Texte intégral
Madame la Ministre,
Madame la Directrice générale,
Mesdames, Messieurs, Mesdemoiselles,
Les questions liées à la place des femmes dans le domaine de la recherche et des sciences nous mobilisent avec une acuité de plus en plus grande, qu'il s'agisse d'attirer les jeunes filles vers les filières et carrières scientifiques, de favoriser l'accès des femmes aux postes de responsabilité et instances de décision, de mieux reconnaître leurs accomplissements en sciences et technologies, ou encore de permettre une meilleure conciliation entre vie privée et professionnelle.
En repensant à cette exposition qui nous offre tant de visages de femmes pionnières, je suis pleinement consciente d'être à la fois juge et partie dans ce projet.
Je songe à un texte écrit sur le thème des Découvreuses, à une époque où j'étais loin d'imaginer qu'un an plus tard j'occuperai ces fonctions de Ministre déléguée à la Recherche.
Et pourtant, je ne vois pas de solution de continuité dans ce parcours à travers le miroir.
Je ne me sens pas moins découvreuse aujourd'hui qu'hier ; ou plutôt, je me sens plus découvreuse encore.
Pourquoi ? Parce qu'il s'agit moins maintenant pour moi de découvrir que de donner le désir de découvrir, que d'aider à découvrir.
Mes convictions sont inchangées : aujourd'hui comme hier, je suis persuadée que les carrières scientifiques et techniques sont à même d'offrir à tous et à toutes le bonheur d'une vie plus intense, d'un "maximum d'existence" - sans qu'il soit nécessaire pour cela d'aller jusqu'en orbite...
Aujourd'hui comme hier, je souhaite offrir le témoignage d'un épanouissement personnel construit autour d'un engagement professionnel, sans renoncement à une vie de femme, d'épouse et de mère.
Je souhaite surtout contribuer résolument à favoriser l'accroissement du nombre de femmes exerçant des carrières scientifiques et techniques et à renforcer leur position dans la communauté scientifique. C'est à ce double objectif que répond l'accord cadre de coopération que nous nous apprêtons à signer ce matin.
Cela implique d'une part d'améliorer l'image des sciences chez les femmes et l'image des femmes dans les sciences et, d'autre part, de renforcer l'attractivité des filières scientifiques.
Je crois qu'une des forces de cet accord tient à ce qu'il implique l'ensemble de acteurs du grand ministère de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche. Il est, en effet, très important de s'appuyer sur la continuité des messages et des actions, qu'il s'agisse de la sensibilisation des plus jeunes en faveur des sciences ou des actions incitatives des organismes de recherche.
J'ajouterai comme Ministre chargée de la Recherche ma fierté non seulement que le Ministère compte en son sein une Mission Parité en sciences et technologies, mais également qu'une femme, scientifique de renom, vous aurez reconnu Elizabeth Giacobino, occupe les fonctions de Directrice de la Recherche.
Ainsi, l'accord que nous signons aujourd'hui ouvre une voie. Il est le prélude à des conventions qui permettront d'élargir le cadre de nos actions à d'autres organismes de recherche, à d'autres partenaires, publics ou privés, français ou européens.
Mais j'aimerais attirer votre attention sur un point.
Le message que nous portons aujourd'hui va bien au delà de l'incitation des jeunes filles à entrer dans les filières scientifiques, il s'adresse à toute la jeunesse. Il s'adresse aux jeunes, garçons et filles, qui hésitent à s'engager dans les filières et les carrières scientifiques et à qui je veux dire : osez la science !
Il s'adresse à celles et ceux qui souhaitent vivre sur le mode de l'engagement. A ceux-là, je dis : "les sciences vous offrent cette chance" ; qu'il s'agisse de nanotechnologies, d'informatique, de génie des matériaux ou de médecine, d'histoire ou d'anthropologie, de lettres ou de droit de la propriété intellectuelle...
Je pense en particulier aux métiers qui font appel aux technologies de l'information et de la communication.
Chargée par le Premier Ministre d'assurer la coordination du plan RE/SO 2007, "pour une société en réseau dans la société de l'information", j'ai lancé il y a deux jours la Fête de l'Internet - avec un objectif, promouvoir les usages de l'Internet pour tous... et toutes... Car Internet, c'est pour les femmes, à la fois un outil de communication, un vecteur de création et un facteur de lien social.
Porte ouverte sur les savoirs et sur le monde, c'est aussi, via le télétravail, une des pistes pour mieux concilier vie familiale et vie professionnelle.
La vocation scientifique, ce n'est pas toujours immédiat. Le plus souvent, c'est la conséquence personnelle d'une rencontre avec un scientifique passionné par son métier et donc passionnant.
A nous d'entretenir cette passion dont notre pays a réellement besoin. Pas seulement au sein de nos organismes publics, de nos universités, mais aussi dans nos entreprises.
Je crois profondément que l'on peut faire le pari de la science. Le pari de faire partie d'une aventure. Une aventure individuelle, certes, mais surtout collective. Le pari de la conquête des savoirs et des savoir-faire, le pari du dépassement. Ce pari, on peut le faire et on doit le faire.
Le Président de la République qui inaugurait la semaine dernière près de Grenoble, la nouvelle unité de production, dite "Crolles 2", d'une grande entreprise dans le domaine de la microélectronique l'a encore rappelé : "la matière première de la recherche, c'est la matière grise".
C'est pourquoi il est si important pour notre pays, pour la croissance économique et pour l'emploi, d'employer toutes nos énergies à enrayer la désaffection des jeunes, filles et garçons, envers les sciences.
Il est, en effet, troublant de constater la part réduite occupée par les femmes dans la recherche industrielle comme dans le monde des créateurs d'entreprises et entrepreneurs.
Afin de mieux en comprendre les causes, j'ai demandé à la Mission pour la Parité en Sciences et technologies de préparer en 2003 le Livre Blanc des Femmes dans la recherche privée. Ce sera pour nous un outil précieux.
Car, j'en suis convaincue, l'esprit d'entreprendre doit et peut se décliner au féminin.
Les mesures fiscales et juridiques que j'ai annoncées avec ma collègue Nicole Fontaine dans le plan innovation visent à favoriser la création de jeunes entreprises innovantes.
Puissent les femmes saisir cette chance ! Puissions-nous stimuler, encourager et accompagner au mieux cet esprit d'entreprendre, cet élan, ce bouillonnement d'initiatives !
Je termine en vous redisant ce proverbe africain cité par Lindsay Owen-Jones lors de la remise des trophées L'Oréal For Women in Science jeudi dernier : "Quand on éduque un homme, on éduque un individu. Quand on éduque une femme, on éduque une famille, une nation".
Comment alors ne pas rappeler que la seule femme entrée au Panthéon est une scientifique, Marie-Curie, et pas des moindres, puisqu'elle a reçu deux prix Nobel, femme admirable qui a partagé une aventure scientifique avec son mari, dont les enfants ont pris la suite, recevant à leur tour le Prix Nobel
Voilà bien l'exemple d'une mixité équilibrée en sciences.
Voilà bien l'incarnation de valeurs exemplaires : audace ; détermination ; transmission des savoirs aux générations à venir
Voilà enfin, selon une enquête très récente, une femme entrée dans la mémoire commune européenne, juste après Winston Churchill et à égalité avec le général de Gaulle
C'est à ce titre, que je souhaite donner un éclat tout particulier à cette année 2003 où nous fêtons le centenaire du Prix Nobel d'Antoine Becquerel et Pierre et Marie Curie. Une des manifestations phares de ce Centenaire sera d'ailleurs la cérémonie d'hommage aux femmes de la famille Curie au cours de laquelle sera remis le Prix Irène Joliot-Curie.
Puissions nous donner toutes leurs chances à celles qui veulent explorer les chemins de la science et des techniques !
Je vous remercie.
Je passe maintenant la parole à Nicole Ameline.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 10 mars 2003)
Madame la Directrice générale,
Mesdames, Messieurs, Mesdemoiselles,
Les questions liées à la place des femmes dans le domaine de la recherche et des sciences nous mobilisent avec une acuité de plus en plus grande, qu'il s'agisse d'attirer les jeunes filles vers les filières et carrières scientifiques, de favoriser l'accès des femmes aux postes de responsabilité et instances de décision, de mieux reconnaître leurs accomplissements en sciences et technologies, ou encore de permettre une meilleure conciliation entre vie privée et professionnelle.
En repensant à cette exposition qui nous offre tant de visages de femmes pionnières, je suis pleinement consciente d'être à la fois juge et partie dans ce projet.
Je songe à un texte écrit sur le thème des Découvreuses, à une époque où j'étais loin d'imaginer qu'un an plus tard j'occuperai ces fonctions de Ministre déléguée à la Recherche.
Et pourtant, je ne vois pas de solution de continuité dans ce parcours à travers le miroir.
Je ne me sens pas moins découvreuse aujourd'hui qu'hier ; ou plutôt, je me sens plus découvreuse encore.
Pourquoi ? Parce qu'il s'agit moins maintenant pour moi de découvrir que de donner le désir de découvrir, que d'aider à découvrir.
Mes convictions sont inchangées : aujourd'hui comme hier, je suis persuadée que les carrières scientifiques et techniques sont à même d'offrir à tous et à toutes le bonheur d'une vie plus intense, d'un "maximum d'existence" - sans qu'il soit nécessaire pour cela d'aller jusqu'en orbite...
Aujourd'hui comme hier, je souhaite offrir le témoignage d'un épanouissement personnel construit autour d'un engagement professionnel, sans renoncement à une vie de femme, d'épouse et de mère.
Je souhaite surtout contribuer résolument à favoriser l'accroissement du nombre de femmes exerçant des carrières scientifiques et techniques et à renforcer leur position dans la communauté scientifique. C'est à ce double objectif que répond l'accord cadre de coopération que nous nous apprêtons à signer ce matin.
Cela implique d'une part d'améliorer l'image des sciences chez les femmes et l'image des femmes dans les sciences et, d'autre part, de renforcer l'attractivité des filières scientifiques.
Je crois qu'une des forces de cet accord tient à ce qu'il implique l'ensemble de acteurs du grand ministère de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche. Il est, en effet, très important de s'appuyer sur la continuité des messages et des actions, qu'il s'agisse de la sensibilisation des plus jeunes en faveur des sciences ou des actions incitatives des organismes de recherche.
J'ajouterai comme Ministre chargée de la Recherche ma fierté non seulement que le Ministère compte en son sein une Mission Parité en sciences et technologies, mais également qu'une femme, scientifique de renom, vous aurez reconnu Elizabeth Giacobino, occupe les fonctions de Directrice de la Recherche.
Ainsi, l'accord que nous signons aujourd'hui ouvre une voie. Il est le prélude à des conventions qui permettront d'élargir le cadre de nos actions à d'autres organismes de recherche, à d'autres partenaires, publics ou privés, français ou européens.
Mais j'aimerais attirer votre attention sur un point.
Le message que nous portons aujourd'hui va bien au delà de l'incitation des jeunes filles à entrer dans les filières scientifiques, il s'adresse à toute la jeunesse. Il s'adresse aux jeunes, garçons et filles, qui hésitent à s'engager dans les filières et les carrières scientifiques et à qui je veux dire : osez la science !
Il s'adresse à celles et ceux qui souhaitent vivre sur le mode de l'engagement. A ceux-là, je dis : "les sciences vous offrent cette chance" ; qu'il s'agisse de nanotechnologies, d'informatique, de génie des matériaux ou de médecine, d'histoire ou d'anthropologie, de lettres ou de droit de la propriété intellectuelle...
Je pense en particulier aux métiers qui font appel aux technologies de l'information et de la communication.
Chargée par le Premier Ministre d'assurer la coordination du plan RE/SO 2007, "pour une société en réseau dans la société de l'information", j'ai lancé il y a deux jours la Fête de l'Internet - avec un objectif, promouvoir les usages de l'Internet pour tous... et toutes... Car Internet, c'est pour les femmes, à la fois un outil de communication, un vecteur de création et un facteur de lien social.
Porte ouverte sur les savoirs et sur le monde, c'est aussi, via le télétravail, une des pistes pour mieux concilier vie familiale et vie professionnelle.
La vocation scientifique, ce n'est pas toujours immédiat. Le plus souvent, c'est la conséquence personnelle d'une rencontre avec un scientifique passionné par son métier et donc passionnant.
A nous d'entretenir cette passion dont notre pays a réellement besoin. Pas seulement au sein de nos organismes publics, de nos universités, mais aussi dans nos entreprises.
Je crois profondément que l'on peut faire le pari de la science. Le pari de faire partie d'une aventure. Une aventure individuelle, certes, mais surtout collective. Le pari de la conquête des savoirs et des savoir-faire, le pari du dépassement. Ce pari, on peut le faire et on doit le faire.
Le Président de la République qui inaugurait la semaine dernière près de Grenoble, la nouvelle unité de production, dite "Crolles 2", d'une grande entreprise dans le domaine de la microélectronique l'a encore rappelé : "la matière première de la recherche, c'est la matière grise".
C'est pourquoi il est si important pour notre pays, pour la croissance économique et pour l'emploi, d'employer toutes nos énergies à enrayer la désaffection des jeunes, filles et garçons, envers les sciences.
Il est, en effet, troublant de constater la part réduite occupée par les femmes dans la recherche industrielle comme dans le monde des créateurs d'entreprises et entrepreneurs.
Afin de mieux en comprendre les causes, j'ai demandé à la Mission pour la Parité en Sciences et technologies de préparer en 2003 le Livre Blanc des Femmes dans la recherche privée. Ce sera pour nous un outil précieux.
Car, j'en suis convaincue, l'esprit d'entreprendre doit et peut se décliner au féminin.
Les mesures fiscales et juridiques que j'ai annoncées avec ma collègue Nicole Fontaine dans le plan innovation visent à favoriser la création de jeunes entreprises innovantes.
Puissent les femmes saisir cette chance ! Puissions-nous stimuler, encourager et accompagner au mieux cet esprit d'entreprendre, cet élan, ce bouillonnement d'initiatives !
Je termine en vous redisant ce proverbe africain cité par Lindsay Owen-Jones lors de la remise des trophées L'Oréal For Women in Science jeudi dernier : "Quand on éduque un homme, on éduque un individu. Quand on éduque une femme, on éduque une famille, une nation".
Comment alors ne pas rappeler que la seule femme entrée au Panthéon est une scientifique, Marie-Curie, et pas des moindres, puisqu'elle a reçu deux prix Nobel, femme admirable qui a partagé une aventure scientifique avec son mari, dont les enfants ont pris la suite, recevant à leur tour le Prix Nobel
Voilà bien l'exemple d'une mixité équilibrée en sciences.
Voilà bien l'incarnation de valeurs exemplaires : audace ; détermination ; transmission des savoirs aux générations à venir
Voilà enfin, selon une enquête très récente, une femme entrée dans la mémoire commune européenne, juste après Winston Churchill et à égalité avec le général de Gaulle
C'est à ce titre, que je souhaite donner un éclat tout particulier à cette année 2003 où nous fêtons le centenaire du Prix Nobel d'Antoine Becquerel et Pierre et Marie Curie. Une des manifestations phares de ce Centenaire sera d'ailleurs la cérémonie d'hommage aux femmes de la famille Curie au cours de laquelle sera remis le Prix Irène Joliot-Curie.
Puissions nous donner toutes leurs chances à celles qui veulent explorer les chemins de la science et des techniques !
Je vous remercie.
Je passe maintenant la parole à Nicole Ameline.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 10 mars 2003)