Texte intégral
S. Paoli-. Le pari de la confiance comme moteur de la croissance, fait par les ministres du G8 Finances, tiendra-t-il face à l'inquiétude des citoyens européens et américains ? Récession en Allemagne et aux Pays-Bas, menaces de déflation aux Etats-Unis, inquiétudes et mobilisation aujourd'hui à nouveau en France face aux réformes, à commencer par celle des retraites. Quant à la reprise des attentats au Maroc et en Israël, ne crée-t-elle pas un climat de fébrilité peu propice à l'instauration de la confiance ?
Ce n'est pas une tâche facile que la vôtre, rassurer dans un climat aussi peu rassurant.
- "Il est clair que la situation actuelle est délicate. Nous sommes dans une morosité généralisée qui n'est pas justifiée par les faits, mais comme j'ai eu souvent l'occasion de le dire, c'est la perception qui crée la réalité et il est donc absolument nécessaire de rétablir ce climat de confiance."
Mais n'êtes-vous pas frappé par le climat, j'allais dire très affectif de l'économie ? Il suffit par exemple que le ministre américain, J. Snow, dise qu'après tout les Américains se satisfont de la faiblesse du dollar pour que ce matin, l'euro soit à son plus haut niveau face au dollar, tout ça n'est pas bon pour l'économie européenne.
- "Non mais tout ça montre simplement que nous sommes dans un monde où ce sont les réactions des hommes et des femmes qui comptent, et pas uniquement les chiffres et les fondamentaux économiques comme on dit, même si ces fondamentaux ont une importance parce que ce sont eux qui créent les conditions permettant le développement de notre économie, et ces conditions sont correctes. Les faits plaident en notre faveur : le prix de l'argent est très bas, le prix du pétrole est très bas, l'inflation est à la baisse partout dans le monde et les perspectives de désendettement des entreprises sont fortes, donc toutes les conditions sont réunies. Il n'y a plus maintenant qu'à décider qu'on va se remettre à travailler."
Tout est bas, mais même les marges de manoeuvre aussi sont basses. Par exemple, La Banque centrale américaine, elle a utilisé sa capacité à faire baisser les taux d'intérêts pratiquement jusqu'à la limite. La banque centrale européenne, on sait pas trop ce qu'elle va faire. Qu'est-ce qu'il nous reste comme possibilités de repartir ?
- "Les marges de manoeuvre monétaire ne sont pas encore tout à fait nulles comme vous le savez, même M. Greenspan n'a pas exclu la possibilité de continuer à baisser, en ce qui concerne La Banque centrale européenne j'ai l'impression qu'elle constate que tout est en faveur d'une politique d'assouplissement, et derrière ça si vous voulez la marge de manoeuvre majeure, elle est dans nos têtes."
Mais est-ce que la volonté va suffire ? Parce que bon, il y a des réalités, la récession allemande et aux Pays-Bas, ce n'est pas une utopie.
- "La récession c'est un grand mot, c'est pas parce que pendant deux trimestres, il y a eu une légère baisse de la production, que c'est un drame. Nous sommes effectivement dans une situation au niveau européen, comme au niveau japonais, et un peu moins au niveau américain, l'économie est en train de reprendre son souffle, il faut qu'elle redémarre, elle va redémarrer."
La volonté pourquoi pas, et l'inquiétude ? Tenez ! en France, aujourd'hui encore, et même chez vous à Bercy, les fonctionnaires vont arrêter le travail. L'inquiétude ce n'est pas bon pour le moral.
- "Ce n'est pas, si vous voulez, en refusant de voir les faits, y compris le long terme, et ça a été bien le rôle disons de notre réunion de Deauville, que l'on améliore la situation. Nous sommes, notamment en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, mais aussi en Russie et au Japon, devant un fait nouveau majeur qui s'appelle le vieillissement de nos populations. Il faut donc que nous regardions froidement, factuellement, méthodiquement, les changements, les réformes, que nous devons partout apporter pour que face à cette évolution nous puissions continuer à avoir des économies prospères. Et pour ce faire, nous avons besoin de traiter partout les problèmes des retraites, de traiter partout les problèmes d'économie de la santé, de traiter partout les problèmes de réorganisation des fonctions publiques. Nous le faisons, et le fait nouveau de ce groupe des ministres des Finances qui s'est réuni à Deauville, c'est d'avoir constaté ensemble que nous partagions les mêmes problèmes, qu'il y avait peut-être des solutions légèrement différentes à ces problèmes d'un endroit à un autre du monde, mais qu'ensemble nous allions continuer à travailler pour accélérer la manière dont ces problèmes pouvaient être réglés."
Mais Monsieur Mer, ce langage direct qui est le vôtre, quelle expérience de retour en avez-vous ? Tenez, chez vous à Bercy, quand vous parlez aux fonctionnaires, que vous leur dites ce que vous êtes en train de nous dire, qu'est-ce qui se passe ? Comment réagissent-ils ?
- "Je crois qu'ils réagissent bien, ce n'est pas parce qu'ils sont inquiets devant les changements que ceci les empêche de travailler, que ceci les empêche de se mettre en mouvement, que ceci les empêche de constater que chacun dans son métier, chacun dans ses fonctions, il y a des progrès à faire et que ces progrès on va les faire ensemble, dans la continuité et dans le temps. Ce qui compte, c'est d'introduire la notion de changement et de gérer et de conduire un changement. Un changement ce n'est pas une révolution, c'est une évolution, tous nos pays sont en train de découvrir la nécessité de changer leurs comportements et leurs organisations."
Mais alors justement, comment faire en sorte que la confiance revienne avec précisément une stratégie, tenez, celle de la flexibilité, une économie plus flexible ? C'est précisément ce qui fait peur aujourd'hui à beaucoup de salariés dans ce pays.
- "Mais une économie plus flexible, c'est une économie où, à tout moment, les personnes et les acteurs économiques ayant été mis en conditions pour être capables de réagir, sont volontaires pour réagir car on les a aidés à se former tout au long de leur vie, donc ils restent employables, on les aide à trouver un nouveau job lorsque, malheureusement, l'économie supprime des activités dans certains domaines pour en recréer ailleurs, et c'est un phénomène permanent de changements qui suppose et qui implique que non seulement chaque acteur se sente responsable de son futur, mais qu'aussi l'environnement collectif, que ce soit dans l'entreprise, dans l'administration ou dans l'Etat, accompagne positivement ces changements."
Autre élément, et je suis navré, mais autre élément inquiétant du turnover (phon.) quand on le regarde, l'insécurité internationale, les attentats, est-ce que ce que vous avez dit au G8, c'est-à-dire probablement une meilleure intégration des rapports entre le Nord et le Sud, est pas finalement le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme international.
- "J'y crois profondément à titre personnel. Je crois que nous avons tous partagé cette conviction, même si, effectivement à court terme, ceci n'empêche pas de constater les déraillements et les actes de terrorisme qui se multiplient, ceci n'étant pas forcément une bonne nouvelle. "
C'est ce qu'on avait dit au lendemain du 11 septembre, vous vous souvenez M. Mer ?
- "Oui, mais si nous voulons régler le problème, nous devons accepter qu'à la fois à court terme il y ait une succession quelquefois de mauvaises nouvelles dans ce domaine là, mais que, ayant compris d'où venait le coeur du problème, nous nous attachions à le résoudre progressivement, et on l'a dit très clairement à Deauville, le problème du Sud c'est d'abord qu'on l'aide, non pas uniquement avec de l'argent, mais à comprendre en terme de gouvernance, en terme de modification de son comportement, où est son intérêt, que deuxièmement on lui assure pour le futur une stabilité dans les engagements que nous avons pris. Vous savez qu'à l'occasion du millénaire, on s'est engagé à augmenter notre aide, mais à condition que cette aide ne soit pas gaspillée, à condition que les pays qui en bénéficieraient nous démontrent en transparence qu'ils savaient utiliser correctement cet argent, et tout ceci est en train de se faire, ça prend du temps. Nous avons des rendez-vous en septembre, nous avons des rendez-vous l'année prochaine, et c'est progressivement que notre monde, puisque nous sommes tous interdépendants, saura affronter ces changements."
Mais est-ce qu'on va vraiment vers ce qu'on appelle une intégration économique ? Va-t-on donner aux pays émergeants de vraies chances de développer une vraie économie ?
- "On va vers une interdépendance croissante, dont nous sommes tous conscients. On va à la fois vers des conditions permettant à chaque pays de se développer, parce que chaque pays a ses propres ressources de développement pour lui-même, et on va vers, à travers les négociations commerciales dont nous nous sommes dits qu'elles devaient être un succès, vers une situation où on reconnaîtra mieux les conditions dans lesquelles les pays du Sud en particulier, peuvent mieux profiter des marchés du Nord. Et on reconnaîtra aussi que le rôle du Nord c'est de continuer à tirer la machine économique en sortant par le haut, c'est-à-dire en faisant de plus en plus appel à nos compétences intellectuelles, à travers une éducation, y compris universitaire, qui soit encore améliorée, pour que sans cesse l'homme se dépasse."
Et dans le prochain G8 à Evian, pensez-vous que messieurs Bush et Chirac s'entendront aussi bien que vous avec M. Snow ?
- "Moi je n'ai pas de difficultés avec..."
Ça c'est vu, mais eux ?
- "Nous avons essayé, en tout cas au niveau de Deauville, de créer les conditions y compris à travers les engagements que nous prenions, les accords que nous mettions en évidence, les calendriers que nous bâtissions ensemble, nous avons essayé, et je crois avec un certain succès, de créer les conditions pour que la réunion des chefs d'Etats, autour de ces sujets et de quelques autres, soit elle aussi un succès, car nous avons besoin de ce succès, comme vous l'avez dit vous-même, pour rétablir la confiance et la confiance ça passe peut-être par des mots forts venant de nos chefs d'Etats, aussi."
Oui, mais la stratégie du dollar à la baisse c'est quand même une arme !
- "Ce n'est pas une stratégie à la baisse..."
Ils le revendiquent quand même un peu.
- "Mais pas du tout."
Oh !
- "Pas du tout, tout le monde est en faveur d'une monnaie forte, c'est normal, puisque c'est beaucoup plus intéressant d'avoir une monnaie forte qu'une monnaie faible, mais aussi d'une monnaie stable. Lorsque vous voulez avoir à la fois une monnaie forte et une monnaie stable, vous êtes obligés d'arriver à la conclusion que les parités des monnaies doivent refléter à peu près la situation économique de chaque zone."
On ne va pas faire de politique fiction, pensez-vous tout de même que les Anglais diront oui ou non à l'euro dans quelques...
- "Ah, G. Brown nous a quitté samedi soir parce qu'il avait hier une émission importante à propos de l'euro. On sait bien que d'ici le 6 juin ou 7 juin je crois, les décisions ou les propositions de décisions vont être prises. Je ne suis pas dans la confidence, je sais simplement les tendances de G. Brown et de T. Blair."
Une dernière chose. M. Lambert annonce ce matin dans La Tribune une baisse substantielle des impôts, vous confirmez ou pas ?
- "De toute façon, nous sommes dans un système où les prélèvements doivent continuer à baisser parce que ce n'est que comme cela que nous créerons les conditions pour que les acteurs économiques étant plus responsables de l'affectation de leurs propres richesses, auront envie de continuer à prendre leurs responsabilités pour bâtir notre croissance. C'est une condition nécessaire, de redonner à chacun d'entre nous la possibilité de mieux utiliser ce qu'il gagne plutôt que de faire uniquement confiance à l'Etat pour redistribuer, selon la sagesse collective, ce qui est bon pour un pays."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 20 mai 2003)
Ce n'est pas une tâche facile que la vôtre, rassurer dans un climat aussi peu rassurant.
- "Il est clair que la situation actuelle est délicate. Nous sommes dans une morosité généralisée qui n'est pas justifiée par les faits, mais comme j'ai eu souvent l'occasion de le dire, c'est la perception qui crée la réalité et il est donc absolument nécessaire de rétablir ce climat de confiance."
Mais n'êtes-vous pas frappé par le climat, j'allais dire très affectif de l'économie ? Il suffit par exemple que le ministre américain, J. Snow, dise qu'après tout les Américains se satisfont de la faiblesse du dollar pour que ce matin, l'euro soit à son plus haut niveau face au dollar, tout ça n'est pas bon pour l'économie européenne.
- "Non mais tout ça montre simplement que nous sommes dans un monde où ce sont les réactions des hommes et des femmes qui comptent, et pas uniquement les chiffres et les fondamentaux économiques comme on dit, même si ces fondamentaux ont une importance parce que ce sont eux qui créent les conditions permettant le développement de notre économie, et ces conditions sont correctes. Les faits plaident en notre faveur : le prix de l'argent est très bas, le prix du pétrole est très bas, l'inflation est à la baisse partout dans le monde et les perspectives de désendettement des entreprises sont fortes, donc toutes les conditions sont réunies. Il n'y a plus maintenant qu'à décider qu'on va se remettre à travailler."
Tout est bas, mais même les marges de manoeuvre aussi sont basses. Par exemple, La Banque centrale américaine, elle a utilisé sa capacité à faire baisser les taux d'intérêts pratiquement jusqu'à la limite. La banque centrale européenne, on sait pas trop ce qu'elle va faire. Qu'est-ce qu'il nous reste comme possibilités de repartir ?
- "Les marges de manoeuvre monétaire ne sont pas encore tout à fait nulles comme vous le savez, même M. Greenspan n'a pas exclu la possibilité de continuer à baisser, en ce qui concerne La Banque centrale européenne j'ai l'impression qu'elle constate que tout est en faveur d'une politique d'assouplissement, et derrière ça si vous voulez la marge de manoeuvre majeure, elle est dans nos têtes."
Mais est-ce que la volonté va suffire ? Parce que bon, il y a des réalités, la récession allemande et aux Pays-Bas, ce n'est pas une utopie.
- "La récession c'est un grand mot, c'est pas parce que pendant deux trimestres, il y a eu une légère baisse de la production, que c'est un drame. Nous sommes effectivement dans une situation au niveau européen, comme au niveau japonais, et un peu moins au niveau américain, l'économie est en train de reprendre son souffle, il faut qu'elle redémarre, elle va redémarrer."
La volonté pourquoi pas, et l'inquiétude ? Tenez ! en France, aujourd'hui encore, et même chez vous à Bercy, les fonctionnaires vont arrêter le travail. L'inquiétude ce n'est pas bon pour le moral.
- "Ce n'est pas, si vous voulez, en refusant de voir les faits, y compris le long terme, et ça a été bien le rôle disons de notre réunion de Deauville, que l'on améliore la situation. Nous sommes, notamment en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, mais aussi en Russie et au Japon, devant un fait nouveau majeur qui s'appelle le vieillissement de nos populations. Il faut donc que nous regardions froidement, factuellement, méthodiquement, les changements, les réformes, que nous devons partout apporter pour que face à cette évolution nous puissions continuer à avoir des économies prospères. Et pour ce faire, nous avons besoin de traiter partout les problèmes des retraites, de traiter partout les problèmes d'économie de la santé, de traiter partout les problèmes de réorganisation des fonctions publiques. Nous le faisons, et le fait nouveau de ce groupe des ministres des Finances qui s'est réuni à Deauville, c'est d'avoir constaté ensemble que nous partagions les mêmes problèmes, qu'il y avait peut-être des solutions légèrement différentes à ces problèmes d'un endroit à un autre du monde, mais qu'ensemble nous allions continuer à travailler pour accélérer la manière dont ces problèmes pouvaient être réglés."
Mais Monsieur Mer, ce langage direct qui est le vôtre, quelle expérience de retour en avez-vous ? Tenez, chez vous à Bercy, quand vous parlez aux fonctionnaires, que vous leur dites ce que vous êtes en train de nous dire, qu'est-ce qui se passe ? Comment réagissent-ils ?
- "Je crois qu'ils réagissent bien, ce n'est pas parce qu'ils sont inquiets devant les changements que ceci les empêche de travailler, que ceci les empêche de se mettre en mouvement, que ceci les empêche de constater que chacun dans son métier, chacun dans ses fonctions, il y a des progrès à faire et que ces progrès on va les faire ensemble, dans la continuité et dans le temps. Ce qui compte, c'est d'introduire la notion de changement et de gérer et de conduire un changement. Un changement ce n'est pas une révolution, c'est une évolution, tous nos pays sont en train de découvrir la nécessité de changer leurs comportements et leurs organisations."
Mais alors justement, comment faire en sorte que la confiance revienne avec précisément une stratégie, tenez, celle de la flexibilité, une économie plus flexible ? C'est précisément ce qui fait peur aujourd'hui à beaucoup de salariés dans ce pays.
- "Mais une économie plus flexible, c'est une économie où, à tout moment, les personnes et les acteurs économiques ayant été mis en conditions pour être capables de réagir, sont volontaires pour réagir car on les a aidés à se former tout au long de leur vie, donc ils restent employables, on les aide à trouver un nouveau job lorsque, malheureusement, l'économie supprime des activités dans certains domaines pour en recréer ailleurs, et c'est un phénomène permanent de changements qui suppose et qui implique que non seulement chaque acteur se sente responsable de son futur, mais qu'aussi l'environnement collectif, que ce soit dans l'entreprise, dans l'administration ou dans l'Etat, accompagne positivement ces changements."
Autre élément, et je suis navré, mais autre élément inquiétant du turnover (phon.) quand on le regarde, l'insécurité internationale, les attentats, est-ce que ce que vous avez dit au G8, c'est-à-dire probablement une meilleure intégration des rapports entre le Nord et le Sud, est pas finalement le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme international.
- "J'y crois profondément à titre personnel. Je crois que nous avons tous partagé cette conviction, même si, effectivement à court terme, ceci n'empêche pas de constater les déraillements et les actes de terrorisme qui se multiplient, ceci n'étant pas forcément une bonne nouvelle. "
C'est ce qu'on avait dit au lendemain du 11 septembre, vous vous souvenez M. Mer ?
- "Oui, mais si nous voulons régler le problème, nous devons accepter qu'à la fois à court terme il y ait une succession quelquefois de mauvaises nouvelles dans ce domaine là, mais que, ayant compris d'où venait le coeur du problème, nous nous attachions à le résoudre progressivement, et on l'a dit très clairement à Deauville, le problème du Sud c'est d'abord qu'on l'aide, non pas uniquement avec de l'argent, mais à comprendre en terme de gouvernance, en terme de modification de son comportement, où est son intérêt, que deuxièmement on lui assure pour le futur une stabilité dans les engagements que nous avons pris. Vous savez qu'à l'occasion du millénaire, on s'est engagé à augmenter notre aide, mais à condition que cette aide ne soit pas gaspillée, à condition que les pays qui en bénéficieraient nous démontrent en transparence qu'ils savaient utiliser correctement cet argent, et tout ceci est en train de se faire, ça prend du temps. Nous avons des rendez-vous en septembre, nous avons des rendez-vous l'année prochaine, et c'est progressivement que notre monde, puisque nous sommes tous interdépendants, saura affronter ces changements."
Mais est-ce qu'on va vraiment vers ce qu'on appelle une intégration économique ? Va-t-on donner aux pays émergeants de vraies chances de développer une vraie économie ?
- "On va vers une interdépendance croissante, dont nous sommes tous conscients. On va à la fois vers des conditions permettant à chaque pays de se développer, parce que chaque pays a ses propres ressources de développement pour lui-même, et on va vers, à travers les négociations commerciales dont nous nous sommes dits qu'elles devaient être un succès, vers une situation où on reconnaîtra mieux les conditions dans lesquelles les pays du Sud en particulier, peuvent mieux profiter des marchés du Nord. Et on reconnaîtra aussi que le rôle du Nord c'est de continuer à tirer la machine économique en sortant par le haut, c'est-à-dire en faisant de plus en plus appel à nos compétences intellectuelles, à travers une éducation, y compris universitaire, qui soit encore améliorée, pour que sans cesse l'homme se dépasse."
Et dans le prochain G8 à Evian, pensez-vous que messieurs Bush et Chirac s'entendront aussi bien que vous avec M. Snow ?
- "Moi je n'ai pas de difficultés avec..."
Ça c'est vu, mais eux ?
- "Nous avons essayé, en tout cas au niveau de Deauville, de créer les conditions y compris à travers les engagements que nous prenions, les accords que nous mettions en évidence, les calendriers que nous bâtissions ensemble, nous avons essayé, et je crois avec un certain succès, de créer les conditions pour que la réunion des chefs d'Etats, autour de ces sujets et de quelques autres, soit elle aussi un succès, car nous avons besoin de ce succès, comme vous l'avez dit vous-même, pour rétablir la confiance et la confiance ça passe peut-être par des mots forts venant de nos chefs d'Etats, aussi."
Oui, mais la stratégie du dollar à la baisse c'est quand même une arme !
- "Ce n'est pas une stratégie à la baisse..."
Ils le revendiquent quand même un peu.
- "Mais pas du tout."
Oh !
- "Pas du tout, tout le monde est en faveur d'une monnaie forte, c'est normal, puisque c'est beaucoup plus intéressant d'avoir une monnaie forte qu'une monnaie faible, mais aussi d'une monnaie stable. Lorsque vous voulez avoir à la fois une monnaie forte et une monnaie stable, vous êtes obligés d'arriver à la conclusion que les parités des monnaies doivent refléter à peu près la situation économique de chaque zone."
On ne va pas faire de politique fiction, pensez-vous tout de même que les Anglais diront oui ou non à l'euro dans quelques...
- "Ah, G. Brown nous a quitté samedi soir parce qu'il avait hier une émission importante à propos de l'euro. On sait bien que d'ici le 6 juin ou 7 juin je crois, les décisions ou les propositions de décisions vont être prises. Je ne suis pas dans la confidence, je sais simplement les tendances de G. Brown et de T. Blair."
Une dernière chose. M. Lambert annonce ce matin dans La Tribune une baisse substantielle des impôts, vous confirmez ou pas ?
- "De toute façon, nous sommes dans un système où les prélèvements doivent continuer à baisser parce que ce n'est que comme cela que nous créerons les conditions pour que les acteurs économiques étant plus responsables de l'affectation de leurs propres richesses, auront envie de continuer à prendre leurs responsabilités pour bâtir notre croissance. C'est une condition nécessaire, de redonner à chacun d'entre nous la possibilité de mieux utiliser ce qu'il gagne plutôt que de faire uniquement confiance à l'Etat pour redistribuer, selon la sagesse collective, ce qui est bon pour un pays."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 20 mai 2003)