Texte intégral
Monsieur le maire,
Mesdames, messieurs les élu(e)s,
Mesdames, messieurs,
Permettez-moi, tout d'abord de remercier Monsieur le maire de Miramas, mon ami Georges THORRAND, pour son invitation à débattre aujourd'hui du "séjour de vacances comme moyen culturel de lutte contre les exclusions".
Je dois souligner tout l'intérêt de cette initiative dans une cité qui a choisi le tourisme comme une des voies audacieuses de son développement.
Il est vrai qu'en ce domaine, Miramas ne manque pas d'atouts.
Je pense notamment à Miramas-le-Vieux que l'on décrit volontiers comme un lieu exceptionnel pour ses visiteurs comme pour ses habitants.
Je pense également au dynamisme que vous avez su créer et entretenir autour des bases de loisirs de Cabasse et du Mas-de-Combe.
Je pense, enfin, au golf public qui a permis de démocratiser ce sport-loisir et dont la qualité et les tarifs, les moins onéreux de France, faut-il le préciser, sont des références reconnues.
Mais, au-delà de ces acquis et de ces réalisations, vous avez souhaité, Monsieur le maire, uvrer à Miramas pour l'accès aux vacances pour tous.
Je ne peux que vous en féliciter.
Votre action en la matière s'inscrit dans la mise en uvre de la loi de lutte contre l'exclusion votée le 9 juillet 1998.
Fondée sur le respect et l'égale dignité de tous les citoyens, elle tend à garantir, sur l'ensemble du territoire, l'accès effectif de tous aux droits fondamentaux : l'emploi, le logement, la justice, l'éducation, la formation, la culture, la protection de la famille et de l'enfance
A travers son article 140, elle prévoit aussi "l'égal accès de tous aux vacances". C'est la première fois dans un texte que le droit aux vacances y est affiché au même titre que les autres droits.
Et c'est donc dans cet esprit, et pour le faire vivre concrètement, que nous avons créé un outil d'aide au départ des familles les plus en difficultés : la Bourse solidarité vacances.
Son principe de fonctionnement est simple et vous l'avez bien compris. Il s'agit de fédérer, dans une démarche de solidarité, professionnels du Tourisme, associations de Tourisme Social, entreprises publiques de transports et comités d'entreprise, à des associations caritatives, humanitaires et de chômeurs ayant, dans leur projet de lutte contre les exclusions, un projet "vacances".
Il y a un an jour pour jour et c'est son premier anniversaire, la Bourse Solidarité Vacances a ainsi permis, deux mois à peine après son existence effective, à 1.300 personnes de pouvoir accéder aux vacances.
Notre objectif pour cette année est de faire partir 10.000 de nos concitoyens dans des centres de vacances et de séjours où ils séjourneront au milieu d'autres vacanciers.
Le dispositif rencontre, disons-le, un succès certain : plus de 15.000 séjours de vacances nous ont été proposés, et plus de 5.000 inscriptions sont déjà recensées.
Celles-ci émanent, pour la plupart, de grandes associations humanitaires et de chômeurs ou, plus simplement, d'associations de quartier.
Mais cet outil d'aide aux départs qui fait vivre un droit fondamental trouve une dimension complémentaire avec l'implication aujourd'hui de nouveaux acteurs que sont les collectivités locales ou territoriales.
Et, en vous inscrivant pleinement dans cette démarche, Monsieur le Maire, vous faites de Miramas une ville pionnière du droit aux vacances pour tous.
Votre projet de "Vacances pour tous" permettra en effet à plus de 300 Miramasséens, de goûter à ce moment d'évasion, de repos, d'épanouissement, de découverte et d'échanges qu'elles représentent.
Vous vous êtes appuyé, pour ce faire, sur trois dispositifs importants :
le programme "Vacances Familles" de la Direction générale adjointe des interventions sociales et sanitaires ;
le "Projet d'insertion social par les loisirs" de la Caisse d'allocations familiales des Bouches du Rhône ;
mais également la Bourse Solidarité Vacances, puisqu'à ce jour près de 100 personnes en bénéficieront.
Cette adhésion de l'association de gestion des centres sociaux de Miramas à la Bourse Solidarité Vacances me réjouit particulièrement puisqu'elle s'inscrit complètement dans le sens sur lequel j'ai voulu appuyer cette action : c'est-à-dire une demande de solidarité qui inscrit tous les acteurs avec tous les bénéficiaires au plus près de la réalité du terrain et en effet, c'est à partir et grâce à un travail patient, réalisé, au plus près des réalités quotidiennes, dans les quartiers, avec les associations et, surtout, les familles elles-mêmes, que plusieurs dizaines d'habitants de votre ville pourront partir en vacances cette année.
Je dois souligner à cet égard, le rôle déterminant qu'a joué et que joue le centre communal d'action social de Miramas, avec les centres sociaux, qui a su tisser des liens étroits avec les familles.
Permettez-moi, à ce sujet, d'évoquer simplement le témoignage d'une assistante sociale qui a mis en place cette démarche dans son centre social en Lorraine, lors de l'assemblée générale de la Bourse solidarité vacances elle expliquait aussi : "Nous travaillons maintenant dans le registre du plaisir et plus dans celui de l'urgence. Passer plus de temps avec les familles permet de construire une relation différente. Les gens nous voient sous un autre jour. On n'est plus l'employée derrière son bureau avec des papiers à demander et des papiers à remplir. Ça ouvre d'autres portes".
Pour votre projet, Monsieur le maire, vous avez su, également, mobiliser d'autres institutions partenaires telles que le Conseil général ou encore la Caisse d'allocations familiales, dont l'activité en direction du départ en vacances des familles mérite particulièrement d'être soulignée.
A l'heure où se définit la nouvelle politique familiale de la France, l'engagement des Caisses d'allocations familiales (ce n'est pas encore le cas partout) en matière de départ en vacances est très précieuse car il démultiplie les moyens pour faire face à cette ambition humaine.
Je me réjouis pour ma part de ce partenariat exemplaire et productif.
Je suis convaincue que cette démarche, qui vise à rassembler différents acteurs dans un projet partagé et solidaire, est porteuse d'avenir.
Elle donne, comme on dit, la force nécessaire à l'ampleur de la tâche. Et celle-ci demeure immense.
En effet, faut-il le rappeler, si la France reste la première destination touristique au monde, 40 % de nos concitoyens ne partent pas en vacances et 16 % d'entre eux n'en n'ont jamais profité.
Et si, ces dernières décennies sont marquées, par la réduction du temps passé au travail, par l'accès de masse aux loisirs et aux vacances, être contraint de se priver de ce moment-là devient un double facteur d'exclusion :
exclusion de ce temps de repos et d'épanouissement personnel et familial indispensable,
exclusion également, de la marche en avant du progrès de la société.
Car les vacances sont un moment privilégié de la construction ou de la reconstruction du lien familial.
Les nombreux témoignages de sympathie que nous avons recueillis, après la première année d'existence de la Bourse Solidarité vacances, sont à cet égard significatifs.
Ils disent à leur manière, comment des enfants ont appris à voir sous un jour nouveau leurs parents, comment ils ont appris aussi à les considérer différemment.
Ils disent aussi comment, loin de l'accaparement des obligations et des problèmes quotidiens, des parents ont pu simplement profiter de leurs enfants, trouver le temps d'accompagner leur éducation, par des moments simples de bonheur partagés, contribuant ainsi à la construction de leur identité.
De plus, dans le contexte actuel, la notion de temps libre, de vacances n'existe bien souvent que par opposition au temps passé au travail.
C'est le travail qui procure notamment des possibilités de socialisation, d'utilité sociale, le sentiment d'être un citoyen titulaire de droits, notamment du droit légitime aux vacances.
Pour ceux qui en sont privés, conquérir ou reconquérir ce droit aux vacances, est interprété comme un rapprochement de la société. Penser vacances, construire ses vacances, partir devient alors un facteur d'autonomie mais aussi, de citoyenneté.
Pourtant, plusieurs millions de français n'ont toujours pas accès à ce droit.
C'est parce que j'ai la conviction qu'il y a là un terrain propice à la lutte contre les inégalités et un facteur essentiel à l'épanouissement et l'émancipation que, depuis maintenant près de trois ans, au sein du gouvernement, j'ai mis en uvre une politique sociale du tourisme dont l'axe essentiel est la promotion et la concrétisation de l'égal accès aux vacances.
Je veux qu'il bénéficie au plus grand nombre, à toutes celles et à tous ceux qui font notre société : les jeunes, les travailleurs, les chômeurs, les retraités, les familles ou encore, les personnes handicapées.
Cela nécessite de répondre, de façon très concrète, à la diversité des besoins et des attentes sociales en la matière, par différents types d'aide au départ.
Ainsi, comme vous le savez, j'ai tout d'abord, renforcé et développé le rôle de l'Agence nationale du chèque-vacances en étendant notamment le bénéfice du chèque-vacances aux salariés des PME-PMI de moins de 50 salariés. Cela permettra à plusieurs millions de salariés de bénéficier, eux aussi, de ce système original d'épargne volontaire abondé par l'employeur.
Par ailleurs, en considérant que l'aide au départ en vacances, c'est aussi l'aide à ceux qui organisent ce départ, j'ai souhaité conforter les associations de Tourisme social et associatif dans leur rôle. Car dans notre pays nous ne partons pas de rien, nous avons une histoire liée aux grandes conquêtes sociales depuis 1936 avec les congés payés, la naissance des grandes fédérations d'éducation populaires, les comités d'entreprise qui ont grandement contribués à la démocratisation des vacances. Le secteur au fil du temps par manque de soutien des Pouvoirs Publics s'était affaibli.
Aussi, les 6 et 7 mai 1999, et pour la première fois en France, se sont déroulés, à mon initiative, les États généraux du Tourisme social et associatif. Avec l'ensemble de ses acteurs, nous avons fait le point sur les difficultés rencontrées et les moyens d'y remédier.
Plus récemment, dans un souci de continuité, j'ai également installé une Coordination nationale du tourisme social et associatif, dont le rôle est de poursuivre et d'amplifier le travail entrepris il y a un an.
Dans le même temps, j'ai fait en sorte de favoriser la rénovation des villages de vacances des associations de tourisme en relançant ce que l'on appelle "le plan patrimoine". Une somme de 50 millions de francs y est consacrée chaque année.
Mais pour conclure, permettez-moi de revenir à l'initiative importante et remarquable de la commune de Miramas qui, en donnant du contenu au droit aux vacances pour tous, fait en sorte que les familles les plus en difficulté sociale puissent recouvrer et exercer leur pleine citoyenneté.
A l'image de Miramas, je souhaite que d'autres villes d'autres collectivités locales ou territoriales, s'engagent dans cette démarche.
C'est le cas, d'ores et déjà, de la Région Ile-de-France qui a adhéré à la Bourse Solidarité Vacances, et qui s'est engagée, dans la durée du Contrat de plan, à en faire bénéficier de nombreuses familles franciliennes.
Je connais l'intérêt de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur pour ce dispositif, puisqu'elle a souhaité inclure le droit aux vacances pour tous dans le volet tourisme du Contrat de plan. Mes services comme la Bourse Solidarité Vacances dont le directeur est parmi nous, sont à votre disposition pour vous aider au montage de projets.
Il appartiendra ensuite aux différents partenaires de décliner, concrètement, leur mise en uvre.
La présence d'acteurs divers (institutions, collectivités, associations et entreprises de tourisme, associations de solidarité...) est à la fois le signe d'un engagement multiforme et d'une volonté partagée : faire reculer l'exclusion en faisant vivre le droit aux vacances et aux loisirs pour tous car enfin, avec la perspective du triplement des voyages au plan mondial d'ici 20 ans, avec la réduction du temps de travail. Il y a urgence à réagir dans un domaine souvent considérer comme non prioritaire alors que se construit un nouveau progrès social ne laissons pas se creuser une nouvelle inégalité.
Il s'agit là, j'en suis persuadée, l'un des plus beaux défis que nous pouvons relever et mener à bien ensemble.
Je vous remercie.
( Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 14 juin 2000)