Déclaration de Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés, sur les axes prioritaires de la politique du médicament, notamment la recherche et l'innovation et la recherche biomédicale, Paris le 17 mai 2000.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Remise du prix Galien à Paris le 17 mai 2000

Texte intégral

Monsieur le Président Directeur Général, (Gérard KOUCHNER)
Monsieur le Président du Jury (Doyen Claude DREUX).
Mesdames et Messieurs les Membres du Jury,
Mesdames et Messieurs,
C'est la première fois que j'ai le très grand plaisir de venir remettre le prix Galien. Je sais que c'est l'habitude des ministres de la santé. Je vous remercie d'avoir réorganisé cette réunion pour me permettre d'être avec vous ce soir.
Je veux vous dire ma conviction que la recherche est un des axes prioritaires d'une politique du médicament. Il existe, vous le savez, de nombreuses maladies vis à vis desquelles les réponses médicamenteuses sont encore insuffisantes, parfois absentes, donc de multiples domaines dans lesquels la recherche fondamentale et appliquée doivent contribuer de façon majeure au progrès de la santé publique.
Malgré les capacités d'expertises de nos organismes de recherche publique et universitaires, malgré les capacités de développement clinique de certaines équipes hospitalières et malgré les efforts de recherche de plusieurs industriels, il se trouve que la France a depuis quelques années régressé dans la hiérarchie des pays découvreurs de nouvelles molécules thérapeutiques.
Prenant conscience des multiples enjeux liés à la filière pharmaceutique, qu'ils soient de nature économique, scientifique, technologique ou encore liés à la nécessité d'encadrer la dépense publique, le Gouvernement s'est attaché à relancer la recherche dans le secteur pharmaceutique en France.
Il a déjà uvré dans ce sens, avec notamment l'objectif de créer les conditions effectives de revalorisation et de transfert technologique vers le secteur industriel. Cette politique, initiée depuis deux ans se poursuit et se renforce.
Je le disais il y a un instant, l'effort de recherche est essentiel au progrès médical et par conséquent à l'amélioration de notre niveau de santé publique.
La recherche biomédicale, vous le savez, est un champ extrêmement vaste, dans lequel interviennent plusieurs acteurs. Le spectre englobe en amont ceux de la recherche fondamentale et cognitive, en aval ceux chargés de la recherche clinique appliquée, entre les deux ceux chargés des transferts et notamment du développement des nouvelles molécules à usage thérapeutique. La recherche, indispensable au progrès est donc l'affaire de plusieurs, qui dans l'idéal doivent travailler dans un partenariat productif.
Cette notion est importante à mes yeux et, responsable de la santé publique de notre pays, m'amène à uvrer pour que les équipes soignantes hospitalières puissent établir les partenariats nécessaires dans les meilleures conditions possibles avec les acteurs de la recherche institutionnelle et de l'industrie du médicament.
C'est dans cet esprit que j'ai tenu à poursuivre les actions engagées par les précédents Programmes Hospitaliers de Recherche Clinique - disposition nouvelle qui fut initiée en 1993 par Bernard KOUCHNER - : la campagne actuelle " PHRC 2000 " a particulièrement incité au développement de recherches dans les domaines de la thérapie cellulaire, de la chirurgie robotique mais aussi de la prise en charge thérapeutique des accidents vasculaires cérébraux. Dans le même temps cette même campagne " PHRC 2000 " offre la possibilité aux CHU de mieux structurer leur " Délégation à la Recherche Clinique " par le recrutement de personnels indispensables à leur mission, je pense par exemple aux moniteurs et aux techniciens de recherche. L'implantation de ces " nouveaux métiers de la recherche " à l'hôpital est une condition nécessaire pour que les établissements chargés d'innover puissent établir les partenariats productifs qui s'imposent avec les laboratoires de recherche et les partenaires industriels.
J'ai tenu également à ce que cet effort mobilisant les équipes hospitalières dans la recherche clinique - plus de 400 MF y ont été consacrés depuis 1997 - soit accompagné en aval de mesures particulières de financement permettant aux établissements hospitaliers sous dotation globale d'intégrer plus facilement dans leur budget les innovations venues de la recherche en particulier en ce qui concerne les technologies médicales nouvelles. Car la finalité de cette recherche thérapeutique, qui aura progressé par étapes successives depuis l'amont jusqu'à l'aval, est bien d'intégrer dans les pratiques de soins des innovations validées améliorant la prise en charge de nos concitoyens atteints de pathologies diverses.
C'est ainsi que dès cette année 2000, nous avons décidé avec Martine AUBRY de consacrer une enveloppe annuelle complémentaire de 70 MF pour financer des procédures innovantes et coûteuses. Cette enveloppe gérée par le Ministère de la Santé au plan national, ne sera pas saupoudrée en petites sommes peu efficaces, mais concentrée cette année sur la cancérologie et la cardiologie des équipes soignantes - dont la sélection est actuellement en cours - seront chargées de fournir en contrepartie dans les deux ans une étude médico-économique qui sera le préalable à une diffusion ultérieure de ces nouvelles technologies au sein de notre système de soins.
Sans revenir en détail sur les récompenses attribuées ce soir, je voudrais me féliciter de ce qu'elles illustrent ce que je viens d'évoquer devant vous. C'est ainsi que le Jury du prix Galien aura reconnu deux molécules innovantes dont les effets vont concerner plusieurs milliers de patients.
Les uns, ceux qui sont atteints d'ischémie par athéro-thrombose, bénéficieront d'une diminution du risque de récidive d'accident vasculaire cérébral, d'infarctus du myocarde, ou surtout d'artérite des membres inférieurs. Cette efficacité d'une molécule nouvelle, le Plavix, a pu être établie par une étude clinique multi-centrique extrêmement large puisqu'elle a inclus près de vingt mille patients.
D'autres patients, ceux qui souffrent de troubles de l'érection en relation avec une pathologie organique, voient pour beaucoup d'entre eux leur qualité de vie transformée grâce à un traitement simple administré par voie orale, le Viagra.
Leur utilisation aujourd'hui importante n'a pas démenti cette efficacité. Elle a aussi souligné - s'il en était besoin - l'importance que nous devons tous accorder à la pharmacovigilance et à la bonne information des professionnels.
Enfin le Jury a reconnu la dynamique de recherche des laboratoires JANSSEN CILAG qui ont su établir de nombreux partenariats et développer à la fois une activité de synthèse organique de nouvelles molécules et des études de pharmacocinétique clinique. C'est ainsi , il est raisonnable de l'espérer, qu'apparaîtront à court terme de nouveaux médicaments puissamment actifs, notamment en oncologie.
Transformation de la qualité de vie, prévention des accidents vasculaires et synthèse de nouvelles molécules actives : les choix opérés par le Jury du prix Galien ne pouvait mieux répondre à l'attente de nos concitoyens et à l'idée que nous nous faisons des progrès en santé publique.


(source http://www.sante.gouv.fr, le 7 août 2000)