Tribune conjointe de Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes, et de M.Hans-Martin Bury, ministre délégué allemand aux affaires européennes, dans "Handelsblatt" et "La Tribune" du 17 septembre 2003, sur les perspectives des relations franco-allemandes dans le cadre de l'Union européenne.

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Média : Handelsblatt - La Tribune - Presse étrangère

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Une nouvelle étape de la coopération franco-allemande
Depuis 50 ans, la France et l'Allemagne ont fait avancer l'Europe, tout en défendant conjointement leurs valeurs et leur vision du monde. L'unification du continent européen est ainsi devenue une réalité, et les contacts entre citoyens de part et d'autre du Rhin sont devenus quotidiens.
Mais aujourd'hui, la France et l'Allemagne se trouvent confrontés à de nouveaux défis. La mondialisation, les bouleversements démographiques, l'évolution des mentalités ou encore les révolutions scientifiques et technologiques. Ces défis appellent un renforcement de la coopération franco-allemande, dans le contexte d'un monde qui change.
Ce n'est pas par hasard si le président de la République, Jacques Chirac, et le chancelier fédéral Gerhard Schröder, ont lancé une série d'initiatives à l'occasion du 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée. Ces initiatives, par leur portée et leur ambition, entendent marquer une nouvelle étape dans la coopération franco-allemande.
Demain, les gouvernements de nos deux pays se réuniront, pour la deuxième fois, au sein d'une institution nouvelle : le Conseil des ministres franco-allemand. Ces Conseils des ministres qui ont vocation à se tenir régulièrement, constituent un outil de coopération sans équivalent dans le monde. Ils conduisent en effet les gouvernements de nos deux pays à discuter de façon intensive et à décider de projets communs de la plus grande importance pour notre avenir.
L'initiative de croissance franco-allemande est le projet phare du Conseil des ministres de demain. Il s'agit en effet de marquer l'engagement des deux gouvernements à donner toute l'impulsion nécessaire pour améliorer la compétitivité de nos économies nationales et ainsi créer plus d'emplois. Les économies des deux pays sont profondément liées dans de nombreux domaines. Accroître leur coopération, c'est participer au développement et au renforcement de l'économie européenne. Ensemble nous souhaitons contribuer à ce que l'objectif formulé par le Conseil européen de Lisbonne soit atteint. Il faut faire de l'Union européenne l'espace économique le plus compétitif et le plus dynamique dans le monde, et un espace fondé sur la connaissance. L'initiative de croissance franco-allemande portera sur des questions concrètes, telles que la promotion de la recherche et les défis de la politique industrielle.
Il revient aux secrétaires généraux de préparer la mise en uvre et le suivi des décisions des conseils des ministres conjoints et des autres groupes de concertation politique franco-allemands. Ils président les commissions interministérielles pour la coopération franco-allemande, coordonnent la réflexion des ministères dans leur pays respectif et participent étroitement aux travaux interministériels dans chacun de leur pays.
Désormais, des feuilles de route conjointes sont élaborées entre les différents ministères des deux pays. Grâce à cette méthode de concertation en amont, un grand nombre de sujets majeurs, de l'interconnexion des infrastructures de transport, à l'amélioration de la reconnaissance mutuelle des diplômes, en passant par l'apprentissage de la langue de l'autre, ont connu un véritable bond en avant.
L'un des meilleurs exemples des effets de cette nouvelle forme de coopération franco-allemande dans la vie des citoyens, réside dans la mise en uvre de nouvelles structures transfrontalières : les eurodistricts. Un projet pilote est actuellement en train de voir le jour dans la région de Strasbourg - Kehl, en étroite concertation avec l'ensemble des élus locaux de part et d'autre du Rhin. Cet élan a conduit les régions de Colmar - Fribourg et de Moselle Est - Sarrebruck à proposer des projets similaires.
Une conférence des régions françaises et des Länder allemands avec la participation des chefs de gouvernement des deux pays se tiendra en octobre à Poitiers. Il s'agira alors de se doter des moyens nécessaires pour intensifier la coopération dans les domaines des échanges culturels, de l'éducation et de la jeunesse.
Pour faciliter l'accès aux informations portant sur le pays partenaire, sur les initiatives conjointes, les bourses ainsi que les projets de coopération, un portail internet franco-allemand sera créé. La date du 22 janvier, jour anniversaire de la signature du Traité de l'Elysée, sera célébrée chaque année comme journée franco-allemande. Lors de cette journée, les relations entre la France et l'Allemagne devront faire l'objet d'un enseignement particulier, dans les écoles et autres établissements d'enseignement.
Comme les secrétaires généraux sont aussi ministres délégués aux Affaires européennes de leur pays respectif, ils auront aussi à coeur de profiter du dynamisme des relations franco-allemandes pour promouvoir de nouvelles initiatives européennes. Depuis toujours, en effet, les avancées européennes sont liées à l'approfondissement de la coopération entre la France et l'Allemagne. Même si leurs positions de départ sont souvent différentes, leurs compromis servent d'orientation pour l'ensemble de l'Union européenne. Ainsi, les débats sur la PAC ou les contributions conjointes franco-allemandes à la Convention pour l'avenir de l'Europe, qui ont été décisives pour le succès du projet de constitution, ont non seulement permis d'éviter les blocages, mais ont constitué des avancées profitables à nos partenaires.
Nous allons poursuivre ce chemin ensemble dans l'avenir. La coopération franco-allemande, modèle de succès, restera toujours ouverte à la participation d'autres Etats membres. Elle est un projet au service de notre responsabilité commune pour l'Europe. Une Europe, qui est la meilleure voie pour nous, pour conserver notre capacité à déterminer notre environnement politique, économique et social et ainsi défendre nos intérêts dans le monde
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2003)