Texte intégral
Avant de vous rendre compte de l'entretien que je viens d'avoir avec le ministre Celso Amorim, je souhaite vous dire combien je suis heureux d'être ici aujourd'hui.
Je voudrais tout d'abord vous exposer rapidement les raisons de ma visite au Brésil dans cette période dominée par la crise irakienne et vous dire combien cette visite, la première d'un membre du gouvernement depuis la visite du président Lula da Silva en France, est importante.
Nous avons abordé de nombreux sujets. D'abord, nos relations bilatérales, notamment la préparation du Printemps culturel du Brésil en France en 2005. Nous travaillons aussi sur des rapprochements, comme par exemple la construction des communautés de communes, comme c'est le cas à Marseille, où nous aurons la visite de parlementaires et de maires brésiliens. Nous continuons à travailler sur le dossier de fourniture de matériel pour les polices fédérales ; nous travaillons sur le développement de l'importation et l'exportation d'un certain nombre de denrées et de matériaux industriels brésiliens en Europe. Nous avons avec le Brésil un dialogue politique de haut niveau. La venue dans les prochaines semaines du secrétaire d'Etat au Tourisme, M. Léon Bertrand et de la ministre de l'Environnement, Mme Roselyne Bachelot, témoigne de la force de ce dialogue. Nous travaillons à rapprocher l'Union européenne et le Mercosul, et nous développons une coopération ambitieuse et originale pour soutenir le dialogue entre nos cultures, intensifier les relations entre nos scientifiques et nos universités, encourager nos entreprises à s'associer et à innover.
Il s'agit d'un partenariat stratégique. Nous avons confiance en ce pays, nous avons confiance dans son économie, et nous partageons l'organisation et la vision du monde qui est la sienne.
Nous comptons poursuivre, bien sûr, et amplifier ce partenariat avec le Brésil, d'une part sur ce continent, d'autre part avec l'Union européenne, et bien entendu avec le continent africain, le président Chirac et le président Lula ayant la volonté de travailler conjointement sur ce continent qui a besoin de relations multilatérales.
Avec le ministre des Affaires étrangères, nous avons bien entendu abordé la crise irakienne, nous avons abordé les positions, d'une part des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité et d'autre part des dix autres pays qui ne se sont toujours pas positionnés dans le cadre du vote d'une deuxième résolution, et nous essayons de mettre en place tous les moyens diplomatiques et politiques nécessaires afin que nous puissions éviter la guerre.
Je tiens à souligner l'importance de l'appui que le Brésil apporte à la position défendue au Conseil de sécurité par la France, l'Allemagne et la Russie au sujet de l'Irak.
Nous estimons, en effet, que tout doit être fait pour parvenir au désarmement effectif et complet de ce pays, par la voix pacifique, grâce au renforcement des inspections.
Nous avons également évoqué les actions communes que nous souhaitons développer en faveur d'une mondialisation humanisée et du développement durable.
Je remettrai tout à l'heure au président Lula une lettre signée par le président Chirac. C'est un message d'amitié qui comprend notamment une invitation au G-8 - G-20 au mois de juin à Evian, et qui rappelle notre vision commune d'un monde multipolaire qui respecte la diversité des cultures. Le président Chirac rappelle aussi son désir de venir dès que possible pour l'inauguration du pont sur l'Oyapok.
C'est une visite très courte. Je pars à Rio tout à l'heure pour voir les responsables politiques et administratifs, les entreprises sur place et une partie de la communauté française. Je sais en tout cas que nos compatriotes français sont heureux de travailler et de vivre dans ce très beau pays. Comme cette visite a du être écourtée à cause du contexte international, je reviendrai dans les plus brefs délais, conformément aux engagements qui ont été pris entre nos gouvernements.
J'ai beaucoup parlé, j'attends vos questions !
Q - Quand aura lieu l'inauguration du pont sur l'Oyapok ?
R - D'après les informations que j'ai, il y en a encore pour deux ans.
Q - Le Brésil a une position importante dans l'Amérique latine. Le Mexique et le Chili font partie du Conseil de sécurité et subissent des pressions de la part des Américains. Est-ce que le président Chirac a demandé au Brésil d'aborder cette question directement avec le Mexique et le Chili, c'est-à-dire vérifier qu'ils partagent la position du Brésil, qui est la même que celle des Allemands, des Français et des Russes ?
R - Je crois que le Brésil s'est exprimé de façon très claire. Le président Lula a dit ce qu'il pensait sur ce conflit. Ce conflit doit être évité. Une mécanique a été mise en place dans le cadre de la résolution 1441. Quel est l'objectif ? Désarmer l'Irak, et ceci dans le cadre des inspections. Aujourd'hui, au fur et à mesure des rapports des inspecteurs, nous avons des renseignements très clairs, et nous avons une capacité d'intervention pour détruire les armes de destruction massive. Pour les Russes, les Allemands et les Français, et les Brésiliens, il est clair que la résolution 1441 peut permettre de faire encore plus. Et avec les différents partenaires qui composent le Conseil de sécurité - vous avez aussi, en ce qui concerne la sphère d'influence du Brésil, le Chili, le Mexique et l'Angola -, vous avez des discussions qui se font à tous les niveaux, au niveau des présidents, au niveau des ministres des Affaires étrangères, au niveau des secrétaires d'Etat, au niveau des ambassadeurs permanents. Et, vous voyez bien que la situation évolue toutes les heures, sachant que l'on essaie de mettre en place tous les moyens diplomatiques pour faire en sorte que nous trouvions une solution politique, dans le cadre de la communauté des Nations.
Q - Le gouvernement américain a déjà démontré, clairement, qu'il est en train d'entreprendre de mesures de représailles contre tous ceux qui se positionnent contre la guerre. J'aimerais connaître la position de votre gouvernement, puisqu'on peut voir déjà des mesures de représailles contre d'autres pays.
R - Je n'ai pas connaissance de mesures de représailles contre d'autres pays. Je sais que je siège toutes les semaines avec Dominique de Villepin et j'ai eu la possibilité de rencontrer Colin Powell plusieurs fois. Nous avons les relations les plus cordiales qui soient, même si nous avons des divergences. Vous savez, nous ne devons en aucun cas nous situer dans une confrontation entre les Français et les Américains, les Américains et d'autres peuples du monde. Nous sommes dans une situation où les Américains sont nos amis et nos alliés. Et aujourd'hui le problème n'est pas de savoir s'il y a un problème entre les Américains et les Français, le problème est de savoir comment nous désarmons l'Irak, et comment nous pouvons traiter dans le cadre du Conseil de sécurité, dans le cadre des Nations unies, dans le cadre de la communauté des Nations, les problèmes majeurs qui se posent dans le monde : le terrorisme, les armes de destruction massive, les conflits multiples et variés régionaux. Il est nécessaire d'en organiser, par l'intermédiaire de la communauté des Nations, le règlement pacifique.
Q - J'aimerais savoir si la position défendue par le président Chirac sur la crise de l'Irak, connaît des difficultés au sein du Parlement français ?
R - Dans un pays libre et démocratique, tout le monde peut s'exprimer. Les parlementaires, dans leur grande majorité soutiennent la position prise par le président Chirac. Une dizaine d'entre eux seulement ont fait part de divergences.
Q - La France soutient-elle l'entrée du Brésil au Conseil de sécurité ?
R - Dans le cadre des réflexions sur la restructuration de l'ONU et du Conseil de sécurité, nous accueillons positivement la volonté du Brésil de jouer un rôle accru.
Q - Une attaque de l'Irak par les Etats-Unis sans deuxième résolution ne risque-t-elle pas de faire éclater le système des Nations unies ?
R - D'abord il faut gagner la guerre et ensuite la paix. Un pays seul ne peut pas gagner la paix, spécialement dans cette région du monde. La paix est plus difficile à gagner que la guerre et les Nations unies auront un rôle à jouer. Mais aujourd'hui, nous cherchons à éviter la guerre.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 mars 2003)
Je voudrais tout d'abord vous exposer rapidement les raisons de ma visite au Brésil dans cette période dominée par la crise irakienne et vous dire combien cette visite, la première d'un membre du gouvernement depuis la visite du président Lula da Silva en France, est importante.
Nous avons abordé de nombreux sujets. D'abord, nos relations bilatérales, notamment la préparation du Printemps culturel du Brésil en France en 2005. Nous travaillons aussi sur des rapprochements, comme par exemple la construction des communautés de communes, comme c'est le cas à Marseille, où nous aurons la visite de parlementaires et de maires brésiliens. Nous continuons à travailler sur le dossier de fourniture de matériel pour les polices fédérales ; nous travaillons sur le développement de l'importation et l'exportation d'un certain nombre de denrées et de matériaux industriels brésiliens en Europe. Nous avons avec le Brésil un dialogue politique de haut niveau. La venue dans les prochaines semaines du secrétaire d'Etat au Tourisme, M. Léon Bertrand et de la ministre de l'Environnement, Mme Roselyne Bachelot, témoigne de la force de ce dialogue. Nous travaillons à rapprocher l'Union européenne et le Mercosul, et nous développons une coopération ambitieuse et originale pour soutenir le dialogue entre nos cultures, intensifier les relations entre nos scientifiques et nos universités, encourager nos entreprises à s'associer et à innover.
Il s'agit d'un partenariat stratégique. Nous avons confiance en ce pays, nous avons confiance dans son économie, et nous partageons l'organisation et la vision du monde qui est la sienne.
Nous comptons poursuivre, bien sûr, et amplifier ce partenariat avec le Brésil, d'une part sur ce continent, d'autre part avec l'Union européenne, et bien entendu avec le continent africain, le président Chirac et le président Lula ayant la volonté de travailler conjointement sur ce continent qui a besoin de relations multilatérales.
Avec le ministre des Affaires étrangères, nous avons bien entendu abordé la crise irakienne, nous avons abordé les positions, d'une part des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité et d'autre part des dix autres pays qui ne se sont toujours pas positionnés dans le cadre du vote d'une deuxième résolution, et nous essayons de mettre en place tous les moyens diplomatiques et politiques nécessaires afin que nous puissions éviter la guerre.
Je tiens à souligner l'importance de l'appui que le Brésil apporte à la position défendue au Conseil de sécurité par la France, l'Allemagne et la Russie au sujet de l'Irak.
Nous estimons, en effet, que tout doit être fait pour parvenir au désarmement effectif et complet de ce pays, par la voix pacifique, grâce au renforcement des inspections.
Nous avons également évoqué les actions communes que nous souhaitons développer en faveur d'une mondialisation humanisée et du développement durable.
Je remettrai tout à l'heure au président Lula une lettre signée par le président Chirac. C'est un message d'amitié qui comprend notamment une invitation au G-8 - G-20 au mois de juin à Evian, et qui rappelle notre vision commune d'un monde multipolaire qui respecte la diversité des cultures. Le président Chirac rappelle aussi son désir de venir dès que possible pour l'inauguration du pont sur l'Oyapok.
C'est une visite très courte. Je pars à Rio tout à l'heure pour voir les responsables politiques et administratifs, les entreprises sur place et une partie de la communauté française. Je sais en tout cas que nos compatriotes français sont heureux de travailler et de vivre dans ce très beau pays. Comme cette visite a du être écourtée à cause du contexte international, je reviendrai dans les plus brefs délais, conformément aux engagements qui ont été pris entre nos gouvernements.
J'ai beaucoup parlé, j'attends vos questions !
Q - Quand aura lieu l'inauguration du pont sur l'Oyapok ?
R - D'après les informations que j'ai, il y en a encore pour deux ans.
Q - Le Brésil a une position importante dans l'Amérique latine. Le Mexique et le Chili font partie du Conseil de sécurité et subissent des pressions de la part des Américains. Est-ce que le président Chirac a demandé au Brésil d'aborder cette question directement avec le Mexique et le Chili, c'est-à-dire vérifier qu'ils partagent la position du Brésil, qui est la même que celle des Allemands, des Français et des Russes ?
R - Je crois que le Brésil s'est exprimé de façon très claire. Le président Lula a dit ce qu'il pensait sur ce conflit. Ce conflit doit être évité. Une mécanique a été mise en place dans le cadre de la résolution 1441. Quel est l'objectif ? Désarmer l'Irak, et ceci dans le cadre des inspections. Aujourd'hui, au fur et à mesure des rapports des inspecteurs, nous avons des renseignements très clairs, et nous avons une capacité d'intervention pour détruire les armes de destruction massive. Pour les Russes, les Allemands et les Français, et les Brésiliens, il est clair que la résolution 1441 peut permettre de faire encore plus. Et avec les différents partenaires qui composent le Conseil de sécurité - vous avez aussi, en ce qui concerne la sphère d'influence du Brésil, le Chili, le Mexique et l'Angola -, vous avez des discussions qui se font à tous les niveaux, au niveau des présidents, au niveau des ministres des Affaires étrangères, au niveau des secrétaires d'Etat, au niveau des ambassadeurs permanents. Et, vous voyez bien que la situation évolue toutes les heures, sachant que l'on essaie de mettre en place tous les moyens diplomatiques pour faire en sorte que nous trouvions une solution politique, dans le cadre de la communauté des Nations.
Q - Le gouvernement américain a déjà démontré, clairement, qu'il est en train d'entreprendre de mesures de représailles contre tous ceux qui se positionnent contre la guerre. J'aimerais connaître la position de votre gouvernement, puisqu'on peut voir déjà des mesures de représailles contre d'autres pays.
R - Je n'ai pas connaissance de mesures de représailles contre d'autres pays. Je sais que je siège toutes les semaines avec Dominique de Villepin et j'ai eu la possibilité de rencontrer Colin Powell plusieurs fois. Nous avons les relations les plus cordiales qui soient, même si nous avons des divergences. Vous savez, nous ne devons en aucun cas nous situer dans une confrontation entre les Français et les Américains, les Américains et d'autres peuples du monde. Nous sommes dans une situation où les Américains sont nos amis et nos alliés. Et aujourd'hui le problème n'est pas de savoir s'il y a un problème entre les Américains et les Français, le problème est de savoir comment nous désarmons l'Irak, et comment nous pouvons traiter dans le cadre du Conseil de sécurité, dans le cadre des Nations unies, dans le cadre de la communauté des Nations, les problèmes majeurs qui se posent dans le monde : le terrorisme, les armes de destruction massive, les conflits multiples et variés régionaux. Il est nécessaire d'en organiser, par l'intermédiaire de la communauté des Nations, le règlement pacifique.
Q - J'aimerais savoir si la position défendue par le président Chirac sur la crise de l'Irak, connaît des difficultés au sein du Parlement français ?
R - Dans un pays libre et démocratique, tout le monde peut s'exprimer. Les parlementaires, dans leur grande majorité soutiennent la position prise par le président Chirac. Une dizaine d'entre eux seulement ont fait part de divergences.
Q - La France soutient-elle l'entrée du Brésil au Conseil de sécurité ?
R - Dans le cadre des réflexions sur la restructuration de l'ONU et du Conseil de sécurité, nous accueillons positivement la volonté du Brésil de jouer un rôle accru.
Q - Une attaque de l'Irak par les Etats-Unis sans deuxième résolution ne risque-t-elle pas de faire éclater le système des Nations unies ?
R - D'abord il faut gagner la guerre et ensuite la paix. Un pays seul ne peut pas gagner la paix, spécialement dans cette région du monde. La paix est plus difficile à gagner que la guerre et les Nations unies auront un rôle à jouer. Mais aujourd'hui, nous cherchons à éviter la guerre.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 mars 2003)