Déclaration de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, sur les orientations de la CGT après son congrès, Montpellier le 28 avril 2003

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Circonstance : Congrès de la CGT du 24 au 28 mars 2003 à Montpellier

Texte intégral

Chers camarades,
Vous venez d'élire une nouvelle direction confédérale. Le CCN m'a confié une seconde fois la responsabilité de Secrétaire général et j'éprouve le besoin de vous dire quelques mots avant la fin de nos travaux.
Je sais qu'une majorité d'entre vous aura participé à son premier congrès confédéral. Je vous avais dit que cela resterait un événement dans votre vie militante. Comme l'on dit, " c'est souvent comme ça, la première fois ".
On se prépare, on se l'imagine, on est mandaté, c'est à dire porteur de ses opinions mais aussi de toutes les idées et positions que les syndiqués nous ont chargé de transmettre aux autres délégués de la CGT.
Et puis, ça ne se passe pas forcément comme on l'avait initialement prévu. Parce qu'il y a beaucoup de monde et que tout le monde ne peut pas parler sur tout. On s'aperçoit que le temps est compté, qu'il faut décider.
Et on prend beaucoup de décisions au congrès de la CGT !
C'est même là que l'on prend les plus importantes. Il peut y avoir un peu de frustrations, on n'a pas pu dire tout ce que l'on avait à dire et pourtant on a passé beaucoup de temps tous ensemble.
Je voudrais vous remercier personnellement ; vous remercier d'avoir fait la démonstration, toujours avec patience et souvent avec passion, que ce que vous demandez au congrès de la CGT et à sa préparation, c'est qu'il soit un moment où on aborde les vrais problèmes, un moment de réflexion et de prise de décision collective orienté vers l'action. Cette exigence, je crois, vaut pour tous les congrès des organisations de la CGT.
Nous avons cependant rencontré quelques viscosités dans le déroulement de nos débats, et à plusieurs occasions il a fallu dégripper la mécanique. Nous avons pu aussi avoir le sentiment ,qu'à certains moments, nous n'étions plus capables de bien nous écouter ou de bien nous comprendre. Cela nous devons le méditer. Il est impératif que nous évitions toutes dérives, incompatibles avec nos valeurs, qui compromettraient notre efficacité. Nous aurons à réfléchir aux conditions à réunir pour que notre objectif démocratique puisse être encore mieux réalisé à l'avenir.
Nous prendrons le temps nous-mêmes de tirer tous les enseignements de cette semaine parce que la direction de la CGT et son premier responsable ne sont pas là pour faire je ne sais quel " tour de passe-passe " aux syndicats et aux syndiqués de la CGT.
Nous avons aussi besoin de votre propre appréciation de nos travaux. Aussi, je vous demande de nous adresser, par écrit, dans les prochains jours votre analyse de cette expérience et vos suggestions pour que nous en fassions au plus vite bon usage.
Pour la première fois notre congrès se prononçait sur des résolutions. La structure des textes qui nous étaient proposés se composait d'une analyse et d'un diagnostic, suivi d'une série d'objectifs d'action concrets.
Le 47ème congrès a décidé que ce sont ces objectifs que toute la CGT doit maintenant s'engager à atteindre. C'est sur leur réalisation que vont se concentrer la Commission exécutive que vous avez élue et le bureau confédéral qui va animer au quotidien le fonctionnement de la CGT et coordonner son activité.
Avec une Commission exécutive et un bureau confédéral plus resserré la direction a été conçue dans un souci d'améliorer la réactivité et l'efficacité de notre exécutif.
Comme vous le constatez chaque jour dans votre activité de militant, l'action revendicative demande toujours plus de capacité à réagir et encore mieux à anticiper.
La démarche, alliant contestation, proposition, mobilisation et négociation que notre congrès vient de réaffirmer, ne risque pas de diminuer ces exigences.
Un expert selon le Larousse, ça veut dire quelqu'un qui est " versé dans la connaissance d'une chose par la pratique ", quelqu'un d'exercé, d'habile. et le dictionnaire donne comme exemple : un ouvrier expert ". Ça ne peut pas mieux tomber, c'est ma conception de l'exercice des responsabilités et de l'activité militante !
En matière syndicale il faut en effet amalgamer la connaissance et la pratique.
Car l'expertise ne peut s'acquérir et se maintenir qu'en se frottant à la pratique des luttes et, simultanément, il ne peut y avoir de réelle expertise sans travail personnel, sans élaboration collective et sans confrontation avec le point de vue de tous les autres " connaisseurs ".
Dans ce cadre, une des premières tâches de la direction confédérale, nouvellement élue, consistera aussi à trouver une meilleure définition des missions et des moyens du collectif de militants qui travaillent à Montreuil, afin qu'il améliore sa capacité d'anticipation et d'initiative. Son principal objectif sera de mettre son potentiel au service de toutes les organisations de la CGT, à tous les échelons.
Dans un instant, après la présentation d'un clip sur les coulisses pour saluer celles et ceux qui n'ont pas ménagé leur temps pour vous rendre la tâche plus facile et agréable et que je remercie également pour leur contribution à nos travaux, Graziella, membre de la Commission Exécutive confédérale, prononcera l'intervention de clôture de notre 47ème congrès.
A partir de son propre ressenti et de sa propre réflexion sur ce qui lui ont semblé être les moments les plus marquants ou les plus chargés de sens de ces cinq jours passés ensemble, elle osera une première synthèse à chaud de nos travaux, qui sera le dernier message en direct du congrès de la CGT.
Pour ma part, je vous livrerai le message suivant : vous avez pris des décisions qui conduisent la CGT sur le bon chemin, alors maintenant faisons la route tous ensemble !
(source http://www.cgt.fr, le 1er avril 2003)