Texte intégral
1998 fut pour la production cinématographique française, une année exceptionnelle, marquée notamment par un nombre record de premiers films, démontrant plus que jamais la grande capacité de renouvellement et la vitalité de la création cinématographique française.
1999 restera tout d'abord comme l'année des récompenses pour le cinéma français. En effet, les acteurs et les réalisateurs français ont été à l'honneur, comme en témoignent les très nombreux prix obtenus dans les festivals cette année : à Cannes, avec " Rosetta " et " L'Humanité ", co-productions françaises, à Venise avec le prix d'interprétation décerné à Nathalie Baye, en passant par Locarno (avec quatre récompenses !), San Sebastian, Montréal ou Namur
1999 fut aussi une année très satisfaisante en ce qui concerne les entrées réalisées hors du territoire français, avec pour locomotive " Astérix et Obélix contre César ", dont les résultats ont, notamment en Allemagne et Espagne, dépassés le million d'entrées. Cette réussite ne doit pas occulter le succès dans de nombreux pays de films aussi différents qu' " Himalaya ", " Le Diner de Cons ", " Est-Ouest " ou " Kirikou et la sorcière ".
Ces succès m'inclinent à l'optimisme, tout comme le bilan très honorable du cinéma français sur le marché national qui, avec une part de marché cette année de 30 %, quoique encore insuffisante à mes yeux, démontre la capacité de résistance de nos films face au cinéma américain qui occupe presque partout des positions monopolistiques.
Ces éléments positifs ne doivent toutefois pas faire oublier les difficultés auxquelles le cinéma français se trouve confronté pour occuper la place qu'il mérite sur les marchés étrangers. Situation qu'il partage d'ailleurs avec la plupart des grandes cinématographies européennes.
Les raisons en sont multiples et appellent des réponses appropriées.
L'amélioration de l'exportation des films français constitue à mes yeux une priorité. D'importants moyens y sont d'ailleurs consacrés, soit à travers les actions d'Unifrance, soit directement à travers les interventions du Centre National de la Cinématographie qui a, cette année, multiplié par deux les aides allouées en 1998 à cet effet.
Le problème de la langue constitue bien évidemment un frein important à la circulation des uvres dans le monde. Des expériences de doublage de films français ont déjà été réalisées (Asterix en a bénéficié), et elles seront amplifiées. Je me félicite que la Commission affiche le multilinguisme comme une des priorités du futur programme Media Plus.
Pour ce qui concerne les films français, des actions nationales spécifiques seront menées dès 2000 notamment en espagnol (une vingtaine de films devraient en bénéficier).
Il importe aussi de veiller à la conception même des films, et sans doute d'accroître nos efforts en faveur de l'écriture de scénarios, et du développement des projets, étapes essentielles d'un projet destiné à rencontrer la faveur du public. Cette réflexion doit naturellement prendre en compte les attentes des exportateurs.
Nous intéresser à l'amont n'est pas suffisant, nous devons également prendre en compte l'aval.
La principale difficulté rencontrée par le film européen, en général, et français, en particulier, est celui de l'accès aux salles, et des conditions de distribution des films.
L'économie européenne du cinéma est confrontée à un problème de structures. Elle n'est pas aujourd'hui suffisamment dotée d'entreprises susceptibles de rivaliser avec les majors américaines. La disparition de Polygram en est l'illustration même.
Il est donc important d'inciter et de soutenir l'apparition de nouveaux opérateurs européens. Toute initiative qui constitue une alternative à l'offre américaine doit être saluée et encouragée.
De ce point, vu le récent rapprochement entre les groupes Canal + et Lagardère me semble opportun.
Il importe également que les opérateurs européens se rapprochent, renforcent leurs liens, notamment dans le secteur de la distribution.
En ce domaine, l'Union Européenne a un rôle essentiel à jouer, et doit se doter d'une politique audiovisuelle ambitieuse, tant dans les moyens financiers mobilisés, que dans les modalités d'actions retenues.
Le bilan du programme Media II est globalement satisfaisant pour l'industrie audiovisuelle européenne, mais il apparaît nécessaire aujourd'hui d'aller plus loin.
La mise en place d'un nouveau programme MEDIA + doit s'inscrire dans des objectifs clairs, auxquels je suis tout particulièrement attachée :
améliorer la circulation des oeuvres qu'elles soient audiovisuelles ou cinématographiques ;
renforcer la compétitivité des sociétés de distribution ;
développer la mise en réseau et les stratégies communes des opérateurs européens.
La proposition présentée par la Commission se situe d'ailleurs dans cette perspective et je ne peux que m'en féliciter.
Je souhaite pour ma part :
une forte concentration des moyens budgétaires sur le volet distribution ;
la recherche d'une valeur ajoutée forte de l'action communautaire par rapport aux politiques nationales, répondant aux besoins de l'industrie européenne ;
une action dynamique en faveur de la promotion des productions cinématographiques européennes hors du territoire de l'Union Européenne.
Vous l'avez compris, Media Plus constitue une priorité pour la France et sera au cur des priorités de sa présidence.
Vous connaissez mon attachement à la préservation de la diversité culturelle, dont témoigne mon engagement dans les négociations OMC. Elle nécessite une mise en valeur de toutes les cinématographies européennes. Aussi, je souhaite que la présidence française soit l'occasion de mieux faire connaître les richesses du cinéma européen, et c'est dans cet esprit que seront organisées différentes manifestations.
Je souhaite en effet que la France, pendant sa Présidence, promeuve le cinéma européen, et illustre ainsi son attachement à la diversité culturelle.
J'ai proposé à mes collègues d'organiser pendant le Forum de Strasbourg un événement autour de films de jeunes réalisateurs dont le thème serait " avoir vingt ans en Europe en l'an 2000 ".
J'ai aussi demandé au Centre National de la Cinématographie de définir un projet en liaison avec E.F.P. (European Film Promotion) permettant de donner un retentissement particulier à trois manifestations importantes : Karlo Vivary, Pusan, Toronto.
Je demande au Président d'Unifrance, Daniel Toscan du Plantier que je remercie pour son implication personnelle et qui, je le pense, y sera sensible, d'envisager une journée dédiée au cinéma européen dans le cadre de la manifestation qu'organise Unifrance à Acapulco.
TVFI, dont je salue la politique dynamique pourrait aussi consacrer une partie de son rendez-vous annuel à Saint Tropez à la promotion des fictions européennes.
Je voudrais également que soit envisagée une manifestation de ce type sur le continent africain. D'une manière plus générale je souhaiterais que l'on examine, et je pense qu'Unifrance pourrait en être chargé, dans quelle mesure nous pourrions promouvoir le cinéma européen dans chaque continent au cours du second semestre 2000.
L'objectif étant d'illustrer ce que représente pour la France la diversité culturelle.
Je sais que certains d'entre vous travaillent ardemment à la préparation d'une grande manifestation dédiée au cinéma européen à Paris à la fin de la Présidence, avec l'Académie européenne, les Académies nationales, et en liaison avec Unifrance. Je soutiens cette initiative et je crois qu'il en va de même pour mes collègues des Affaires Etrangères et des Affaires Européennes.
Unifrance, en organisant ce deuxième rendez-vous européen du cinéma français est fidèle à sa mission qui vise à élargir la notoriété et la diffusion du cinéma français.
Et je voudrais d'ailleurs remercier UNIFRANCE et féliciter son président Daniel Toscan du Plantier, son délégué général Bruno Berthemy, et tous ceux qui en son sein ont contribué au succès de ce deuxième rendez-vous du cinéma européen. Il faut associer à ces remerciements bien évidemment les 110 réalisateurs et comédiens français qui collaborent à cette manisfation.
Mais au-delà de cet objectif, et je sais que c'est aussi le sentiment du Président d'Unifrance et des professionnels qu'il représente, ce rendez-vous exprime quelque chose de plus fort et de plus complexe que j'appellerai le désir d'Europe du cinéma français.
Chaque jour grandit en effet le sentiment que l'avenir de notre cinéma s'inscrira dans une réalité européenne.
Le cinéma européen n'aura en effet la place qui lui revient légitimement que lorsque ce désir de cinéma sera partagé par l'ensemble des citoyens des nations qui composent aujourd'hui, ou rejoindront demain, l'Union Européenne.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 2 février 2000)
1999 restera tout d'abord comme l'année des récompenses pour le cinéma français. En effet, les acteurs et les réalisateurs français ont été à l'honneur, comme en témoignent les très nombreux prix obtenus dans les festivals cette année : à Cannes, avec " Rosetta " et " L'Humanité ", co-productions françaises, à Venise avec le prix d'interprétation décerné à Nathalie Baye, en passant par Locarno (avec quatre récompenses !), San Sebastian, Montréal ou Namur
1999 fut aussi une année très satisfaisante en ce qui concerne les entrées réalisées hors du territoire français, avec pour locomotive " Astérix et Obélix contre César ", dont les résultats ont, notamment en Allemagne et Espagne, dépassés le million d'entrées. Cette réussite ne doit pas occulter le succès dans de nombreux pays de films aussi différents qu' " Himalaya ", " Le Diner de Cons ", " Est-Ouest " ou " Kirikou et la sorcière ".
Ces succès m'inclinent à l'optimisme, tout comme le bilan très honorable du cinéma français sur le marché national qui, avec une part de marché cette année de 30 %, quoique encore insuffisante à mes yeux, démontre la capacité de résistance de nos films face au cinéma américain qui occupe presque partout des positions monopolistiques.
Ces éléments positifs ne doivent toutefois pas faire oublier les difficultés auxquelles le cinéma français se trouve confronté pour occuper la place qu'il mérite sur les marchés étrangers. Situation qu'il partage d'ailleurs avec la plupart des grandes cinématographies européennes.
Les raisons en sont multiples et appellent des réponses appropriées.
L'amélioration de l'exportation des films français constitue à mes yeux une priorité. D'importants moyens y sont d'ailleurs consacrés, soit à travers les actions d'Unifrance, soit directement à travers les interventions du Centre National de la Cinématographie qui a, cette année, multiplié par deux les aides allouées en 1998 à cet effet.
Le problème de la langue constitue bien évidemment un frein important à la circulation des uvres dans le monde. Des expériences de doublage de films français ont déjà été réalisées (Asterix en a bénéficié), et elles seront amplifiées. Je me félicite que la Commission affiche le multilinguisme comme une des priorités du futur programme Media Plus.
Pour ce qui concerne les films français, des actions nationales spécifiques seront menées dès 2000 notamment en espagnol (une vingtaine de films devraient en bénéficier).
Il importe aussi de veiller à la conception même des films, et sans doute d'accroître nos efforts en faveur de l'écriture de scénarios, et du développement des projets, étapes essentielles d'un projet destiné à rencontrer la faveur du public. Cette réflexion doit naturellement prendre en compte les attentes des exportateurs.
Nous intéresser à l'amont n'est pas suffisant, nous devons également prendre en compte l'aval.
La principale difficulté rencontrée par le film européen, en général, et français, en particulier, est celui de l'accès aux salles, et des conditions de distribution des films.
L'économie européenne du cinéma est confrontée à un problème de structures. Elle n'est pas aujourd'hui suffisamment dotée d'entreprises susceptibles de rivaliser avec les majors américaines. La disparition de Polygram en est l'illustration même.
Il est donc important d'inciter et de soutenir l'apparition de nouveaux opérateurs européens. Toute initiative qui constitue une alternative à l'offre américaine doit être saluée et encouragée.
De ce point, vu le récent rapprochement entre les groupes Canal + et Lagardère me semble opportun.
Il importe également que les opérateurs européens se rapprochent, renforcent leurs liens, notamment dans le secteur de la distribution.
En ce domaine, l'Union Européenne a un rôle essentiel à jouer, et doit se doter d'une politique audiovisuelle ambitieuse, tant dans les moyens financiers mobilisés, que dans les modalités d'actions retenues.
Le bilan du programme Media II est globalement satisfaisant pour l'industrie audiovisuelle européenne, mais il apparaît nécessaire aujourd'hui d'aller plus loin.
La mise en place d'un nouveau programme MEDIA + doit s'inscrire dans des objectifs clairs, auxquels je suis tout particulièrement attachée :
améliorer la circulation des oeuvres qu'elles soient audiovisuelles ou cinématographiques ;
renforcer la compétitivité des sociétés de distribution ;
développer la mise en réseau et les stratégies communes des opérateurs européens.
La proposition présentée par la Commission se situe d'ailleurs dans cette perspective et je ne peux que m'en féliciter.
Je souhaite pour ma part :
une forte concentration des moyens budgétaires sur le volet distribution ;
la recherche d'une valeur ajoutée forte de l'action communautaire par rapport aux politiques nationales, répondant aux besoins de l'industrie européenne ;
une action dynamique en faveur de la promotion des productions cinématographiques européennes hors du territoire de l'Union Européenne.
Vous l'avez compris, Media Plus constitue une priorité pour la France et sera au cur des priorités de sa présidence.
Vous connaissez mon attachement à la préservation de la diversité culturelle, dont témoigne mon engagement dans les négociations OMC. Elle nécessite une mise en valeur de toutes les cinématographies européennes. Aussi, je souhaite que la présidence française soit l'occasion de mieux faire connaître les richesses du cinéma européen, et c'est dans cet esprit que seront organisées différentes manifestations.
Je souhaite en effet que la France, pendant sa Présidence, promeuve le cinéma européen, et illustre ainsi son attachement à la diversité culturelle.
J'ai proposé à mes collègues d'organiser pendant le Forum de Strasbourg un événement autour de films de jeunes réalisateurs dont le thème serait " avoir vingt ans en Europe en l'an 2000 ".
J'ai aussi demandé au Centre National de la Cinématographie de définir un projet en liaison avec E.F.P. (European Film Promotion) permettant de donner un retentissement particulier à trois manifestations importantes : Karlo Vivary, Pusan, Toronto.
Je demande au Président d'Unifrance, Daniel Toscan du Plantier que je remercie pour son implication personnelle et qui, je le pense, y sera sensible, d'envisager une journée dédiée au cinéma européen dans le cadre de la manifestation qu'organise Unifrance à Acapulco.
TVFI, dont je salue la politique dynamique pourrait aussi consacrer une partie de son rendez-vous annuel à Saint Tropez à la promotion des fictions européennes.
Je voudrais également que soit envisagée une manifestation de ce type sur le continent africain. D'une manière plus générale je souhaiterais que l'on examine, et je pense qu'Unifrance pourrait en être chargé, dans quelle mesure nous pourrions promouvoir le cinéma européen dans chaque continent au cours du second semestre 2000.
L'objectif étant d'illustrer ce que représente pour la France la diversité culturelle.
Je sais que certains d'entre vous travaillent ardemment à la préparation d'une grande manifestation dédiée au cinéma européen à Paris à la fin de la Présidence, avec l'Académie européenne, les Académies nationales, et en liaison avec Unifrance. Je soutiens cette initiative et je crois qu'il en va de même pour mes collègues des Affaires Etrangères et des Affaires Européennes.
Unifrance, en organisant ce deuxième rendez-vous européen du cinéma français est fidèle à sa mission qui vise à élargir la notoriété et la diffusion du cinéma français.
Et je voudrais d'ailleurs remercier UNIFRANCE et féliciter son président Daniel Toscan du Plantier, son délégué général Bruno Berthemy, et tous ceux qui en son sein ont contribué au succès de ce deuxième rendez-vous du cinéma européen. Il faut associer à ces remerciements bien évidemment les 110 réalisateurs et comédiens français qui collaborent à cette manisfation.
Mais au-delà de cet objectif, et je sais que c'est aussi le sentiment du Président d'Unifrance et des professionnels qu'il représente, ce rendez-vous exprime quelque chose de plus fort et de plus complexe que j'appellerai le désir d'Europe du cinéma français.
Chaque jour grandit en effet le sentiment que l'avenir de notre cinéma s'inscrira dans une réalité européenne.
Le cinéma européen n'aura en effet la place qui lui revient légitimement que lorsque ce désir de cinéma sera partagé par l'ensemble des citoyens des nations qui composent aujourd'hui, ou rejoindront demain, l'Union Européenne.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 2 février 2000)