retrouver le chemin de la dynamique ?
Alain Juppé: notre volonté est de continuer le dialogue avec tous nos partenaires. Au sein de l'UMP, nous avons plusieurs parlementaires qui vont se rendre dans des capitales européennes pour transmettre notre message afin de repartir sur de nouvelles bases. Je suis en tout cas persuadé que ce qui a été construit depuis cinquante ans n'est pas prêt de s'effondrer. S'agissant de l'Europe, il faudra définir si nous voulons devenir une vaste aire de prospérité économique, vassale des Etats-Unis, ou bien un acteur à part entière.
L'Est-Eclair : pensez-vous qu'un nouvel ordre mondial soit en train de voir le jour, redéfinissant les zones d'influence ?
Alain Juppé: actuellement, ce serait plutôt le désordre mondial. Il nous faut reprendre nos efforts pour construire une nouvelle gouvernance mondiale, comme on a commencé à le faire avec l'organisation mondiale du commerce (OMC) ou la Cour Pénale Internationale, pour prendre deux domaines très différents.
L'Est-Eclair : le positionnement de certains pays de l'Est dans ce conflit risque-t-il de perturber l'ouverture de l'Union européenne ?
Alain Juppé: je pense que le temps est venu d'un grand dialogue de franchise avec ces pays.
L'Est-Eclair : le ministre des finances estime que les dégâts sur l'économie liés au conflit irakien sont derrière nous. Le trouvez-vous optimiste ?
Alain Juppé: Dieu l'entende ! Pour ma part, j'ai appris à être d'une grande prudence en matière de prévisions. Malgré le conflit, les réformes se poursuivent en France.
L'Est-Eclair : partagez-vous l'analyse de Francis Mer sur le dossier des retraites ?
Alain Juppé: on avance bien sur ce dossier. Je souligne d'ailleurs que pour la première fois un parti, l'UMP, s'est particulièrement impliqué en la matière. Jean-Pierre Raffarin me l'a encore dit voilà quelques heures. Le débat a été riche avec les syndicats, mais aussi avec le Medef. Sur ce dossier, la méthode du gouvernement est excellente. Le temps est maintenu venu des décisions, avec une nécessaire harmonisation des conditions de retraite entre le public et le privé.
L'Est-Eclair : soutenez-vous sans réserve l'action de Jean-Pierre Raffarin dans ce contexte d'instabilité ?
Alain Juppé: je lui apporte effectivement un soutien sans réserve. Son action est parfaitement en ligne avec les engagements pris lors des législatives et de l'élection présidentielle. Notamment sur la sécurité, la justice, la défense, les 35 heures...
L'Est-Eclair : l'UMP est le seul parti à avoir soutenu le seuil des 10 % des inscrits pour être présent au deuxième tour des élections régionales. Comment expliquez-vous cet isolement ?
Alain Juppé: je considère que c'est une excellente réforme, une réforme démocratique. Cela évite que les décisions soient prises lors de la troisième mi-temps, dans les couloirs comme en 1998. Evidemment, ça ne permettra plus à certains partis de jouer la politique de l'échec. Mais chacun pourra avoir sa place. L'UMP propose d'ailleurs un partenariat avec l'UDF.
L'Est-Eclair : quel message venez-vous délivrer aux militants UMP de l'Aube ?
Alain Juppé: je viens leur dire que leur département en matière d'union est exemplaire. Il y existe un bon climat. Je rappelle que c'est un département que je connais bien. J'avais été collaborateur de Robert Galley en 1976 et 1977 lorsqu'il était ministre de la coopération dans le gouvernement de Raymond Barre. Et puis je connais bien François Baroin...
L'Est-Eclair : certaines mauvaises langues disent que vos relations avec le député-maire de Troyes sont distantes...
Alain Juppé: François Baroin est l'un des deux porte-paroles de l'UMP, il fait aussi partie de la commission exécutive. C'est un ami et il a toute ma confiance.
(Source http://home.u-m-p.org, le 27 mars 2003)
Alain Juppé: non, je crois que c'est plutôt un conflit entre deux visions politiques. D'un côté le point de vue de la France, partagé par une grande majorité de pays, qui repose sur le dialogue et les résolutions de l'ONU, et qui considère la guerre comme un ultime recours. Et de l'autre les Etats-Unis, la super-puissance qui a préféré privilégier l'usage de la force.
L'Est-Eclair : quelques voix divergentes se sont élevées au sein même de l'UMP sur ce dossier...
Alain Juppé: l'UMP soutient sans équivoque la position du Président de la République. On a certes noté des différences d'appréciation, notamment sur les relations transatlantiques. Ce qui démontre le caractère démocratique de notre formation.
L'Est-Eclair : croyez-vous en la possibilité d'imposer par les armes un régime démocratique en Irak ?
Alain Juppé: non, qui peut y croire d'ailleurs, même aux Etats-Unis... Il n'est pas possible d'imaginer un retour à la paix sans les Nations Unies. Il n'existe aucun exemple de règlement durable d'un conflit qui ne soit de caractère politique.
L'Est-Eclair : vous pensez donc que l'ONU va pouvoir retrouver son leadership à l'issue du conflit ?
Alain Juppé: c'est incontournable. C'est vrai pour le conflit avec l'Irak, c'est vrai aussi avec le conflit israëlo-palestinien. A l'évidence, il est nécessaire de définir une solution politique qui passe par les Nations Unies.
L'Est-Eclair : comment retrouver le chemin de la dynamique ?
Alain Juppé: notre volonté est de continuer le dialogue avec tous nos partenaires. Au sein de l'UMP, nous avons plusieurs parlementaires qui vont se rendre dans des capitales européennes pour transmettre notre message afin de repartir sur de nouvelles bases. Je suis en tout cas persuadé que ce qui a été construit depuis cinquante ans n'est pas prêt de s'effondrer. S'agissant de l'Europe, il faudra définir si nous voulons devenir une vaste aire de prospérité économique, vassale des Etats-Unis, ou bien un acteur à part entière.
L'Est-Eclair : pensez-vous qu'un nouvel ordre mondial soit en train de voir le jour, redéfinissant les zones d'influence ?
Alain Juppé: actuellement, ce serait plutôt le désordre mondial. Il nous faut reprendre nos efforts pour construire une nouvelle gouvernance mondiale, comme on a commencé à le faire avec l'organisation mondiale du commerce (OMC) ou la Cour Pénale Internationale, pour prendre deux domaines très différents.
L'Est-Eclair : le positionnement de certains pays de l'Est dans ce conflit risque-t-il de perturber l'ouverture de l'Union européenne ?
Alain Juppé: je pense que le temps est venu d'un grand dialogue de franchise avec ces pays.
L'Est-Eclair : le ministre des finances estime que les dégâts sur l'économie liés au conflit irakien sont derrière nous. Le trouvez-vous optimiste ?
Alain Juppé: Dieu l'entende ! Pour ma part, j'ai appris à être d'une grande prudence en matière de prévisions. Malgré le conflit, les réformes se poursuivent en France.
L'Est-Eclair : partagez-vous l'analyse de Francis Mer sur le dossier des retraites ?
Alain Juppé: on avance bien sur ce dossier. Je souligne d'ailleurs que pour la première fois un parti, l'UMP, s'est particulièrement impliqué en la matière. Jean-Pierre Raffarin me l'a encore dit voilà quelques heures. Le débat a été riche avec les syndicats, mais aussi avec le Medef. Sur ce dossier, la méthode du gouvernement est excellente. Le temps est maintenu venu des décisions, avec une nécessaire harmonisation des conditions de retraite entre le public et le privé.
L'Est-Eclair : soutenez-vous sans réserve l'action de Jean-Pierre Raffarin dans ce contexte d'instabilité ?
Alain Juppé: je lui apporte effectivement un soutien sans réserve. Son action est parfaitement en ligne avec les engagements pris lors des législatives et de l'élection présidentielle. Notamment sur la sécurité, la justice, la défense, les 35 heures...
L'Est-Eclair : l'UMP est le seul parti à avoir soutenu le seuil des 10 % des inscrits pour être présent au deuxième tour des élections régionales. Comment expliquez-vous cet isolement ?
Alain Juppé: je considère que c'est une excellente réforme, une réforme démocratique. Cela évite que les décisions soient prises lors de la troisième mi-temps, dans les couloirs comme en 1998. Evidemment, ça ne permettra plus à certains partis de jouer la politique de l'échec. Mais chacun pourra avoir sa place. L'UMP propose d'ailleurs un partenariat avec l'UDF.
L'Est-Eclair : quel message venez-vous délivrer aux militants UMP de l'Aube ?
Alain Juppé: je viens leur dire que leur département en matière d'union est exemplaire. Il y existe un bon climat. Je rappelle que c'est un département que je connais bien. J'avais été collaborateur de Robert Galley en 1976 et 1977 lorsqu'il était ministre de la coopération dans le gouvernement de Raymond Barre. Et puis je connais bien François Baroin...
L'Est-Eclair : certaines mauvaises langues disent que vos relations avec le député-maire de Troyes sont distantes...
Alain Juppé: François Baroin est l'un des deux porte-paroles de l'UMP, il fait aussi partie de la commission exécutive. C'est un ami et il a toute ma confiance.
(Source http://home.u-m-p.org, le 27 mars 2003)