Point de presse de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et entretien avec les radios françaises, sur les décisions prises en Conseil européen pour exercer sur la Russie des pressions en faveur d'une solution politique en Tchétchénie et sur la candidature de la Turquie à l'adhésion à l'Union européenne, Helsinki le 10 décembre 1999.

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Circonstance : Conseil européen d'Helsinki les 10 et 11 décembre 1999

Texte intégral

Point de presse :
Vous savez à quel point nous avons, avec une inquiétude et une indignation croissantes, suivi les événements qui se déroulent en Tchétchénie, et à quel point, à de nombreuses reprises, nous avons condamné ces méthodes avec la conviction que ce sont pas par ces procédés militaires massifs, aveugles, indiscriminés, frappant les populations civiles, les amenant à fuir en Ingouchie que l'on ne peut résoudre en aucune façon un problème de ce type qui prend de plus en plus l'allure et la forme d'un drame colonial.
Nous avons donc redit, à plusieurs reprises, ces dernières semaines que seule une solution politique permettrait de sortir de cette stratégie tchétchène qui, si elle n'est pas traitée autrement finira par être une tragédie russe. Nous l'avons donc redit avec beaucoup de fermeté au Sommet d'Istanbul. Nous avons refusé de nous engager dans une charte de sécurité au sein de l'OSCE qui représentait un plus, un engagement supplémentaire entre les partenaires au sein de l'OSCE jusqu'à ce que les Russes acceptent de prendre des engagements qui, certes, sont insuffisants mais qu'ils refusaient de prendre avant cette rencontre d'Istanbul.
Le résultat a été cette acceptation de principe d'une visite dans la région du ministre norvégien, président en exercice de l'OSCE. Au début, c'était à Moscou, les autorités russes refusaient qu'il aille plus loin, finalement cette visite est acceptée, elle aura lieu lundi et mardi et nous pensons plus que jamais que seule une solution politique et non pas cette seule action militaire massive permettra de traiter ce problème. C'est un problème extrêmement complexe mais surtout et avant tout dramatique.
Avant cette rencontre d'Helsinki, la France a demandé que cette question soit remise au premier plan de l'ordre du jour. Nous avons pensé qu'elle ne pouvait pas faire l'objet simplement d'une discussion dans les dîners qui auront lieu maintenant et c'est pour cette raison que la présidence finlandaise ayant accepté cette modification, cela a été abordé dès ce matin.
Aujourd'hui, une série d'échanges et de discussions à la fois au plus haut niveau, au niveau des ministres, au niveau des directeurs politiques pour arriver à un texte que vous connaissez et que dit je crois les choses essentielles et dont le dernier paragraphe est parfaitement clair parce qu'il dit à la fois que notre stratégie à long terme reste la même.
La Russie est un partenaire majeur pour l'Europe et nous ferons tout pour que la Russie devienne ce grand voisin moderne, démocratique, pacifique dont nous avons besoin autant qu'ils ont besoin de nous. Nous voulons pouvoir coopérer avec lui mais cela suppose que les Russes acceptent les engagements qu'ils ont pris, qu'ils ne cessent de prendre avec nous et cela suppose une certaine façon de vivre ensemble en Europe. Nous voulons aider la Russie dans sa transition vers un état moderne et démocratique, mais naturellement, pour que ce partenariat, et j'emploie là ce mot dans toute la puissance de son expression, se développe. Il ne faut pas qu'ils violent leurs engagements comme ils sont en train de le faire de façon grossière. Et ceci ne peut conduire qu'à une impasse car nous savons très bien que la reprise en main militaire ne conduit pas à une solution politique, elle ensemence la haine et au contraire ils doivent revenir à tout prix sur un autre terrain.
Nous ne souhaitons pas qu'ils s'isolent. Nous ne souhaitons pas les isoler. C'est exactement à quoi nous voulons parvenir. Et nous avons aujourd'hui, au sein de ce Conseil européen posé les problèmes avec une force inégalée par rapport aux autorités russes en leur redisant qu'elles se trompent complètement et qu'elles se fourvoient comme on l'a dit depuis plusieurs semaines et que c'est autrement qu'il faut traiter cette question. Mais, nous ne pouvons nous borner à ce message parce que malheureusement il a été exprimé à plusieurs reprises, par tous les dirigeants de tous les grands pays qui sont les partenaires importants de la Russie, par conséquent, il faut être plus précis. C'est pour cela que nous demandons aujourd'hui clairement aux autorités russes de ne pas donner suite à l'ultimatum adressé contre la population civile ce qui veut dire mettre fin aux bombardements, de cesser l'usage de cette force indiscriminée dont j'ai parlé, de prendre des dispositions plus précises et plus sûres pour l'acheminement de l'aide humanitaire et bien sûr, le dialogue politique ce que nous ne cessons de dire tous les jours aux Russes et ce à quoi les Russes devront bien parvenir d'une façon ou d'une autre.
Nous avons également, et c'est logique, appelé les autorités tchétchènes à respecter les principes du droit humanitaire à condamner le terrorisme et à accepter que ce dialogue politique soit renoué en ce qui les concerne aussi. Ce que nous attendons de la Russie est extrêmement précis, les autorités russes sont face à leurs responsabilités, elles ont toujours dit, ces dernières années que leur projet à long terme était ce partenariat avec l'Occident, avec l'Europe. Il faut comprendre le sens des mots. C'est pour cela qu'à la suite de l'initiative française, non seulement cette question a été débattue, mais les textes qui avaient été envisagés ont été précisés dans plusieurs points et le texte que vous connaissez est le résultat de ce travail.
Depuis plusieurs jours, nous disions que les Russes ne pouvaient pas croire que nous allions continuer à coopérer avec eux, comme si de rien n'était si aucun signe ne venait de leur part, notamment sur le terrain politique. C'est pour cela que le Conseil européen a décidé de tirer les conséquences de cette situation en passant au crible, comme nous l'avions annoncé les différents instruments avec un esprit de responsabilité parce qu'il y a un certain nombre d'actions et de coopérations que nous menons avec la Russie qui sont menées dans notre intérêt bien compris, beaucoup d'actions sont menées pour aider ce pays à devenir ce que je disais tout à l'heure. Il faut donc agir de façon fine mais en même temps tout à fait résolue.
L'accord qui recouvre l'ensemble de nos relations est un accord de partenariat et de coopération. Le Conseil a décidé, après en avoir débattu, que certaines de ces dispositions devraient être suspendues. Nous verrons comment traduire cette orientation puisqu'il y a dans cet accord, des coopérations dans de nombreux secteurs précis, une assistance technique et financière, il y a un volet institutionnel et un volet commercial. Mais la volonté politique du Conseil s'est exprimée à travers cette phrase. Une suspension de certaines dispositions de l'accord de partenariat et de coopérations, sera décidé dans les instances ad hoc et très vraisemblablement dans un Conseil affaires générales ou au Coreper pour aller plus vite.
Sur Tacis, ce que le Conseil a décidé est, d'ores et déjà, précis : il s'agit de faire en sorte que - ce que nous allons continuer à faire - ce programme ne serve qu'à l'assistance humanitaire. C'est une décision immédiate et c'est un bon exemple de la méthode, la volonté d'adresser un message clair et net et en même temps, de ne pas prendre de mesures aveugles ou irresponsables qui se retourneraient contre les populations ou contre l'objectif que nous poursuivons à propos du continent européen de demain.
Ces décisions doivent être notifiées par la présidence, avec le Haut-représentant pour la PESC, et nous avons, au-delà de l'Union européenne et de ses compétences et de l'action des Quinze, invité l'OSCE et le Conseil de l'Europe a procédé au même exercice, c'est-à-dire à examiner leurs relations, les différents programmes et voir les conséquences qu'il faut tirer de cet aveuglement russe que nous déplorons de toutes les façons et auquel il faut absolument mettre un terme. Il faut que cette politique russe soit corrigée. Nous sommes satisfaits en tant que Français puisque nous avons pris l'initiative de cette modification de l'ordre du jour et que nous avons alimenté les travaux par nos propositions. Nous sommes satisfaits que cette réunion d'Helsinki ait pu s'adapter à cette situation de crise et marquer sa cohésion sur ce plan parce que les Quinze ont la même idée sur le sujet, la même idée sur ce qu'ils souhaitent, sur ce qu'ils veulent pour la Russie à moyen et long terme et la même idée sur ce qui est intolérable pour l'immédiat à court terme.
Q - Il y a quelques jours, lorsque le président Clinton a tenu à peu près ce langage à M. Eltsine, celui lui a répondu, caricature à peine de se mêler de ses propres affaires. Aujourd'hui, le Conseil européen tient de nouveau ce même discours. Pourquoi espérez-vous une réponse différente de la part de M. Eltsine ?
R - Ce qui est important, ce ne sont pas les déclarations qui sont faites en réponse aux positions que nous prenons, ce qui est important, c'est que le message soit clair et net et que les autorités russes, quelles que soient leurs réactions immédiates, il ne faut pas forcément prendre tout " au pied de la lettre ", finissent par en tenir compte. Ce qu'elles finiront par faire à mon avis.
Q - J'ai lu la déclaration de l'Union européenne sur la Tchétchénie, elle est quand même largement conditionnelle : lorsque vous dites à propos de l'éventualité d'une suspension de l'accord de partenariat, ce sera décidé au Coreper ou au CAG, voulez-vous dire que ce sera vraiment décidé dans quelques jours, ou cela reste vraiment conditionnel ?
R - A la lumière de la situation actuelle, le Conseil européen décide de tirer les conséquences ; il décide, il a pris une décision, dès aujourd'hui. Mais, il y a un problème de mise en oeuvre, parce qu'à propos de l'accord de partenariat et de coopérations, comme il comporte des dispositions très différentes, certaines que nous allons suspendre et d'autres que nous n'allons pas suspendre parce que cela serait contre-productif par rapport à notre démarche, il y a une décision plus précise à prendre. Il y a donc une décision générale pour marquer le coup à travers cet accord de partenariat et ensuite, il faut le passer en revue point par point. Il y a deux étapes de décisions : la décision générale de principe nous allons suspendre certaines dispositions, mais le Conseil européen ne peut pas faire l'ensemble de la décision détaillée à lui seul. Il faut donc trouver la combinaison entre cette décision de principe. C'est pour cela que nous devons très vite passer en revue les volets dont je disais qu'ils sont à la fois institutionnels, commerciaux, de coopération et d'assistance technique pour voir point par point, ce qui sera suspendu et ce qui ne le sera pas. Nous ferons ce choix en fonction de l'objectif que nous poursuivons. Je peux vous dire que ce travail a déjà commencé.
Q - Que répondez-vous à ceux qui vont dire que cette position européenne est finalement prudente et que répondez-vous à ceux qui disent attention, toutes pressions un peu trop fortes peut être contre-productives ?
R - Je réponds que la position européenne tient justement compte de ces deux objections totalement contradictoires et qu'elle est à la fois ferme et responsable.
Q - Y a-t-il un calendrier ?
R - Il n'y a pas de calendrier établi, il y a des événements et c'est à partir des événements que nous nous déterminons. Il y a une responsabilité politique qui est celle des d'Etat et de gouvernements de l'ensemble de l'Europe des Quinze et que se détermine par rapport à l'ensemble de ce qui se passe. On ne peut pas dire à l'avance puisque cela dépend des choix qui sont à faire par les autorités russes qui ne peuvent pas ignorer la clarté de nos positions et les conséquences que nous avons déjà commencées à en tirer ainsi que celles que nous pourrions tirer encore, au-delà, si les choses n'étaient modifiées.
Q - M. Solana est allé en Turquie pour expliquer la position des Quinze aux Turcs, peut-on s'attendre à ce que M. Solana aille en Russie expliquer la position des Quinze aux Russes, voire d'autres émissaires de haut rang, on a parlé cet après-midi de la présidence finlandaise, M. Prodi ?
R - Aujourd'hui, c'est à travers ce texte que découlent des délibérations, des échanges et des réflexions de la journée et est qu'il exprime une position claire, forte, sans aucune ambiguïté. C'est pour cela qu'il y a, dans le texte que vous connaissez, une phrase disant que le Conseil charge la présidence, avec le haut représentant pour la PESC de notifier cette décision et le contenu de cette déclaration de façon urgente, au plus haut niveau, aux autorités russes. Sous quelle forme, cela n'a pas été tranché ? Mais, il s'agit de notifier, il ne s'agit pas de se consulter. On connaît très bien la situation, on sait très bien la façon dont les Russes jusqu'ici n'ont quasiment pas tenu compte de ce qui avait été dit par le reste du monde, sauf à travers l'acceptation de la mission de M. Volbaeck qui est un point positif, mais c'est totalement insuffisant. Sauf si à partir de cette mission de lundi et mardi, quelque chose de nouveau sur le plan politique pouvait se développer. Il s'agit donc d'être net. Il ne s'agit pas d'aller se consulter, il ne s'agit pas d'aller négocier. Nous avons pris une position : elle est maintenant un élément incontournable de l'analyse que les autorités russes doivent faire de la conduite de leur politique, non seulement à court terme, mais nous l'espérons à long terme.
Q - Quel est votre opinion concernant les débats sur le bilan de la Turquie . Pensez-vous que l'on parviendra à normaliser ces relations avec la Turquie via cette réunion ?
R - Je pense que nous sommes tout près du but et sur cette affaire extrêmement compliquée et sensible à propos de laquelle, à plusieurs reprises, nous avons échoué à combiner les différents éléments, nous sommes à "deux doigts d'y arriver". Le travail a été fait, ces derniers mois, dans des conditions qu'il faut saluer à la fois par la présidence finlandaise qui a repris les travaux faits par d'autres présidences auparavant mais qui n'avaient pu aboutir pour des circonstances souvent indépendantes de leur volonté. Il faut saluer le travail qui a été fait par les ministres grecs et turcs qui ont préparé cette évolution nouvelle, par les Premiers ministres grec et turc. Tout cela nous conduit à une solution qui est là, toute proche et quand je dis à porter de la main, c'est parce que seules les conclusions de demain, dans leurs détails qui permettront de répondre complètement à cette question. Je crois que nous y sommes presque et que nous avons trouvé maintenant à travers un consensus à Quinze qui a été réélaboré sur ce sujet, une façon de concilier les différents éléments qui étaient apparus jusqu'ici comme incompatibles. Comment traiter la candidature et la demande de candidature turque, comment inscrire cela dans ce mouvement d'amélioration des relations greco-turques et quelles étaient les conséquences à en tirer à propos de la question de Chypre qui est un élément de la question plus générale de l'élargissement.
Vous connaissez tous cela très bien, vous savez que c'était jusqu'ici incompatible, je crois que nous sommes presque à la solution. Vous me permettrez de garder une toute petite réserve de précaution car l'expérience nous a instruits et tant que tout n'est pas terminé, tout n'est pas bouclé.
Q - Si le gouvernement turc conteste un point ou un autre du texte qui va leur être expliqué par M. Solana, y a-t-il une possibilité qu'on amende ce texte ?
R - Dans un Conseil européen, il y a une deuxième journée consacrée à la relecture des conclusions sur tous les sujets. Ce n'est pas spécialement vrai sur ce point. C'est demain, et c'est pour cela que je réserve quelques précautions dans mon expression, bien que je trouve remarquable le chemin qui a été fait et que je sois plutôt optimiste. Je prends quand même quelques précautions parce que c'est dans la séance finale de relecture, sur tous les points, sur tous les sujets y compris sur celui-ci que nous allons définitivement acter l'accord des uns et des autres. Une réponse demain matin.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 décembre 1999).
Entretien avec les radios françaises :
Q - Monsieur le Ministre, peut-on considérer que les Quinze aujourd'hui ont adopté des sanctions vis-à-vis de la Russie ?
R - Les Quinze aujourd'hui ont adressé aux autorités russes, depuis Helsinki un message extrêmement clair, à la fois ferme et responsable. Les Quinze redisent que leur politique à long terme est de tout faire pour aider la Russie à devenir un grand état moderne, démocratique, pacifique, qui coopère de plus en plus avec ses voisins, c'est notre objectif. Les autorités russes nous disent et nous répètent depuis des années que c'est leur objectif. Nous avons, pour ces raisons, beaucoup d'échanges avec elles, beaucoup de coopérations avec ce pays, et aujourd'hui, nous leur disons que nous ne pourrons pas continuer de coopérer comme nous le faisons avec la même intensité avec elles, si elles ne finissent pas entendre le message adressé par presque tout les pays du monde sur le fait qu'en Tchétchénie, il faut que la Russie cherche une solution politique et pas simplement une solution militaire brutale massive et indiscriminée. Nous ne croyons pas que ce soit la bonne façon de traiter ce problème qui n'est pas qu'un problème de terrorisme, même si le terrorisme existe. Les Quinze se sont mis d'accord là-dessus, le message est clair. Le Conseil européen a adopté un texte dans lequel il est dit clairement qu'il va falloir tirer les conséquences de cette situation, point par point.
Q - Quelles sont les chances de l'Union européenne d'être entendu de Moscou ?
R - Je suis convaincu que l'Union européenne finira par être entendue par les autorités russes, mais nous voudrions qu'elles le soient très vite, sans attendre plus.
Q - La Russie court-elle le risque de l'isolement ?
R - La Russie peut courir le risque de l'isolement, nous ne le souhaitons pas, nous ne le cherchons pas, c'est le contraire de notre politique. Mais par les actions militaires qui sont menées en Tchétchénie, par la façon dont sont traitées ces populations qui sont des populations citoyennes de la Fédération russe, selon ce que disent les autorités russes elles-mêmes, par la façon dont ils persévèrent brutalement sans rien entendre, ils finissent par faire courir ce risque à la Russie elle-même. C'est pour cela que je répète ici que nous ne souhaitons pas que la tragédie tchétchène finisse par se transformer en une tragédie russe. Les autorités russes sont devant leurs responsabilités, c'est à elles de choisir, et il faut qu'elle choisisse leur intérêt à long terme plutôt que le traitement brutal de cette affaire tchétchène dans l'immédiat. Il faut qu'elles acceptent de revenir sur le terrain politique, elles ont une occasion, le Conseil européen vient de s'exprimer avec beaucoup de force. Elles ont fini par accepter, suite à nos pressions, que le ministre norvégien qui préside l'OSCE aille dans la région lundi et mardi, comme elles l'avaient accepté, du bout de lèvres à Istanbul. Voilà l'occasion de jeter les bases de la recherche d'une solution politique.
Q - Quelles sont les mesures arrêtées pour suspendre partiellement la coopération des Quinze avec les Russie ?
R - Le Conseil européen a décidé d'abord de réorienter le contenu du programme Tacis pour qu'il ne serve qu'à des fins humanitaires. D'autre part, le Conseil européen a décidé de passer au crible l'accord de partenariat et de coopération pour regarder, volet par volet, et programme par programme, ce qui doit être suspendu et ce qui ne sera pas. Nous ne voulons pas prendre des sanctions qui seraient contre-productives, qui pénaliseraient la population ou qui viendrait contredire l'effort que nous faisons tous ensemble pour aider la Russie à se moderniser, ce serait incohérent. Par contre, il y a des programmes, des mesures qui ne se justifient plus, en tout cas, pas dans ce contexte et ce travail d'échenillage a déjà commencé.
Q - Le projet de levée d'ultimatum, est-ce un signe de bonne volonté de la part de Moscou ?
R - Cela ne suffit pas, nous attendons la suite avec une attention de tous les instants et une extrême vigilance. Nous demandons, une fois de plus aux autorités russes de chercher vraiment et non pas de façon purement tactique une solution politique.
Q - Ne craignez-vous pas de réveiller un sentiment encore plus ultra-nationaliste et radicale dans une partie de la population russe ?
R - Je ne le crois pas. D'abord, il y a quelque chose d'extrême et de détestable qui est à l'oeuvre dans cette façon dont est traitée la crise tchétchène, pour le reste, quelle que soit la façon dont ils réagissent. Je suis convaincu que les autorités russes, l'opinion publique russe, les médias russes, cette démocratie russe qui a commencé à exister ces dernières années nous entend malgré tout, même si elle ne nous écoutent pas, mais nous avons le devoir de le dire avec une extrême clarté et, d'une certaine façon, nous aiderons la Russie a faire prévaloir son intérêt à long terme sur cette réaction./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 décembre 1999).