Déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, sur le lancement de la campagne du FN pour les élections régionales de 2004 en Provence-Alpes-Côte d'Azur, à Nice le 18 septembre 2003.

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Circonstance : Lancement de la campagne LE PEN PACA 2004 à Paris le 18 septembre 2003

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Quatre élections importantes vont avoir lieu l'an prochain : régionales et cantonales en mars, européennes en juin, sénatoriales en septembre.
Comme le fait le Front National depuis 30 ans, nous présenterons des candidats à toutes les élections et je demanderai tout à l'heure à mon ami le Bâtonnier GUBERNATIS, Secrétaire fédéral des Alpes-Maritimes, de vous donner les noms des candidates et candidats que nous présentons aux élections cantonales des Alpes-Maritimes.
En ce qui concerne les élections régionales, je vous rappelle que la loi qui les organise a été modifiée.
Essentiellement, ce sont désormais des scrutins de liste à deux tours. La liste arrivée en tête au deuxième tour recevra, avant toute répartition, 25 % des sièges en prime, ce qui constituera ici une forme originale de triangulaire majoritaire.
Rappelons qu'il y a dans le Conseil Régional PACA 123 sièges et que le Front National, en constante progression, a fait élire 25 conseillers en 1986, puis 30 en 1992, et enfin 37 en 1998.
Je ne doute pas que nous allons confirmer cette courbe ascendante.
De 1986 à 1992, le groupe Front National a participé sous la Présidence de Jean-Claude GAUDIN à la première mandature, il a siégé dans l'opposition à GAUDIN en 1992, à VAUZELLES depuis 1998. J'ai été Président de Groupe, place qu'occupe aujourd'hui Guy MACARY.
Je serai tête de liste régionale PACA et tête de liste dans les Alpes-Maritimes.
Marie-France STIRBOIS dirigera la liste dans le Var, Monsieur Ronald PERDOMO dans les Bouches du Rhône, Guy MACARI dans le Vaucluse, Jean-Pierre SCHENARDI dans les Alpes-Maritimes et Madame d'ORNANO dans les Hautes-Alpes.
Je conduirai aussi la liste de la région Sud-Est (PACA-Rhône Alpes-Corse) aux élections européennes de juin.
Aujourd'hui, à Nice, je serai demain à Toulon et à Marseille où j'inaugurerai notre permanence des Bouches du Rhône.
Nous aurons beaucoup d'occasions de nous revoir au cours de cette campagne populaire.
J'engage cette bataille démocratique avec la volonté et l'espoir très sérieux de la gagner. Monsieur TOUZE est mon directeur de campagne, et toutes nos candidates et candidats feront de leur mieux pour défendre les idées et les intérêts des citoyens de cette région. Mais il faut aussi que ceux-ci les aident.
Nous savons tous qu'il ne peut y avoir de redressement si les français ne sont pas conscients des enjeux. D'où l'impérieuse nécessité qu'ils sachent la vérité.
Même si elle n'est pas agréable à entendre, nous vous dirons la vérité des bilans, celui de la France et celui de la Région.
Ayons le courage de le dire, à l'inverse des palinodies souriantes et bronzées de CHIRAC, la vérité des bilans est très angoissante.
C'est dans une France en déclin démographique, économique, social et démocratique que, deux ans après l'élection présidentielle, vont intervenir les trois élections de 2004 (Cantonales - Régionales et Européennes).
Elles vont constituer un test décisif de la volonté des français de, soit s'abandonner à la glissade accélérée qui les conduit à la ruine et à la servitude que tente de masquer CHIRAC par ses rodomontades souriantes, soit de réagir énergiquement en exigeant un changement de ligne et de personnel politique et en faisant confiance au Front National qui a, lui, le courage de dire et la volonté de faire.
La réforme des modes de scrutin par Raffarin a eu pour but de monopoliser l'espace politique par l'UMP pour éliminer partout le Front National des conseils régionaux. Mais il a échoué dans cette volonté anti-démocratique en raison du retoquage par le Conseil Constitutionnel des 10% d'inscrits et peut-être demain d'un effet boomerang des règles des 10% de votants et de prime de 25 % au 2ème tour.
Disons aussi que pour nous, la région est une circonscription qui peut et doit être un lieu de développement et de sécurité, mais que les régions appartiennent à la France et n'appartiennent qu'à la France.
Il en est de même des circonscriptions européennes (ici, le Grand SUD-EST : PACA - RHONE-ALPES - CORSE) qui ne seront jamais des landers à l'allemande, simples divisions administratives de l'Europe mondialiste de Bruxelles.
Il y a un peu plus d'un an, l'élection présidentielle révélait l'état des forces politiques dans le pays.
- le Président sortant obtenait moins de 20 % des voix,
- j'arrivais en 2ème position avec 17 %, qualifié pour le 2ème tour,
- le Premier ministre sortant était éliminé.
Au 2ème tour, l'ensemble des partis, groupements, syndicats, collectivement responsables de la gestion décadente du pays depuis 30 ans, faisait bloc contre la perspective d'un changement démocratique de la politique française.
Isolé, bâillonné, je gagnais néanmoins 720.319 voix au 2ème tour, et en rien qu'en PACA, 135.000 voix supplémentaires.
Jacques CHIRAC, le président discrédité, menacé judiciairement, obtenait 82 % des suffrages.
Le pays, intoxiqué par la diabolisation, avait refusé de voir en face la triste réalité de l'effondrement français.
Les élections législatives donnaient à CHIRAC une majorité écrasante à l'Assemblée, 399 députés, et la gauche était laminée. Le Front National, malgré des millions de voix, n'obtenait aucun député.
Le Premier Ministre, Monsieur RAFFARIN, disposait alors de tous les atouts : majorité écrasante à l'Assemblée Nationale, au Sénat, dans les Assemblées locales. La gauche conservait quelques exécutifs régionaux dont le RPR (aujourd'hui l'UMP) lui avait fait l'aumône.
Comme nous l'avions prévu, RAFFARIN, pris en période de crise dans l'étau de MAASTRICHT et celui de l'euro, disqualifié par la carence criminelle du gouvernement dans la canicule meurtrière, n'attend son salut que du succès du pari qu'il fait sur la croissance américaine balbutiante et ses conséquences escomptées (à tort) en Europe.
Il nous dit qu'il gère en bon père de famille, moi je dis que c'est un père de famille ruiné qui espère se refaire au casino !
Les indicateurs économiques et sociaux sont tous au rouge foncé :
- Dette record de 7000 milliards de francs (+ de 60 % du PIB)
- Déficit budgétaire de 400 milliards (+ de 4 % du PIB)
- Service de la dette de 350 milliards (80 % du produit de l'IRPP)
- Productivité de 4 % aux Etats-Unis contre 1 % en France
- Montée du chômage au-delà de 10 %, soit un effectif chômable de 20 à 25 % de la population active, compte tenu de tous les chômeurs déguisés et des fonctionnaires (4 millions en 1980 - 5,1 millions en 2003).
- Ecole - RAS - TVM (à court, moyen et long terme)
- Défense - RAS - THS
- L'immigration se porte bien grâce à la multiplication des visas. Les masses misérables du tiers-monde continuent de se déverser en France et en Europe mais le réservoir mondial se remplit plus vite qu'il ne se vide.
- Insécurité : effets de baisse en trompe l'oeil, car elle s'est mise elle aussi en vacances, et peu durables car la politique suivie en la matière vise les effets et non les causes de ce mal.
- Fiscalisme : le Gouvernement reprend d'une main ce qu'il donne de l'autre. On offre un dégrèvement modeste de l'IRPP mais on augmente le prix des carburants et on se prépare à augmenter la CSG la CRDS.
- Enfin, l'échec est patent en Corse.
On le voit, dans tous les secteurs, le gouvernement affirmait et réaffirmait sa DETERMINATION, détermination hélas purement verbale. Gaspillant l'état de grâce accordé au nouveau gouvernement, il allait piloter une descente aux enfers qui apparaît aujourd'hui dans sa réalité désolante au point de justifier le titre d'un essai récent de Monsieur BAVEREZ "la France qui tombe ".
Mais, me direz-vous, pourquoi évoquer ici et aujourd'hui à Nice pour le lancement des campagnes électorales de 2004, la situation de la France ? C'est parce qu'il est bien évident que la PACA n'est pas une île et que les problèmes, et en très grande partie les solutions, dépendent de la politique nationale. Ne serait-ce que parce que la latitude d'action des élus départementaux et régionaux est limitée dans les textes et par les budgets.
Il est néanmoins possible de faire autrement et mieux que ce qui a été fait dans la région PACA et dans les départements qui la composent et je détaillerai le 20 novembre le programme régional que nous allons proposer.
Dans six mois, les Provençaux, les Alpins et les Azuréens vont donc devoir se prononcer. Leur choix sera décisif. Ou bien ils confient la direction de notre région à telle ou telle fraction partisane, ou bien ils font le choix du rassemblement.
Dans le premier cas, et quelle que soit la fraction choisie, ne doutez pas que les mêmes causes produisant les mêmes effets, notre région s'enfoncera un peu plus dans la récession économique et dans la régression sociale.
Dans le deuxième cas, tous les espoirs sont permis.
Vous le savez, en 1998, la région a été littéralement remise entre les mains de la gauche par une droite toute à la fois courbe et couarde.
Cette manoeuvre fut diligentée, je le rappelle, à l'initiative de MM. François Léotard et Christian Estrosi, ce dernier ayant aujourd'hui l'outrecuidance, outre de prétendre à la présidence du conseil général des Alpes-Maritimes, de vouloir faire perdre à la gauche une région qu'il lui a offerte voici bientôt six ans.
D'un côté, du même côté, vous avez donc deux hommes. L'un, M. Vauzelle, a l'ambition de se maintenir aux affaires. L'autre, M. Muselier, a l'ambition d'y accéder. Pour quoi faire ? Rien, si ce n'est arborer le titre de président de la région Paca, avec lequel l'un comme l'autre poursuivra la même politique d'immobilisme et de déclin.
Notre région est en effet durablement engluée dans un marasme sans précédent. Les principaux indicateurs économiques et sociaux sont alarmants.
Le P.I.B. par habitant, c'est-à-dire la richesse produite par chaque habitant, est en Paca de 21 820 euros, soit 10,46 % de moins que la moyenne nationale qui s'établit à 24 370 euros.
Le taux de chômage atteignait déjà, fin 2002, 11,5 % de la population en âge de travailler, contre 9,1 % pour l'ensemble de la France, avec cette particularité honteuse que le taux de chômage des jeunes est pour sa part supérieur de 50 % à la moyenne nationale : 19 % des Français de moins de 25 ans sont au chômage, mais 27 % des jeunes Provençaux, des jeunes Alpins et des jeunes Azuréens pointent à l'A.N.P.E.
Il en va de même pour les femmes, dont le taux de chômage national était, toujours fin 2002, de 10,5 %, mais atteignait, ici, chez nous, 15,7 %. Là encore, la différence est de 50 %.
Je pourrais, hélas, égrener les chiffres à l'infini. Celui du nombre de Rmistes - 1 sur 10 vit en PACA - , celui des chômeurs de longue durée - qui atteint 5,4% de la population active et est supérieur de 2 points et demi à la moyenne nationale - , celui du nombre de faillites. Tous sont nettement supérieurs à la moyenne nationale.
Tel est désormais le triste particularisme de la région Paca au sein de la communauté nationale : quand la France va mal, la PACA va encore plus mal.
La mise en parallèle de ces chiffres avec ceux du budget du conseil régional est pour le moins surprenante. Le budget qui était de 592 millions d'euros en 1994, a dépassé le milliard d'euros en 2002, et aura quasiment doublé en dix ans. Les impôts ne cessent d'augmenter, et l'endettement de la région ne cesse de croître.
Etant donnée la situation économique et sociale que je viens de décrire, étant données également les observations présentées récemment par la chambre régionale des comptes sur la gestion pour le moins dispendieuse et bureaucratique de M. Vauzelle, les électeurs me paraissent en droit de savoir où est passé tout leur argent.
Je demande donc que soit réalisé au plus vite un audit des finances de la région. Non pas demain, après les élections, mais dès aujourd'hui, afin que les électeurs puissent se prononcer en toute connaissance de cause, et non pas, comme c'est l'usage en France, sur des bilans truqués et des chiffres falsifiés.
Cet audit permettra à la nouvelle équipe que les électeurs désigneront en mars de disposer, dès son entrée en fonctions, d'un état des lieux aussi précis que possible, pour s'attaquer au plus vite au chantier de l'assainissement des comptes régionaux.
L'augmentation des impôts n'est pas une fatalité. L'exemple de la Bourgogne le prouve.
Grâce à la pression exercée depuis 1998 par le groupe Front national sur l'exécutif régional, la dette de la Bourgogne a baissé de 40 % en cinq ans, ce qui est considérable. Or dans le même temps, et encore grâce à nos élus, les impôts n'ont pas augmenté.
Le redressement financier s'accompagnera d'un grand projet de revitalisation de notre région. Je suis persuadé que l'un des atouts majeurs des départements provençaux, alpins et azuréens est leur capacité à accueillir de nouveaux habitants, qu'ils soient actifs, étudiants ou retraités.
Il est proprement aberrant que le haut pays, qui représente 80 % du territoire régional, ait été laissé à l'abandon. Cette absence de politique de développement, outre le mépris qu'elle révèle à l'égard de ceux qui y vivent, est également symptomatique de l'imprévoyance de la classe dirigeante.
La " révolution séniorale ", c'est-à-dire l'accroissement du nombre de personnes âgées, l'augmentation de l'espérance de vie et les possibilités de vivre plus longtemps en pleine possession de ses moyens intellectuels et physiques, n'a pas été prise en compte, ni au niveau national, ni à l'échelle régionale.
Elle offre à notre région un potentiel de développement considérable. A une condition : que notre accueil soit à la hauteur des exigences bien légitimes des seniors.
De même, les conditions climatiques favorables ne sont pas suffisantes pour inciter les entreprises à s'implanter en PACA, alors qu'elles sont pourtant propices à attirer de nombreux cadres actifs, capables de produire une forte valeur ajoutée : je pense notamment aux entreprises spécialisées dans les technologies de pointe. Notre région peut être, si nous en avons la volonté, et si nous nous en donnons les moyens, la Californie de l'Europe !
Qui ne désirerait en effet travailler dans un cadre naturel aussi agréable ?
Ce cadre de vie, facteur de bien-être mais aussi de développement économique et social, doit impérativement être préservé.
Il est temps d'engager une véritable lutte contre la pollution, qu'elle soit manifeste, comme sur l'étang de Berre, ou plus diffuse.
Mais le cadre de vie comprend aussi, et d'abord, la sécurité. La sécurité dans les transports, dans les établissements scolaires, dans les rues et dans les campagnes, est la condition première du libre épanouissement des individus.
C'est donc à un vaste réaménagement territorial que nous entendons procéder. Il aura vocation à assurer le repeuplement des zones désertifiées, par l'implantation de populations de tous âges et de toute condition. Loin de nuire à la qualité de l'environnement, il permettra au contraire sa préservation par l'entretien permanent dont il sera l'objet. La lutte contre les incendies de forêt passe aussi par là.
Cela suppose que soit mené à bien un vaste effort de désenclavement, qui comprend l'amélioration et l'extension des voies de circulation routières et autoroutières, l'adaptation aux besoins de la population des transports ferroviaires - avec en particulier la prolongation du TGV jusqu'à Nice - et le développement du transport fluvial.
Ce sont là des décisions utiles et nécessaires. Des décisions de bon sens et de bonne gestion du capital régional.
Je l'ai dit le 6 septembre à Saint-Martin-de-Crau : non seulement nous sommes prêts à gouverner, mais nous ne sommes animés par aucun esprit de revanche. Placé à la tête de l'exécutif, je travaillerai avec tous les conseillers régionaux que le suffrage aura désignés, ainsi qu'avec l'ensemble des élus locaux des six départements et avec les responsables de tous les services sociaux, administratifs et techniques.
J'en appelle ainsi à toutes les forces vives de la région, c'est-à-dire à tous ceux, quelle que soit leur profession, qu'ils soient chefs d'entreprise ou fonctionnaires, cadres ou ouvriers, exploitants agricoles ou commerçants, qui, par leur travail, leurs efforts, leur énergie, créent chaque jour les conditions de la prospérité.
J'appelle les jeunes, qu'ils soient étudiants, en formation professionnelle, actifs ou à la recherche d'un emploi, à s'associer à un projet qui n'a d'autre objectif que de leur permettre de vivre chez eux, comme ils l'entendent, dans la sécurité et la prospérité.
J'en appelle aussi aux retraités ou pré-retraités, exclus du monde du travail souvent à leur corps défendant, mis à l'écart de la société car devenus " improductifs ", et dont le savoir-faire et l'expérience nous sont indispensables.
Notre belle région a besoin des compétences de tous les Provençaux, de tous les Alpins et de tous les Azuréens, quel que soit leur âge, quels que soient leurs milieux sociaux et quelles que soient leurs opinions politiques.
Leur permettre de travailler chez eux, leur assurer la liberté de profiter de leurs revenus, restaurer leur sécurité et celle de leurs biens, sauvegarder les richesses naturelles de notre territoire afin que nous puissions le remettre sans honte à nos enfants, tels sont nos objectifs. Ce que le gouvernement est incapable de faire pour nous, nous pouvons l'accomplir ici, maintenant, tous ensemble.
A chaque consultation électorale, les électeurs de la région ont toujours été plus nombreux qu'ailleurs à se porter sur les candidats du redressement national.
Ils ont montré plus de courage, plus de détermination, plus de volonté qu'ailleurs.
Je crois qu'ils lanceront ici même, l'année prochaine, le grand mouvement de reconquête de la fierté et de la dignité française, qui s'achèvera lors des échéances suivantes, en 2007.
Je forme des voeux pour que cette prophétie résonne demain comme un oracle.
Je vous remercie.
(Source http://www.frontnational.com, le 24 septembre 2003)