Texte intégral
J.-P. Elkabbach-. L'UMP a sept mois, c'est un gros bébé joufflu, il a tout. Qu'est-ce qu'il peut viser de plus ?
- "L'UMP a sept mois. Il s'est fixé deux missions. Tout d'abord, l'union du centre et de la droite. Et c'est l'union qui fait la force justement de L'UMP. Parce que, on l'a déjà vu pendant les élections, chaque fois que l'on était divisé depuis des années, il y avait des échecs. Quand nous sommes unis, nous gagnons, on l'a vu en particulier aux élections municipales. On peut déjà tirer un enseignement : lorsque l'on est uni, on peut s'attaquer aux vraies réformes dont la France a besoin. C'est ce que l'on vient de prouver avec les retraites."
Le bébé UMP va voir défiler et entendre tous les héros de la majorité du Gouvernement. Il a en plus la chance d'avoir pour l'éduquer, le protéger, trois précepteurs-parrains de poids et de qualité : Juppé, Raffarin, Sarkozy et en plus on nous dit qu'en ce moment, ils s'entendent bien ?
- "Aujourd'hui, on voit que c'est un gouvernement qui fonctionne, qui travaille, qui est efficace et qui est uni. Que cela continue. D'ailleurs, quand on voit l'état aujourd'hui de la gauche, on peut se dire que nous n'avons qu'un seul ennemi, c'est nous-mêmes. Continuons à travailler et faire des réformes et c'est la 2ème mission de L'UMP. Quelles sont les réformes qu'il faut faire demain ?"
On y vient, mais voyant ce que vous allez faire dans la journée! Le conseil national va élire les 30 noms du bureau politique, c'est-à-dire le gouvernement du parti. En fait, il va les entériner sans surprise, si j'ai bien compris, ce sera à peu près un tiers Raffarin, un tiers Sarkozy et un tiers A. Juppé. On ne fait de peine à personne ?
- "Il pouvait y avoir plusieurs listes qui se présentaient au bureau politique. Nous avons choisi les uns et les autres de nous présenter tous ensemble, pour qu'il n'y ait qu'une seule liste. On pouvait le faire."
Et vous, vous êtes dans quel tiers ?
- "Je suis le secrétaire général et par définition, de tous. Je m'entends très bien avec A. Juppé, puisque vous me posez cette question. Je pense qu'il a fait preuve, depuis sept mois, d'un grand esprit d'équipe et d'une grande détermination. Car ce n'est pas facile, 364 députés. Nous avons, en l'espace de sept mois, défini des principes qui étaient inédits en France dans un parti politique. Toute personne élue est élue au suffrage universel direct des militants..."
C'est clair. Vous vous entendez bien avec A. Juppé. Et J.-P. Raffarin prends du poids, N. Sarkozy réussit ?
- "J.-P. Raffarin prend du poids, tout simplement parce que c'est un Premier ministre qui est capable de réformer le pays, il vient de le prouver. Quant à N. Sarkozy, je crois que depuis un an, tout le monde s'accorde à dire que le ministre de l'Intérieur est efficace."
Vous aussi, vous le dites ?
- "Je viens de le dire."
Non, vous avez dit que tout le monde s'accorde. Donc, vous aussi ?
- "Oui, bien sûr."
La réforme des retraites sera votée, on l'a vu cette nuit avec l'article 5 qui est essentiel sur la durée de la cotisation. On dit que la droite gagne, la droite s'affiche maintenant sans complexes. Quelles leçons l'UMP va-t-elle tirer de cette victoire ?
- "Depuis que vous me posez des questions ce matin, je pense que vous êtes étonné de deux choses : un, que l'on ne se critique pas - et vous avez raison, c'est nouveau. Et deuxièmement, oui, on réforme. Ce Gouvernement est capable de réformer. Les retraites, on le savait depuis quinze ans, et nous avons fait le choix de sauver la retraite par répartition. C'est, pour moi, la plus grande réforme sociale depuis la libération. Parce qu'il fallait évidemment sauver cette répartition mais surtout, choisir un haut niveau de pension en augmentant la durée de cotisation. Il y avait une bombe démographique. 12 millions de personnes de plus de 60 ans aujourd'hui, 20 millions en 2040..."
Donc, elle va être votée. C'est un moment historique ?
- "Oui, mais le plus dur reste à faire : gagner la bataille de l'opinion publique, expliquer que cette réforme est juste et surtout solidaire. Que ceux qui ont été au SMIC pendant un an vont partir avec 85 % de taux de remplacement. C'est des choses comme cela qui compte, parce qu'il n'y a pas que le Parlement qui compte, il y a aussi l'opinion publique."
Et l'opinion a joué un grand rôle ces derniers temps, d'une manière ou d'une autre, d'un coté comme de l'autre. Et vous paraissez, à l'UMP, encourager J.-P. Raffarin à devenir Monsieur Réformes avec deux chantiers : l'enseignement - cinq syndicats ont claqué la porte d'une table ronde hier, j'ai vu cela avec L. Ferry. Pas de discussions si, en préalable, on ne règle pas la question du paiement des jours de grève. Quelle est votre réaction ?
- "Il existe un malaise très profond au sein de l'Education nationale. Je pense que L. Ferry et X. Darcos ont été des ministres courageux qui, aujourd'hui, font la preuve de leurs compétences. Il faut arrêter de jeter la suspicion sur eux. La question étripe. D'abord, le constat que tout le monde fait là aussi : 25 % d'une classe d'âge en Sixième a une difficulté avec la lecture, l'écriture et le calcul. C'est Condorcet qui disait : "Il n'y a pas de liberté publique s'il n'y a pas d'abord d'acquisition des savoirs fondamentaux" et c'est un élément important. Vous ne pouvez régler les problèmes de l'Education nationale, les jours de grève, les problèmes de décentralisation que si déjà, avec les syndicats et pas sans, on règle les grands problèmes de l'Education nationale."
Et L. Ferry peut le faire ? C'est un bon ministre ?
- "Bien sur, j'ai lu livre de L. Ferry..."
Je parle de ministre, pas de philosophe. C'est un bon philosophe !
- "Non, c'est un très bon ministre. Je ne suis absolument pas en train de remettre en cause L. Ferry. Je suis en train de vous dire que j'ai lu le livre de L. Ferry sur un sujet. Regardez l'alternance : toutes les élites françaises sont d'accord pour travailler en alternance. Dès l'instant, où on fait HEC, on fait un stage en entreprise ; on veut être journaliste, on fait un stage à Europe 1 ; on est médecin, on fait un stage à l'hôpital ; on est énarque, on fait un stage à la Préfecture. Les seuls qui ne font pas d'alternance, ce sont justement ceux qui travaillent manuellement, on leur interdit : boulanger, pâtissier, charpentier. Ca, c'est un sujet."
Il y a un deuxième chantier, l'assurance maladie, on en parlera une autre fois...
- "L'assurance maladie, il faut la sauver, parce que sinon il y aura une médecine à deux vitesses. Il n'y a que deux voies possibles : soit la responsabilisation des prescripteurs, soit la responsabilisation des consommateurs..."
Et le déficit de 16 milliards d'euros pour 2002- 2003 ?
- "Il est du pour 2/3 à la mise en place des 35 heures à l'hôpital et puis évidemment, et cela on ne peut pas faire autrement, sur les médicaments innovants qu'il faut payer."
A Toulouse, la justice accélère, l'une des prostituée, Patricia, a été mise en examen et provisoirement en détention. Elle répète qu'on l'a poussée à dénoncer des magistrats et des notables. Est-ce que vous avez une idée de qui ? Vous disiez, hier, vous-mêmes, qu'il faut savoir pourquoi le nom de D. Baudis est sorti, qu'il y a une machination. Laquelle ? Et qui est derrière ?
- "Cette histoire est horrible depuis le début. Depuis le début, je le sais, parce que c'est mon ami mais je le sais aussi parce que tout ceux qui le connaisse, à Toulouse - vous ne trouverez personne qui pense le contraire, D. Baudis est innocent..."
Vous le saviez depuis quand ? Dans Le Figaro, vous avez dit que vous l'aviez appris dix jours plus tard que J.-M. Baylet ?
- "Le 12 avril, quelqu'un vient me voir..."
Qui ?
- "Mon collaborateur, P. Chabanes, avec une personne qu'il vient de rencontrer, un Toulousain, qui lui dit : "Vous savez, Monsieur Baudis est cité dans une histoire de sadomasochisme avec viol, torture et meurtre". Inutile de vous dire que, non seulement, on ne l'a pas cru, on a dit encore une calomnie sur les uns ou sur les autres..."
Vous imaginez que D. Baudis dit lui-même qu'il aura à l'apprendre le 12 mai, c'est-à-dire un mois après vous !
- "Le 25 avril, le procureur général Volff, qui vient au Capitole pour tout à fait autre chose au tribunal, à qui un élu, uns de mes adjoints, pose la question en disant : "Qu'est-ce que nous voyons dans la dépêche, il y a marqué qu'il y a des notables qui auraient fait des soirées sadomasochistes ?". Le procureur général Volff dit que ce sont des balivernes, qu'il n'y a rien."
Après, il sera obligé de s'en aller et on l'écartera lui aussi... Pourquoi cela a marché à Toulouse et pourquoi les clans ont si vite été formés, pourquoi les rumeurs se sont exprimées dans la rue ?
- "Parce que les rumeurs, c'est à Toulouse comme partout : il y a des rumeurs qui sont tellement nocives qu'elles s'entretiennent entre elles. Vous m'avez posé une question : qui ? C'est ce qu'il faut savoir aujourd'hui. Je voudrais faire deux remarques : soit ce que je dis est vrai, soit ce que je dis est faux. Si D. Baudis est innocent - et j'en suis persuadé -, il y a donc bien quelqu'un qui a fait dire à des prostituées ou même à monsieur Alègre, qui est tueur en série..."
Qui ? Qui, avec votre intuition ?
- "Je ne le sais pas. Je viens de voir qu'il y avait une thèse qu'un policier aurait dit à une prostituée qui s'appelle Patricia, de dire "monsieur Baudis". Je viens de voir qu'il y avait un travesti dont on a fait grand cas dans la presse - je vais y revenir - qui a dit "j'ai menti sur tout", alors que lui même avait dit qu'il y avait des personnalités. J'en arrive à cela : comment peut-on accepter, dans une démocratie comme la nôtre, qu'en première page, sur un journal télévisé - j'ai vu La Dépêche du Midi, j'ai vu ce qu'elle a pu écrire, les photos qu'elle a pu passer - qu'on puisse mettre le nom d'une personne qui est accusée par une prostituée ou par un des plus grands tueurs en série du XXème et du XXIème siècle..."
Qu'on les ait crus plutôt que de croire des élus ou des magistrats, etc. ?
- "Alors que D. Baudis n'était pas mis en examen, n'est toujours pas mis en en examen et n'a pas accès au dossier."
Alors, qui ?
- "Qui ? Ca, ce sont les journalistes ! Comment on peut faire une chose comme ça ?! Parce que derrière, il y une dignité, un honneur, des familles et puis il y a une ville."
La presse raconte que vous avez eu un entretien froid et musclé avec D. Baudis. Vous le confirmez ?
- "J'ai appris cela le 12 avril. Le procureur général me dit le 25 avril que ce sont des balivernes et donc, il était excessivement important, avec D. Baudis qui passe un moment humainement très difficile et qui le fait avec énormément de courage et de dignité, de lui dire, quand je l'avais appris, comme d'ailleurs beaucoup d'autres élus, comme beaucoup de gens qui, dans l'administration, ont travaillé avec lui pendant 15 ans, que personne n'a cru à cette histoire un seul instant."
Est-il vrai qu'il vous a demandé de choisir entre Baudis et Baylet ?
- "Pour moi, ce n'est pas très difficile. Vous l'avez lu dans Le Figaro, certainement il y a une semaine."
Vous croyez qu'entre vous deux, cela peut être comme avant ?
- "Oui, nous sommes des amis et dans une épreuve comme celle-là, c'est là où on rencontre justement les vrais sujets, c'est-à-dire les vrais sujets de solidarité. Je pense que ce que nous vivons - surtout lui, parce que c'est lui qui est attaqué - est absolument horrible. Il faut que nous tirions de cette histoire, dès l'instant où il est innocenté, une conclusion, qui est de parler au Garde des Sceaux d'un projet de loi sur la présomption d'innocence et de savoir si les journalistes auront le droit de parler de procès-verbaux de gendarmes ou de policiers, tant que la personne n'est pas mise en examen, c'est-à-dire tant que la personne..."
Il y a déjà une loi présomption d'innocence ; vous voulez la renforcer ?
- "Tant que la personne n'est pas mise en examen, c'est-à-dire tant qu'on n'a pas accès au dossier."
Aujourd'hui, des journalistes qui avaient interviewé Patricia, la prostituée, sa collègue Fanny et le travesti Djamel sont interrogés ou ont été interrogés. Est-ce que D. Baudis va rester le patron de Toulouse ?
- "D. Baudis a été élu trois fois de suite à plus de 56 %, au premier tour, à Toulouse. Tout le monde le connaît, tout le monde connaît le grand maire qu'il a été et moi le premier, j'en sais quelque chose."
Il pourrait être élu une quatrième fois ?
- "S'il le veut, je lui ferai sa campagne !"
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 23 juin 2003)
- "L'UMP a sept mois. Il s'est fixé deux missions. Tout d'abord, l'union du centre et de la droite. Et c'est l'union qui fait la force justement de L'UMP. Parce que, on l'a déjà vu pendant les élections, chaque fois que l'on était divisé depuis des années, il y avait des échecs. Quand nous sommes unis, nous gagnons, on l'a vu en particulier aux élections municipales. On peut déjà tirer un enseignement : lorsque l'on est uni, on peut s'attaquer aux vraies réformes dont la France a besoin. C'est ce que l'on vient de prouver avec les retraites."
Le bébé UMP va voir défiler et entendre tous les héros de la majorité du Gouvernement. Il a en plus la chance d'avoir pour l'éduquer, le protéger, trois précepteurs-parrains de poids et de qualité : Juppé, Raffarin, Sarkozy et en plus on nous dit qu'en ce moment, ils s'entendent bien ?
- "Aujourd'hui, on voit que c'est un gouvernement qui fonctionne, qui travaille, qui est efficace et qui est uni. Que cela continue. D'ailleurs, quand on voit l'état aujourd'hui de la gauche, on peut se dire que nous n'avons qu'un seul ennemi, c'est nous-mêmes. Continuons à travailler et faire des réformes et c'est la 2ème mission de L'UMP. Quelles sont les réformes qu'il faut faire demain ?"
On y vient, mais voyant ce que vous allez faire dans la journée! Le conseil national va élire les 30 noms du bureau politique, c'est-à-dire le gouvernement du parti. En fait, il va les entériner sans surprise, si j'ai bien compris, ce sera à peu près un tiers Raffarin, un tiers Sarkozy et un tiers A. Juppé. On ne fait de peine à personne ?
- "Il pouvait y avoir plusieurs listes qui se présentaient au bureau politique. Nous avons choisi les uns et les autres de nous présenter tous ensemble, pour qu'il n'y ait qu'une seule liste. On pouvait le faire."
Et vous, vous êtes dans quel tiers ?
- "Je suis le secrétaire général et par définition, de tous. Je m'entends très bien avec A. Juppé, puisque vous me posez cette question. Je pense qu'il a fait preuve, depuis sept mois, d'un grand esprit d'équipe et d'une grande détermination. Car ce n'est pas facile, 364 députés. Nous avons, en l'espace de sept mois, défini des principes qui étaient inédits en France dans un parti politique. Toute personne élue est élue au suffrage universel direct des militants..."
C'est clair. Vous vous entendez bien avec A. Juppé. Et J.-P. Raffarin prends du poids, N. Sarkozy réussit ?
- "J.-P. Raffarin prend du poids, tout simplement parce que c'est un Premier ministre qui est capable de réformer le pays, il vient de le prouver. Quant à N. Sarkozy, je crois que depuis un an, tout le monde s'accorde à dire que le ministre de l'Intérieur est efficace."
Vous aussi, vous le dites ?
- "Je viens de le dire."
Non, vous avez dit que tout le monde s'accorde. Donc, vous aussi ?
- "Oui, bien sûr."
La réforme des retraites sera votée, on l'a vu cette nuit avec l'article 5 qui est essentiel sur la durée de la cotisation. On dit que la droite gagne, la droite s'affiche maintenant sans complexes. Quelles leçons l'UMP va-t-elle tirer de cette victoire ?
- "Depuis que vous me posez des questions ce matin, je pense que vous êtes étonné de deux choses : un, que l'on ne se critique pas - et vous avez raison, c'est nouveau. Et deuxièmement, oui, on réforme. Ce Gouvernement est capable de réformer. Les retraites, on le savait depuis quinze ans, et nous avons fait le choix de sauver la retraite par répartition. C'est, pour moi, la plus grande réforme sociale depuis la libération. Parce qu'il fallait évidemment sauver cette répartition mais surtout, choisir un haut niveau de pension en augmentant la durée de cotisation. Il y avait une bombe démographique. 12 millions de personnes de plus de 60 ans aujourd'hui, 20 millions en 2040..."
Donc, elle va être votée. C'est un moment historique ?
- "Oui, mais le plus dur reste à faire : gagner la bataille de l'opinion publique, expliquer que cette réforme est juste et surtout solidaire. Que ceux qui ont été au SMIC pendant un an vont partir avec 85 % de taux de remplacement. C'est des choses comme cela qui compte, parce qu'il n'y a pas que le Parlement qui compte, il y a aussi l'opinion publique."
Et l'opinion a joué un grand rôle ces derniers temps, d'une manière ou d'une autre, d'un coté comme de l'autre. Et vous paraissez, à l'UMP, encourager J.-P. Raffarin à devenir Monsieur Réformes avec deux chantiers : l'enseignement - cinq syndicats ont claqué la porte d'une table ronde hier, j'ai vu cela avec L. Ferry. Pas de discussions si, en préalable, on ne règle pas la question du paiement des jours de grève. Quelle est votre réaction ?
- "Il existe un malaise très profond au sein de l'Education nationale. Je pense que L. Ferry et X. Darcos ont été des ministres courageux qui, aujourd'hui, font la preuve de leurs compétences. Il faut arrêter de jeter la suspicion sur eux. La question étripe. D'abord, le constat que tout le monde fait là aussi : 25 % d'une classe d'âge en Sixième a une difficulté avec la lecture, l'écriture et le calcul. C'est Condorcet qui disait : "Il n'y a pas de liberté publique s'il n'y a pas d'abord d'acquisition des savoirs fondamentaux" et c'est un élément important. Vous ne pouvez régler les problèmes de l'Education nationale, les jours de grève, les problèmes de décentralisation que si déjà, avec les syndicats et pas sans, on règle les grands problèmes de l'Education nationale."
Et L. Ferry peut le faire ? C'est un bon ministre ?
- "Bien sur, j'ai lu livre de L. Ferry..."
Je parle de ministre, pas de philosophe. C'est un bon philosophe !
- "Non, c'est un très bon ministre. Je ne suis absolument pas en train de remettre en cause L. Ferry. Je suis en train de vous dire que j'ai lu le livre de L. Ferry sur un sujet. Regardez l'alternance : toutes les élites françaises sont d'accord pour travailler en alternance. Dès l'instant, où on fait HEC, on fait un stage en entreprise ; on veut être journaliste, on fait un stage à Europe 1 ; on est médecin, on fait un stage à l'hôpital ; on est énarque, on fait un stage à la Préfecture. Les seuls qui ne font pas d'alternance, ce sont justement ceux qui travaillent manuellement, on leur interdit : boulanger, pâtissier, charpentier. Ca, c'est un sujet."
Il y a un deuxième chantier, l'assurance maladie, on en parlera une autre fois...
- "L'assurance maladie, il faut la sauver, parce que sinon il y aura une médecine à deux vitesses. Il n'y a que deux voies possibles : soit la responsabilisation des prescripteurs, soit la responsabilisation des consommateurs..."
Et le déficit de 16 milliards d'euros pour 2002- 2003 ?
- "Il est du pour 2/3 à la mise en place des 35 heures à l'hôpital et puis évidemment, et cela on ne peut pas faire autrement, sur les médicaments innovants qu'il faut payer."
A Toulouse, la justice accélère, l'une des prostituée, Patricia, a été mise en examen et provisoirement en détention. Elle répète qu'on l'a poussée à dénoncer des magistrats et des notables. Est-ce que vous avez une idée de qui ? Vous disiez, hier, vous-mêmes, qu'il faut savoir pourquoi le nom de D. Baudis est sorti, qu'il y a une machination. Laquelle ? Et qui est derrière ?
- "Cette histoire est horrible depuis le début. Depuis le début, je le sais, parce que c'est mon ami mais je le sais aussi parce que tout ceux qui le connaisse, à Toulouse - vous ne trouverez personne qui pense le contraire, D. Baudis est innocent..."
Vous le saviez depuis quand ? Dans Le Figaro, vous avez dit que vous l'aviez appris dix jours plus tard que J.-M. Baylet ?
- "Le 12 avril, quelqu'un vient me voir..."
Qui ?
- "Mon collaborateur, P. Chabanes, avec une personne qu'il vient de rencontrer, un Toulousain, qui lui dit : "Vous savez, Monsieur Baudis est cité dans une histoire de sadomasochisme avec viol, torture et meurtre". Inutile de vous dire que, non seulement, on ne l'a pas cru, on a dit encore une calomnie sur les uns ou sur les autres..."
Vous imaginez que D. Baudis dit lui-même qu'il aura à l'apprendre le 12 mai, c'est-à-dire un mois après vous !
- "Le 25 avril, le procureur général Volff, qui vient au Capitole pour tout à fait autre chose au tribunal, à qui un élu, uns de mes adjoints, pose la question en disant : "Qu'est-ce que nous voyons dans la dépêche, il y a marqué qu'il y a des notables qui auraient fait des soirées sadomasochistes ?". Le procureur général Volff dit que ce sont des balivernes, qu'il n'y a rien."
Après, il sera obligé de s'en aller et on l'écartera lui aussi... Pourquoi cela a marché à Toulouse et pourquoi les clans ont si vite été formés, pourquoi les rumeurs se sont exprimées dans la rue ?
- "Parce que les rumeurs, c'est à Toulouse comme partout : il y a des rumeurs qui sont tellement nocives qu'elles s'entretiennent entre elles. Vous m'avez posé une question : qui ? C'est ce qu'il faut savoir aujourd'hui. Je voudrais faire deux remarques : soit ce que je dis est vrai, soit ce que je dis est faux. Si D. Baudis est innocent - et j'en suis persuadé -, il y a donc bien quelqu'un qui a fait dire à des prostituées ou même à monsieur Alègre, qui est tueur en série..."
Qui ? Qui, avec votre intuition ?
- "Je ne le sais pas. Je viens de voir qu'il y avait une thèse qu'un policier aurait dit à une prostituée qui s'appelle Patricia, de dire "monsieur Baudis". Je viens de voir qu'il y avait un travesti dont on a fait grand cas dans la presse - je vais y revenir - qui a dit "j'ai menti sur tout", alors que lui même avait dit qu'il y avait des personnalités. J'en arrive à cela : comment peut-on accepter, dans une démocratie comme la nôtre, qu'en première page, sur un journal télévisé - j'ai vu La Dépêche du Midi, j'ai vu ce qu'elle a pu écrire, les photos qu'elle a pu passer - qu'on puisse mettre le nom d'une personne qui est accusée par une prostituée ou par un des plus grands tueurs en série du XXème et du XXIème siècle..."
Qu'on les ait crus plutôt que de croire des élus ou des magistrats, etc. ?
- "Alors que D. Baudis n'était pas mis en examen, n'est toujours pas mis en en examen et n'a pas accès au dossier."
Alors, qui ?
- "Qui ? Ca, ce sont les journalistes ! Comment on peut faire une chose comme ça ?! Parce que derrière, il y une dignité, un honneur, des familles et puis il y a une ville."
La presse raconte que vous avez eu un entretien froid et musclé avec D. Baudis. Vous le confirmez ?
- "J'ai appris cela le 12 avril. Le procureur général me dit le 25 avril que ce sont des balivernes et donc, il était excessivement important, avec D. Baudis qui passe un moment humainement très difficile et qui le fait avec énormément de courage et de dignité, de lui dire, quand je l'avais appris, comme d'ailleurs beaucoup d'autres élus, comme beaucoup de gens qui, dans l'administration, ont travaillé avec lui pendant 15 ans, que personne n'a cru à cette histoire un seul instant."
Est-il vrai qu'il vous a demandé de choisir entre Baudis et Baylet ?
- "Pour moi, ce n'est pas très difficile. Vous l'avez lu dans Le Figaro, certainement il y a une semaine."
Vous croyez qu'entre vous deux, cela peut être comme avant ?
- "Oui, nous sommes des amis et dans une épreuve comme celle-là, c'est là où on rencontre justement les vrais sujets, c'est-à-dire les vrais sujets de solidarité. Je pense que ce que nous vivons - surtout lui, parce que c'est lui qui est attaqué - est absolument horrible. Il faut que nous tirions de cette histoire, dès l'instant où il est innocenté, une conclusion, qui est de parler au Garde des Sceaux d'un projet de loi sur la présomption d'innocence et de savoir si les journalistes auront le droit de parler de procès-verbaux de gendarmes ou de policiers, tant que la personne n'est pas mise en examen, c'est-à-dire tant que la personne..."
Il y a déjà une loi présomption d'innocence ; vous voulez la renforcer ?
- "Tant que la personne n'est pas mise en examen, c'est-à-dire tant qu'on n'a pas accès au dossier."
Aujourd'hui, des journalistes qui avaient interviewé Patricia, la prostituée, sa collègue Fanny et le travesti Djamel sont interrogés ou ont été interrogés. Est-ce que D. Baudis va rester le patron de Toulouse ?
- "D. Baudis a été élu trois fois de suite à plus de 56 %, au premier tour, à Toulouse. Tout le monde le connaît, tout le monde connaît le grand maire qu'il a été et moi le premier, j'en sais quelque chose."
Il pourrait être élu une quatrième fois ?
- "S'il le veut, je lui ferai sa campagne !"
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 23 juin 2003)