Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les relations entre la France et la République de Madagascar, à Paris le 29 avril 2003.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Diner en l'honneur du Président de la République de Madagascar, M. Marc Ravalomanana, à Paris le 29 avril 2003

Texte intégral

Monsieur le Président de la République,
Madame,
Madame et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Monsieur le Président de la République, permettez-moi de vous dire le plaisir qui est le mien de vous recevoir ce soir, dans ce palais des Affaires Etrangères, au nom du gouvernement français tout entier et plus particulièrement du Premier ministre M. Jean-Pierre Raffarin, et du ministre des Affaires étrangères M. Dominique de Villepin.
Il y a maintenant deux mois, au cours de ma visite dans la Grande Ile, qui fut très riche d'enseignement, j'ai eu le plaisir de vous rencontrer dans votre pays. Cette visite, comme vous le savez, s'est conclue par la signature de nouvelles conventions de financement et de partenariat dans les secteurs prioritaires du développement de Madagascar.
Mais je suis particulièrement heureux, et honoré, de vous accueillir ce soir, à l'occasion de votre visite en France à l'invitation du président Jacques Chirac. Ces deux rencontres à quelques semaines d'intervalle démontrent très clairement qu'une nouvelle et forte impulsion a été donnée aux relations entre nos deux pays. Mais nous célébrons en même temps, ici, une amitié très ancienne, et particulière, qui est celle de Madagascar et de la France.
Depuis les temps où Colbert encourageait la "Compagnie des Indes Orientales" à nouer des liens avec les habitants de l'île rouge, la longue histoire des relations franco-malgaches s'est construite, nourrie d'échanges culturels, religieux, linguistiques, d'échanges économiques et scientifiques aussi.
Cette histoire a comporté bien sûr également son lot de tragédies et de déchirements que nous assumons ensemble, avec lucidité et compassion.
C'est avec émotion et respect que j'évoque le sort des fils de Madagascar, qui lors des deux guerres mondiales du siècle dernier ont sacrifié leur vie pour la défense et la victoire finale de la France et du monde libre et des valeurs qu'ils défendaient à l'époque. Monsieur le Président, vous avez tenu à honorer leur mémoire durant votre séjour à Paris ; permettez-moi de m'associer solennellement à cet hommage et de leur exprimer la reconnaissance de la France.
Depuis la visite du général de Gaulle à Tananarive, en août 1958, la relation franco-malgache a été fondée sur de nouvelles bases, que la période difficile des années 1970 n'a pas sapées. Et il nous appartient aujourd'hui de faire vivre et se développer cette relation privilégiée, faite de respect mutuel, et je le crois, de profonde compréhension.
Madagascar, plus récemment, a traversé en 2002 une crise politique durant laquelle notre relation a - momentanément - été mise à l'épreuve. Cependant, la France et les Français ne se sont jamais montrés indifférents au sort du peuple malgache.
La crise a finalement connu le dénouement que l'on sait.
Nous nous sommes réjouis de ce règlement, positif pour Madagascar, et conforme aux principes qui guident notre action : une solution pacifique, le maintien de l'intégrité territoriale, le souci du légalisme et du respect de la constitution, le dialogue entre les parties, et enfin, en épilogue, une conférence des bailleurs de fonds porteuse d'espoirs pour l'avenir du pays.
A l'heure où d'autres crises perdurent ou dégénèrent en conflits meurtriers de par le monde, il convient de méditer sur la réaction du peuple malgache, le ciment d'une nation (le "Fihavanana"), et la foi dans l'avenir, ayant eu raison des démons de la division et de la violence.
Aujourd'hui, Madagascar a toutes les cartes en main pour prendre deux tournants décisifs : celui du développement, dont tous attendent les fruits, et celui d'une démocratie aussi forte que sereine.
La France veut que Madagascar réussisse. Vous avez notre soutien, vous le savez.
Monsieur le Président, vous connaissez l'effort d'aide au développement consenti par la France en faveur de Madagascar : c'est l'un des plus importants de notre dispositif de coopération. Cet effort couvre non seulement notre soutien au développement économique et social et aux réformes institutionnelles, mais aussi notre action en faveur de la diffusion de la culture et de la connaissance, avec notamment le réseau d'établissements scolaires français et d'Alliances françaises le plus dense au monde.
C'est surtout au resserrement des liens humains entre la France et Madagascar que je pense ce soir, face à vous toutes et à vous tous, Mesdames et Messieurs, qui, à des titres divers, en êtes les acteurs. Il nous faut, de part et d'autre, songer à faciliter la circulation des personnes, des responsables, des élus, des hommes d'affaires, des étudiants, des artistes, des scientifiques mais aussi de toutes celles et de tous ceux qui souhaitent découvrir simplement les beautés de votre pays.
Monsieur le Président, nous partageons les mêmes valeurs fondamentales, le respect de l'autre, le respect du droit, la volonté d'apporter le progrès à tous. Dans un monde dont la stabilité et l'équilibre doivent plus que jamais être défendus, il est bon que les amis s'épaulent et agissent en confiance. Ensemble, nous devons travailler en particulier à la prospérité et à la paix dans l'Océan indien, où la France est présente et active à travers l'Ile de la Réunion.
Au-delà, nous devons promouvoir ensemble la diversité culturelle dans le monde. C'est un autre défi de taille, et qui touche à nos identités. La culture - la riche et ancienne culture - et la langue malgaches font partie du patrimoine de l'humanité. Elles doivent être préservées. C'est bien l'objet de ce grand dessein qu'est la diversité culturelle, portée par nos pays et par l'Organisation internationale de la Francophonie, dont Madagascar fait partie. Et le respect des identités n'empêche pas, bien au contraire, les échanges et les apports enrichissants entre les cultures. Ainsi le grand poète Jean-Joseph Rabearivelo a renouvelé l'écriture en langue malgache et a enrichi de ses songes la langue française, que nous avons en partage. C'est aujourd'hui le tour d'une nouvelle génération créative d'écrivains et de cinéastes, que nous devons encourager et soutenir pour renforcer le tissu déjà très solide de nos relations.
Votre visite en France, Monsieur le Président, est un moment fort de ces relations.
Permettez-moi, Monsieur le Président, de lever mon verre à son plein succès, mais aussi à votre santé et à celle de Madame Ravalomanana, ainsi qu'à l'amitié franco-malgache
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mai 2003)