Texte intégral
A. Hausser Quand vous entendez, quand vous voyez que la guerre d'après ce que nous disent ce matin les journaux américains pourrait prendre plusieurs mois et nécessiter des renforts considérables, comment est-ce que vous réagissez ?
- "Nous savons bien que la guerre est toujours une aventure incertaine. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la France a tout fait pour éviter l'enclenchement des hostilités et à tout fait pour faire en sorte que le régime de Bagdad puisse être désarmé avec d'autres moyens. D'autres en ont décidé autrement et c'est vrai que maintenant la situation est incertaine. Mais elle est incertaine dans un sens, peut-être dans l'autre. En vérité, je crois qu'aujourd'hui il est bien difficile de savoir ce qui peut se passer. Si la durée est longue, les conséquences politiques et militaires bien sûr, mais aussi économiques seront plus difficiles, sans doute plus lourdes pour nous tous que si la guerre était courte, voilà ce qu'on peut dire. Pour le reste, il y a aussi l'humanitaire et il y a aussi l'après-guerre et je crois qu'il faut déjà y penser. Sur l'humanitaire, la France a fait savoir très clairement - et elle en parle à l'ONU - qu'elle était prête à aider, car il y a un vrai risque de difficultés humanitaires très important, en particulier dans les villes d'Irak. Et puis, il y a l'après-guerre et là, la France a déjà dit qu'elle était attachée à l'intégrité territoriale de l'Irak. Je crois que c'est un point important. Ce qui signifie que nous devons tout faire, les uns et les autres, pour que d'autres pays voisins n'interviennent pas dans le processus de guerre."
"Tout faire pour que d'autres pays n'interviennent pas", est-ce que notre voix peut encore être entendue ?
- "Je crois que la voix de la France est entendue, elle a été entendue et elle intéresse beaucoup de pays, en particulier dans cette zone géographique. Je crois qu'il est important de dire ce que nous pensons pour l'avenir, pour préparer la suite, car il y aura de toute façon une suite."
Une suite qui ne peut être placée que sous l'égide de l'ONU et c'est ce que dit la France.
- "La reconstruction devra effectivement passer par l'ONU et par une responsabilisation de la communauté internationale."
Mais est-ce que la durée du conflit n'est pas justement un risque supplémentaire pour la légitimité de l'ONU ?
- "Il est évident que la durée de la guerre est un risque supplémentaire à tout point de vue, y compris sur ce plan-là. Mais en même temps, les difficultés que l'on rencontre, c'est aussi une façon de dire qu'on aura bien besoin de l'ONU."
En France, on est inquiets - vous le dites, le ministre de l'Intérieur le dit - ; on a développé, intensifié le plan Vigipirate. Hier, le Président de la République a réuni le Conseil de sécurité intérieure ; on ne fait pas beaucoup de publicité autour de cette instance mais je suppose qu'il a été question de mesures de précaution justement ?
- "Bien entendu. Cette instance est présidée par le chef de l'Etat lui-même, et qui réunit quelques ministres concernés par les questions de sécurité. Nous avons effectivement travaillé hier après-midi sur les questions liées aux risques de terrorisme et aux risques liés à la guerre."
Il y a une vraie crainte ? Il y a de vrais indices ?
- "Nous devons être vigilants au niveau des forces de renseignement, des forces de police et de gendarmerie, N. Sarkozy et M. Alliot-Marie font en sorte que nos dispositifs soient le plus efficaces possible. En ce qui me concerne, je veille à ce que l'institution judiciaire, et en particulier, les juridictions spécialisée antiterroriste soient en capacité de faire face si elles devaient traiter un plus grand nombre de dossiers. Et par ailleurs, nous échangeons les renseignements nécessaires pour mener les politiques dont nous avons la charge."
Et vous êtes suffisamment renseigné, informé, du fait que nous ne soyons pas dans la coalition, des risques que l'on peut encourir ?
- "La coopération judiciaire et la coopération des services de renseignements en matière antiterroriste se poursuivent, indépendamment du contexte international que nous évoquons ce matin. C'est un point très important, en particulier sur le plan judiciaire. Je peux vous dire que la coopération avec la Grande-Bretagne, avec les Etats-Unis, avec l'Espagne, avec les autres pays d'Europe se poursuit dans de très bonnes conditions."
Donc le Conseil des ministres de la Justice qui doit se dérouler à Athènes va bien se passer ? Vous progressez vraiment ?
- "Demain et samedi matin, nous avons effectivement un Conseil des ministres Justice et Intérieur à Athènes, présidé par notre collègue grec, puisque c'est la Grèce qui préside l'Union européenne en ce moment et nous traiterons d'un certain nombre de sujets s'agissant des questions qui concernent le plus la vie quotidienne des Français. Je voudrais, en ce qui me concerne, faire avancer deux dossiers, tout spécialement le premier qui est celui des questions d'enlèvement d'enfant de couple divorcé, de couple séparé européen, de façon à ce qu'on arrive avant le mois de juillet, j'espère, à avoir une directive européenne, une réglementation européenne permettant d'empêcher ce type de situation très douloureuse pour les familles. Le deuxième sujet que j'ai demandé à mon collègue grec de mettre à l'ordre du jour, c'est la façon de coordonner nos institutions judiciaires pour lutter contre les quelques patrons-voyous, qui, comme dans le cas de Metaleurop, posent problème. Il est évident que c'est dans le cadre de l'Union européenne que nous pouvons mieux lutter contre des comportements qui consistent à vider de leur substance des entreprises en France."
Mais est-ce que la période s'y prête ? Ca, c'est une autre question...
- "Vous savez, pour les vrais sujets c'est toujours le moment."
Ce qui vous concerne plus particulièrement, c'est ce qui se passe dans les prisons qui deviennent un peu des passoires ou qui ont eu tendance à le devenir. Vous avez réagi ?
- "Sur les chiffres, ce n'est pas du tout ça. Il y a des évasions très spectaculaires, comme celle de Fresnes, très dangereuse, mais le nombre d'évasions depuis un an a été divisé par deux. Donc, en nombre ça baisse, simplement c'est devenu très spectaculaire. Donc, nous devons prendre des mesures d'abord pour assurer le minimum pour limiter les évasions et surtout pour assurer la sécurité des personnels. Moi, ce qui me soucie, c'est surtout cela. Et c'est la raison pour laquelle j'ai pris un certain nombre de mesures extrêmement claires, extrêmement fermes, qui visent à renforcer la discipline dans les établissements pénitentiaires, - à commencer par la discipline des détenus -, et donc à renforcer la sécurité du personnel, avec en particulier, cette série de fouilles systématiques des établissements. Nous avons déjà fouillé de fond en comble Fresnes, les Baumettes..."
D'ailleurs, cela a été spectaculaire ce qu'on a trouvé à Borgo !
- "Et Borgo, on trouve pas mal de choses, oui..."
...Des armes blanches, des téléphones portables...
- "Ce qui prouve que les fouilles systématiques dont j'ai ordonné la réalisation, qui est une habitude qui avait été abandonnée depuis un certain nombre d'années, est une technique bien utile. C'est aussi un moyen pour le personnel pour le personnel pénitentiaire de reprendre son autorité sur les détenus, dans des conditions de sécurité satisfaisante. Nous devons également mettre en place d'autres services."
Ces fouilles, on va y procéder régulièrement, de manière systématique ?
- "Régulièrement. Il y a des dates prévues à l'avance, bien entendu."
En ce qui concerne la création d'unités mobiles de gardiens ?
- "J'ai également décidé de mettre en place des équipes régionales d'intervention et de sécurité, c'est-à-dire des gardiens sélectionnés, sportifs qui auront un armement adapté et qui, rattachés à chacune des neuf directions pénitentiaires, seront susceptibles lorsqu'il y aura des tensions dans les établissements, de se déplacer pour aller conforter leurs collègues surveillants de cet établissement."
Je faisais davantage allusion à la Corse et à la prison de Borgo, où on disait qu'il y avait une promiscuité qui n'était pas propice à la discipline, parce que tout le monde connaissait tout le monde.
- "C'est la difficulté dans ce type de région où, effectivement, le personnel pénitentiaire peut avoir le sentiment d'être menacé à l'extérieur de l'établissement par les amis de ceux qui sont en prison. Nous travaillons au renforcement de l'encadrement des personnels à Borgo. Nous réfléchissons aussi à un dispositif qui permettrait, au moins pour une partie du personnel, de faire tourner les personnes sur place de façon à ce que les surveillants aient une plus grande indépendance par rapport aux détenus qui sont dans cette prison de Borgo."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvenement, le 31 mars 2003)
- "Nous savons bien que la guerre est toujours une aventure incertaine. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la France a tout fait pour éviter l'enclenchement des hostilités et à tout fait pour faire en sorte que le régime de Bagdad puisse être désarmé avec d'autres moyens. D'autres en ont décidé autrement et c'est vrai que maintenant la situation est incertaine. Mais elle est incertaine dans un sens, peut-être dans l'autre. En vérité, je crois qu'aujourd'hui il est bien difficile de savoir ce qui peut se passer. Si la durée est longue, les conséquences politiques et militaires bien sûr, mais aussi économiques seront plus difficiles, sans doute plus lourdes pour nous tous que si la guerre était courte, voilà ce qu'on peut dire. Pour le reste, il y a aussi l'humanitaire et il y a aussi l'après-guerre et je crois qu'il faut déjà y penser. Sur l'humanitaire, la France a fait savoir très clairement - et elle en parle à l'ONU - qu'elle était prête à aider, car il y a un vrai risque de difficultés humanitaires très important, en particulier dans les villes d'Irak. Et puis, il y a l'après-guerre et là, la France a déjà dit qu'elle était attachée à l'intégrité territoriale de l'Irak. Je crois que c'est un point important. Ce qui signifie que nous devons tout faire, les uns et les autres, pour que d'autres pays voisins n'interviennent pas dans le processus de guerre."
"Tout faire pour que d'autres pays n'interviennent pas", est-ce que notre voix peut encore être entendue ?
- "Je crois que la voix de la France est entendue, elle a été entendue et elle intéresse beaucoup de pays, en particulier dans cette zone géographique. Je crois qu'il est important de dire ce que nous pensons pour l'avenir, pour préparer la suite, car il y aura de toute façon une suite."
Une suite qui ne peut être placée que sous l'égide de l'ONU et c'est ce que dit la France.
- "La reconstruction devra effectivement passer par l'ONU et par une responsabilisation de la communauté internationale."
Mais est-ce que la durée du conflit n'est pas justement un risque supplémentaire pour la légitimité de l'ONU ?
- "Il est évident que la durée de la guerre est un risque supplémentaire à tout point de vue, y compris sur ce plan-là. Mais en même temps, les difficultés que l'on rencontre, c'est aussi une façon de dire qu'on aura bien besoin de l'ONU."
En France, on est inquiets - vous le dites, le ministre de l'Intérieur le dit - ; on a développé, intensifié le plan Vigipirate. Hier, le Président de la République a réuni le Conseil de sécurité intérieure ; on ne fait pas beaucoup de publicité autour de cette instance mais je suppose qu'il a été question de mesures de précaution justement ?
- "Bien entendu. Cette instance est présidée par le chef de l'Etat lui-même, et qui réunit quelques ministres concernés par les questions de sécurité. Nous avons effectivement travaillé hier après-midi sur les questions liées aux risques de terrorisme et aux risques liés à la guerre."
Il y a une vraie crainte ? Il y a de vrais indices ?
- "Nous devons être vigilants au niveau des forces de renseignement, des forces de police et de gendarmerie, N. Sarkozy et M. Alliot-Marie font en sorte que nos dispositifs soient le plus efficaces possible. En ce qui me concerne, je veille à ce que l'institution judiciaire, et en particulier, les juridictions spécialisée antiterroriste soient en capacité de faire face si elles devaient traiter un plus grand nombre de dossiers. Et par ailleurs, nous échangeons les renseignements nécessaires pour mener les politiques dont nous avons la charge."
Et vous êtes suffisamment renseigné, informé, du fait que nous ne soyons pas dans la coalition, des risques que l'on peut encourir ?
- "La coopération judiciaire et la coopération des services de renseignements en matière antiterroriste se poursuivent, indépendamment du contexte international que nous évoquons ce matin. C'est un point très important, en particulier sur le plan judiciaire. Je peux vous dire que la coopération avec la Grande-Bretagne, avec les Etats-Unis, avec l'Espagne, avec les autres pays d'Europe se poursuit dans de très bonnes conditions."
Donc le Conseil des ministres de la Justice qui doit se dérouler à Athènes va bien se passer ? Vous progressez vraiment ?
- "Demain et samedi matin, nous avons effectivement un Conseil des ministres Justice et Intérieur à Athènes, présidé par notre collègue grec, puisque c'est la Grèce qui préside l'Union européenne en ce moment et nous traiterons d'un certain nombre de sujets s'agissant des questions qui concernent le plus la vie quotidienne des Français. Je voudrais, en ce qui me concerne, faire avancer deux dossiers, tout spécialement le premier qui est celui des questions d'enlèvement d'enfant de couple divorcé, de couple séparé européen, de façon à ce qu'on arrive avant le mois de juillet, j'espère, à avoir une directive européenne, une réglementation européenne permettant d'empêcher ce type de situation très douloureuse pour les familles. Le deuxième sujet que j'ai demandé à mon collègue grec de mettre à l'ordre du jour, c'est la façon de coordonner nos institutions judiciaires pour lutter contre les quelques patrons-voyous, qui, comme dans le cas de Metaleurop, posent problème. Il est évident que c'est dans le cadre de l'Union européenne que nous pouvons mieux lutter contre des comportements qui consistent à vider de leur substance des entreprises en France."
Mais est-ce que la période s'y prête ? Ca, c'est une autre question...
- "Vous savez, pour les vrais sujets c'est toujours le moment."
Ce qui vous concerne plus particulièrement, c'est ce qui se passe dans les prisons qui deviennent un peu des passoires ou qui ont eu tendance à le devenir. Vous avez réagi ?
- "Sur les chiffres, ce n'est pas du tout ça. Il y a des évasions très spectaculaires, comme celle de Fresnes, très dangereuse, mais le nombre d'évasions depuis un an a été divisé par deux. Donc, en nombre ça baisse, simplement c'est devenu très spectaculaire. Donc, nous devons prendre des mesures d'abord pour assurer le minimum pour limiter les évasions et surtout pour assurer la sécurité des personnels. Moi, ce qui me soucie, c'est surtout cela. Et c'est la raison pour laquelle j'ai pris un certain nombre de mesures extrêmement claires, extrêmement fermes, qui visent à renforcer la discipline dans les établissements pénitentiaires, - à commencer par la discipline des détenus -, et donc à renforcer la sécurité du personnel, avec en particulier, cette série de fouilles systématiques des établissements. Nous avons déjà fouillé de fond en comble Fresnes, les Baumettes..."
D'ailleurs, cela a été spectaculaire ce qu'on a trouvé à Borgo !
- "Et Borgo, on trouve pas mal de choses, oui..."
...Des armes blanches, des téléphones portables...
- "Ce qui prouve que les fouilles systématiques dont j'ai ordonné la réalisation, qui est une habitude qui avait été abandonnée depuis un certain nombre d'années, est une technique bien utile. C'est aussi un moyen pour le personnel pour le personnel pénitentiaire de reprendre son autorité sur les détenus, dans des conditions de sécurité satisfaisante. Nous devons également mettre en place d'autres services."
Ces fouilles, on va y procéder régulièrement, de manière systématique ?
- "Régulièrement. Il y a des dates prévues à l'avance, bien entendu."
En ce qui concerne la création d'unités mobiles de gardiens ?
- "J'ai également décidé de mettre en place des équipes régionales d'intervention et de sécurité, c'est-à-dire des gardiens sélectionnés, sportifs qui auront un armement adapté et qui, rattachés à chacune des neuf directions pénitentiaires, seront susceptibles lorsqu'il y aura des tensions dans les établissements, de se déplacer pour aller conforter leurs collègues surveillants de cet établissement."
Je faisais davantage allusion à la Corse et à la prison de Borgo, où on disait qu'il y avait une promiscuité qui n'était pas propice à la discipline, parce que tout le monde connaissait tout le monde.
- "C'est la difficulté dans ce type de région où, effectivement, le personnel pénitentiaire peut avoir le sentiment d'être menacé à l'extérieur de l'établissement par les amis de ceux qui sont en prison. Nous travaillons au renforcement de l'encadrement des personnels à Borgo. Nous réfléchissons aussi à un dispositif qui permettrait, au moins pour une partie du personnel, de faire tourner les personnes sur place de façon à ce que les surveillants aient une plus grande indépendance par rapport aux détenus qui sont dans cette prison de Borgo."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvenement, le 31 mars 2003)