Texte intégral
Hervé Morin, bonjour.
Bonjour.
Vous êtes le président du Groupe UDF à l'Assemblée nationale. Un million de personnes dans les rues, la réforme des retraites doit-elle continuer ?
Il ne fait aucun doute que le gouvernement n'a pas le choix. Tout le monde sait très bien que la France ne peut pas rester sur un régime de retraites tel qu'il était jusqu'alors, et qu'il faut absolument effectuer des réformes, et c'est du bien de la France et des français qu'il s'agit.
Alors Hervé Morin, Jacques Barrot d'un côté, Bernard Accoyer de l'autre, disent qu'il faut faire cette réforme avec un souci de justice et d'équité, et notamment une réévaluation des petites retraites. A l'UDF vous envisagez que les basses pensions soient réévaluées à hauteur de 90% du SMIC, quand le gouvernement propose 75% et Jacques Barrot 80%.
Ecoutez, je suis ravi que l'UMP ait repris ce qui a été l'essentiel de notre thématique depuis trois semaines, c'est-à-dire depuis le moment où nous avons présenté nos propositions. Nous n'avons cessé de dire qu'il fallait que cette réforme soit emprunte de l'idée de justice et d'équité ; et notamment sur les bas salaires, nous avons dit qu'il fallait aller jusqu'à 90% du SMIC. Pourquoi 90% du SMIC ? D'une part parce que quelqu'un qui a travaillé toute sa vie dans des conditions souvent difficiles mérite d'avoir une retraite décente. Deuxième raison majeure : il faut qu'entre celui qui a cotisé pendant 40 ans, et celui qui n'a pas cotisé, pour toutes les raisons du monde, il faut que la différence de retraite entre le minimum vieillesse et cette retraite de base soit assez importante ; d'où l'idée de 90% du SMIC.
Quelles concessions d'après vous, le gouvernement va-t-il faire ce soir en rencontrant les partenaires sociaux ?
J'ai le sentiment qu'il fera cette concession. Comme il en fera une, je l'espère aussi, pour que ceux qui ont commencé à cotiser à 14 ou à 15 ans puissent prendre leur retraite au bout de 40 ans. J'espère qu'il fera aussi des efforts sur le principe d'égalité des français devant la retraite. Sur ce point, j'ai l'impression que le gouvernement, malheureusement, en fera moins. A l'UDF, nous considérons qu'il n'y a pas de raison que tout le monde - sauf circonstances particulières liées à la pénibilité du travail - ne soit pas aligné quelque soit son régime de retraite.
De plus, je suis convaincu que si les français renâclent, c'est parce qu'ils ont le sentiment que ce n'est pas juste. Pourquoi le cheminot de la SNCF a droit au départ à la retraite à 50 ans ; pourquoi l'agent d'EDF est à un régime encore particulier, et pourquoi seuls les fonctionnaires et les salariés du secteur privé feraient les frais de la réforme ? Ce que nous appelons aussi, c'est un alignement pour les régimes spéciaux.
Alors ça, ça sera beaucoup plus difficile !
HM : Nous le présenterons à l'Assemblée. Cela sera refusé, mais c'est un combat que nous mènerons.
Vous pensez que le gouvernement devrait faire preuve davantage de courage en ce qui concerne les régimes spéciaux ?
HM : Je crois que ce que nous vivons tous dans nos circonscriptions, c'est que personne n'est satisfait parce que tout le monde a le sentiment que personne ne fait le même effort. L'alignement des régimes spéciaux, c'est le meilleur moyen pour que tous les français se sentent égaux devant la retraite.
Dans ce contexte, s'il y a blocage aujourd'hui et éventuellement à terme sur les régimes spéciaux, alors que vous avez réclamé un référendum, où en êtes vous de cette demande ?
C'est trop tard, ce référendum n'a plus de sens. Ce n'est pas un référendum sur un recours. Un recours au peuple, s'il y a un blocage de la France pendant trois mois, c'est une épreuve qui est quasiment perdue d'avance.
Nous, ce que nous demandions, c'est de le faire avant la réforme. Il fallait dire : voilà quels sont les principes sur lesquels nous allons fonder notre réforme : le principe d'égalité de tous devant la retraite, le principe de justice. Il fallait interroger les français, recueillir leur assentiment sur les grandes architectures du projet, sur les grands principes de la réforme. Vous pouviez toujours aller manifester après, le peuple avait tranché !
Merci Hervé Morin.
(Source http://www.udf.org, le 20 mai 2003)
Bonjour.
Vous êtes le président du Groupe UDF à l'Assemblée nationale. Un million de personnes dans les rues, la réforme des retraites doit-elle continuer ?
Il ne fait aucun doute que le gouvernement n'a pas le choix. Tout le monde sait très bien que la France ne peut pas rester sur un régime de retraites tel qu'il était jusqu'alors, et qu'il faut absolument effectuer des réformes, et c'est du bien de la France et des français qu'il s'agit.
Alors Hervé Morin, Jacques Barrot d'un côté, Bernard Accoyer de l'autre, disent qu'il faut faire cette réforme avec un souci de justice et d'équité, et notamment une réévaluation des petites retraites. A l'UDF vous envisagez que les basses pensions soient réévaluées à hauteur de 90% du SMIC, quand le gouvernement propose 75% et Jacques Barrot 80%.
Ecoutez, je suis ravi que l'UMP ait repris ce qui a été l'essentiel de notre thématique depuis trois semaines, c'est-à-dire depuis le moment où nous avons présenté nos propositions. Nous n'avons cessé de dire qu'il fallait que cette réforme soit emprunte de l'idée de justice et d'équité ; et notamment sur les bas salaires, nous avons dit qu'il fallait aller jusqu'à 90% du SMIC. Pourquoi 90% du SMIC ? D'une part parce que quelqu'un qui a travaillé toute sa vie dans des conditions souvent difficiles mérite d'avoir une retraite décente. Deuxième raison majeure : il faut qu'entre celui qui a cotisé pendant 40 ans, et celui qui n'a pas cotisé, pour toutes les raisons du monde, il faut que la différence de retraite entre le minimum vieillesse et cette retraite de base soit assez importante ; d'où l'idée de 90% du SMIC.
Quelles concessions d'après vous, le gouvernement va-t-il faire ce soir en rencontrant les partenaires sociaux ?
J'ai le sentiment qu'il fera cette concession. Comme il en fera une, je l'espère aussi, pour que ceux qui ont commencé à cotiser à 14 ou à 15 ans puissent prendre leur retraite au bout de 40 ans. J'espère qu'il fera aussi des efforts sur le principe d'égalité des français devant la retraite. Sur ce point, j'ai l'impression que le gouvernement, malheureusement, en fera moins. A l'UDF, nous considérons qu'il n'y a pas de raison que tout le monde - sauf circonstances particulières liées à la pénibilité du travail - ne soit pas aligné quelque soit son régime de retraite.
De plus, je suis convaincu que si les français renâclent, c'est parce qu'ils ont le sentiment que ce n'est pas juste. Pourquoi le cheminot de la SNCF a droit au départ à la retraite à 50 ans ; pourquoi l'agent d'EDF est à un régime encore particulier, et pourquoi seuls les fonctionnaires et les salariés du secteur privé feraient les frais de la réforme ? Ce que nous appelons aussi, c'est un alignement pour les régimes spéciaux.
Alors ça, ça sera beaucoup plus difficile !
HM : Nous le présenterons à l'Assemblée. Cela sera refusé, mais c'est un combat que nous mènerons.
Vous pensez que le gouvernement devrait faire preuve davantage de courage en ce qui concerne les régimes spéciaux ?
HM : Je crois que ce que nous vivons tous dans nos circonscriptions, c'est que personne n'est satisfait parce que tout le monde a le sentiment que personne ne fait le même effort. L'alignement des régimes spéciaux, c'est le meilleur moyen pour que tous les français se sentent égaux devant la retraite.
Dans ce contexte, s'il y a blocage aujourd'hui et éventuellement à terme sur les régimes spéciaux, alors que vous avez réclamé un référendum, où en êtes vous de cette demande ?
C'est trop tard, ce référendum n'a plus de sens. Ce n'est pas un référendum sur un recours. Un recours au peuple, s'il y a un blocage de la France pendant trois mois, c'est une épreuve qui est quasiment perdue d'avance.
Nous, ce que nous demandions, c'est de le faire avant la réforme. Il fallait dire : voilà quels sont les principes sur lesquels nous allons fonder notre réforme : le principe d'égalité de tous devant la retraite, le principe de justice. Il fallait interroger les français, recueillir leur assentiment sur les grandes architectures du projet, sur les grands principes de la réforme. Vous pouviez toujours aller manifester après, le peuple avait tranché !
Merci Hervé Morin.
(Source http://www.udf.org, le 20 mai 2003)