Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur l'enjeu et l'objectif de l'action et de la démarche engagées par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre de la Société de l'information, Rabat le 4 septembre 2003.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence ministérielle francophone sur la Société de l'information, à Rabat le 4 septembre 2003

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres et Chefs de délégation,
Mesdames et Messieurs les Représentants de l'Organisation internationale de la Francophonie et des institutions internationales,
Mesdames et Messieurs,
A mon tour, je tiens à remercier très chaleureusement le gouvernement et les autorités du Royaume du Maroc pour l'accueil qu'ils nous ont réservé ici.
Je remercie et je félicite également l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et ses opérateurs pour l'excellente organisation de cette Conférence, et pour le travail de fond qui a été accompli au cours des derniers mois pour la préparer.
Je voudrais saluer tout particulièrement la tenue de cette réunion. C'est en effet un événement très important pour la Francophonie et son Organisation internationale, je devrais dire un deuxième événement majeur après celui du Sommet de Beyrouth lui-même :
A Beyrouth, la Francophonie s'est donnée une ambition, une mission, un objectif : prendre la tête d'une bataille en faveur du respect de la diversité des cultures et des langues du monde. C'est un enjeu qui intéresse, bien sûr, les pays membres de l'Espace francophone, à la fois pour la langue française que nous utilisons et que nous faisons vivre chacun à notre manière, mais aussi pour les langues et les cultures si riches et si diverses des peuples qui appartiennent à la grande famille francophone.
Mais, bien au-delà de la situation de la langue française et de nos cultures, cet enjeu de la diversité culturelle et linguistique intéresse le monde entier. Tous les peuples, toutes les civilisations, toutes les identités, toutes les langues du monde ont le droit d'être respectés, et le droit de pouvoir vivre, s'exprimer, créer. Cette diversité est la vraie richesse de l'humanité. C'est elle qui a enrichi l'humanité par les créations, les inventions, les oeuvres artistiques de toutes sortes et par les monuments qui constituent le patrimoine de l'humanité.
A Beyrouth, la Francophonie a donc donné une nouvelle dimension à son message et à son action : une dimension réellement universelle car ce qu'elle demande pour elle, elle le demande pour toutes les autres cultures et toutes les autres langues. Elle se veut le porte-parole de tous les peuples qui sont attachés légitimement à leur identité et au respect de leur particularité. C'est une démarche ouverte sur les autres, une démarche de générosité, de solidarité. C'est une démarche qui apporte le contrepoids indispensable aux mécanismes économiques et aux logiques purement financières et commerciales qui développent de plus en plus leurs effets sur l'ensemble de la planète.
C'est une démarche qui permet d' "humaniser la mondialisation" selon l'expression du président de la République. Beyrouth a donc été un premier tournant essentiel de la Francophonie.
Cette Conférence de Rabat est un autre événement, un autre tournant, voici en quoi :
Au Sommet mondial du Développement durable, à Johannesbourg, il y a un an, les chefs d'Etat et de gouvernement de nos pays s'étaient réunis de manière informelle en marge du Sommet, à l'initiative du président Chirac.
Beaucoup d'entre eux ont alors exprimé le souhait que l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) soit un lieu de concertation et de préparation des grandes conférences internationales sur les sujets d'intérêt commun.
Mettre en commun les éléments d'information, les réflexions, les solutions possibles ; définir si possible des positions communes sur les principales orientations, se répartir les rôles, s'entraider, se mobiliser aux moments-clefs des négociations, voilà ce que l'on peut faire dans le cadre d'une organisation internationale comme celle de la Francophonie. A cet égard, je félicite le président Abdou Diouf et ses collaborateurs, les responsables des opérateurs et leurs équipes d'avoir si vite et si bien transformé ce souhait en réalité.
Quand près de soixante pays décident d'agir collectivement, cela pèse d'un poids considérable dans les instances et dans les conférences internationales. Les pays francophones doivent avoir conscience de cette force qu'ils tiennent de leur capacité à s'unir, à faire bloc sur certains thèmes, sur certains objectifs qui correspondent à leurs priorités fondamentales. C'est le cas de la Société de l'Information, et notamment de l'accès aux systèmes d'information et de communication, ainsi que du fonctionnement de ces systèmes. Ce vaste sujet est évidemment en relation étroite avec plusieurs des objectifs fondamentaux de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Je les cite uniquement, sans les développer car ils ont été remarquablement abordés avant moi :
- c'est vrai de l'accès à l'information, marqué aujourd'hui par une inégalité croissante, inacceptable entre pays développés du Nord et pays en difficulté du Sud. Nous devons nous mobiliser pour combler ce fossé ;
- c'est vrai de l'introduction du respect de la diversité culturelle et linguistique comme principe de base des systèmes mondiaux d'information mais aussi de la mise en oeuvre pratique de ce principe. En effet, la proportion du nombre des internautes qui utilisent la langue française est terriblement faible, incroyablement faible : 3,9 % , loin derrière la langue coréenne, si l'on en croit le rapport d'évaluation du Fonds francophone des inforoutes de décembre 2002 !
- c'est vrai encore de la gestion des réseaux, une gestion qui garantisse la liberté et la démocratie, mais qui garantisse aussi le respect des règles déontologiques et de la sécurité.
Liberté, démocratie, déontologie, sécurité, voilà autant de valeurs et d'objectifs qui sont au coeur des principes fondateurs de la Francophonie. Celle-ci est donc pleinement, et légitimement, dans son rôle en prenant en tant que telle, une part active à un grand débat mondial qui conditionne l'évolution de nos sociétés humaines dans ce siècle.
Cela ne donne que plus d'importance à la démarche commune que les pays francophones doivent engager dans le cadre du "Sommet Mondial sur la Société de l'Information", à Genève en décembre prochain, puis à Tunis en 2005. Il nous faut apporter la preuve de l'efficacité de cette démarche, de cette méthode collective, à laquelle la France, pour sa part, croit profondément.
Mais ce qui est vrai à propos de la Société de l'Information doit être vrai aussi pour d'autres sujets majeurs qui nous sont communs.
Nous devons donc nous réjouir d'abord de la nouvelle dimension que la Francophonie a assignée à son action, et ensuite de la mise en application d'une nouvelle démarche, celle qui s'inspire d'un principe bien connu : "l'union fait la force".
Cette Conférence est donc un puissant encouragement pour nous tous.
Je veux, au nom du gouvernement français, en féliciter le Secrétaire général de l'OIF, les responsables des opérateurs et leurs collaborateurs et tous les pays membres. Je conclurai en un mot : Continuons !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 08 septembre 2003)