Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les efforts de la France en matière d'aide au développement, sur la nécessaire harmonisation des différentes aides bilatérales et sur le rôle du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE, à Paris le 22 avril 2003.

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Circonstance : Réunion du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE au niveau ministériel, à Paris le 22 avril 2003

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres
Mesdames et Messieurs,
La réduction de la pauvreté dans le monde constitue, pour tous nos pays, un très grand défi. Comme vous le savez, la France a décidé d'accroître fortement son aide au développement, et elle tient beaucoup à en améliorer l'efficacité. C'est la raison pour laquelle elle attache la plus grande importance aux travaux menés par le Comité d'aide au développement.
Le CAD a joué un rôle déterminant dans la conception des objectifs internationaux du développement qui ont été consacrés par les Nations unies lors du Sommet du millénaire.
C'est également au CAD que s'est formé le consensus autour du déliement de l'aide. Comme l'a dit le Secrétaire général, M. Johnston, la cible de nos efforts est bien la population des pays bénéficiaires et non les entreprises chargées de mettre en uvre les projets.
Je voudrais à ce titre saluer les efforts de Jean-Claude Faure qui, après deux mandats à la tête du CAD, va bientôt quitter ses fonctions. Je le dis parce qu'il a, en particulier, beaucoup uvré pour que ce principe de déliement de l'aide soit accepté.
La France se reconnaît pleinement dans les méthodes de travail du CAD. La pression des pairs, l'apprentissage mutuel et la collégialité nous paraissent d'excellentes règles du jeu. C'est particulièrement vrai actuellement : dans notre effort pour moderniser notre aide, l'expérience de nos partenaires nous est extrêmement utile.
Notre effort quantitatif s'inscrit résolument dans la perspective de la réalisation des objectifs du millénaire. Notre aide, qui est passée de 0,32 % à 0,36 % du PIB entre 2001 et 2002, devrait atteindre environ 0,39 % en 2033 pour être ensuite portée à 0,5 % du PIB en 2007 et à 0,7 % en 2012.
Encore faut-il s'assurer que cette aide porte ses fruits. Nous devons donc en améliorer l'efficacité par la modernisation de nos instruments.
Je voudrais, si vous me le permettez, donner quelques illustrations des efforts développés par la France dans ce domaine.
Le renforcement des capacités est l'une des clefs d'une meilleure efficacité de notre aide dans le cadre du partenariat, qui est la règle du jeu à privilégier. Nous devons donc améliorer notre assistance technique. C'est pourquoi nous avons créé un nouvel organisme de gestion de notre assistance technique appelé France Coopération internationale. Il offrira une assistance technique plus souple, capable de répondre au mieux aux demandes de nos partenaires.
Notre aide-projet est également en cours d'amélioration. L'Agence française de Développement qui est notre opérateur principal a procédé à une réflexion en profondeur sur son action et adopté en 2002 un nouveau Plan d'Orientation stratégique. Il est centré sur deux missions principales : la lutte contre la pauvreté et l'insertion des pays pauvres dans l'économie mondiale.
Nous inscrivons enfin nos efforts dans les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté, définis par les pays bénéficiaires eux-mêmes en accord avec la communauté des bailleurs. Pour cela, nous accordons désormais aux aides sectorielles une place plus grande que par le passé.
J'aimerais émettre ici une remarque générale sur laquelle ma délégation pourra revenir plus en détail lors de la séance de demain. Une des façons d'améliorer l'efficacité de notre aide est de mieux coordonner les efforts des secteurs publics et privés, principalement pour accroître les investissements.
A cet égard, il nous paraît important de développer de nouveaux instruments comme les garanties. La comptabilisation de ces garanties dans l'aide publique au développement, selon des modalités qui restent à étudier, serait une incitation importante à l'augmentation des efforts dans ce domaine. Je propose que le CAD en étudie la possibilité.
L'efficacité de l'aide ne peut être séparée de son harmonisation. Celle-ci permet de concilier le souci de simplifier la tâche des pays en développement utilisateurs de notre aide avec la diversité apportée par les diverses aides bilatérales, diversité qu'il convient de sauvegarder. Harmonisation ne signifie pas uniformité. C'est donc bien volontiers que nous nous sommes engagés dans les travaux du Groupe d'études sur les pratiques des donateurs présidé par M. Richard Manning, dont nous saluons au passage la prochaine accession à la présidence du CAD.
Comme nous l'avons indiqué lors du forum de Rome, nous considérons qu'il serait utile que ces travaux débouchent sur l'adoption par le CAD d'une recommandation qui pourrait être préparée au sein du nouveau groupe pour "l'efficacité de l'aide et les pratiques des donateurs".
Cette recommandation ne prendra cependant tout son sens que si nous nous orientons vers des aides basées sur les résultats mesurés. Cela suppose en particulier la définition d'indicateurs communs. Cette tâche pourrait également être confiée au nouveau groupe de travail, en liaison avec les banques multilatérales de développement et les organes de l'ONU.
Monsieur le Président, avant de terminer, je souhaite en tant que ministre de la Coopération et de la Francophonie rappeler que notre organisation, l'OCDE, a la chance de disposer de deux langues de travail. Il me paraît important que ces deux langues soient traitées de façon équitable. Le retard régulier avec lequel les documents de travail en français sont fournis nous préoccupe. Je ne doute pas que des mesures seront prises pour y remédier et j'en remercie par avance le secrétariat du CAD.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 avril 2003