Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations franco-roumaines, l'entrée prochaine de la Roumanie dans l'OTAN et les relations entre la Roumanie et l'Union européenne, Paris le 8 septembre 2003.

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Circonstance : Dîner offert en l'honneur de M. Adrien Nastase, Premier ministre de Roumanie, au Sénat le 8 septembre 2003

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mes chers collègues,
Chers Amis,
C'est pour moi une joie et un honneur de vous accueillir aujourd'hui, à la Présidence du Sénat de la République française, Monsieur le Premier ministre, presque deux ans déjà après ma visite à Bucarest, qui précédait de peu votre première visite en nos murs.
Nos visites réciproques prouvent, s'il en était besoin, l'étroitesse des liens qui unissent nos deux pays, grâce notamment, vous me permettrez de le souligner, Monsieur le Premier ministre, au dynamisme de nos relations interparlementaires.
A cet égard, qu'il me soit permis de saluer amicalement l'action menée par le groupe interparlementaire France-Roumanie, que préside avec talent et énergie notre collègue et ami Henri REVOL, ici présent.
Mais au-delà de l'excellence des relations interparlementaires, l'amitié entre nos deux peuples, séculaire, se nourrit de l'histoire et d'une communauté de valeurs inspirée par une commune latinité.
Déjà sous Napoléon III, dans le prolongement du printemps des peuples de 1848, la France était le principal soutien de l'Union des principautés roumaines puis de l'indépendance de la Roumanie.
La même solidarité se manifesta lors de la première guerre mondiale, où nos deux peuples combattirent dans une même fraternité d'armes.
Certes, la seconde guerre mondiale d'abord, puis la guerre froide ensuite, nous ont momentanément éloignés, mais jamais ne s'est vraiment éteint votre goût pour la langue et la culture françaises.
C'est donc très naturellement qu'en 1989, après la chute du régime Ceausescu, nos relations connurent un nouveau départ.
Je me réjouis que le français soit aujourd'hui parlé par un Roumain sur quatre et enseigné à plus de deux millions d'enfants ou d'étudiants, à travers notamment l'Institut français de Bucarest, le lycée Anna de Noailles, les trois centres culturels établis dans le pays, les alliances françaises ou les nombreux lycées bilingues.
Il faut dire que l'osmose entre nos intellectuels est une vieille tradition, que Ionesco, Cioran ou Brancusi, pour les Roumains, Michelet, Morand ou Dominique Fernandez, pour les Français, illustrent brillamment. Pour n'en citer que quelques uns.
Notre proximité n'est pas seulement culturelle, elle est aussi économique. La France figure parmi les tout premiers investisseurs en Roumanie et devrait encore consolider sa position.
Et que dire de la coopération décentralisée qui s'est développée entre nos communes ou nos régions, pour notre plus grande satisfaction mutuelle.
Enfin, permettez-moi de rappeler la position traditionnelle de la France, exprimée par le Président de la République dès 1997 : la Roumanie a toute sa place dans l'Union européenne. Nous sommes trop proches de coeur et d'esprit pour qu'il en aille autrement. Vous pouvez donc compter sur nous comme nous comptons sur vous.
Bien sûr, il reste encore un bout de chemin à accomplir, qui exigera d'autres efforts, mais l'expérience vaut d'être menée car elle garantit la paix, qui doit rester notre premier souci.
A ce propos, vous le savez, la France se réjouit de l'entrée prochaine de la Roumanie dans l'Alliance atlantique, comme en a décidé le sommet de l'OTAN de Prague, en novembre dernier.
Dans cette longue route qui mène vers la grande Europe, qui doit avant tout être celle des Peuples, laissez-moi vous dire, pour terminer, la vocation particulière des Assemblées parlementaires.
Je suis, à cet égard, particulièrement heureux du travail fécond entrepris dans le cadre de l'Association des Sénats d'Europe, que j'ai créée.
Je souhaite que cette association concourre à l'édification d'une véritable démocratie européenne, comme le bicamérisme concourt à la vitalité de nos démocraties. Et je me réjouis du projet du sénat roumain d'organiser l'une des sessions de l'Association, à Bucarest, l'année prochaine, à l'occasion de son 140ème anniversaire.
Mais je ne veux pas abuser de votre attention. Le moment est maintenu venu de lever notre verre à l'amitié franco-roumaine.
Vive la Roumanie !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-roumaine !

(source http://www.senat.fr, le 26 septembre 2003)