Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, sur la réforme des retraites, au Sénat le 15 mai 2003.

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Circonstance : Réponse du Premier ministre, M. Jean-Pierre Raffarin, au Sénat, lors des questions d'actualité au Gouvernement, Paris le 15 mai 2003

Texte intégral

J'ai beaucoup de respect pour vos engagements et d'estime pour votre personne, monsieur le président, et j'ai donc écouté avec beaucoup d'attention votre question et votre intervention.
Il est vrai que le sujet est difficile, il est vrai aussi que si la réforme avait été faite avant, je n'aurais pas à la mener aujourd'hui. Et donc, c'est vrai que cette réforme est difficile et je l'assume. Je vais même vous dire que c'est, en effet, je crois, pour le pays une réforme très importante.
Oh ! je peux vous le dire, aujourd'hui, il y a une chose qui menace les Françaises et les Français, c'est que leur système social n'a pas été assuré pour l'avenir. Aujourd'hui, il faut sauver la retraite par répartition, et les Français comprennent bien qu'avec de moins en moins de Français qui payent, et de plus en plus de Français qui touchent, que la véritable impasse, elle est là, elle est démographique, elle est écrite dans notre histoire depuis 2006 (sic). Il faut bien la traiter avec courage et dignité.
Je pense très important, aujourd'hui, d'engager notre pays sur la voie de la réforme, car en fait, c'est la non réforme qui menace les Françaises et les Français les plus fragiles. Vous prenez quelqu'un qui a fait toute sa carrière au SMIC, qui a connu des difficultés toute sa vie. Eh bien ! aujourd'hui, il a un taux de retraite qui est de l'ordre de 80 %. Et si on ne fait pas de réforme, sa retraite sera à 60 %. C'est-à-dire que s'il n'y a pas de réforme, il y a effondrement de la retraite.
Aujourd'hui, la situation qui est celle du pays, sans réforme, c'est l'effondrement des retraites. Et c'est pour cela qu'avec F. Fillon, avec J.-P. Delevoye, nous faisons un certain nombre de propositions pour éviter justement qu'il y ait cette baisse des retraites. C'est pour cela, monsieur le président, qu'il y a dans ce que vous avez dit, si vous me permettez, une inexactitude : nous proposons en effet de travailler plus mais pour avoir la même retraite, car celui qui travaillera... Si, si, faites les calculs, ne trompez pas les Français, vous le verrez. Quand le débat viendra au Parlement, vous le verrez démontré, avec les chiffres à l'appui : celui qui fera les deux ans et demi supplémentaires, pour que tout le monde fasse dans notre pays la même durée de cotisation, c'est-à-dire les 40 ans, à ce moment-là, le taux de retraite sera le même et c'est cet esprit d'équité que nous voulons absolument développer. C'est cette convergence qui nous paraît très importante pour le pays.
Alors, vous avez parlé, monsieur le président, des manifestations. Nous avons été très attentifs à ce mouvement d'inquiétude, évidemment. Et je crois qu'il faudrait être peu sensible à l'expression des Français pour ne pas entendre leur inquiétude. Nous entendons leur inquiétude, et c'est pour cela qu'avec les forces sociales, nous continuons de discuter et que cet après-midi, aura à nouveau lieu une réunion au ministère du Travail, avec F. Fillon et J.-P. Delevoye, pour poursuivre la discussion.
Nous sommes fermes dans notre volonté de réforme, nous sommes fermes dans notre volonté de justice. Nous mènerons cette réforme, parce qu'elle est nécessaire pour la France. Mais tous ceux qui veulent, avec nous, construire une réforme plus juste et apporter des contributions positives et responsables, seront entendus, comme je l'ai toujours dit, jusqu'au dernier moment."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 16 mai 2003)