Déclaration de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur la politique de l'emploi inscrite au budget de 1995, et notamment la réactivation des contrats emploi solidarité, Paris le 23 septembre 1994.

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Circonstance : Réunion des préfets au ministère de l'intérieur et de l'aménagement du territoire à Paris le 23 septembre 1994

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Préfets,
Le projet de loi de finances de l'année est l'acte le plus important du Gouvernement et la tradition qui veut que les représentants de l'Etat dans les régions et les départements en soient parmi les premiers informés en illustre le caractère essentiel.
Le Ministre du Budget aura l'occasion de vous en exposer le contenu. Aussi mon propos sera bref.
Ce budget est un budget de soutien de la reprise économique. Après la crise de 1993, la plus sévère que notre pays ait connue depuis 1945, la croissance est de retour, plus forte que prévue : + 2 % en 1994, + 3,1 % en 1995.
Dans une telle situation, l'Etat doit diminuer la part de ses dépenses dans la production nationale. A défaut la reprise risquerait d'être étouffée par des taux d'intérêt trop élevés.
C'est pourquoi ce budget applique pour la deuxième année la loi quinquennale de réduction du déficit budgétaire.
Le déficit fixé à 275 Mds F est réduit de 25 Mds de F et les dépenses évoluent comme les prix, soit + 1,9 %.
Grâce aux économies réalisées, ce budget respecte les grands programmes pluriannuels arrêtés par le Gouvernement en faveur de la Défense, de la Justice, de la Police et de l'Education.
Enfin, ce budget répond aux besoins de la société française en matière de politique sociale et d'emploi. Je pense notamment au budget des affaires sociales qui évolue de 6 % et au budget de l'emploi qui augmente de 10 %.
En effet, l'emploi doit, Mesdames et Messieurs, être la première priorité de votre action. C'est là le message que je veux vous délivrer aujourd'hui.
L'amélioration de l'activité économique produit d'ores et déjà des effets concrets sur l'emploi : prés de 120 000 postes de travail ont été créés au cours du premier semestre. Depuis le début de l'année, le chômage a ralenti sa progression. Le nombre des chômeurs a même baissé sur ces deux derniers mois de plus de 20 000.
Mais nous devons tout faire pour que l'amélioration récente constatée s'amplifie. C'est pourquoi nous devons accentuer notre effort en faveur des plus démunis, des chômeurs de longue durée, des allocataires du RMI.
L'Etat a un rôle moteur à jouer en ce domaine. Vous le savez, vous qui chaque jour êtes au contact des réalités de notre société.
J'attends de vous, Mesdames et Messieurs les Préfets, que vous continuiez à être, comme je vous l'avais demandé l'été dernier, les agents de la mobilisation contre le chômage.
A ce titre, il vous appartient d'assurer l'application des textes qui ont été adoptés depuis 18 mois et de rendre compte des difficultés rencontrées dans leur application.
Je vous demande de veiller au développement des emplois dans le secteur non-marchand par le biais des contrats emploi solidarité. Je constate à cet égard que de nombreux départements n'atteignent pas leurs objectifs en ce domaine. Aussi je vous demande un effort plus important pour favoriser l'intégration progressive de ceux de nos concitoyens qui sont le plus en difficulté : les contrats-emploi-solidarité constituent souvent la première étape d'un retour durable à l'activité. Vous me rendrez compte chaque mois des progrès de cette mobilisation pour la réinsertion des chômeurs de longue durée.
Je souhaite en outre que vous apportiez un soin particulier aux projets de développement de l'emploi dans le domaine de la protection de l'environnement.
Enfin, j'attends de vous que vous mettiez l'accent sur le développement de la formation des jeunes. Vous devez suivre tout particulièrement les entrées en apprentissage et en contrats d'alternance.
Mesdames et Messieurs les Préfets, votre action permettra d'amplifier dans chaque département et dans chaque région les premiers signes de la reprise de notre économie. Du zèle que vous déploierez dans cette mission dépend pour une large part la cohésion sociale de notre pays.