Texte intégral
(Interview à des radios et télévisions à Castellorizo (Grèce) le 2 mai 2003) :
Q - Une tragédie frappe la nation turque au moment où vous vous apprêtez à rencontrer le ministre turc des Affaires étrangères.
R - C'est une grande douleur que ce tremblement de terre et nous avons tenu, tout de suite, à nous associer à cette douleur. Le président de la République a exprimé les condoléances du peuple français, il s'est adressé directement à l'ensemble des familles des victimes et nous avons proposé une aide pour venir au secours de toutes ces familles qui sont aujourd'hui dans la peine et dans la difficulté.
Les 25 pays européens présenteront leurs condoléances collectivement au ministre des Affaires étrangères turc.
Q - Le président Bush vient d'annoncer la fin des opérations militaires en Irak, est-ce à dire que tout est terminé ou est-ce à dire que l'Europe a peut-être un rôle à jouer, maintenant ?
R - C'est la phase de la guerre qui se termine, il reste devant nous à construire la paix et c'est un défi pour l'ensemble de la communauté internationale. Bien évidemment, dans cette phase-là, nous avons besoin de tout le monde, de toute la communauté internationale. Nous avons beaucoup travaillé au cours de ces derniers jours au sein du Conseil de sécurité et il faut maintenant trouver le cadre dans lequel la communauté internationale va pouvoir travailler. Nous sommes réunis avec les 25 membres de l'Union européenne pour essayer d'harmoniser nos positions, pour déterminer le rôle exact et vous savez que nous pensons, nous l'avons dit collectivement, qu'il faut un rôle central pour les Nations unies.
Devant nous, les défis sont nombreux : l'humanitaire, le désarmement, la suspension puis la levée des sanctions, le remplacement du dispositif "Pétrole contre nourriture" et surtout la question essentielle, la reconstruction politique de l'Irak ; faire en sorte qu'une autorité légitime en Irak puisse s'affirmer de façon à ce que la communauté internationale ait un interlocuteur capable de l'accompagner sur le chemin de cette reconstruction.
Q - Avez-vous le sentiment que Washington vient un peu sur des positions d'ouverture à une action multilatérale en Irak ?
R - Les choses bougent parce que la nécessité est là. Il y a des problèmes, il faut toute la communauté internationale pour pouvoir y répondre.
Les défis sont, sur le plan économique, financier et sur le plan humain, extrêmement grands et chacun voit bien que le grand risque en Irak, c'est la division. Il y a des communautés nombreuses, des tribus, des groupes, des régions qui parfois sont fragmentées, divisées, il faut maintenir cette unité irakienne et pour cela, il faut que la communauté internationale parle d'une seule voix. Il faut associer tous les pays de la région, c'est le sens des déplacements que j'ai effectués dans plusieurs pays du Moyen-Orient pour justement associer ces Etats à ce processus. Nous avons donc besoin de faire beaucoup de travail sur le plan diplomatique, sur le plan politique pour créer cette dynamique qui permettra cette reconstruction de l'Irak. Je le rappelle, il y a la reconstruction de l'Irak, il y a le problème de la crise irakienne mais il y a aussi cette question difficile du Proche-Orient, le processus de paix entre Israël, la Palestine et les pays arabes. Là encore, nous avons une situation nouvelle avec la publication de la "feuille de route" qui doit permettre de relancer les négociations.
Nous voulons donc véritablement que la communauté internationale se mobilise. L'Union européenne a un rôle particulier à jouer, cette publication de la feuille de route, c'est un succès pour l'Union européenne. Elle a beaucoup travaillé tout au long des dernières années et aujourd'hui, elle marque clairement sa volonté d'aller de l'avant et avec nos amis américains, avec l'ensemble des responsables de la communauté internationale, il faut franchir de nouveaux pas. Nous devons convaincre, chacun doit faire sa part du chemin, Israël bien sûr, qui aspire à voir sa sécurité garantie et c'est bien l'un des objectifs premiers du travail que nous faisons ; les Palestiniens qui aspirent à avoir un Etat et pouvoir vivre en sécurité auprès d'Israël. Il y a là une dynamique à enclencher. La paix doit être globale, elle doit inclure l'ensemble des pays voisins, c'est vrai de la Syrie, c'est vrai du Liban. Il faut que cette dynamique puisse véritablement s'affirmer sur le plan régional.
Q - Cette réunion est lourde de symboles, vous la tenez à vingt-cinq, ici à Castellorizo, vous êtes dans l'endroit le plus proche de la Turquie, à l'extrême sud-est de l'Union européenne actuelle, vous verrez le ministre bulgare, le ministre roumain, c'est nouveau tout cela ?
R - Ce sont de grands changements. C'est la première réunion à 25 depuis le Sommet d'Athènes, c'est la première réunion de l'Union européenne après la fin de la guerre en Irak. C'est donc effectivement un défi pour vous tous et je crois pouvoir dire que chacun souhaite donner le meilleur de lui-même, chacun souhaite apporter le concours le plus fort pour faire avancer cette Union européenne, pour nous permettre d'effacer les divisions, d'où l'importance de travailler ensemble. Il y a là un défi qui est effectivement un grand stimulant.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mai 2003)
(Interview à des radios à Castellorizo (Grèce) le 2 mai 2003) :
Q - Comment réagissez-vous à cette nouvelle qu'il y aurait trois ou quatre zones d'occupation en Irak ?
R - Nous sommes dans une situation nouvelle. Elle est marquée par le souci des forces sur le terrain de sécuriser l'Irak. Les pays coalisés choisissent d'adapter leurs capacités et leurs moyens à la situation de l'Irak, une fois de plus, c'est un choix qui est celui des forces de la coalition. Nous avons toujours dit que nous pensions que le cadre des Nations unies devait être sollicité, dès lors que l'on voulait avoir un large soutien de la communauté internationale. Nous continuons de penser qu'en ce qui concerne l'avenir de l'Irak, si nous voulons reconstruire et nous engager résolument dans la paix, il est important d'avoir le soutien des Nations unies, ce qui permettrait de fixer un cadre légal. Nous restons fidèles à cette position qui est la nôtre.
Q - Ici ce n'est pas le cas, n'allez-vous donc pas pérenniser un système illégitime ?
R - Pour le moment, il ne s'agit que d'élargir ce qui est d'ores et déjà fait par la Grande-Bretagne et par les Etats-Unis, dans le cadre des forces d'occupation présentes sur le terrain. Attendons de voir comment les choses s'organiseront. Vous savez que nous débattons actuellement aux Nations unies de la façon dont on doit aborder les grandes questions qui se posent en Irak : le désarmement, les sanctions, la création d'une autorité légitime irakienne. Dans ce cadre-là, nous verrons les propositions que les Américains et les Anglais seront amenés à faire.
Q - Le débat là-dessus a-t-il montré des avancées ?
R - Ce débat, je le dis une fois de plus, se nourrit dans un cadre informel, je rappelle que cette réunion qui se déroule en Grèce est une réunion parfaitement informelle, beaucoup de pays ont exprimé leur préoccupation de voir un cadre légal clairement marquer le rôle des Nations unies de façon à pouvoir participer ou étudier une contribution. C'est dire à quel point ce cadre légal, cette légitimité des Nations unies est important.
Q - L'absence du Mme de Palacio aujourd'hui a été très remarquée ?
R - J'ai cru comprendre qu'elle avait des obligations, nous respectons le calendrier de chacun. Chacun sait que c'est une collègue excellente, nous aurons du plaisir à la retrouver bientôt.
( Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mai 2003)
Q - Une tragédie frappe la nation turque au moment où vous vous apprêtez à rencontrer le ministre turc des Affaires étrangères.
R - C'est une grande douleur que ce tremblement de terre et nous avons tenu, tout de suite, à nous associer à cette douleur. Le président de la République a exprimé les condoléances du peuple français, il s'est adressé directement à l'ensemble des familles des victimes et nous avons proposé une aide pour venir au secours de toutes ces familles qui sont aujourd'hui dans la peine et dans la difficulté.
Les 25 pays européens présenteront leurs condoléances collectivement au ministre des Affaires étrangères turc.
Q - Le président Bush vient d'annoncer la fin des opérations militaires en Irak, est-ce à dire que tout est terminé ou est-ce à dire que l'Europe a peut-être un rôle à jouer, maintenant ?
R - C'est la phase de la guerre qui se termine, il reste devant nous à construire la paix et c'est un défi pour l'ensemble de la communauté internationale. Bien évidemment, dans cette phase-là, nous avons besoin de tout le monde, de toute la communauté internationale. Nous avons beaucoup travaillé au cours de ces derniers jours au sein du Conseil de sécurité et il faut maintenant trouver le cadre dans lequel la communauté internationale va pouvoir travailler. Nous sommes réunis avec les 25 membres de l'Union européenne pour essayer d'harmoniser nos positions, pour déterminer le rôle exact et vous savez que nous pensons, nous l'avons dit collectivement, qu'il faut un rôle central pour les Nations unies.
Devant nous, les défis sont nombreux : l'humanitaire, le désarmement, la suspension puis la levée des sanctions, le remplacement du dispositif "Pétrole contre nourriture" et surtout la question essentielle, la reconstruction politique de l'Irak ; faire en sorte qu'une autorité légitime en Irak puisse s'affirmer de façon à ce que la communauté internationale ait un interlocuteur capable de l'accompagner sur le chemin de cette reconstruction.
Q - Avez-vous le sentiment que Washington vient un peu sur des positions d'ouverture à une action multilatérale en Irak ?
R - Les choses bougent parce que la nécessité est là. Il y a des problèmes, il faut toute la communauté internationale pour pouvoir y répondre.
Les défis sont, sur le plan économique, financier et sur le plan humain, extrêmement grands et chacun voit bien que le grand risque en Irak, c'est la division. Il y a des communautés nombreuses, des tribus, des groupes, des régions qui parfois sont fragmentées, divisées, il faut maintenir cette unité irakienne et pour cela, il faut que la communauté internationale parle d'une seule voix. Il faut associer tous les pays de la région, c'est le sens des déplacements que j'ai effectués dans plusieurs pays du Moyen-Orient pour justement associer ces Etats à ce processus. Nous avons donc besoin de faire beaucoup de travail sur le plan diplomatique, sur le plan politique pour créer cette dynamique qui permettra cette reconstruction de l'Irak. Je le rappelle, il y a la reconstruction de l'Irak, il y a le problème de la crise irakienne mais il y a aussi cette question difficile du Proche-Orient, le processus de paix entre Israël, la Palestine et les pays arabes. Là encore, nous avons une situation nouvelle avec la publication de la "feuille de route" qui doit permettre de relancer les négociations.
Nous voulons donc véritablement que la communauté internationale se mobilise. L'Union européenne a un rôle particulier à jouer, cette publication de la feuille de route, c'est un succès pour l'Union européenne. Elle a beaucoup travaillé tout au long des dernières années et aujourd'hui, elle marque clairement sa volonté d'aller de l'avant et avec nos amis américains, avec l'ensemble des responsables de la communauté internationale, il faut franchir de nouveaux pas. Nous devons convaincre, chacun doit faire sa part du chemin, Israël bien sûr, qui aspire à voir sa sécurité garantie et c'est bien l'un des objectifs premiers du travail que nous faisons ; les Palestiniens qui aspirent à avoir un Etat et pouvoir vivre en sécurité auprès d'Israël. Il y a là une dynamique à enclencher. La paix doit être globale, elle doit inclure l'ensemble des pays voisins, c'est vrai de la Syrie, c'est vrai du Liban. Il faut que cette dynamique puisse véritablement s'affirmer sur le plan régional.
Q - Cette réunion est lourde de symboles, vous la tenez à vingt-cinq, ici à Castellorizo, vous êtes dans l'endroit le plus proche de la Turquie, à l'extrême sud-est de l'Union européenne actuelle, vous verrez le ministre bulgare, le ministre roumain, c'est nouveau tout cela ?
R - Ce sont de grands changements. C'est la première réunion à 25 depuis le Sommet d'Athènes, c'est la première réunion de l'Union européenne après la fin de la guerre en Irak. C'est donc effectivement un défi pour vous tous et je crois pouvoir dire que chacun souhaite donner le meilleur de lui-même, chacun souhaite apporter le concours le plus fort pour faire avancer cette Union européenne, pour nous permettre d'effacer les divisions, d'où l'importance de travailler ensemble. Il y a là un défi qui est effectivement un grand stimulant.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mai 2003)
(Interview à des radios à Castellorizo (Grèce) le 2 mai 2003) :
Q - Comment réagissez-vous à cette nouvelle qu'il y aurait trois ou quatre zones d'occupation en Irak ?
R - Nous sommes dans une situation nouvelle. Elle est marquée par le souci des forces sur le terrain de sécuriser l'Irak. Les pays coalisés choisissent d'adapter leurs capacités et leurs moyens à la situation de l'Irak, une fois de plus, c'est un choix qui est celui des forces de la coalition. Nous avons toujours dit que nous pensions que le cadre des Nations unies devait être sollicité, dès lors que l'on voulait avoir un large soutien de la communauté internationale. Nous continuons de penser qu'en ce qui concerne l'avenir de l'Irak, si nous voulons reconstruire et nous engager résolument dans la paix, il est important d'avoir le soutien des Nations unies, ce qui permettrait de fixer un cadre légal. Nous restons fidèles à cette position qui est la nôtre.
Q - Ici ce n'est pas le cas, n'allez-vous donc pas pérenniser un système illégitime ?
R - Pour le moment, il ne s'agit que d'élargir ce qui est d'ores et déjà fait par la Grande-Bretagne et par les Etats-Unis, dans le cadre des forces d'occupation présentes sur le terrain. Attendons de voir comment les choses s'organiseront. Vous savez que nous débattons actuellement aux Nations unies de la façon dont on doit aborder les grandes questions qui se posent en Irak : le désarmement, les sanctions, la création d'une autorité légitime irakienne. Dans ce cadre-là, nous verrons les propositions que les Américains et les Anglais seront amenés à faire.
Q - Le débat là-dessus a-t-il montré des avancées ?
R - Ce débat, je le dis une fois de plus, se nourrit dans un cadre informel, je rappelle que cette réunion qui se déroule en Grèce est une réunion parfaitement informelle, beaucoup de pays ont exprimé leur préoccupation de voir un cadre légal clairement marquer le rôle des Nations unies de façon à pouvoir participer ou étudier une contribution. C'est dire à quel point ce cadre légal, cette légitimité des Nations unies est important.
Q - L'absence du Mme de Palacio aujourd'hui a été très remarquée ?
R - J'ai cru comprendre qu'elle avait des obligations, nous respectons le calendrier de chacun. Chacun sait que c'est une collègue excellente, nous aurons du plaisir à la retrouver bientôt.
( Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mai 2003)