Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, sur la modernisation et le développement économique du Maroc, Rabat le 25 juillet 2003.

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Circonstance : Voyage officiel de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, au Maroc du 24 au 25 juillet 2003

Texte intégral

Cher monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les entrepreneurs, chers amis,
Je suis très heureux, Monsieur le Premier ministre, d'être à vos côtés aujourd'hui, dans ces circonstances, de mobilisation économique et sociale, en présence de plusieurs membres du gouvernement, de nos gouvernements. C'est pour moi l'occasion de rendre hommage à la volonté de S.M le Roi Mohammed VI qui mène ici, avec détermination, une politique d'ouverture et de démocratisation, et qui permet au gouvernement marocain sous votre autorité, Monsieur le Premier ministre, de bâtir son avenir autour de grands projets d'infrastructures économiques et sociales.
Face à ce défi de la modernisation du Maroc, notamment dans ce domaine économique et social, mon message est simple. Je souhaite que nous puissions progresser ensemble, avec trois volontés réunies. Celle du Maroc, celle de la France, mais aussi celle des acteurs économiques privés que vous représentez. C'est pour cette raison que nous avons tenu, monsieur Driss Jettou et moi-même, à ce que les entreprises puissent participer au processus des séminaires gouvernementaux. Je suis convaincu aujourd'hui que le dialogue entre des pays ne se limite pas au dialogue des gouvernements. Il faut que la Société civile, les forces économiques et sociales s'intègrent aux différentes stratégies, portent des idées, portent des projets et participent ainsi, au combat qui est le notre pour le développement, pour l'emploi, pour la création de richesses. Je souhaite que cette formule soit renouvelée pour le séminaire gouvernemental qui se tiendra en France l'année prochaine. Monsieur le Premier Ministre, j'aurais l'honneur de vous recevoir puisque nos rencontres sont annuelles, et c'est, je crois, très important pour avoir un suivi opérationnel des différents projets, et ainsi, mobiliser des moyens nécessaires.
Parmi tous les sujets que vous avez débattus, la question des infrastructures est évidemment essentielle et j'ai noté les grands projets qui sont engagés par le Gouvernement marocain, qui sont particulièrement ambitieux. Je pense en particulier, mais pas seulement, au projet du port de Tanger-Méditérranée, dont les travaux vont débuter en février, mais aussi, au projet routier et autoroutier, dont la cadence de construction a doublé; ainsi qu'au projet en matière d'infrastructures ferroviaires.
Je voudrais vous dire, Monsieur le Premier Ministre, que la France suit avec une grande attention les chantiers que vous engagez dans le domaine social. Et nous mesurons les efforts qui sont faits en matière d'équipements de proximité. : les logements sociaux, la lutte contre l'habitat insalubre, l'objectif de la généralisation de l'accès aux soins. Je crois que ce sont sujets importants: accès aux soins, accès à l'eau, accès à l'électricité, pour tous, d'ici cinq ans. Ces objectifs sont vitaux, vous les portez pour le développement économique, mais aussi humain du Maroc et nous mesurons combien tout ceci est important. La France et le Maroc sont engagés ensemble, dans ces différents combats pour le développement, et les ministres qui sont avec moi veulent vraiment coopérer à tous ces projets qui concernent l'ensemble des entreprises. Le ministre de l'Industrie, pour les grands projets industriels, mais aussi pour tout ce qui concerne les petites et moyennes entreprises et leur capacité à s'engager dans des projets d'innovation. Le ministre de la Santé, pour tout ce qui concerne, naturellement , l'accès aux soins, mais aussi, et c'est très important, pour toutes les formes modernes de médecine qui permettent, à distance, la télé médecine. Et un certain nombre d'autres grands projets nous permettent d'envisager des coopérations très importantes. Et je crois qu'il y a là, des ambitions qui sont des ambitions communes.
Nous voulons faire en sorte que nos deux économies puissent participer, ainsi, au développement par cette logique de projets, et nous n'hésiterons pas à associer l'Union Européenne, avec laquelle vous avez des relations, avec laquelle vous souhaitez avoir des relations renforcées, avec laquelle la France souhaiterait, avec vous, que le Maroc trouve sa place et son identité dans ce partenariat européen. L'Europe peut, en effet, être pour nous un partenaire important autour de la table de ces projets. Le gouvernement marocain a aussi entamé une profonde modernisation de l'environnement des affaires, du développement économique et des entreprises. Les entreprises françaises attendent évidemment beaucoup dans tous ces domaines, parce que l'implication des acteurs privés, dans des domaines aussi complexes que les infrastructures économiques et sociales, passe souvent par la capacité de prévisibilité, de stabilité juridique, qui permettent évidemment de s'engager sur le long terme. Ce sont des éléments importants, aujourd'hui, du développement économique. Je sais combien ces sujets sont importants pour vous, Monsieur le Premier Ministre, et je pense que ce sont des conditions qui sont nécessaires et possibles pour que nous puissions, ensemble trouver le moyen d'apporter un concours financier à ces différents projets, et que nous fassions preuve, les uns et les autres, d'un peu d'esprit d'innovation, notamment en ingénierie financière.
Nous engageons en France un certain nombre de réformes sur le partenariat public-privé, par exemple, qui nous permettront de porter ensemble un certain nombre de projets. Je crois qu'il est très important que nous puissions avoir des instruments modernes de coopération, qui peuvent répondre au souhait de modernisation économique du Maroc et du développement des entreprises marocaines ou françaises. C'est un élément très important et nous sommes prêts à travailler, avec, notamment, l'expérience des 400 entreprises françaises qui sont déjà présentes, et qui emploient déjà 65 000 personnes au Maroc, et qui peuvent pour les nouveaux venus être à la fois des témoins, mais aussi des partenaires. Et je crois que sur toutes les grandes questions, nous avons à inventer ces formules financières de délégation de service public, de concession, de partenariat public-privé, qui permettent, je crois, vraiment d'intégrer à notre coopération bilatérale le projet de développement des entreprises. C'est un point très important, c'est pour cela que nous souhaitons travailler d'avantage encore ensemble. Le Maroc a un taux de croissance qui fait rêver un Premier ministre français qui doit boucler son budget 2004, et qui le bouclera dans la sérénité et dans la ligne de ses engagements. Ce taux de croissance est très important, il faut que les entreprises françaises le sachent. Et nous pouvons ensemble utiliser cette dynamique, pour en faire un projet commun.
Ca veut dire aussi qu'en France nous avons aussi des mutations à assumer, et des réformes à engager. Il faudra continuer à suivre cette voie. Aujourd'hui le Parlement vient d'adopter la réforme des retraites, c'est une étape importante pour la modernisation du système social. C'est je crois ce qu'il nous faut, des capacités à construire ensemble l'avenir, à donner des perspectives, à donner de la visibilité à l'action publique, c'est ce dont les citoyens ont besoin, mais ce dont les entreprises ont également besoin. Et c'est très important, Monsieur le Premier ministre d'engager nos réflexions, nous en parlions tous les deux ensemble, de manière pluriannuelle, pour pouvoir construire dans le temps. Nous avons besoin de ce temps pour porter les projets et faire en sorte que, avec la stabilité juridique, avec l'inginérie financière, nous soyons en mesure de faire en sorte que, les entreprises d'une part, les gouvernement d'autre part, participent au développement économique et social. La France est prête à soutenir le Maroc dans ses défis pour l'ouverture, le développement et la réforme. Il nous appartient maintenant à tous, entreprises et gouvernements, de relever ce défi et de transformer cette ambition en succès et réalisation concrète.
Merci de votre engagement pour le développement économique et social, et pour l'amitié franco-marocaine.
(Source http://www.ambafrance-ma.org, le 7 août 2003)