Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre, Madame,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Chers Amis,
Merci, Monsieur le Premier Ministre, de cette belle soirée déjà si émouvante avec ces deux hymnes nationaux chantés tout à l'heure avec tant de cur.
Merci à chacune et à chacun d'entre vous d'être présent ce soir pour honorer, saluer, partager l'amitié entre le Canada et la France.
Je sais combien le mérite est grand, quand les Senators affrontent les Devils, que vous soyez tous présents. Je ne me mêle pas de sport et je ne veux pas faire d'erreurs diplomatiques mais je suis un ancien Senator.
L'an prochain, nous commémorerons, vous le disiez à l'instant Monsieur le Premier Ministre, le 400ème anniversaire de l'arrivée de Samuel de Champlain au Canada. Il était parti de Brouhage, belle terre de Charente-Maritime. Il ne s'agit pas de se tourner avec plus ou moins de nostalgie vers le passé mais de retrouver ce qui nous ressemble, ce que nous avons en commun, cet héritage, cette envie de vivre ensemble, cette envie de regarder ensemble l'avenir du monde et de nos deux pays.
C'est dans cet esprit que j'ai tenu à accepter l'invitation que m'a adressée M. le Premier ministre du Canada, Jean Chrétien. Et je le fais avec joie et s'il me le permet, avec amitié. La mienne et celle que je suis chargé de lui transmettre du président de la République française qui a, vous le savez, pour vous, une réelle affection.
Vous savez que mes responsabilités sur le plan intérieur et la mission de réforme de la société française que m'a assignée le président de la République ne me laissent pas beaucoup de temps pour me déplacer à l'étranger. Mais j'ai tenu à assurer cet engagement. Cette alternance des visites entre le Premier ministre français et le Premier ministre canadien et ainsi à respecter ce calendrier de l'amitié pour ensemble construire notre avenir.
Nous vivons dans un monde complexe. Alors qu'on aurait pu croire que la fin de la guerre froide conduirait à l'établissement d'une harmonie nouvelle au plan international, la réalité est malheureusement fort différente : foyers de crises, zones de tensions, risques de nature très diverse, terrorisme, prolifération, accroissement des inégalités. C'est en fait à une longue liste de défis à laquelle nous sommes ensemble confrontés.
Je me réjouis que dans ce contexte difficile, la France et le Canada fassent la même analyse : nos deux pays, parce qu'ils ont le sens de l'histoire, se méfient de toute réponse trop simple et trop hâtive.
Les traumatismes que nous avons vécus en commun à travers les guerres européennes nous ont conduit à la conviction que seul un ordre international fondé sur la primauté du droit constituait la réponse à apporter à ces défis.
Un tel ordre incarné évidemment au premier chef par l'ONU suppose une concertation collective fondée sur le respect des positions de chacun et visant en priorité à mettre en avant des solutions de nature politique.
Nos deux pays se retrouvent aussi sur un même attachement à une certaine éthique de la croissance et du développement.
Pour nous, les principes tels que la diversité culturelle, le développement durable, la protection de l'environnement, la nécessité d'une norme juridique et d'une justice internationale, l'impératif d'une vision multipolaire, la francophonie, tout cela participe de la même vision du monde. Tout cela constitue les éléments d'une seule et même éthique qui rassemble nos deux pays.
En ce sens, le peuple français a apprécié les décisions courageuses que vous avez prises, telle que la ratification par le Canada du Protocole de Kyoto. La désignation récemment d'un canadien à la tête de la Cour pénale internationale est une autre illustration de cette éthique que nous avons en commun.
Dans quelques jours, nous vous accueillerons, Monsieur le Premier Ministre, à Evian. La France aura à cur de convaincre ses partenaires du G8 de poursuivre ce que le Canada a engagé à Kananaskis en faveur de l'Afrique. Nous vous savons très attaché à ce combat et soyez assuré de la détermination de la France à faire du Sommet d'Evian le rapprochement des décisions de Kananaskis.
Nos relations bilatérales sont exemplaires et pratiquement sans nuage. J'ai eu plaisir à vous recevoir à Paris l'an dernier. Je ne l'oublierai jamais, vous étiez mon premier visiteur. Je ne connaissais pas encore mon bureau que vous étiez déjà là.
Je sais donc cette relation toute particulière et je salue en vous, au moment où je suis encore récent dans mes fonctions, le doyen des chefs d'Etat et de gouvernement des pays du G8. Et je constate avec émerveillement et admiration votre longévité exceptionnelle dans vos fonctions et la popularité dont continue à bénéficier votre formation politique. Je suis aussi venu chercher ici quelque exemple.
En considérant, Monsieur le Premier Ministre, ce qu'est votre bilan, je dois vous avouer que je trouve matière à inspiration dans ce que vous avez entrepris, notamment lorsqu'il s'est agi d'entreprendre des réformes extrêmement ambitieuses et difficiles.
Au-delà des talents dont vous avez fait preuve pour parvenir avec succès à assainir les finances publiques canadiennes, vous avez su rendre l'administration de votre pays plus moderne, plus à l'écoute du citoyen.
Je relève aussi votre capacité à mobiliser les énergies politiques et à convaincre les opinions que la politique n'est pas seulement affaire de législation ou de règlement.
Vous avez été aidé, si vous me le permettez aussi, dans votre entreprise par le grand civisme de la société canadienne. Comment ne pas considérer avec fascination ce pays de plus de 30 millions d'habitants, multiculturel, multiracial, dont la convivialité constitue en quelque sorte un principe moteur essentiel.
Le respect de l'autre, la tolérance, la capacité d'intégrer des hommes et des femmes provenant du monde entier constituent une des grandes richesses du Canada.
Mais le plus remarquable est que cette mosaïque canadienne a conscience d'une identité propre qu'elle cherche légitimement à affirmer.
Cette diversité culturelle et humaine ne vous a pas coupé pour autant de votre double héritage européen, français et anglais.
Comment la France ne suivrait-elle pas avec une immense attention la politique en faveur du bilinguisme que vous défendez ? Vous avez pris encore récemment des décisions importantes à cet égard que nous avons notées avec beaucoup d'intérêt.
Puisque nous approchons du moment des toasts, pourrais-je me permettre de faire un vu, à savoir que votre belle capitale, Ottawa, soit un jour déclarée ville bilingue ? Excuse me for such an idea !
Votre double sensibilité anglophone et francophone donne une dimension toute particulière, très originale à votre pays. C'est cette double dimension qui fait également l'originalité de votre politique. Et c'est parce que nous avons éminemment confiance dans le rôle joué par la francophonie dans votre pays que nous restons extrêmement proches de son foyer principal que représente le Québec si cher à nos curs.
Monsieur le Premier Ministre, Cher Ami, je voudrais vous faire part d'une conviction profonde. Nous venons de changer de siècle. Le XXIème siècle a fait ses choix. Il nous impose la protection de l'environnement. Il nous impose la décentralisation, l'intégration. Il nous impose la diversité culturelle. Il a fait ses choix pour les nouvelles technologies, pour l'immigration maîtrisée. Les valeurs du XXIème siècle sont déjà là. Le XXIème a déjà choisi son premier pays : le Canada.
Je voudrais lever mon verre à Monsieur Chrétien, pour sa santé et son action, à Madame Chrétien, à chacune et à chacun d'entre vous et à l'amitié entre le Canada et la France
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 mai 2003)
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Chers Amis,
Merci, Monsieur le Premier Ministre, de cette belle soirée déjà si émouvante avec ces deux hymnes nationaux chantés tout à l'heure avec tant de cur.
Merci à chacune et à chacun d'entre vous d'être présent ce soir pour honorer, saluer, partager l'amitié entre le Canada et la France.
Je sais combien le mérite est grand, quand les Senators affrontent les Devils, que vous soyez tous présents. Je ne me mêle pas de sport et je ne veux pas faire d'erreurs diplomatiques mais je suis un ancien Senator.
L'an prochain, nous commémorerons, vous le disiez à l'instant Monsieur le Premier Ministre, le 400ème anniversaire de l'arrivée de Samuel de Champlain au Canada. Il était parti de Brouhage, belle terre de Charente-Maritime. Il ne s'agit pas de se tourner avec plus ou moins de nostalgie vers le passé mais de retrouver ce qui nous ressemble, ce que nous avons en commun, cet héritage, cette envie de vivre ensemble, cette envie de regarder ensemble l'avenir du monde et de nos deux pays.
C'est dans cet esprit que j'ai tenu à accepter l'invitation que m'a adressée M. le Premier ministre du Canada, Jean Chrétien. Et je le fais avec joie et s'il me le permet, avec amitié. La mienne et celle que je suis chargé de lui transmettre du président de la République française qui a, vous le savez, pour vous, une réelle affection.
Vous savez que mes responsabilités sur le plan intérieur et la mission de réforme de la société française que m'a assignée le président de la République ne me laissent pas beaucoup de temps pour me déplacer à l'étranger. Mais j'ai tenu à assurer cet engagement. Cette alternance des visites entre le Premier ministre français et le Premier ministre canadien et ainsi à respecter ce calendrier de l'amitié pour ensemble construire notre avenir.
Nous vivons dans un monde complexe. Alors qu'on aurait pu croire que la fin de la guerre froide conduirait à l'établissement d'une harmonie nouvelle au plan international, la réalité est malheureusement fort différente : foyers de crises, zones de tensions, risques de nature très diverse, terrorisme, prolifération, accroissement des inégalités. C'est en fait à une longue liste de défis à laquelle nous sommes ensemble confrontés.
Je me réjouis que dans ce contexte difficile, la France et le Canada fassent la même analyse : nos deux pays, parce qu'ils ont le sens de l'histoire, se méfient de toute réponse trop simple et trop hâtive.
Les traumatismes que nous avons vécus en commun à travers les guerres européennes nous ont conduit à la conviction que seul un ordre international fondé sur la primauté du droit constituait la réponse à apporter à ces défis.
Un tel ordre incarné évidemment au premier chef par l'ONU suppose une concertation collective fondée sur le respect des positions de chacun et visant en priorité à mettre en avant des solutions de nature politique.
Nos deux pays se retrouvent aussi sur un même attachement à une certaine éthique de la croissance et du développement.
Pour nous, les principes tels que la diversité culturelle, le développement durable, la protection de l'environnement, la nécessité d'une norme juridique et d'une justice internationale, l'impératif d'une vision multipolaire, la francophonie, tout cela participe de la même vision du monde. Tout cela constitue les éléments d'une seule et même éthique qui rassemble nos deux pays.
En ce sens, le peuple français a apprécié les décisions courageuses que vous avez prises, telle que la ratification par le Canada du Protocole de Kyoto. La désignation récemment d'un canadien à la tête de la Cour pénale internationale est une autre illustration de cette éthique que nous avons en commun.
Dans quelques jours, nous vous accueillerons, Monsieur le Premier Ministre, à Evian. La France aura à cur de convaincre ses partenaires du G8 de poursuivre ce que le Canada a engagé à Kananaskis en faveur de l'Afrique. Nous vous savons très attaché à ce combat et soyez assuré de la détermination de la France à faire du Sommet d'Evian le rapprochement des décisions de Kananaskis.
Nos relations bilatérales sont exemplaires et pratiquement sans nuage. J'ai eu plaisir à vous recevoir à Paris l'an dernier. Je ne l'oublierai jamais, vous étiez mon premier visiteur. Je ne connaissais pas encore mon bureau que vous étiez déjà là.
Je sais donc cette relation toute particulière et je salue en vous, au moment où je suis encore récent dans mes fonctions, le doyen des chefs d'Etat et de gouvernement des pays du G8. Et je constate avec émerveillement et admiration votre longévité exceptionnelle dans vos fonctions et la popularité dont continue à bénéficier votre formation politique. Je suis aussi venu chercher ici quelque exemple.
En considérant, Monsieur le Premier Ministre, ce qu'est votre bilan, je dois vous avouer que je trouve matière à inspiration dans ce que vous avez entrepris, notamment lorsqu'il s'est agi d'entreprendre des réformes extrêmement ambitieuses et difficiles.
Au-delà des talents dont vous avez fait preuve pour parvenir avec succès à assainir les finances publiques canadiennes, vous avez su rendre l'administration de votre pays plus moderne, plus à l'écoute du citoyen.
Je relève aussi votre capacité à mobiliser les énergies politiques et à convaincre les opinions que la politique n'est pas seulement affaire de législation ou de règlement.
Vous avez été aidé, si vous me le permettez aussi, dans votre entreprise par le grand civisme de la société canadienne. Comment ne pas considérer avec fascination ce pays de plus de 30 millions d'habitants, multiculturel, multiracial, dont la convivialité constitue en quelque sorte un principe moteur essentiel.
Le respect de l'autre, la tolérance, la capacité d'intégrer des hommes et des femmes provenant du monde entier constituent une des grandes richesses du Canada.
Mais le plus remarquable est que cette mosaïque canadienne a conscience d'une identité propre qu'elle cherche légitimement à affirmer.
Cette diversité culturelle et humaine ne vous a pas coupé pour autant de votre double héritage européen, français et anglais.
Comment la France ne suivrait-elle pas avec une immense attention la politique en faveur du bilinguisme que vous défendez ? Vous avez pris encore récemment des décisions importantes à cet égard que nous avons notées avec beaucoup d'intérêt.
Puisque nous approchons du moment des toasts, pourrais-je me permettre de faire un vu, à savoir que votre belle capitale, Ottawa, soit un jour déclarée ville bilingue ? Excuse me for such an idea !
Votre double sensibilité anglophone et francophone donne une dimension toute particulière, très originale à votre pays. C'est cette double dimension qui fait également l'originalité de votre politique. Et c'est parce que nous avons éminemment confiance dans le rôle joué par la francophonie dans votre pays que nous restons extrêmement proches de son foyer principal que représente le Québec si cher à nos curs.
Monsieur le Premier Ministre, Cher Ami, je voudrais vous faire part d'une conviction profonde. Nous venons de changer de siècle. Le XXIème siècle a fait ses choix. Il nous impose la protection de l'environnement. Il nous impose la décentralisation, l'intégration. Il nous impose la diversité culturelle. Il a fait ses choix pour les nouvelles technologies, pour l'immigration maîtrisée. Les valeurs du XXIème siècle sont déjà là. Le XXIème a déjà choisi son premier pays : le Canada.
Je voudrais lever mon verre à Monsieur Chrétien, pour sa santé et son action, à Madame Chrétien, à chacune et à chacun d'entre vous et à l'amitié entre le Canada et la France
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 mai 2003)