Texte intégral
Mesdames, Messieurs, les ministres,
cher Dominique,
Mesdames, Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux d'être avec vous aujourd'hui afin de faire le point sur l'action gouvernementale, vous qui, représentez la France, partout dans le monde.
J'ai pu constater, lors des déplacement que j'ai faits au cours de ces derniers mois, combien, grâce à votre travail, grâce aux positions, fortes, claires, exprimées par le président de la République française et par notre diplomatie, aujourd'hui, la voix de la France, les idées de la France, sont entendues dans le monde. Je voudrais commencer, donc, en saluant votre engagement et la qualité du travail accompli par cette grande administration française qu'est notre diplomatie, grâce à laquelle, dans le monde entier, ce que la France a de meilleur, est, à la fois, écouté et entendu.
Je voudrais rapidement vous passer le message de l'action gouvernementale des prochains mois. Nous allons présenter dans le courant du mois de septembre, ce que nous appelons "l'agenda 2006", l'ensemble des actions qu'il nous faut mener pour, à la fois, moderniser notre pays et veiller à ce que notre société soit, à la fois, plus juste et plus solidaire. Le Gouvernement, en effet, se donne trois ans pour jeter les bases, bâtir les fondations d'une véritable société d'ouverture. C'est ce dont notre pays a aujourd'hui besoin ; surmonter toutes les tentations du repli sur soi. Nous avons les idées, nous avons les projets, nous avons les forces pour avoir confiance dans notre pays. Encore faut-il que nous soyons capables de faire en sorte que notre société soit suffisamment ouverte à cette ambition. C'est l'objectif de cette société d'ouverture qui fédère l'ensemble des initiatives que nous voulons développer dans les prochaines années.
D'abord, pour nous-mêmes. Je crois qu'il nous faut veiller à ce que la société soit davantage ouverte sur elle-même. La terrible canicule - avec ses conséquences dramatiques, humaines, qui nous blessent au plus profond, terrible épreuve pour le pays, pour le Gouvernement -, nous rappelle nos devoirs d'attention, nos devoirs de solidarité. L'ouverture, c'est d'abord et sans doute avant tout, le refus de l'indifférence, celle des autres, l'indifférence des proches, l'indifférence des voisins, l'indifférence aux volets clos. Notre société a besoin de s'ouvrir sur elle-même.
Il nous faut aussi, veiller à ce que, par les ouvertures aux autres, nous puissions surmonter des tensions, surmonter toutes ces barrières internes, toutes ces frontières qui se structurent dans une société qui est tellement compartimentée, [qu'elle] finit par être quelque peu grillagée. Surmontons ces communautarismes, surmontons toutes ces discriminations et retrouvons le coeur de la nation, ce qui nous rassemble, notre pacte républicain pour que tous les Français se sentent partie prenante de la communauté nationale.
L'ouverture de notre société, c'est aussi notre vocation d'accueil. D'accueil, pour tous ceux qui souffrent d'être des martyrs de la liberté. Cette capacité qui doit être la nôtre de pouvoir être un pays ouvert, capable d'accueillir, avec un droit d'asile réformé, plus rapide, qui montre notre volonté d'accueil, mais aussi les flux migratoires maîtrisés, de manière à ce que l'on puisse combattre l'immigration illégale, avec fermeté mais aussi humanité, et que nous puissions rester ce grand pays d'accueil qui a besoin d'être ouvert au monde, et de trouver dans le monde entier les capacités aussi en s'ouvrant, de faire face à l'avenir.
Ouverture, aussi, pour cette démocratie moins centralisée, moins concentrée, plus ouverte sur elle-même et notamment République de proximité, avec une forte décentralisation. Vous le savez, beaucoup d'initiatives ont été entreprises notamment dans les domaines qui sont les vôtres par la coopération décentralisée. Il y a dans nos territoires beaucoup d'énergie, beaucoup d'ambition, beaucoup de générosité pour porter avec vous des projets. Il y a là, une bonne cohérence, à faire en sorte qu'il y ait ce partenariat entre ceux qui représentent l'Etat et qui doivent veiller à ce que les initiatives soient efficaces par leur cohérence, mais aussi qu'on puisse aller chercher cet élan de générosité, cet élan d'ouverture, notamment qui anime la jeunesse française dès qu'il s'agit d'humanitaire, mais aussi pour associer tous ceux qui veulent participer du développement international, développement humain.
Société donc, davantage ouverte sur elle-même ; société ouverte aussi, sur son avenir. Ce qui impose au Gouvernement un devoir d'action, un devoir de réformes, un devoir de mouvement, pour adapter notre pays au XXIe siècle et lutter contre la tentation de l'immobilisme qu'est la tentation du retard avec être l'existence du déclin.
C'est pour cela que nous nous sommes engagés dans des réformes d'avenir et que nous poursuivons ce chemin. Ce que nous avons fait sur les retraites, est au fond, la prise en compte d'une donnée qui caractérise la société française depuis 1974 et que nous n'avons pas voulu regarder de face. Depuis 1974, le pays n'assure plus le renouvellement de ses générations. Nous sommes face à une vieillissement de la société. Anticipons ces phénomènes. C'est pour cela que nous avons des impasses telle l'impasse des pensions qu'il a fallu traiter, tels un certain nombre de défis qu'il nous faut surmonter. Et nous engagerons durablement cette action réformatrice, non pas les uns contre les autres, non pas avec l'esprit partisan, mais pour l'avenir de la France, pour que nous puissions ensemble, préparer notre pays aux exigences du XXIe siècle.
Après la réforme des retraites, notre projet "Santé 2005 ", sera un dossier essentiel de notre action, pour permettre aux Français, à la fois, de sauver notre Sécurité sociale et de faire en sorte que nous puissions répondre de manière moderne, humaine, à cette aspiration fondamentale des Français pour une santé juste. Le vieillissement de la population, le fait qu'aujourd'hui une petite fille sur deux qui naît aujourd'hui va vivre jusqu'à 100 ans ; il faut intégrer ces données et adapter notre société notre démographie.
Troisième grand sujet de modernisation, d'action : le Gouvernement souhaite donner aux Français toutes leurs chances dans cette société d'ouverture, en faisant de l'Education et de la formation une priorité. Ce capital humain est essentiel à l'avenir du pays. Nous savons bien que la société française n'évoluera pas de la même manière que la société américaine. Nous ne choisirons pas le chemin du gigantisme, de la concentration, de la standardisation, de la banalisation.
Nous devons choisir le chemin de l'idée, du talent, de l'innovation, de la création, de la personne, de la diversité culturelle, de tout ce qu'est la valeur humaine ajoutée. Si notre pays au sein de l'Europe veut pouvoir défendre ses idées, encore faut-il qu'il joue toujours et en permanence la carte de la qualification, de la formation, de l'épanouissement humain. C'est un énorme sujet que nous voulons traiter avec apaisement, que nous voulons traiter par le dialogue social, que nous voulons traiter en mobilisant les uns et les autres dans l'intérêt du pays. Je crois que tout le monde y est aujourd'hui prêt, et nous le devons le faire avec le sens de l'avenir de notre société et aussi ce besoin d'ouverture. Je pense à nos universités qui auront du mal à survivre dans les dix ans qui viennent, compte tenu de l'évolution démographique, si nous ne sommes pas capables d'accueillir massivement des étudiants étrangers, si nous ne sommes pas capables de nous ouvrir à l'intelligence du monde entier, pour venir participer à nos centres de recherche, pour faire en sorte que notre métissage intellectuel soit renforcé. C'est, je crois, une ligne d'avenir. C'est pour nous, une action de réforme importante. Cela fait partie de cette volonté d'ouvrir notre société sur son avenir.
Il va de soi que cet avenir doit passer par la remise à niveau de nos moyens régaliens, pour affirmer l'autorité républicaine et être capable de défendre nos valeurs. C'est ce que nous avons fait en matière de justice, en matière de sécurité, c'est ce que nous faisons en permanence avec la remise à niveau des moyens de nos armées, comme le président de la République l'a souhaité, avoir, avec la loi de programmation militaire, les moyens de tenir notre rang et de pouvoir plaider avec force pour la paix, mais sachant aussi être capable d'engager des actions de force quand elles ont avec elles le droit.
Une société ouverte aussi sur sa nouvelle géographie. Nous allons vivre en 2004 une année historique. Moi qui fus dans ma jeunesse député européen, qui assistais des heures et des heures durant à des grands débats pour savoir si l'élargissement devait précéder l'approfondissement ou l'approfondissement précéder l'élargissement, eh bien, en 2004, nous aurons l'élargissement et l'approfondissement. Nous aurons cette nouvelle géographie qui va changer beaucoup de choses et pour lesquelles il nous faut nous impliquer avec force. Comme D. De Villepin vous l'a dit, comme N. Lenoir vous l'a dit aussi, cette étape pour nous est très importante. C'est une nouvelle donne qui change notre situation géographique et historique, et nous devons mobiliser tous les Français pour l'Europe. Ce ne sera pas simple. Ils ont tendance à vivre l'Europe comme des contraintes. Nous voulons vraiment montrer que cette ouverture est une chance pour nous. Elle nous propose des opportunités nouvelles et il nous faut préparer notamment les jeunes Français à vivre cette nouvelle géographie.
Dans notre programme sur l'agenda 2006, je souhaite vraiment que nous soyons capables, à cet horizon 2006, de faire en sorte que tout jeune Français, le jour de sa majorité, ait au moins une fois été dans un pays européen. Je connais des pays amis dont certains sénateurs se vantent de ne pas avoir de passeport. Je crois que, pour tous les jeunes Français, la citoyenneté moderne, c'est, à 18 ans, au moins, que l'Etat lui ait permis dans une circonstance ou dans une autre, avec les collectivités locales, avec toutes les organisations qui peuvent les aider, que chaque jeune Français, le jour de sa majorité de citoyen ait au moins mis une fois le pied dans un pays européen, pour sentir l'Europe de lui-même, dans son vécu personnel. Cette mobilisation pour l'Europe est importante, et nous allons nous engager pour faire partager cette nouvelle donne à notre pays.
Il faut aussi naturellement penser à tout le reste du monde, et notamment à tous ceux qui nous sont proches. Je pense à l'Afrique, je pense à nos exigences en matière d'ouverture vis-à-vis de ce continent pour lequel nous avons des responsabilités, et pour lequel, avec le président de la République, des initiatives importantes sont engagées.
Enfin, une société ouverte sur le monde, c'est, je crois, très important de faire en sorte que la France ait cette ambition, qu'elle soit une puissance créative et attractive. C'est pour cela, qu'avec F. Mer, nous travaillons pour renforcer l'attractivité pour les investissements étrangers, pour attirer les compétences, pour attirer les capitaux, les investissements, pour faire en sorte que les sièges sociaux puissent choisir la France et qu'il puisse y avoir dans notre pays des organisations internationales, des activités culturelles, et encore naturellement aussi des activités financières, que notre pays ne soit pas exclu des leviers du développement de l'avenir.
Je sais qu'une grande campagne pour la promotion de l'image de la France à l'étranger est en préparation. Je souhaite vraiment que nous ayons cette ambition d'être un pays ouvert, attractif, non pas qui a peur de la mondialisation mais qui veut y participer. Et défendre une France d'ouverture, c'est évidemment aussi travailler pour un monde meilleur, un monde nouveau, celui du XXIe siècle.
Le président de la République a tracé les grandes lignes de nos convictions sur ces sujets : un monde qui va donner plus de force au droit. Nous voyons bien que la mobilisation aujourd'hui pour une mondialisation humanisée passe par le développement du droit. C'est pour cela qu'avec D. De Villepin, avec toute notre diplomatie, nous nous battons pour renforcer le rôle de l'ONU, pour faire en sorte que notre monde accorde une place importante à la légitimité du droit. Nous avons besoin du droit à l'ONU, nous avons besoin de la justice à l'OMC, nous avons besoin de l'avenir et de cette conscience de l'avenir pour une Organisation mondiale de l'environnement, qui fait de la planète une conscience nouvelle qu'il nous faut tous ensemble protéger. Nous avons aujourd'hui des idées à défendre dans le monde, ces idées d'une mondialisation humanisée mais aussi une mondialisation qui laisse sa place à des organisations légitimes, avec une concertation nationale et internationale, et avec une capacité à faire en sorte que le droit puisse être la règle des engagements internationaux.
Il nous faut, sur ces sujets, évidemment, développer une pédagogie nationale. Nous voyons bien que Cancun fait peur à un certain nombre de Français, que les négociations de l'OMC inquiètent. A nous de montrer qu'il faut davantage de coopération, davantage d'accord. Evidemment, il faut défendre nos convictions, mais il faut aussi, dans cette mondialisation, si nous voulons qu'elle soit maîtrisée, y injecter du droit, des règles, des accords, et que nous puissions avoir une gouvernance internationale qui puisse respecter les valeurs auxquelles nous sommes attachés. C'est, je crois, très important pour nous tous.
Il y a des organisations internationales qu'il nous faut défendre aujourd'hui, et puis il y a celles qu'il faut bâtir. Les changements climatiques que nous vivons nous imposent de travailler sur cette Organisation mondiale de l'environnement. Il faut faire en sorte qu'on puisse avoir la capacité de gérer les conséquences du protocole de Kyoto et d'engager les politiques nécessaires.
Voilà un des messages de la France. Je sais que, pour tout cela, nous pouvons compter sur vous. Je sais que le ministère des Affaires étrangères a engagé la rénovation de notre appareil diplomatique. Il a toute ma confiance. Il sait qu'il peut compter sur l'ensemble de la solidarité gouvernementale pour atteindre ces missions ambitieuses. Il est évident que le retour de la France sur la scène internationale exige pour nous cette rénovation de notre appareil diplomatique et j'en remercie tous les acteurs.
La France a choisi une diplomatie offensive, d'initiatives et d'idées, à la mesure de ses talents, à la mesure de ses idéaux, parce qu'elle croit en certaines valeurs qu'elle veut promouvoir. Il faut être fier aujourd'hui de défendre les idées de la France. Notre projet de société d'ouverture et d'agenda 2006 constitue notre réponse pour assurer la pérennité de la force de la France, de la force de nos messages, de la force de nos convictions. Nous sommes capables de faire des réformes. La France est capable d'assurer son avenir. N'ayons pas peur, n'ayons pas de crainte sur la capacité, aujourd'hui, de la France de faire face aux défis du XXIe siècle. La France a conscience des nécessités de ces mouvements. La France veut obtenir toute sa place dans le XXIe siècle.
A l'occasion du transfert des cendres d'A. Dumas au Panthéon, on a cité un texte de V. Hugo qui dit d'A. Dumas : "C'est un de ces hommes que l'on peut appeler un semeur de civilisation". Ce qu'il sème, c'est l'idée française. Ce que vous, vous semez, mesdames et messieurs les ambassadeurs, cette idée française, qui est une idée d'ouverture, pour la justice et par le droit. Merci.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 septembre 2003)
cher Dominique,
Mesdames, Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux d'être avec vous aujourd'hui afin de faire le point sur l'action gouvernementale, vous qui, représentez la France, partout dans le monde.
J'ai pu constater, lors des déplacement que j'ai faits au cours de ces derniers mois, combien, grâce à votre travail, grâce aux positions, fortes, claires, exprimées par le président de la République française et par notre diplomatie, aujourd'hui, la voix de la France, les idées de la France, sont entendues dans le monde. Je voudrais commencer, donc, en saluant votre engagement et la qualité du travail accompli par cette grande administration française qu'est notre diplomatie, grâce à laquelle, dans le monde entier, ce que la France a de meilleur, est, à la fois, écouté et entendu.
Je voudrais rapidement vous passer le message de l'action gouvernementale des prochains mois. Nous allons présenter dans le courant du mois de septembre, ce que nous appelons "l'agenda 2006", l'ensemble des actions qu'il nous faut mener pour, à la fois, moderniser notre pays et veiller à ce que notre société soit, à la fois, plus juste et plus solidaire. Le Gouvernement, en effet, se donne trois ans pour jeter les bases, bâtir les fondations d'une véritable société d'ouverture. C'est ce dont notre pays a aujourd'hui besoin ; surmonter toutes les tentations du repli sur soi. Nous avons les idées, nous avons les projets, nous avons les forces pour avoir confiance dans notre pays. Encore faut-il que nous soyons capables de faire en sorte que notre société soit suffisamment ouverte à cette ambition. C'est l'objectif de cette société d'ouverture qui fédère l'ensemble des initiatives que nous voulons développer dans les prochaines années.
D'abord, pour nous-mêmes. Je crois qu'il nous faut veiller à ce que la société soit davantage ouverte sur elle-même. La terrible canicule - avec ses conséquences dramatiques, humaines, qui nous blessent au plus profond, terrible épreuve pour le pays, pour le Gouvernement -, nous rappelle nos devoirs d'attention, nos devoirs de solidarité. L'ouverture, c'est d'abord et sans doute avant tout, le refus de l'indifférence, celle des autres, l'indifférence des proches, l'indifférence des voisins, l'indifférence aux volets clos. Notre société a besoin de s'ouvrir sur elle-même.
Il nous faut aussi, veiller à ce que, par les ouvertures aux autres, nous puissions surmonter des tensions, surmonter toutes ces barrières internes, toutes ces frontières qui se structurent dans une société qui est tellement compartimentée, [qu'elle] finit par être quelque peu grillagée. Surmontons ces communautarismes, surmontons toutes ces discriminations et retrouvons le coeur de la nation, ce qui nous rassemble, notre pacte républicain pour que tous les Français se sentent partie prenante de la communauté nationale.
L'ouverture de notre société, c'est aussi notre vocation d'accueil. D'accueil, pour tous ceux qui souffrent d'être des martyrs de la liberté. Cette capacité qui doit être la nôtre de pouvoir être un pays ouvert, capable d'accueillir, avec un droit d'asile réformé, plus rapide, qui montre notre volonté d'accueil, mais aussi les flux migratoires maîtrisés, de manière à ce que l'on puisse combattre l'immigration illégale, avec fermeté mais aussi humanité, et que nous puissions rester ce grand pays d'accueil qui a besoin d'être ouvert au monde, et de trouver dans le monde entier les capacités aussi en s'ouvrant, de faire face à l'avenir.
Ouverture, aussi, pour cette démocratie moins centralisée, moins concentrée, plus ouverte sur elle-même et notamment République de proximité, avec une forte décentralisation. Vous le savez, beaucoup d'initiatives ont été entreprises notamment dans les domaines qui sont les vôtres par la coopération décentralisée. Il y a dans nos territoires beaucoup d'énergie, beaucoup d'ambition, beaucoup de générosité pour porter avec vous des projets. Il y a là, une bonne cohérence, à faire en sorte qu'il y ait ce partenariat entre ceux qui représentent l'Etat et qui doivent veiller à ce que les initiatives soient efficaces par leur cohérence, mais aussi qu'on puisse aller chercher cet élan de générosité, cet élan d'ouverture, notamment qui anime la jeunesse française dès qu'il s'agit d'humanitaire, mais aussi pour associer tous ceux qui veulent participer du développement international, développement humain.
Société donc, davantage ouverte sur elle-même ; société ouverte aussi, sur son avenir. Ce qui impose au Gouvernement un devoir d'action, un devoir de réformes, un devoir de mouvement, pour adapter notre pays au XXIe siècle et lutter contre la tentation de l'immobilisme qu'est la tentation du retard avec être l'existence du déclin.
C'est pour cela que nous nous sommes engagés dans des réformes d'avenir et que nous poursuivons ce chemin. Ce que nous avons fait sur les retraites, est au fond, la prise en compte d'une donnée qui caractérise la société française depuis 1974 et que nous n'avons pas voulu regarder de face. Depuis 1974, le pays n'assure plus le renouvellement de ses générations. Nous sommes face à une vieillissement de la société. Anticipons ces phénomènes. C'est pour cela que nous avons des impasses telle l'impasse des pensions qu'il a fallu traiter, tels un certain nombre de défis qu'il nous faut surmonter. Et nous engagerons durablement cette action réformatrice, non pas les uns contre les autres, non pas avec l'esprit partisan, mais pour l'avenir de la France, pour que nous puissions ensemble, préparer notre pays aux exigences du XXIe siècle.
Après la réforme des retraites, notre projet "Santé 2005 ", sera un dossier essentiel de notre action, pour permettre aux Français, à la fois, de sauver notre Sécurité sociale et de faire en sorte que nous puissions répondre de manière moderne, humaine, à cette aspiration fondamentale des Français pour une santé juste. Le vieillissement de la population, le fait qu'aujourd'hui une petite fille sur deux qui naît aujourd'hui va vivre jusqu'à 100 ans ; il faut intégrer ces données et adapter notre société notre démographie.
Troisième grand sujet de modernisation, d'action : le Gouvernement souhaite donner aux Français toutes leurs chances dans cette société d'ouverture, en faisant de l'Education et de la formation une priorité. Ce capital humain est essentiel à l'avenir du pays. Nous savons bien que la société française n'évoluera pas de la même manière que la société américaine. Nous ne choisirons pas le chemin du gigantisme, de la concentration, de la standardisation, de la banalisation.
Nous devons choisir le chemin de l'idée, du talent, de l'innovation, de la création, de la personne, de la diversité culturelle, de tout ce qu'est la valeur humaine ajoutée. Si notre pays au sein de l'Europe veut pouvoir défendre ses idées, encore faut-il qu'il joue toujours et en permanence la carte de la qualification, de la formation, de l'épanouissement humain. C'est un énorme sujet que nous voulons traiter avec apaisement, que nous voulons traiter par le dialogue social, que nous voulons traiter en mobilisant les uns et les autres dans l'intérêt du pays. Je crois que tout le monde y est aujourd'hui prêt, et nous le devons le faire avec le sens de l'avenir de notre société et aussi ce besoin d'ouverture. Je pense à nos universités qui auront du mal à survivre dans les dix ans qui viennent, compte tenu de l'évolution démographique, si nous ne sommes pas capables d'accueillir massivement des étudiants étrangers, si nous ne sommes pas capables de nous ouvrir à l'intelligence du monde entier, pour venir participer à nos centres de recherche, pour faire en sorte que notre métissage intellectuel soit renforcé. C'est, je crois, une ligne d'avenir. C'est pour nous, une action de réforme importante. Cela fait partie de cette volonté d'ouvrir notre société sur son avenir.
Il va de soi que cet avenir doit passer par la remise à niveau de nos moyens régaliens, pour affirmer l'autorité républicaine et être capable de défendre nos valeurs. C'est ce que nous avons fait en matière de justice, en matière de sécurité, c'est ce que nous faisons en permanence avec la remise à niveau des moyens de nos armées, comme le président de la République l'a souhaité, avoir, avec la loi de programmation militaire, les moyens de tenir notre rang et de pouvoir plaider avec force pour la paix, mais sachant aussi être capable d'engager des actions de force quand elles ont avec elles le droit.
Une société ouverte aussi sur sa nouvelle géographie. Nous allons vivre en 2004 une année historique. Moi qui fus dans ma jeunesse député européen, qui assistais des heures et des heures durant à des grands débats pour savoir si l'élargissement devait précéder l'approfondissement ou l'approfondissement précéder l'élargissement, eh bien, en 2004, nous aurons l'élargissement et l'approfondissement. Nous aurons cette nouvelle géographie qui va changer beaucoup de choses et pour lesquelles il nous faut nous impliquer avec force. Comme D. De Villepin vous l'a dit, comme N. Lenoir vous l'a dit aussi, cette étape pour nous est très importante. C'est une nouvelle donne qui change notre situation géographique et historique, et nous devons mobiliser tous les Français pour l'Europe. Ce ne sera pas simple. Ils ont tendance à vivre l'Europe comme des contraintes. Nous voulons vraiment montrer que cette ouverture est une chance pour nous. Elle nous propose des opportunités nouvelles et il nous faut préparer notamment les jeunes Français à vivre cette nouvelle géographie.
Dans notre programme sur l'agenda 2006, je souhaite vraiment que nous soyons capables, à cet horizon 2006, de faire en sorte que tout jeune Français, le jour de sa majorité, ait au moins une fois été dans un pays européen. Je connais des pays amis dont certains sénateurs se vantent de ne pas avoir de passeport. Je crois que, pour tous les jeunes Français, la citoyenneté moderne, c'est, à 18 ans, au moins, que l'Etat lui ait permis dans une circonstance ou dans une autre, avec les collectivités locales, avec toutes les organisations qui peuvent les aider, que chaque jeune Français, le jour de sa majorité de citoyen ait au moins mis une fois le pied dans un pays européen, pour sentir l'Europe de lui-même, dans son vécu personnel. Cette mobilisation pour l'Europe est importante, et nous allons nous engager pour faire partager cette nouvelle donne à notre pays.
Il faut aussi naturellement penser à tout le reste du monde, et notamment à tous ceux qui nous sont proches. Je pense à l'Afrique, je pense à nos exigences en matière d'ouverture vis-à-vis de ce continent pour lequel nous avons des responsabilités, et pour lequel, avec le président de la République, des initiatives importantes sont engagées.
Enfin, une société ouverte sur le monde, c'est, je crois, très important de faire en sorte que la France ait cette ambition, qu'elle soit une puissance créative et attractive. C'est pour cela, qu'avec F. Mer, nous travaillons pour renforcer l'attractivité pour les investissements étrangers, pour attirer les compétences, pour attirer les capitaux, les investissements, pour faire en sorte que les sièges sociaux puissent choisir la France et qu'il puisse y avoir dans notre pays des organisations internationales, des activités culturelles, et encore naturellement aussi des activités financières, que notre pays ne soit pas exclu des leviers du développement de l'avenir.
Je sais qu'une grande campagne pour la promotion de l'image de la France à l'étranger est en préparation. Je souhaite vraiment que nous ayons cette ambition d'être un pays ouvert, attractif, non pas qui a peur de la mondialisation mais qui veut y participer. Et défendre une France d'ouverture, c'est évidemment aussi travailler pour un monde meilleur, un monde nouveau, celui du XXIe siècle.
Le président de la République a tracé les grandes lignes de nos convictions sur ces sujets : un monde qui va donner plus de force au droit. Nous voyons bien que la mobilisation aujourd'hui pour une mondialisation humanisée passe par le développement du droit. C'est pour cela qu'avec D. De Villepin, avec toute notre diplomatie, nous nous battons pour renforcer le rôle de l'ONU, pour faire en sorte que notre monde accorde une place importante à la légitimité du droit. Nous avons besoin du droit à l'ONU, nous avons besoin de la justice à l'OMC, nous avons besoin de l'avenir et de cette conscience de l'avenir pour une Organisation mondiale de l'environnement, qui fait de la planète une conscience nouvelle qu'il nous faut tous ensemble protéger. Nous avons aujourd'hui des idées à défendre dans le monde, ces idées d'une mondialisation humanisée mais aussi une mondialisation qui laisse sa place à des organisations légitimes, avec une concertation nationale et internationale, et avec une capacité à faire en sorte que le droit puisse être la règle des engagements internationaux.
Il nous faut, sur ces sujets, évidemment, développer une pédagogie nationale. Nous voyons bien que Cancun fait peur à un certain nombre de Français, que les négociations de l'OMC inquiètent. A nous de montrer qu'il faut davantage de coopération, davantage d'accord. Evidemment, il faut défendre nos convictions, mais il faut aussi, dans cette mondialisation, si nous voulons qu'elle soit maîtrisée, y injecter du droit, des règles, des accords, et que nous puissions avoir une gouvernance internationale qui puisse respecter les valeurs auxquelles nous sommes attachés. C'est, je crois, très important pour nous tous.
Il y a des organisations internationales qu'il nous faut défendre aujourd'hui, et puis il y a celles qu'il faut bâtir. Les changements climatiques que nous vivons nous imposent de travailler sur cette Organisation mondiale de l'environnement. Il faut faire en sorte qu'on puisse avoir la capacité de gérer les conséquences du protocole de Kyoto et d'engager les politiques nécessaires.
Voilà un des messages de la France. Je sais que, pour tout cela, nous pouvons compter sur vous. Je sais que le ministère des Affaires étrangères a engagé la rénovation de notre appareil diplomatique. Il a toute ma confiance. Il sait qu'il peut compter sur l'ensemble de la solidarité gouvernementale pour atteindre ces missions ambitieuses. Il est évident que le retour de la France sur la scène internationale exige pour nous cette rénovation de notre appareil diplomatique et j'en remercie tous les acteurs.
La France a choisi une diplomatie offensive, d'initiatives et d'idées, à la mesure de ses talents, à la mesure de ses idéaux, parce qu'elle croit en certaines valeurs qu'elle veut promouvoir. Il faut être fier aujourd'hui de défendre les idées de la France. Notre projet de société d'ouverture et d'agenda 2006 constitue notre réponse pour assurer la pérennité de la force de la France, de la force de nos messages, de la force de nos convictions. Nous sommes capables de faire des réformes. La France est capable d'assurer son avenir. N'ayons pas peur, n'ayons pas de crainte sur la capacité, aujourd'hui, de la France de faire face aux défis du XXIe siècle. La France a conscience des nécessités de ces mouvements. La France veut obtenir toute sa place dans le XXIe siècle.
A l'occasion du transfert des cendres d'A. Dumas au Panthéon, on a cité un texte de V. Hugo qui dit d'A. Dumas : "C'est un de ces hommes que l'on peut appeler un semeur de civilisation". Ce qu'il sème, c'est l'idée française. Ce que vous, vous semez, mesdames et messieurs les ambassadeurs, cette idée française, qui est une idée d'ouverture, pour la justice et par le droit. Merci.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 septembre 2003)